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Retour sur la carrière de José Martinez, nouveau Directeur du Ballet de l’Opéra de Paris

José Martinez est le nouveau Directeur de la Danse de l’Opéra de Paris ! Après y avoir été Étoile pendant de longues années, il y revient ainsi pour en prendre les rênes. L’occasion de se replonger dans sa riche carrière de danseur et de se remémorer ses plus beaux rôles, ainsi que de sa trajectoire de chorégraphe.

José Martinez, nouveau Directeur de la Danse de l’Opéra de Paris

Né en 1969 à Carthagène, en Espagne, José Martinez démarre la danse classique dans sa ville natale. Comme beaucoup de ses compatriotes danseurs et danseuses, face aux peu de possibilités pour la danse classique à ce moment-là dans son pays, il part ailleurs. Et arrive au Centre de Danse Rosella Hightower de Cannes, où il poursuit sa formation. C’est avec cette école qu’il se présente au Prix de Lausanne en 1987. Sa prestation lui fait décrocher une bourse d’étude, qui l’emmène à l’École de Danse de l’Opéra de Paris, alors dirigée par Claude Bessy et qui vient tout juste de déménager dans ses locaux de Nanterre.

José Martinez reste seulement un an à l’École de Danse, au cours de l’année scolaire 1987-1988, en première division. Et quelle division ! En juin, le danseur est ainsi reçu dans le corps de ballet en même temps que Jean-Guillaume Bart, Christophe Duquenne ou Nicolas Le Riche. En 1989, ils passent tous les quatre dans la classe des Coryphées. José Martinez monte Sujet en 1990, Premier danseur en 1992. C’est cette même année qu’il danse l’un de ses premiers rôles de soliste : celui du Meunier dans Le Tricorne de Léonide Massine, un rôle qu’il marque de son empreinte tout au long de sa carrière. Toujours en 1992, il remporte la médaille d’or au Concours de Varna et s’initie au langage contemporain en dansant Hilarion dans la Giselle de Mats Ek, un chorégraphe qui là encore le suivra toute sa carrière.

Même si le danseur gravit rapidement les échelons, il doit attendre encore cinq ans avant d’être nommé Danseur Étoile. Ces cinq années sont toutefois riches pour le danseur, avec de nombreuses prises de rôle : In the Middle Somewhat Elevated de William Forsythe, le Maure dans Petrouchka de Michel Fokine, Siegfried dans Le Lac des cygnes de Rudolf Noureev – l’un des grands rôles de sa carrière – Solor dans La Bayadère, la IXe Symphonie de Beethoven de Maurice Béjart, le pas de deux de Agon de George Balanchine, Rhapsody de Frederick Ashton, la Mazurka de Suite en blanc de Serge Lifar… José Martinez traverse ainsi l’univers de nombreux chorégraphes avant d’être nommé Danseur Étoile, le 31 mai 1997, alors qu’il danse James dans La Sylphide de Pierre Lacotte.

Pendant 15 ans, José Martinez est l’une des Étoiles les plus brillantes de l’Opéra de Paris. Ses qualités l’amènent naturellement vers des rôles de prince qu’il danse avec toute l’élégance, le style et le panache de l’école française. L’on se souvient ainsi de lui dans tous les grands rôles de Rudolf Noureev, mais aussi dans Paquita de Pierre Lacotte, Albrecht dans Giselle, Diamants dans Joyaux de George Balanchine. Très souvent, il danse aux côtés d’Agnès Letestu. Ensemble, ils représentent pendant des années le couple star de l’Opéra de Paris, partageant la scène aussi bien au Palais Garnier qu’un peu partout autour du monde. Leur carrière sont entremêlés, même après la scène, Agnès Letestu signant de nombreux costumes des ballets de José Martinez.


 

Un Prince de rêve ? Oui. Mais pas seulement. Durant toute sa carrière, José Martinez a aimé être là où on ne l’attend pas. On se souvient ainsi de son humour irrésistible dansant la Marâtre dans Cendrillon, sa force et sa puissance dans La Maison de Bernarda de Mats Ek. Aussi Frollo dans Notre-Dame de Paris de Roland Petit, Ivan d’Ivan le Terrible de Youri Grigorovitch, l’inquiétant Coppélius dans la Coppélia de Patrice Bart, Orphée dans Orphée et Eurydice de Pina Bausch, Le Boléro de Maurice Béjart. Il danse John Neumeier, John Cranko, Kenneth MacMillan, Paul Taylor, Martha Graham ou Jean-Claude Gallotta. Sa dernière saison est un peu à son image, entre Mats Ek, Rudolf Noureev, Pierre Lacotte… et lui-même. C’est ainsi dans le rôle de Baptiste, tout en poésie nostalgique, dans son propre ballet Les Enfants du Paradis, que le danseur fait ses adieux à la scène, le 15 juillet 2011.

À côté de sa carrière de danseur, José Martinez a mené des projets chorégraphiques dès les années 2000, essentiellement des œuvres basées sur le langage de la danse académique. Des pièces qui ne révolutionnent pas le genre en soi, mais sont efficaces, plaisantes et nourrissantes à danser, faisant souvent le bonheur de leurs interprètes. Mi Favorita est ainsi sa première pièce, créée en 2002 et reprise lors d’une soirée Jeunes danseurs et danseuses en 2003. Puis suit son pas de deux Delibes Suite, devenant un classique des galas et que l’on voit encore parfois au Concours de promotion. En 2005, place à une pièce d’une plus grande importance, Scaramouche pour l’École de Danse, où la danse se mêle à la Commedia dell’arte, reprise plusieurs fois par la suite. Après quelques duos ou une pièce pour le CNSMDP, vient en 2009 l’une de ses créations les plus ambitieuses : l’adaptation du film Les Enfants du Paradis évoqué plus haut, ballet narratif en deux actes, mettant en scène de nombreux personnages et portée par une production ambitieuse. José Martinez y montre toute sa facilité à faire vivre une histoire, sa grande trame comme ses petits drames, et à mettre en scène des personnages avec un grand sens de la théâtralité.


 

En 2011, après ses adieux à la scène, José Martinez revient en Espagne pour diriger pendant huit ans la Compagnie Nationale de Danse d’Espagne. Avec succès, il remet la troupe dans une veine classique, y travaille à la fois le répertoire comme les créations, étoffe et agrandit la compagnie qui aujourd’hui fait partie des meilleures d’Europe. Il invite des grands noms de la danse pour des créations comme des jeunes talents de la chorégraphie. Son activité propre de chorégraphe continue, mais dans une moindre mesure. Il s’attaque surtout à la relecture des ballets du répertoire, proposant sa propre version tout en respectant les bases de la chorégraphie de Marius Petipa. Son Don Quichotte, monté en 2015, est ainsi une jolie réussite – elle sera reprise cette saison par le Ballet de l’Opéra de Bordeaux – comme son Casse-Noisette en 2018.

Quand José Martinez quitte la direction de la Compagnie Nationale de Danse d’Espagne en 2019, c’est ainsi surtout vers cette activité qu’il se tourne : monter de nouvelles productions des ballets classiques du répertoire. Il propose ainsi Le Corsaire au Ballet de l’Opéra de Rome en 2020, repris ensuite par le Ballet de Slovénie puis le Ballet d’Estonie, ou Giselle pour le Croatian National Theatre. Continuera-t-il ce genre de projet à l’Opéra de Paris ? Il assure mettre en retrait sa carrière chorégraphique pour se consacrer à la direction de la compagnie. Mais ce travail montre chez José Martinez toute sa passion pour ces œuvres qui n’ont jamais finies de se dévoiler, ainsi que l’importance des créations basées sur le langage classique. Beaucoup de choses dont le Ballet de l’Opéra de Paris a besoin aujourd’hui.

 



Comments (1)

  • Pierre Orthaz

    Très grand merci pour votre remarquable article !
    La nomination de Monsieur José Martinez représente pour toutes et tous les balletomanes un véritable cadeau de Noël avant l’heure.
    Merci également à l’éminent Comité de sélection pour son choix éclairé qui attire toutes les louanges.
    Bien cordialement.

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