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Gros plan sur le Ballet National de Chine

Le Ballet National de Chine s’installe au Théâtre du Châtelet du 26 septembre au 3 octobre, avec deux ballets très différents : Le Lac des Cygnes et Le Détachement féminin rouge. Quelle est l’histoire de la compagnie ? Quelles sont ses particularités ? Que représentent ces deux ballets ? Gros plan sur cette troupe internationale dont la réputation grandit au fil des années.

Le Ballet National de Chine

Le Ballet National de Chine

Le Ballet National de Chine

La danse était un art très important dans l’Antiquité en Chine, avant d’être un peu oubliée au cours des siècles. Elle revient finalement au XIXe siècle, sous la forme du ballet classique, sous l’influence de la Russie. De nombreux professeurs et danseur-se-s russes partent en effet s’installer en Chine, et notamment à Shanghai. Margot Fonteyn, fille de diplomate, prit d’ailleurs ses toutes premières leçons de danse dans cette ville

Le Ballet national de Chine fut fondé en 1959. Dès les premières années, le maître de ballet russe Pyotr Y. Gusev et ses collègues contribuent à poser de solides fondations héritées de l’école classique russe. Pendant les années de la Révolution culturelle, tout le répertoire acquis fut balayé. Durant une dizaine d’années, seuls deux ballets officiels avaient le droit d’être dansés : Le Détachement féminin rouge et La Fille aux cheveux blancs.

Aujourd’hui, le répertoire de la compagnie est aussi bien composé de ballets classiques, d’oeuvres chinoises et de quelques pièces contemporaines, dont le célèbre In the middle de William Forsythe.

Le Ballet National de Chine est entièrement financé par l’État, le mécénat n’existant pas en Chine. À noter que la centaine de danseurs et danseuses membres de la compagnie habitent tous dans le même immeuble, situé en face des studios de danse.

 

La direction du Ballet National de Chine

Feng Ying est la directrice de la compagnie aujourd’hui. Formée à l’Académie de danse de Pékin, elle a aussi étudié chez Béjart, Rosella Hightower, et a passé un an à l’École de Danse de l’Opéra de Paris. Elle fit toute sa carrière au Ballet National de Chine, et y dansa tous les grands rôles classiques.

Après sa retraite de danseuse en 1997, elle se consacre à la formation de jeunes danseurs et danseuses, tout en étant maîtresse de ballet de la compagnie. Elle monte un Casse-Noisette, fait rentrer au répertoire des ballets de Roland Petit (Pink Floyd Ballet, Le Jeune homme et la mort…), de John Cranko (Roméo et Juliette et Onéguine) ou de Maurice Béjart (L’Oiseau de Feu). Elle devient directrice adjointe en 2004, avant de prendre les rênes de la troupe en 2009.

 

La hiérarchie du Ballet National de Chine

Le Ballet National de Chine se divise un peu comme les compagnies occidentales : corps de ballet, coryphée, soliste et Étoile (Principal). Il y a un grade en plus, celui de Prima Ballerina, accordée aujourd’hui uniquement à trois femmes : Zhu Yan (la star de la compagnie, et pour l’anecdote l’image d’Air France en Chine), Zhang Jian et Wang Qimin. Les deux premières seront du voyage à Paris et alterneront les rôles principaux avec des Principals et quelques jeunes solistes.

 

L’Académie de danse de Pékin

La plupart des danseurs et danseuses du Ballet National de Chine viennent de l’Académie de danse de Pékin. Cette école n’est pourtant pas spécifiquement liée à la compagnie.

Immense bâtiment, cette institution de danse est la seule école de danse professionnelle du pays. Elle accueille plus de 2.000 élèves et 500 professeurs.

Les journées sont longues pour les élèves : premier cours à 6h30 (étirements/échauffement), un cours de danse classique à 8 heures suivi d’un cours complémentaire (caractère, danse traditionnelle chinoise, acrobatie, un tout petit peu de contemporain). L’après-midi est consacré essentiellement à la scolarité pendant trois heures, et se termine par un nouveau cours de danse (répertoire)… Le tout 7 jours sur 7, le seul temps de repos étant le dimanche après-midi.

Les élèves n’ont pas de cours de théâtre ou d’expression musicale, comme il peut y avoir en France. Ils font par contre beaucoup d’acrobatie et de voltige, ce qui peut se voir dans Le Détachement féminin rouge.

Ballet National de Chine - Le Lac des Cygnes

Ballet National de Chine – Le Lac des Cygnes

Le Lac des Cygnes

Avec l’importance de l’influence russe, Le Lac des Cygnes est l’un des ballets les plus importants du Ballet National de Chine, donné dans la version de Natalia Makarova. Lors du  final, Siegfried et Odette se noient dans le lac, mais leurs morts détruit le pouvoir de Rothbart.

Odette / Odile sera dansée par Zhang Jian (Prima ballerina), Cao Shuci (Principal) et Wang Ye (soliste). Siegfried sera dansé par Sheng Shidong (Principal), Li Jun (Principal), Ma Xiaodong (Principal) et Sun Ruichen (soliste).

La musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski sera jouée par l’Orchestre national d’Île-de-France, sous la direction musicale de Zhang Yi et Lu Jiu.

 

Le Détachement féminin rouge

Ballet atypique, issu de la Révolution culturelle, Le Détachement féminin rouge est à voir comme un vestige de ce que fut la danse à une époque. Au moment de sa création, il avait une véritable portée politique. Il fut ainsi présenté au président des États-Unis Richard Nixon lors de sa visite historique à Pékin en 1972. Un choix de spectacle qui aurait moyennement plu à la diplomatie américaine.

L’histoire se déroule sur l’île de Hainan, dans les années 1930. En pleine guerre civile, le Parti Communiste décide de créer une armée entièrement composée de femmes. Au début, la tâche de ces soldates est de nourrir les hommes et repriser leurs uniformes. Mais très rapidement ces femmes exigent de leurs commandants de prendre part elles aussi à la lutte armée. Dans les deux années qui vont suivre, les quelque deux cents femmes combattantes vont participer à un nombre très élevé de batailles où beaucoup d’entre-elles laisseront leur vie...Wu Qionghua fait partie de cette armée. Ne pensant d’abord qu’à se venger du chef de brigands Nan Batian, qui l’a maltraita pendant des années, elle devient cependant au fil des années une véritable héroïne de cette armée de femmes.

Le Détachement féminin rouge fut créé en 1964. Lors de leur préparation, les danseuses furent priées d’aller passer un mois dans un camp militaire, pour se familiariser à l’attitude des soldats et aux maniements d’armes. Lors de la reprise du ballet il y a quelques années, les ballerines eurent droit au même entraînement, mais seulement pendant deux ou trois jours.

Wu Qionghua sera dansée par Zhang Jian (Prima Ballerina), Lu Na (Principal) et Zhu Yan (Prima Ballerina). Hong Changqing sera dansé par Zhou Zhaohui (Principal), Li Ke et Tong Jinsheng.

La chorégraphie est signée de  Li Chengxiang, Jiang Zuhui et Wang Xixian. La musique a été composé par Wu Zuqiang, Du Mingxin, Dai Hongwei, Shi Wanchun, Wang Yanqiao et Huang Zhun. La musique étant en grande partie composée d’instrument chinois, il n’y aura pas d’orchestre pour cette tournée parisienne, mais une bande-son.

Ballet National de Chine - Le Détachement féminin rouge

Ballet National de Chine – Le Détachement féminin rouge

 

Le Ballet National de Chine au Théâtre du Châtelet : Le Lac des Cygnes du 25 au 29 septembre et le Détachement féminin rouge du 1er au 3 octobre.

Comments (8)

  • Joelle

    Et bien j’irai voir avec des amis début octobre l’épopée du Détachement féminin rouge. Je pense que cela va être délicieusement anachronique, mais avec des artistes de valeur.

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  • Estelle

    Un article très intéressant sur un sujet que je ne connaissais pas du tout.
    Surprise numéro 1 : « les membres de la compagnie habitent tous dans le même immeuble » !!
    Surprise numéro 2 : « le seul temps de repos étant le dimanche après-midi » !!
    Surprise numéro 3 : « 2000 élèves dans l’école de danse » !!
    Qui a déjà vu danser Zhu Yan, la prima ballerina ? Aussi époustouflante que son titre ?

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  • Merci pour cet éclairage qui donne réellement envie de voir cette compagnie danser ! Le Théâtre du Châtelet ouvre notre horizon, c’est à saluer. Je suis impressionnée par la discipline tenue par les danseurs chinois, et l’expérience militaire obligatoire pour jouer le 2nd ballet.

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  • La discipline de fer doit faire merveille question technique, mais qu’en sera-t-il de l’expression artistique ? Je n’irai pas, mais je suivrai avec plaisir les comptes-rendus ici.

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  • J’irai voir le détachement féminin rouge…après avoir beaucoup hésité car je n’avais pas été emballée lors de la venue du Ballet à Garnier. Il y a certes de très beaux passages mais le côté caricatural de certaines scènes m’avaient agacée…

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  • Jacotte

    Allez y demain le 3 c’est la géniale Zhu Yan qui danse le rôle principal. Ce spectacle est un régal si on accepte de le voir aussi comme un e page d’histoire de la danse et d’histoire tout court.
    Les danseuses chinoises ne font plus l’armée. Nous ne sommes plus à l’époque de la révolution culturelle. Elles portent des jeans, ont des Ipad, une voiture pour la majorité (Audi ou Volkswagen en principe),surfent sur le net, et si elles vivent (pas toutes, ce n’est pas obligatoire) dans l’immeuble face au ballet, c’est parce qu’elles (qu’ils d’ailleurs) paient 5€ de loyer/mois, ce qui leur permet d’économiser pour pouvoir s’acheter un appart quand ils ont fini de danser. D’autre part, Pékin c’est 10 fois Paris (6 périphs) et 20 fois les embouteillages. Donc économie de temps et d’argent.
    Dernière rectification, il n’y a ^pas qu’à Pékin qu’il y a une école de danse. Outre la multitude d’écoles privées ouvertes ces dernières années, il y a par exemple une école auprès du ballet du Liaoning (80 danseurs) de 600 élèves. Il y en a une à peu près dans toutes les grandes villes chinoises.

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