TOP

Un avant-goût de Dances at a Gathering

Le Ballet de l’Opéra de Paris reprend Dances at a Gathering de Jerome Robbins dès le 19 juin, lors d’une soirée mixte complétée par Psyché d’Alexeï Ratmansky. Une répétition sur ce ballet américain a été organisée quelques semaines avant le spectacle, passionnante et très pédagogue sur cette oeuvre abstraite.

Clothilde Vayer, Héloïse Bourdon et Pierre-Arthur Raveau

Clothilde Vayer, Héloïse Bourdon et Pierre-Arthur Raveau

Une séance de travail qui débuta de façon un peu étrange, sans Brigitte Lefèvre ou Laurent Hilaire, et sans aucune mention de la récente promotion de Clotilde Vayer, qui dirigeait cette répétition, au statut d’associée à la Direction de la Danse. Mais qu’importe. La future-nouvelle « numéro 2 » de la compagnie entra directement dans le vif du sujet en évoquant le travail de Jerome Robbins sur ce ballet, qu’elle avait dansé sous la direction du chorégraphe.

« Jerome Robbins voyait ce ballet comme Les Sylphides« , explique ainsi Clotilde Vayer. « Il n’y a pas d’argument à chercher. Ce sont des gens qui dansent ensemble en écoutant la musique. Le spectacle est donc différent chaque soir en fonction des distributions« . La répétitrice a pourtant beaucoup parlé d’histoire au cours de cette répétition, et de musique bien sûr. Il ne s’agit pas de juste danser, mais de s’inventer quelque chose, des relations. C’est ce qui fait que ce ballet peut être passionnant, ou au contraire paraître très long si aucune intention ne porte les mouvements.

Clotilde Vayer démarra la répétition par le pas de deux du jeune homme en vert et de la fille en jaune, interprété par Pierre-Arthur Raveau et Héloïse Bourdon (qui le soir-même faisait sa prise de rôle de la soliste du 3e mouvement dans Le Palais de Cristal). Les deux artistes ont déjà répété cet extrait, mais jamais ensemble. La répétitrice insiste donc beaucoup sur les regards, ce pas de deux est un échange entre les deux danseur-se-s (« C’est un jeu de questions-réponses entre vous, regardez-vous« ), aussi sur une grande amplitude des mouvements. « Cela doit bouger. On doit avoir la sensation du vent. Jerome Robbins disait que ce ballet se déroulait pendant une belle journée d’été« .

Clotilde Vayer, Héloïse Bourdon et Pierre-Arthur Raveau

Clotilde Vayer, Héloïse Bourdon et Pierre-Arthur Raveau

Au fur et à mesure du travail, une jolie complicité se crée entre Pierre-Arthur Raveau et Héloïse Bourdon, à tel point que l’on se demande pourquoi ils ne sont pas distribués ensemble. Leur jeunesse, leur fraîcheur et leur danse élégante s’accordent parfaitement, l’on se plaît déjà à les imaginer réunis sur scène. « Amusez-vous, c’est un état d’esprit« , explique Clotilde Vayer, s’amusant des quelques petits ratés. « Ne t’occupe pas de savoir s’il est là ; il doit être là« , lance-t-elle à Héloïse Bourdon qui semble parfois chercher son partenaire.

Clotilde Vayer insiste aussi beaucoup sur la musicalité, car « il n’y a pas plus musical que Jerome Robbins« . « Écoutez la musique et donnez le mouvement« , répète-t-elle souvent. Malgré quelques hésitations, tout est fluide chez le jeune couple, spécialement charmant dans cette chorégraphie bucolique.

Après 20 minutes de travail, place à la variation de la femme en vert, interprétée pendant cette répétition par Sabrina Mallem. Une variation très particulière dans Dances at a Gathering. « Cette variation est un moment à part«  », explique Clotilde Vayer. « La femme arrive une fois que tout le monde a dansé et l’on se demande un peu d’où elle arrive. Contrairement aux autres danseurs et danseuses, elle regarde le public et va vers eux« . L’ouverture de cette variation commence d’ailleurs par un long regard de la danseuse qui doit donner l’impression de regarder chacun des spectacteur-rice, un exercice plus difficile qu’il n’y paraît. « Elle doit dire bonjour à tout le monde. Elle est vêtue d’une grande robe, et tout à coup quelqu’un marche sur sa robe« . C’est ce petit pas du début de la variation, qui prend tout de suite tout son sens.

Cette variation verte a aussi une interprétation bien particulière. « C’est la variation de la maturité, où la danseuse n’a plus à prouver ce qu’elle sait faire« , explique Clotilde Vayer. « Elle a été créée par Violette Verdy qui la dansait avec beaucoup d’humour et de mordant« . La maîtresse de ballet dissèque aussi quelques pas bien précis, parfois empruntés à la comédie musicale si chère à Robbins, parfois empruntés au folklore, espagnol ou russe. C’est ce mélange qui rend aussi cette variation si particulière. Avec au milieu une jolie révérence. « C’est ce qu’on appelle le salut Ghislaine Thesmar« , explique amusée Clotilde Vayer. « Une façon de saluer ‘Merci mon public adoré’« .

Sabrina Mallem

Sabrina Mallem

Tout se joue dans la finesse (« Plus suggéré les déhanchés« ) et l’humour. Une fois sa variation terminée, la danseuse repart comme elle est venue. « Il faut que tu t’amuses de tout ça« , résume Clotilde Vayer.

Place enfin à un autre passage de la Danseuse en vert, celle où elle croise plusieurs garçons. Et là aussi il peut y avoir une véritable histoire à raconter. « Elle n’arrête pas de parler aux garçons. Mais ils ne l’écoutent pas et finissent par partir… Alors elle parle toute seule« . Un passage périlleux pour la danseuse qui ne s’arrête jamais, tournant comme une abeille autour des trois danseurs. Sabrina Mallem semble très l’aise dans ce genre de répertoire, sachant apporter la touche d’humour qui apporte tout le charme au personnage, sans en oublier la musique. « C’est ça Robbins, célébrer la musique avec la danse« , conclue Clotilde Vayer.

Sabrina Mallem

Sabrina Mallem

L’heure de répétition fut presque frustrante tant le public aurait finalement eu envie d’une explication sur chaque variation. Ce fut en tout cas une belle entrée en matière qui donne décidément envie de redécouvrir ce ballet, dont la dernière reprise avait été un peu inégale.

Commentaires (7)

  • Joelle

    Je ne peux que souscrire aux commentaires d’Amélie. Ce fut une très belle présentation/répétition qui nous donne envie d’en voir plus très vite !

    Répondre
  • a.

    et précisément ces regards sur les photos! Sabrina Mallem y est de toute beauté…

    Répondre
  • clecle

    Comment fait on pour assister à ces conférences?
    J’ai vu qu’il y en avait une jeudi sur Notre-Dame de Paris comment fait on pour avoir des places? Est-ce encore possible?
    Sur le site de l’opéra, il est impossible de réserver mais il est marqué que les conférences sont gratuites, est ce vrai?
    Merci d’avance pour les réponses

    Répondre
  • @Clecle : Amélie a probablement assisté à la rencontre ballet autour de Dances at a gathering, qui a eu lieu le 31 mai. Ces rencontres ballet sont effectivement gratuites, elles se déroulent à l’amphithéâtre Bastille et on ne réserve pas pour y assister. En revanche, la conférence qui a lieu demain fait partie des jeudis de Bastille, qui ont lieu chaque jeudi à 13 h au studio Bastille et où on assiste à un concert, une rencontre ou une conférence. Les rencontres et les conférences, comme celle de Sylvie Jacq-Mioche autour de Notre-Dame de Paris demain et à laquelle vous souhaitez assister, sont gratuites. Pour y assister, il faut réserver, de même que pour un spectacle. S’il est impossible de réserver, c’est que tout est complet… Je suis désolée pour vous et j’espère pour vous que vous arriverez à trouver une place malgré tout…

    Répondre
    • Nati

      Clecle, vous pouvez y aller même sans place réservée car en générale la salle n’est jamais vraiment pleine ; ils devraient vous laisser rentrer quelques minutes avant le début de la conférence.

      Répondre
      • clecle

        Merci Nati et Serena,
        Je tenterai le coup demain

        Répondre

Poster un commentaire