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Le L.A. Dance Project au Théâtre du Châtelet

Avant de prendre la tête du Ballet de l’Opéra de Paris, Benjamin Millepied fait un petit tour d’Europe avec sa propre troupe, le L.A. Dance Project. Soit huit excellent-e-s danseurs et danseuses sur quatre pièces contemporaines, la plupart créées pour ce groupe et se basant justement sur l’énergie collective.

Murder Ballades de Justin Peck

Murder Ballades de Justin Peck

Un choix plutôt judicieux de la part des chorégraphes. Car ce qui transparaît en premier de cette soirée est indéniablement la qualité des interprètes. Huit danseurs et danseuses pour autant de personnalités différentes, une façon de se mouvoir fluide et virtuose, une énergie explosive… Benjamin Millepied a décidément l’art de choisir ses interprètes et de leur proposer à tous des pièces pour eux. Pièces en question qui proposaient quatre visions de la danse contemporaine, mais qui n’ont pas forcément toutes convaincues.

La dernière, Murder Ballades de Justin Peck, fut la plus charmeuse et intéressante des quatre propositions. Danseur du NYCB, Justin Peck ne cache pas son inspiration de Jerome Robbins. Cette nouvelle chorégraphie a toute l’allure d’un Dances at a Gathering du XXIème siècle, teintée d’humour et de l’air de ne pas se prendre trop au sérieux. Entre basket et short en jean façon 60′, voilà sur scène une bande de hipsters (bien plus sympas que dans la vraie vie) s’ébrouant à Central Park, portés par cette délicieuse coolitude new-yorkaise.

Murder Ballades de Justin Peck

Murder Ballades de Justin Peck

Pas anodin, le choix des baskets apportent à la danse un rebond et une détente particulière, jouant sur cette fausse distanciation. Groupes et duos se succèdent en scène pour un tout qui charme et surprend. Car sous ses airs de quelque chose de simple d’une composition classique, Murder Ballades n’est pas si déjà-vu que ça. Un parfum vraiment pas désagréable de jeunesse et de nouveauté souffle sur la scène. Paraît-il que Justin Peck prépare une création pour l’Opéra de Paris dans deux ans, il sera intéressant de découvrir comment il se sert de la pointe.

La pièce est précédée par Closer, un duo de Benjamin Millepied créée en 2006. Comme la plupart des pièces du chorégraphe, le duo ne révolutionne pas la danse. Il n’en reste pas moins très efficace, bien construit et des plus agréables à regarder, sachant dérouler une histoire et révéler toute la splendeur des deux formidables interprètes. Ils arrivent même à être des plus musicaux sur la musique sur-entendue de Philip Glass. Le geste démarre par quelque chose de simple, de presque commun, avant de se transformer en un formidable porté ou un élan fulgurant. La danse est fluide et forte, sait envahir la scène et prendre toute son ampleur.

Closer de Benjamin Millepied

Closer de Benjamin Millepied

Emanuel Gat est aussi un chorégraphe qui a le talent de se servir des corps des interprètes. Avec ceux et celles du L.A. Dance Project, il avait de quoi faire. Les mouvements de Morgan’s Last Chug sont en soi sont complexes et réfléchis, jouant sur la dissociation. Mais il manque comme un tout à la pièce. Cette dernière pourrait durer 10 minutes de moins ou 20 minutes de plus, cela n’aurait aucune importante sur le déroulement de l’oeuvre.

Morgan's Last Chug d'Emanuel Gat

Morgan’s Last Chug d’Emanuel Gat

Hiroaki Umeda, un artiste japonais, joue pour sa part sur le visuel pour sa création Peripheral Stream, mêlant à sa chorégraphie une vidéo projection et une partition composée sur-mesure pour les quatre interprètes. Vais-je passer pour la dernière des passéistes ? La musique m’a surtout crispé les oreilles et les projections titillé les yeux. La danse semble s’effacer face à ce visuel très fort. Mais derrière quelques images marquantes, il ne reste finalement plus grand-chose à l’arrivée, mis à part l’impression de revoir un énième ballet en noir et blanc que peut pondre au kilomètres une certaine forme de danse contemporaine.

Peripheral Stream

Peripheral Stream de Hiroaki Umeda

 

Le L.A. Dance Project au Théâtre du Châtelet. Morgan’s Last Chug d’Emanuel Gat, Peripheral Stream de Hiroaki Umeda, Closer de Benjamin Millepied et Murder Ballades de Justin Peck. Jeudi 7 mars 2014. 

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