Le Presbytère de Maurice Béjart – Béjart Ballet Lausanne
Le Presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat… de Maurice Béjart est un drôle d’ovni. Créé il y a presque 20 ans, immense succès populaire, le ballet – plus simplement appelé Le Presbytère – fait le tour des Zéniths et grandes salles de France. C’est dans un souci de démocratisation de la culture que Maurice Béjart avait lancé ces grands spectacles. 20 ans après, les prix des places ne sont pas forcément populaires, mais le public l’est resté, varié et cosmopolite, certainement pas le public de danse habituel.
Le Presbytère est un hommage à la jeunesse, aux victimes du Sida, aux proches de Maurice Béjart disparus trop tôt de cette maladie. Jorge Donn en tête, danseur icône du chorégraphe, et Freddie Mercury, dont les chansons servent de musique au ballet (entrecoupées de quelques extraits de Mozart). C’est donc un portrait de la génération Sida, interprété par des danseurs et danseuses d’aujourd’hui. Le thème de la maladie ne frappe plus autant (même si les ravages sont les mêmes en 2015), la certaine confrontation de la jeunesse avec son époque semble par contre toujours aussi actuelle. C’est un mélange de peur, de reproches, mais aussi d’espoir.
Maurice Béjart semble avoir créé ce ballet avec ses tripes et des émotions brutes (le décès de proches). Émotions qu’il n’avait comme pas canalisées, qu’il a comme jetées en scène, en vrac, comme elles arrivaient, sans ligne directrice. Le Presbytère a ainsi une dégaine un peu foutraque. Il se montre parfois comme un hommage très (trop) appuyé aux disparus (malgré la beauté des images du Nijinsky, clown de Dios par Jorge Donn). Il résonne par moment comme un enchaînement de clips porté par la musique de Queen. Il est aussi un hymne à l’amour, hymne à la danse. C’est un peu n’importe quoi, un peu disjoncté. Parfois facile, ou sans finesse. C’est aussi une émotion à fleur de peau qui ne quitte pas la scène.
C’est souvent par ces formidables scènes d’ensemble que Maurice Béjart marquait les esprits. Le Presbytère échappe à la règle. Les mouvements de groupe restent parfois étonnamment sobres dans la danse, les envolées sont comme coupées dans leur élan. L’émotion naît beaucoup plus des solos : l’étonnant et fantasque Julien Favreau en rock-star, le fabuleusement charismatique Oscar Chacon dans le souvenir de Jorge Donn, ou les quelques duos tout simples, comme une bulle de respiration au milieu de toute cette débauche.
Oui, Le Presbytère est décousu et facile. Il n’en a pas pour autant vieilli. Une force communicative s’en dégage, curieusement une certaine dose d’optimisme aussi. Quelque chose qui, en tout cas, ne laisse pas indifférent-e.
Le Presbytère de Maurice Béjart, par le Béjart Ballet Lausanne, au Palais des Congrès de Paris. Lundi 6 avril 2015.
Fourdraine France
Où puis je trouver un enregistrement du ballet « le presbytère ». Je l’ai vu en 1997 au Palais de Chaillot, j’aimerais trouver soit cette version soit celle de Gil Roman.
Amélie Bertrand
@ France : À notre connaissance, aucun DVD de ce ballet n’existe malheureusement.