Montpellier Danse 2016 – Programme de la 36ème édition
L’incontournable festival Montpellier Danse se tient du 23 juin au 9 juillet. Pour cette 36ème édition, qui verra pas moins de 16 créations, son directeur Jean-Paul Montanari a défini deux axes. Le destin des grandes troupes orphelines de leur chorégraphe d’une part, et la difficulté de production sur les rives de la Méditerranée, dans une période tragiquement mouvementée, de l’autre. Aux côtés de ces deux thématiques, on découvrira les nouvelles œuvres de Christian Rizzo ou encore Pierre Rigal.
« Continuer à exister«
Que deviennent les compagnies fondées par Merce Cunningham, Maurice Béjart, Pina Bausch, Birgit Cullberg ou Trisha Brown, après le décès ou l’éloignement de ces grands chorégraphes ? Quel est le destin des Ballets que William Forsythe, Jiri Kyliàn, ou Mats Ek ont contribué à rendre célèbres avant de les quitter ? Ces questions ne cessent de se poser. Le Ballet de Francfort, rebaptisé Dresden Frankfurt Dance Company, comme le Cullbergbaletten y répondent à leur manière.
The Primate Trilogy de Jacopo Godani par la Dresden Frankfurt Dance Company
Formé dans la célèbre école Mudra de Maurice Béjart, Jacopo Godani fut l’un des principaux solistes et collaborateurs de William Forsythe, avant de lui succéder cette saison à la tête de la compagnie. The Primate Trilogie est sa première création pour une troupe, totalement remaniée, de quinze nouveaux interprètes. Dans les pas de son mentor, il y déploie un style très néoclassique qui joue avec les perceptions du public.
Les 23 et 24 juin 2016 à l’Opéra Berlioz Le Corum. Première en France.
Figure a sea de Deborah Hay par le Cullbergbaletten
Gabriel Smeets, directeur artistique du Cullbergbaletten depuis 2014, perpétue l’esprit novateur de la troupe en invitant régulièrement des chorégraphes audacieux et de premier plan. C’est le cas de Deborah Hay, figure de la danse postmoderne américanie, formée chez Merce Cunningham et passée par la fameuse Judson Church, qui signe avec Figure a sea sa première collaboration avec une compagnie européenne. Elle y développe une danse infinie, métaphore de la mer comme de nos existences.
Les 29 et 30 juin 2016 au Théâtre de l’Agora. Première en France.
« Créer malgré tout«
Récurrente pour Montpellier Danse de par sa situation, la question de la solidarité méditerranéenne se pose avec encore plus d’acuité ces dernières années. Crises économiques, drames migratoires, attentats, guerres, comment crée-t-on lorsque vivre, même, devient difficile ? Qu’ils produisent dans leurs pays d’origine ou ailleurs, comment les chorégraphes sont-ils aujourd’hui traversés par ces problématiques ? Près d’une dizaine d’artistes méditerranéens sont invités dans cette 36ème édition, où l’Iran a aussi une place de choix.
Sur le fil de Nacera Belaza
Née en Algérie, Nacera Belaza vit en France depuis l’âge de 5 ans. Elle y a créé sa compagnie en 1989 mais a aussi fondé une coopérative artistique dans son pays d’origine. Mouvement perpétuel, danse spirituelle, elle creuse une recherche intime qui la relie aux autres. Avec Sur le fil, son nouvel opus, elle cherche l’abandon, la transcendance, au delà et grâce à la rigueur du geste.
Les 23 et 24 juin 2016 au Studio Bagouet de l’Agora. Création.
SUNNY d’Emanuel Gat
Après SACRE/GOLD présenté la saison dernière, l’israélien Emanuel Gat, installé depuis 2008 à Istres, revient à Montpellier Danse pour une création. « SUNNY est riche de nouvelles rencontres. Cinq nouveaux danseurs rejoignent la compagnie et l’un des interprètes, Awir Leon, devient compositeur, performeur live. […] Tous ensemble, ils plongent dans la création d’un nouveau spectacle sans thème préalable ni parti pris pour inventer de nouvelles règles du jeu et transmettre ce courant d’énergie au spectateur. »
Les 25 et 26 juin 2016 au Théâtre de l’Agora. Création.
Outre ces deux artistes, la libanaise Danya Hammoud, les tunisiens Radhouane El Meddeb et Oumaima Manai, ainsi que l’israélienne Sharon Eyal présentent leurs nouvelles créations. Le grec Dimitris Papaianou joue quant à lui son réjouissant et pictural Still Life. Le marocain Taoufiq Izeddiou revient avec En Alerte, « une écriture chorégraphique de son cheminement spirituel face aux réalités du monde actuel et ses vulnérabilités« . Et l’Espagne est représentée par Andrés Marin, qui propose avec Kader Attou et ses danseurs, Yatra, un voyage entre tradition et modernité. Aux côtés des pays méditerranéens, L’Iran est aussi présent grâce aux créations des chorégraphes Hooman Sharifi, Sorour Darabi et Ali Moini.
Parallèlement à ces spectacles, la revue Esprit anime une table ronde ayant pour thème « Danser malgré tout, la création en résistance dans les pays du sud méditerranéen« . La chaîne Arte, quant à elle, propose « Filmer malgré tout« , une sélection de courts et longs métrages ayant pour thème la résistance des artistes face aux pouvoirs. Une après-midi entière est consacrée au cinéma iranien.
Créations
Au delà de ces deux thématiques fortes, comme chaque année, de nombreux chorégraphes reconnus viennent créer à Montpellier Danse leur nouvelles pièces.
Le syndrome ian de Christian Rizzo
À la tête du CCN de Montpellier, Christian Rizzo clôt avec Le syndrome ian son triptyque sur les danses anonymes et populaires, « confrontées à la notion d’auteur« . Là où D’après une histoire vraie explorait les danses folkloriques et Ad noctum celles de couples, cette nouvelle œuvre se penche sur le clubbing, entre disco et électro. « Comment ces deux systèmes physiques de représentation s’incarnent dans un mouvement, créant une écriture singulière ? Le syndrome ian réunit neuf danseurs dans une vibration commune où le silence se distribue entre physicalité des sud-bass et plaintes mélodiques, en écho à la poésie de Ian Curtis. » déclare le chorégraphe.
Les 24 et 25 juin 2016 à l’Opéra Comédie. Création.
Même de Pierre Rigal
Récemment installé à Toulouse, le touche-à-tout Pierre Rigal revient à Montpellier pour créer Même, sorte de comédie musicale expérimentale. « En écho au complexe d’Œudipe, la pièce Même met en évidence la volatilité de l’évidence elle-même, et met en doute les identités de chacun. Les acteurs, chanteurs, danseurs, musiciens de Même, s’amusent à créer des boucles répétitives expérimentales comme des sortes de névroses ubuesques. Mais comme l’identité est une utopie, comme le même ne se laisse pas facilement reproduire, ces phrases, ces musiques et ces gestes se répliquent avec une maladroite ou malicieuse inexactitude, créant ainsi une chaîne d’informations tragi-comiques » dit-il.
Les 6 et 7 juillet 2016 au Théâtre de l’Agora. Création.
Outre ces deux chorégraphes, Lia Rodrigues, Robyn Orlin et Nabil Hemaïzia présentent également leurs nouvelles créations. Comme chaque année, ces spectacles et beaucoup d’autres sont ponctués par des moments de rencontres, telles les grandes leçons de danse sur les places de Montpellier.
L’ensemble de la programmation, de riches informations et les formulaires de réservation de cette 36ème édition sont à retrouver sur le très complet site du festival Montpellier Danse.