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Adieux à la scène de Karl Paquette le 31 décembre

Karl Paquette, Danseur Étoile du Ballet de l’Opéra de Paris, fera ses adieux à la scène et à la compagnie le 31 décembre 2018 à l’Opéra Bastille. Il dansera le rôle de l’Acteur-Vedette dans le ballet Cendrillon de Rudolf Noureev, aux côtés de Valentine Colasante. Le troisième acte du spectacle ainsi que ses adieux seront retransmis le soir même, en léger différé, sur Arte et sur Internet. Très apprécié du public, celui qui a tenu son poste jusqu’au bout – et qui en tant que Premier danseur a sauvé de nombreuses séries en assurant énormément de remplacement de dernière minute – devrait recevoir une ovation des plus chaleureuses le soir de sa dernière. 

Karl Paquette

 

Un pur produit de l’Opéra… et l’un des chouchous du public

Né en 1976, Karl Paquette démarre la danse classique avec le grand maître Max Bozzoni. Il entre à l’École de Danse de l’Opéra de Paris à l’âge de 10 ans, en 1987. L’établissement est alors dirigé par Claude Bessy et vient de s’installer à Nanterre. Karl Paquette entre en sixième division avec Jérémie Bélingard, une autre future Étoile, ils feront ensemble toute leur scolarité. Il entre dans le corps de ballet en 1994, la même année que Muriel Zusperreguy, et grimpe lentement mais sûrement les échelons de la hiérarchie : Coryphée en 1996, Sujet en 2000, Premier danseur en 2001. Entre-temps, Karl Paquette gagne le Prix du Cercle Carpeaux en 1999 et commence à avoir des petits rôles en tant que Sujet dans les ballets de Rudolf Noureev (le Producteur dans Cendrillon, Béranger dans Raymonda, la Danse arabe dans Casse-Noisette). Il est aussi Iñigo dans Paquita de Pierre Lacotte.

Une fois Premier danseur, Karl Paquette a accès à pratiquement tous les grands rôles, spécialement dans le répertoire classique et néo-classique (Rudolf Noureev, George Balanchine, Pierre Lacotte, Jerome Robbins, John Cranko, John Neumeier, Kenneth MacMillan, Jiří Kylián, Serge Lifar, Youri Grigorovitch…). Karl Paquette n’est pourtant pas le danseur le plus brillant techniquement de sa génération. Mais sa générosité en scène, sa façon de rendre si vivant ses personnages, sa manière de s’investir totalement dans chacun des rôles que ce soit un personnage d’envergure ou une variation de trois minutes, font de lui très rapidement l’un des chouchous du public. Très solide physiquement, Karl Paquette est aussi amené à remplacer très souvent des Étoiles, parfois à la dernière minute, sauvant ainsi un nombre incalculable de séries et de représentations. Il est de plus reconnu comme étant un excellent partenaire, sachant toujours mettre sa danseuse en valeur et en confiance. En coulisse, il prend aussi la tête d’un petit groupe de jeunes danseurs et danseuses, se produisant régulièrement en province et parfois à l’étranger, montrant son talent de pédagogue. Il prend ainsi une place à part, aussi bien au sein de la compagnie que dans le coeur du public. 

Isabelle Ciaravola et Karl Paquette – La Dame aux camélias de John Neumeier

Un danseur généreux

À l’issue de la représentation de Casse-Noisette de Rudolf Noureev le 31 décembre 2009, où il danse le rôle de Drosselmeyer, Karl Paquette est nommé Danseur Étoile. Son répertoire ne change pas fondamentalement, même s’il ne danse plus de pas de trois donnés au Premier danseur. Il se concentre sur les rôles d’Étoiles, qu’il danse jusqu’au bout même les plus difficiles techniquement, comme Basilio dans Don Quichotte de Rudolf Noureev, sans toutefois lâcher les plus petits rôles de demi-caractère où le jeu est très important, qu’il danse avec toujours autant d’investissement. On a ainsi pu le voir en Prince Grémine dans Onéguine de John Cranko pour les adieux d’Isabelle Ciaravola en 2014, l’une de ses grandes partenaires, ou le Geôlier dans L’Histoire de Manon de Kenneth MacMillan en 2015. C’est ainsi Rothbart, si important dans la version de Rudolf Noureev du Lac des Cygnes, qui reste sûrement le rôle le plus emblématique de Karl Paquette. Et qu’il a dansé tout au long de sa carrière. 

Après plus de 30 ans à l’Opéra de Paris, Karl Paquette fait ainsi ses adieux le 31 décembre 2018, dans le ballet Cendrillon qu’il a beaucoup dansé. Il sera sur scène aux côtés de Valentine Colasante dans le rôle-titre, dont il était le partenaire lors de sa nomination d’Étoile. Mais aussi avec deux de ses grandes partenaires dans les rôles des deux soeurs, Ludmila Pagliero et Dorothée Gilbert. Même s’il n’a rien annoncé de concret pour l’instant, Karl Paquette devrait continuer sa carrière en tant que professeur de danse, un rôle qu’il affectionne déjà.

Valentine Colasante lors de sa nomination d’Étoile, avec Karl Paquette

Choisir la date du 31 décembre pour des adieux n’est pas un cadeau pour le public, les places étant sur cette date deux fois plus cher. Beaucoup devraient cependant casser leur tirelire pour applaudir une dernière fois Karl Paquette. Le dernier acte du ballet, ainsi que les adieux, seront aussi retransmis en direct en léger différé sur Arte, le site Arte Concert et le site de l’Opéra de Paris.

 

Commentaires (3)

  • Cathy

    Bonsoir,
    Il me semble que ce danseur a remporté un 3ème prix lors d’un concours eurovision…. Pas le plus brillant, mais un des plus généreux dans sa relation à l’opéra et au public. Il va nous manquer… Merci pour l’information sur le 31 ! C’est très précieux.

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  • Léa

    Kaaarl !!! Je serai là!! Pas le plus technique assurément, mais quelle personnalité. Simplicité, intelligence, générosité. Je crois que parmi ses collègues l’avis est le même, voilà quelqu’un qui suscite la sympathie. Un superbe acteur et un réel charisme en scène, aussi.
    Comme il va nous manquer….

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  • LOTH

    Oui !
    Quelle belle personne, ce Karl !
    Le métier assuré avec vérité et sincérité, dégagé de certains  » effets pour la scène ».
    Bref, une carrière loyale et royale au diapason de notre vénérable maison.
    Pluie d’or, aussi émouvante que noble, ce soir. C’est assuré !
    J.Rodolphe

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