[Photos] Retour sur La Dame aux camélias de John Neumeier par le Ballet de l’Opéra de Paris
Avec Cendrillon de Rudolf Noureev, le Ballet de l’Opéra de Paris a passé les Fêtes avec La Dame aux camélias de John Neumeier, du 30 novembre au 3 janvier au Palais Garnier.
Retour en images sur les différentes distributions de cette série de La Dame aux camélias :
Cette reprise de La Dame aux camélias de John Neumeier a été marqué par plusieurs prises de rôle. À commencer par celui de Léonore Baulac en Marguerite. Portée sur le néo-classique, plutôt bonne comédienne, la danseuse était attendue. Et est apparue un peu trop juvénile pour porter toutes les subtilités de ce rôle qui se fait parfois aguicheur. À ses côtés, Mathieu Ganio faisait plus penser à Albrecht qu’à Armand Duval. Le couple, qui dansait pour la première fois ensemble, cherchait encore une alchimie, même si le dernier acte est monté en puissance. La sensualité et le frisson sont plus arrivées avec Eve Grinzstajn, toujours formidable en Manon.
Place ensuite à une distribution expérimentée, et avec de jolies surprises dans les seconds rôles. Eleonora Abbagnato, que l’on voit peu sous le ciel parisien, a montré qu’elle était encore bien là avec une Marguerite maîtrisée dans sa complexité, à la fois aguicheuse au début, puis amoureuse, prenant peur face à la maladie, jonglant entre la joie de vivre et les remords. Stéphane Bullion a lui aussi trouvé l’un de ses rôles forts avec Armand, devenant vraiment celui qui raconte l’histoire au public, celui qui déroule le fil. Le couple a montré une très belle complicité comme une cohérence dans le jeu, pour offrir une représentation de haute tenue. Et les autres rôles ont été à la hauteur. Sae Eun Park a été magistrale en Manon, vénéneuse et mystérieuse, mettant sa danse absolument superbe (quelle technicienne !) au service de son personnage et de la tension dramatique. Muriel Zusperreguy est pétillante à souhait en Prudence, très bien secondé par Paul Marque en Gaston Rieux, vulgaire comme il faut et vraiment drôle. Un plaisir, décidément, de voir ce danseur progresser de rôle en rôle. Bianca Scudamore étonne déjà par sa maturité (et quelle ligne de jambe !) en Olympia. Voilà son premier rôle et déjà une vraie maîtrise de la théâtralité. Son charisme fait le reste, on ne voit qu’elle quand elle entre en scène, et c’est grâce à elle que l’on se souvient de l’importance du personnage d’Olympia dans ce ballet.
Troisième distribution vue enfin, un peu plus hésitante. Laura Hecquet y faisait sa prise de rôle en Marguerite. Au début, la danseuse est un peu trop sage, un peu trop grande dame pour être véritablement crédible en cocotte. La danseuse montre beaucoup plus sa valeur vers la fin du ballet, dans le drame et la tragédie. Une Marguerite un peu trop Tatiana ? Peut-être. Néanmoins l’Étoile va bien à ce genre de ballet narratif et ses reprises du rôle devraient être des plus intéressantes. À ses côtés, Florian Magnenet a été un partenaire attentif, soucieux de mettre en valeur sa ballerine. Sa prise de rôle en Armand est restée honnête, certes un peu sage, mais avec de belles intentions. Moins vénéneuse que Sae Eun Park, Ludmila Pagliero a cependant montré beaucoup d’autorité en Manon, faisant le parfait contrepoint face à Laura Hecquet et montrant là encore toute l’importance de ce personnage qui est loin d’être un second rôle. Habituée de Prudence, Sabrina Mallem a dominé la partie de campagne et c’est un plaisir de la retrouver dans un rôle de premier plan. Malgré une jolie danse propre, ses partenaires de jeu Axel Magliano (Gaston Rieux) et Naïs Duboscq (Olympia) se sont montrées trop timides dans le jeu et trop scolaires dans la façon de s’affirmer en scène pour vraiment marquer ces rôles de leur empreinte.