[Prix de Lausanne 2019] Nos coups de cœur avant les sélections
Année après année, l’impression est la même au Prix de Lausanne : le niveau est toujours plus élevé. Est-ce un fait ? Est-ce une illusion que provoquent les longs mois qui séparent les éditions ? Difficile de trancher, mais le fait est que DALP a pour cette édition une longue liste de coup de cœurs à vous présenter. Tous et toutes n’iront pas forcément en finale, mais chacun ou chacune a su nous toucher, nous impressionner ou nous captiver quelques instants. Voici les candidats et candidates marquantes de cette édition 2019 du Prix de Lausanne après une semaine de travail, en toute subjectivité.
Trois noms à retenir
Chaque Prix de Lausanne a sa star, en particulier à l’ère des réseaux sociaux, qui permettent au plus grand nombre de suivre le concours depuis les quatre coins du monde. Adorée du public, Mackenzie Brown (126), élève à l’Académie Princesse Grace, semble avoir conquis le cœur de beaucoup. C’est que la jeune Américaine a un charisme exceptionnel qui capte l’attention de chacun.e. Si son talent est évident en cours de danse classique comme lorsqu’elle interprète sa première variation, la troisième Ombre, il m’a semblé qu’elle brillait encore plus lors des cours contemporains : les exercices d’improvisation lui ont donné l’occasion de s’exprimer pleinement. Peu de doute qu’elle aura vendredi soir sa place en finale.
Ce devrait peut-être aussi être le cas d’un autre chouchou du public, Gabriel Figueredo (416). Longiligne, très gracieux, il a une danse légère, augmentée d’un travail de pied précis. J’avoue ne l’avoir pas remarqué immédiatement, peut-être parce qu’il a aussi une certaine discrétion lorsqu’il danse, ce qui est appréciable. Patrick Armand le disait encore jeudi après-midi aux garçons de son groupe : « Less is always more« . Suivant ce mot, je pense aussi au candidat Hyo Shimizu (204). La variation qu’il a choisi, le poète des Sylphides, n’est pas celle qui demande le plus de virtuosité. En revanche, il y exprime un lyrisme très touchant pour un candidat aussi jeune.
Chez les garçons…
Dans le groupe des garçons A, trois autres candidats m’ont marquée cette semaine. Le plus âgé de cette catégorie, Hang Li (212) est celui dont la technique est la plus aboutie. Ce sont ses batteries qui ont attiré mon attention en cours de danse. Elles sont d’une grande précision. António Ferreira (205) est quant à lui un danseur très versatile, qui brille autant en contemporain qu’en classique. Il dégage une énergie très plaisante.
João Vitor Da Silva (203) a derrière lui beaucoup moins d’années d’entrainement que ces quelques autres candidats. Il est pourtant tout aussi prometteur. Sa présence se ressent dès la barre, sans néanmoins qu’il se distingue par sa technique. C’est au milieu qu’il s’exprime pleinement, et que l’on découvre ses deux points forts : les tours et les sauts. Ce candidat a un magnifique ballon naturel, c’est quelque chose qui ne s’apprend pas. S’il obtient ici une place dans une grande école, il pourra rattraper la technique qui lui manque encore. Il ne fait alors aucun doute qu’une belle carrière l’attend. Car il apprend vite : lui qui n’a jamais fait de contemporain a montré en cours de magnifiques improvisations. Il est exactement le type de candidat pour qui ce concours existe, j’espère que ce dernier saura faire la différence dans la carrière du jeune Brésilien.
… Et chez les filles
Le niveau du groupe des filles A est très élevé, et Mackenzie Brown n’est pas la seule qui en ressort. Il est difficile de trancher face à tant de candidates si prometteuses, mais Shulynn Im (127) se remarque très bien. Je l’ai vue pour la première fois dans sa variation classique, la Princesse Florine, et ai été impressionnée par son aisance. Le tempo de la version proposée ici aux candidates est très soutenu, et toutes ne le suivent pas parfaitement. Shulynn Im relève quant à elle le défi avec grâce. La voir en cours classique et contemporain ne fait ensuite que confirmer ses capacités. Elle a notamment proposé une belle improvisation contemporaine jeudi matin, en cours. C’était également le cas Jihun Choi (125), qui attire l’oeil elle aussi. Dans cette classe, on remarque également Olivia Daugherty (107). Lors des cours de danse, on peut la voir tenir les équilibres un centième de seconde de plus que les autres : elle est dotée d’un très bon contrôle (et elle le travaille, comme elle l’a expliqué à DALP). Elle a aussi la chance d’avoir un en-dehors à faire des jaloux.ses… En dépit de son jeune âge – elle a quinze ans -, elle est très assurée et exprime pleinement sa personnalité en dansant. Tout au moins, celle-ci a-t-elle attiré mon regard à de nombreuses reprises cette semaine.
Chez les filles plus âgées, la première candidate avec laquelle j’ai brièvement échangé cette semaine était Lauren Laar (317). La sympathie qu’elle dégage lorsque l’on discute un peu avec elle est la même que celle qui se ressent lorsqu’on la voit danser. Elle est une danseuse aux jolis sauts et tours, qui a, à dessein, choisi d’interpréter Kitri. Elle est aussi très fair-play et entretient avec les autres candidat.e.s de très bonnes relations, comme avec Thiago Victor Santana (421), qui lui aussi semble très populaire auprès de ses concurrents. Ce n’est pas en cours que j’ai remarqué ce Brésilien de 18 ans, mais lors de son coaching : il a instantanément intégré les corrections de Patrick Armand et son travail en est devenu d’autant plus beau à voir. Il est un Basilio plein de mordant.
Des séances de coaching révélatrices
Les séances de coaching sont ainsi vraiment un élément essentiel du Prix et particulièrement intéressantes à voir. J’ai alors apprécié l’évolution du travail Zhenyuan Yao (308) : d’une prestation peut-être un peu trop exubérante dans son Esmeralda, elle a gagné en mesure, et donc en classe. On peut espérer qu’elle brille pendant les sélections autant que son tutu. Elle n’est pas la seule à avoir choisi cette nouvelle variation, cette année. C’est aussi le cas de Sumina Sasaki (313), qui fait preuve d’une belle assurance, et de Rheya Shano (309). Si le rôle de Raymonda aurait peut-être mieux convenu à cette danseuse, en particulier la variation de l’acte III (qu’aucune candidate n’a choisie, comme l’année dernière, à mon plus grand désarroi…) pour laquelle elle aurait eu la dignité nécessaire, Rheya Shano dégage une lumière particulière en cours de danse. J’aime beaucoup l’aplomb qu’elle a, tout en discrétion. Une danseuse à suivre en tous les cas.
Et puis, encore, on ne peut ignorer le joli travail de Yuchan Kim (403) et Georgi Kapitanski (422), les bras élégants de Jade Mitchell (305) ou l’enthousiasme très (trop ?) communicatif de Yu Wakizuka (408). Yoon Jung Seo (303) danse quant à elle avec beaucoup de classe et a fait de gros progrès depuis sa participation l’année dernière. Elle a mûri. J’espère que cela arrivera à une candidate comme Julia Shugart (117) qui ressort au cours classique mais peine encore à s’imposer en contemporain.
Du côtés des écoles françaises
Quant aux candidats et candidates des écoles françaiss, les deux garçons, Taisen Jomen (402), qui étudie au CNSMDP et Alexandre Joaquim (418), qui danse à l’Ecole Rosella Hightower de Cannes, ont une danse très solide, on les sent prêts à entrer dans une compagnie, comme le préconise la catégorie dans laquelle ils sont cette semaine. Eux aussi, comme certains de nos coups de cœur, dégagent une grande sympathie en dansant avec beaucoup assurance mais sans arrogance. Soana Madsen (307) n’a pas le meilleur placement, elle se distingue néanmoins par de très belles lignes, et dépasse d’une tête toutes ses camarades. Elle a une grâce naturelle qui s’exprime très bien lors des barres d’Elisabeth Platel.
Rendez-vous en finale !
C’en est tout des coups de cœur de DALP pour cette année, à ce stade de la compétition. Les sélections de vendredi permettront aux candidat.e.s de pleinement mettre à profit ce que leur ont appris les différentes activités du concours au cours des cinq derniers jours. Rendez-vous donc le 8 février vers 19h pour découvrir lesquels auront la chance de danser à nouveau en finale, et à laquelle participeront, je l’espère, le plus grand nombre de ces coups de cœurs !