De la diagonale d’entrée de la variation de Paquita aux nombreux manèges de Solor, Basilio ou de Désiré, l’exaltation des sauts ne laisse pas indifférent. Et tout particulièrement le grand jeté, l’un des pas symboles de la danse classique. Le grand jeté est un mouvement qui additionne plusieurs gestes techniques et physiques. Il se révèle ainsi difficile à acquérir. C’est un saut prenant son origine sur une jambe pour se réceptionner sur l’autre. Durant le temps d’exécution ou de ballon, le danseur.se tente de maintenir les jambes écartées. Penchons-nous aujourd’hui sur ce pas 

Conseil pratique – Le grand jeté

L’exécution

Le grand jeté implique un élan et un déplacement. Pensez donc à un cheval sautant un obstacle. L’appui de propulsion se fait légèrement sur l’arrière pour laisser la jambe d’appui se déployer. La force est suffisante mais pas excessive pour projeter le poids du corps par-dessus l’obstacle. La réception nécessite du contrôle pour empêcher le haut du corps de basculer et la patte arrière de heurter l’obstacle.

Tout un programme !

Les problèmes d’exécution du grand jeté proviennent en fait souvent du pas précédant le saut, généralement une glissade, ou bien de la qualité de la réception. Dans le cas de la glissade, celle-ci doit favoriser le grand jeté et surtout ne pas être perçue comme un mouvement indépendant. La réception est pour sa part parfois réalisée en écho de la montée des jambes. L’effort pour monter les jambes est un effort tonique et rapide qui vous oblige à relâcher trop rapidement vos jambes lors de la réception. Si votre poids du corps n’est pas dirigé sur la jambe de réception, le mouvement se disloque car cette jambe n’aura aucun maintient à l’arrivée. De plus, ce mauvais équilibre empêche le maintien de la seconde jambe, celle qui est libre.

Pour que le grand jeté soit gracieux, pensez à une pierre au contact de l’eau. C’est bien la forme et la continuité des ondes qui façonne la beauté du geste et non la trajectoire et le type de pierre que vous avez lancée.

Les points à développer

Voici quelques points de progression.

Les pointes mal tendues signalent à votre professeur.e que la réception risque d’être difficile à cause d’un manque de maîtrise musculaire de la jambe. De même, si votre seconde jambe fléchit involontairement dans le mouvement, il doit y avoir un élément à corriger dans le grand battement à la barre, concernant la fermeture de la hanche qui bloque la prise du mouvement s’initiant par le pied et l’allongement de la jambe.

Enfin, le placement du buste peut aussi être un frein, notamment lorsque le grand jeté est amorcé par une quatrième. L’ouverture des jambes entraîne parfois une ouverture des épaules contraire à la direction prise. Durant l’effort, la position d’arabesque doit être maintenue.

Conseil pratique – Le grand jeté

Les mouvements complémentaires

Améliorer certains gestes techniques sera bénéfique pour exceller dans le grand jeté.

La base et le minimum requis pour exécuter ce mouvement sans vous blesser est le plié. Ajoutez-y les sauts tant dans le ballon que dans l’explosivité. Lors des exercices à la barre, pensez à vos pointes, à l’allongement de la jambe et finalement au grand battement, enfin au soutien du développé.

Pour acquérir de la force, optez sur les séries de relevés ou de sauts sur un appui. Affinez l’indépendance des bras et des jambes afin que ces premiers ne subissent pas la tension du saut.

Et pour finir, la souplesse vous aidera au mouvement. Cependant, ne vous mettez pas un plafond de verre pour réaliser le grand jeté parfait sous prétexte que le grand écart ne sera jamais pour vous ! L’un n’empêche pas l’autre malgré l’hypersouplesse et/ou hyperlaxité de nombreuses reproductions que vous admirez.

Pour les plus expert.e.s d’entre vous, améliorez la dynamique de votre mouvement. Visez les cieux plutôt que l’extrémité de la salle. Si votre temps de sauts est en berne, pensez à réaliser l’écart de vos jambes presque en simultané du saut et/ou sur une même ligne.