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La décevante Pasionaria de Marcos Morau – La Veronal

Pasionaria, c’est le nom résolument espagnol de la dernière pièce de La Veronal. Un titre intraduisible tant ce mot est nourri de multiples connotations et références en castillan, à la fois acte de souffrir et affection désordonnée comme nous le rappelle le glossaire du programme. Ce retour de la compagnie de Marcos Morau en France a quelque peu déçu. Si le chorégraphe espagnol offre un spectacle très stylisé et superbement scénographié, il peine à imposer un récit signifiant et se contente trop souvent de séquences répétitives dont on parvient mal à décrypter le sens.

Pasionaria de Marcos Morau – La Veronal

Marcos Morau a imposé depuis quelques années un style nouveau, nourri de théâtre et d’arts plastiques, créant des spectacles forts et singuliers et renouvelant la scène chorégraphique espagnole. La note d’intention de Pasionaria ne manquait pourtant pas d’ambition (ce qui devrait conduire à nous en méfier…). Marcos Morau cite en préambule l’auteur français Michel Houellebecq, romancier d’un nouveau nihilisme pessimiste : « Celui qui contrôle les enfants contrôle le futur ».

Le chorégraphe espagnol nous promet donc une réflexion sur l’idée de progrès qui nous est imposée. Le projet est alléchant mais ne parvient pas à se transférer sur le plateau. Certes, il y a la scénographie somptueuse signée Max Glaenzel qui à vrai dire constitue le meilleur du spectacle : un vaste escalier avec ses larges baies vitrées d’où l’on voit le monde extérieur et même la lune en gros plan, comme pour signifier un ailleurs galactique ou un monde post apocalypse. Les couleurs sont passées, presque effacées. De chaque côté, des portes qui semblent ne mener nulle part et des téléphones d’une autre époque.

Dans cet univers de la catastrophe, huit danseuses et danseurs qui sont tout autant actrices et acteurs vont et viennent, construisant un ballet loufoque qui semble parfois dans ses meilleurs moments convoquer le cinéaste français Jacques Tati. Armés de lunettes ophtalmologiques, ils descendent, montent, entrent, sortent dans un mouvement sans logique apparente. Le geste est cassé comme les corps qui se tordent et se vrillent. Les situations s’enchainent et souvent se répètent. Mais on peine à entrer dans une histoire décousue et souvent répétitive. Trop de séquences sont étirées ad libitum ou reprises quasiment telles quelle comme si le chorégraphe espagnol était en panne d’inspiration. Il y a bien sûr quelques scènes très réussies et notamment un ballet à huit, assis sur le canapé placé en bas de l’escalier. S’expriment alors la technique impeccable de La Veronal et la singularité artistique de la troupe qui a collaboré à la chorégraphie. C’est bien trop peu pour faire de Pasionaria une pièce captivante.

Pasionaria de Marcos Morau – La Veronal

Pasionaria de Marcos Morau par La Veronal au Théâtre de Chaillot. Avec Angela Boix, Jon Lopez, Ariadna Montfort, Nuria Navarra, Lorena Nogal, Shay Partush, Marina Rodriguez et Sau Ching Wong, scénographie Max Glaenzel. Jeudi 4 avril 2019. À voir les 17 et 18 mai à Luxembourg, en septembre en Allemagne

 

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