Mon premier Lac des cygnes au Théâtre Mogador
Le personnage de Rothbart a été l’un de ses rôles fétiches. C’est donc avec beaucoup de curiosité que l’on a suivi le projet de Mon premier Lac des cygnes porté par le Danseur Étoile Karl Paquette, retraité depuis un an du ballet de l’Opéra de Paris. À l’affiche du Théâtre Mogador jusqu’au 21 février (le spectacle joue les prolongations), cette version raccourcie de ce chef-d’œuvre du répertoire classique possède de très nombreux atouts pour séduire le jeune public, mais pas seulement. La narration est simplifiée, mais ne perd rien de sa force, sauf peut-être la happy end (possible dans certaines versions), un peu trop Disney (« Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants« ). Portée par une troupe de danseurs et danseuses professionnelles talentueuses, notamment la danseuse Lucie Barthélémy qui interprète le difficile double rôle d’Odette-Odile, ce ballet réduit à deux actes (2 x 40 mn) remplit sa mission : donner le goût des grands ballets classiques.
Un grand livre de conte de fées. Un conteur qui prend la parole pour aider les enfants à mieux comprendre l’histoire un peu complexe. Ainsi débute Mon premier Lac des cygnes. Le prince Siegfried s’ennuie dans son beau palais malgré les réjouissances organisées par son ami Wolfgang. Nous sommes en terrain de connaissance. Le nombre de d’interprètes est réduit, la fête moins grandiose, mais les fondamentaux de l’argument demeurent : le spleen d’un jeune homme que rien ne parvient vraiment à divertir. Fabrice Bourgeois, maître de ballet de l’Opéra national de Paris et Karl Paquette ont retravaillé la chorégraphie. Le livret a été confié à Clément Hervieu-Léger, sociétaire de la Comédie-Française.
Enfilant de nouveau le costume de Wolgang-Rothbart, le Danseur Étoile, retraité depuis un an, est présent, portant beau, dégageant avec la même prestance toute la noblesse qui sied au rôle de ce précepteur et ami. Il ne quitte pratiquement jamais la scène, dansant peu, mais jouant les gardiens prévenants de cette belle entreprise. Les grands moments ont été préservés, même si un public averti notera forcément les allègements. Fabrice Bourgeois a conservé l’âme de ce ballet, les grands pas de deux, les mouvements d’ensemble et les danses de caractère que l’on retrouve au deuxième acte. Bien sûr, l’effet est moins grandiose avec une dizaine de cygnes sur scène. Et la cultissime danse des petits cygnes se révèle un peu laborieuse (le nombre de représentations aura peut-être amélioré la synchronisation millimétrée que demande ce morceau de bravoure). Mais aucune danseuse ne démérite, bien au contraire !
Le couple phare est bien équilibré, même si l’on retient surtout la composition de Lucie Barthélémy qui se glisse avec beaucoup d’aisance dans le double costume du cygne blanc et du cygne noir. Absente des scènes françaises depuis une quinzaine d’années, cette ballerine a été formée au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP). Elle a ensuite dansé au Bayerisches Staatsballett de Munich et dans la Compañía Nacional de Danza de 2012 à août 2019. Mon premier Lac des cygnes est pour elle une prise de rôle qu’elle assume avec subtilité et maturité.
En montant ce spectacle aux décors simples mais beaux et aux costumes raffinés (mention spéciale pour les tutus des cygnes reprenant la technique de l’origami), Karl Paquette et l’équipe artistique se sont inspiré de l’excellent principe initié par l’English National Ballet il y a quelques années : My first ballet series. Une belle idée dont on se demande même pourquoi le Ballet de l’Opéra de Paris ne l’a pas eue avant. Qu’importe… Elle existe et on espère sincèrement qu’elle sera suivie, qui sait, de Ma première Belle au bois dormant ou de Ma première Giselle… Histoire d’acculturer une nouvelle génération de balletomanes en herbe et de susciter de nombreuses vocations artistiques.
Mon premier Lac des cygnes au Théâtre Mogador de Fabrice Bourgeois. Adaptation du livret : Clément Hervieu-Léger. Costumes : Xavier Ronze. Avec Medhi Angot, Lucie Barthélémy, Manon Boulac, Jackson Carroll, Ivan Delgado, Philippine Flahaut, Elsa Godard, Maï Ishihara, Kana Koguchi, Emma Le Masson, Olivia Lindon, Michelle Murphy, Avril Negre, Karl Paquette, Julien Robert, Eléa Rousse, Léa Salomon. Dimanche 8 décembre 2019. À voir jusqu’au 21 février 2020.
Gabrielle
J’avais des places mais pas de RER (et, vu le prix d’un taxi/VTC pour ce trajet, pas d’autre option de transport) donc places perdues et grand regret – encore plus après avoir lu votre compte-rendu.
D’après un article lu il y a quelques jours, “Mon Premier Casse-Noisette” est le projet suivant. Plus qu’à espérer que des grévistes RATP ne m’empêchent pas de voir celui-là aussi…
Pascale Maret
Un joli spectacle pour initier les enfants au ballet classique, en effet. J’ai regretté cependant de ne pas avoir eu un petit programme mentionnant la distribution.
Amélie Bertrand
@ Gabrielle : Mon premier Lac des cygnes continue jusqu’à fin février, si les grèves s’apaisent et vous laissent plus de répit de transport. ET nous suivrons avec attention ce prochain Casse-Noisette.
@ Merci de votre retour. Les fiches de distributions se font malheureusement de plus en plus rares, et c’est bien dommage.
Chantal
Catastrophée par lourdeur des costumes ,des tutus énormes et « emplumés » qui alourdissent les danseuses.Les danseurs étriqués dans leurs pourpoints aux coloris rutilants …
Les décors encombrants
Et la fin !!!
Pourquoi changer le dénouement ?
Est ce que cette « formule » encouragera des enfants à aller voir le « vrai » LAC ????