[Prix de Lausanne 2020] La finale remportée par Marco Masciari
Le Prix de Lausanne 2020 s’est tenu du 2 au 9 février, exceptionnellement à Montreux. La finale a eu lieu le 8 février et a été remportée par Marco Masciari, élève de l’Académie Princesse Grace, qui voit donc pour la troisième fois consécutive un-e de ses étudiant-e-s remporter la médaille d’or de Lausanne. Retour sur cette belle finale avec de nombreux jeunes talents à suivre de près les prochaines années.
Lauréat du Prix de Lausanne 2020 (OAK Fondation), Prix d’interprétation contemporaine (Minerva Kunstsiftung) : Marco Masciari, 17 ans – Italie – Académie Princesse Grace.
Honnêtement, Marco Masciari n’était pas mon grand favori pour le premier prix. Ce qui n’empêche son talent d’être éclatant. Il a proposé une variation classique (La Belle au bois dormant) avec de très belle finitions et une danse très articulée, intelligente et précise, la marque de fabrique de son école. Mais sa personnalité artistique, sa fougue, ressortait plus dans sa variation contemporaine, un très beau Chroma de Wayne McGregor. C’est aussi un candidat attachant, très réceptif aux cours de danse et séances de coaching, ce qui a dû plaire au jury. Même si, cette année, d’autres candidats m’ont fait un peu plus forte impression lors de cette finale, Marco Masciari ne vole pas sa médaille d’or et reste l’un des talents les plus prometteurs de sa génération. Et quelle récompense pour l’Académie Princesse Grace. Lors de son discours, Marco Masciari a d’ailleurs salué Kotomi Yamada, sa camarade de promotion blessée la veille des sélection.
Deuxième bourse (Bourse Jeune espoir), Prix jeune espoir (Fondation Noureev) : Ava Arbuckle, 15 ans, États-Unis – Elite Classical Coaching.
L’une de mes grandes chouchoutes durant cette semaine ! Alors qu’elle a tout juste 15 ans, Ava Arbuckle propose une danse déjà très construite et en place, avec un charme fou, une musicalité délicate et un charisme naturelle qui ne peuvent que séduire. On sent déjà beaucoup d’intelligence chez elle sur le sens des détails ou du travail des bras. Les écoles professionnelles devraient se bousculer pour la compter dans leur rang. Une deuxième place méritée !
Troisième bourse (donneur anonyme) : Joao Vitor Santana, 17 ans – Brésil – Itego em Artes Basileu França.
Un candidat comme l’aime Lausanne (et où ce prix prend toute sa dimension) : c’est parfois brouillon, mais l’envie et le charisme font le reste. Sa variation de Paquita avait de quoi séduire, et il a montré beaucoup de personnalité dans Chroma. Un danseur qui doit encore nettoyer sa danse, mais à haut potentiel.
Quatrième bourse (Emilie Chouriet) : Lin Zhang, 17 ans – Chine – The Secondary School of Beijing Dance Academy
L’un de mes coups de coeur de cette édition 2020 ! Déjà en cours de danse, Lin Zhang se démarquait par sa musicalité et une vraie présence. Avec Giselle, elle a montré une personnalité artistique construire, nous racontant en deux minutes de variation une véritable histoire. Le tout porté par une technique très aboutie et mature. Les élèves de son école, la Secondary School of Beijing Dance Academy, ont de façon général beaucoup impressionné durant cette semaine de concours.
Cinquième bourse (Fondation Coromandel) : Chaeyeon Kang, 15 ans – Corée du Sud – Yewon School.
Chaeyeon Kang a proposé une danse très propre et en place, beaucoup d’élégance dans sa variation de Paquita. Et sa variation contemporaine Abstract était parfaite pour mettre en avant ses lignes magnifiques. Mais il m’a manqué quelque chose, une pointe de personnalité, une présence. Chaeyeon Kang n’a absolument pas démérité et il y a peu de choses à lui reprocher, mais j’aurais tout subjectivement récompensé un ou une candidat ayant pris un peu plus de risques.
Sixième bourse (Fondation Albert Amon), Prix du meilleur Suisse (donneur anonyme) : Matei Holeleu, 18 ans – Roumanie – Ballettschule Theater Basel
Dans sa variation classique et contemporaine, Matei Holeleu a proposé une danse très belle et aboutie. Nous étions déjà en face d’un professionnel. Subjectivement, ce n’est pas forcément le candidat qui m’a le plus touché, mais il a proposé l’un des plus beaux parcours de cette finale.
Septième bourse (Fondation Caris Jeune espoir) : Vitor Augusto Vaz, 15 ans – Brésil – Itego em Artes Basileu França.
Vitor Augusto Vaz devait être l’un des candidats les moins préparés techniquement à cette finale. Ce n’est ainsi pas le produit fini qui est récompensé, mais une personnalité (avec notamment une très belle interprétation dans sa variation contemporaine), des qualités, une façon d’oser. À lui de trouver la bonne école qui sera le guider.
Huitième bourse (China Nobleness), Prix du public web : Yuyan Wang, 17 ans – Chine – The Secondary School of Beijing Dance Academy
Voilà une danseuse d’une grande classe, déjà soliste dans l’âme, et qui aurait mérité d’être un peu plus haut dans le classement. Sa variation de Gamzatti était tout simplement magnifique ! Une vraie ballerine classique et d’une grande maturité.
Prix du public : Catarina Pires, 17 ans – Portugal – Tanz Akademie Zürich
Les élèves de l’Académie de Zurich étaient nombreux dans la salle et ils ont su soutenir leur camarade. La danseuse a proposé une belle danse et de jolies choses, mais un visage un peu trop marqué par le stress pour moi.
La finale en quelques mots
L’on peut discuter sur le classement, mais cette liste des gagnant-e-s est globalement représentative de ce qui s’est passé sur scène. Je garde cependant un gros regret pour Chun Hung Yan, un magnifique candidat de la Hong Kong Youth Ballet Academy qui a proposé une superbe variation de James et beaucoup de personnalité dans sa variation contemporaine. Pour moi, il dominait la classe des garçons et aurait amplement mérité une bourse, voire la médaille d’or. J’avais aussi beaucoup aimé la prestation de Yue Zhou, toujours de la The Secondary School of Beijing Dance Academy, qui a proposé un très beau et élégant Grand pas classique, et que j’aurais bien vu également récompensé.
Le spectacle d’intermède a été formidable grâce aux quelques élèves de la Royal Ballet School, vraiment impressionnants dans Larina Waltz d’Ashley Page et un extrait de Rhapsody de Frederic Ashton. Le premier était un passage d’ensemble classique. Si l’on notait un travail de pied parfois pas complètement abouti chez les filles, l’envie, la fougue et la musicalité des élèves sur scène ont largement fait le reste pour proposer un moment de danse séduisant. Rhapsody de Frederic Ashton fut emporté par trois élèves magnifiques – la pièce est des plus virtuoses – et l’on avait franchement plus l’impression d’être face à trois jeunes solistes qu’à des étudiants. La Royal Ballet School a su faire son effet !
Place ensuite au Projet Chorégraphique : une création de Mauro Bigonzetti avec 26 élèves venant des 13 écoles partenaires du Prix de Lausanne. Cette initiative est séduisante : parallèlement à la compétition, un groupe d’élèves venant des quatre coins du monde vit ensemble pendant une semaine, comme des professionnels, et proposent une création, résultat d’une semaine de travail. Chorégraphiquement, l’on est dans une danse néo-classique efficace. Mais le résultat est surtout bluffant de cohésion et d’expérience. Difficile ainsi de croise que les 26 interprètes en scène ne se connaissaient pas encore il y a 15 jours. Après trois saison, le Projet Chorégraphique laisse sa place à un concours de jeunes chorégraphes.
Carolyn Carlson a enfin reçu le Life Time Achievement Award 2020 juste avant la remise des prix. Après une improvisation émouvante, la chorégraphe s’est souvenue, lors de son discours, de ses premiers pas de danse dans sa Californie natale. De très jolis mots de Marie-Claude Pietragalla ont aussi ponctué ce portrait.
Held
Magnifique soirée de danse bravo à tous les candidats .chun hung Yan aurait du avoir un prix excellent danseur tout en finesse et sachant donné des couleurs personnelles à des chorégrzphie…..dommage que les chorégraphies contemporaines ne soit pas libre,mais voilà bravo .
Mitsuko
Bravo à lui … et à tous les candidats ! Pitié ! Vous, amateurs de haut vol de ballets et qui, comme moi, peuvent se targuer d’une culture qui n’est pas volée mais que nous entretenons à grands coups de passion et de soirées fantastiques … ne massacrez pas notre très bel idiome avec les bêtises inhérentes à ce pauvre siècle misérable, ce n’est pas digne de ce magazine, cette mascarade : ainsi nous dirons en bon Français : » l’académie Princesse Grâce voit . . . un de ses étudiants » !!! Point ! Il ne tient qu’à vous de rappeler ensuite (eh ! oui dans une ligne supplémentaire), le nom des gagnantes et gagnants précédents !!! Merci. Et encore bravo à eux !
Elizzy
Je rejoins les commentaires sur Chun Hung Yan. J’espère qu’il a pu signer un contrat dimanche 9 fév lors de la séance networking.