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Paroles de danseuses et danseurs (dé)confinés : Paul Marque, Julien Favreau et Céline Nunigé

Après deux mois de confinement, comment se portent les danseuses et danseurs ? Certains n’ont encore aucune visibilité sur leur reprise. D’autres au contraire préparent leur rentrée en studio, avec des protocoles sanitaires parfois drastiques. Comment vivent-ils cette période si étrange ? Comment s’entraînent-ils ? Comment imaginent-ils le retour en studio, de nouvelles façons de créer ? Chaque semaine, DALP laisse la parole à deux trois personnalités du monde chorégraphique, d’une compagnie française ou non, en CDI ou en free-lance.

Cette semaine, place à Paul Marque (Premier danseur au Ballet de l’Opéra de Paris), Julien Favreau (danseur au Béjart Ballet Lausanne) et Céline Nunigé (Soliste au Ballet du Rhin). 

 

Paul Marque – Premier danseur au Ballet de l’Opéra de Paris

Propos recueillis par Amélie Bertrand

Son état d’esprit

Je n’arrive pas à me projeter très loin. Du moment que les décisions et le planning ne sont pas réellement définis, du moment que rien n’est officiel, je préfère ne pas faire de plan sur la comète. Nous étions partis pour deux semaines de confinement, nous finissons la huitième et nous n’avons pas de date de reprise. On reprendra en novembre s’il le faut, en mars s’il le faut, ou en septembre si on a la chance de reprendre à la rentrée. C’est dur de s’organiser et de se motiver en confinement. Alors je préfère ne pas me projeter.

Paul Marque

Sa cagnotte caritative

Avec mes collègues François Alu et Francesco Mura, le photographe Julien Benhamou, les créateurs de la marque de chaussures Timothée Paris Pierre Rivière et Masa Hata et l’entrepreneur Paul Chabre, nous avons monté une cagnotte au profit de la Croix-Rouge, ArtCureCorona. C’est François Alu qui m’a appelé un soir, tard, il était tout excité, il a beaucoup d’inspiration en ce moment. Il a eu cette idée de monter cette cagnotte participative, avec des photos ou des chaussons dédicacés en échange de dons. Mon père est médecin, c’est lui qui nous a conseillé de reverser nos dons récoltés à la Croix-Rouge. Nous avons choisi quelques photos de Julien Benhamou, un artiste que j’aime beaucoup. Les miennes sont celles où je danse Siegfried, un rôle qui me tient particulièrement à coeur, que je rêvais de danser et qui reste un grand souvenir. Je me suis aussi occupé du site web, je me suis découvert des fonctions de webmaster ! J’avais un peu commencé à voir ça pour un gala que je devais faire dans ma ville natale de Dax, ce projet a été l’occasion de m’y atteler vraiment. La cagnotte est ouverte jusqu’au 23 mai, elle a pour l’instant récolté plus de 6.800 euros de dons.

Ses cours de danse à domicile

Ma barre est le pied central d’une table à laquelle j’ai enlevé le plateau, quelque chose de très lourd donc de très stable. L’Opéra nous a fourni des linos de danse, ce qui améliorer les choses, les premiers cours de danse sur mon parquet n’ont pas été faciles. Cela a mis un peu de temps à se mettre en place mais nous avons depuis plusieurs semaines nos cours de danse tous les matins avec nos professeurs du ballet en visioconférence, ce qui permet d’avoir son rendez-vous tous les jours à la même heure, d’être cadré. On se retrouve aussi ensemble, c’est plus facile pour se motiver. La motivation est parfois difficile, mais tout est relatif : c’est plus dur en ce moment de se motiver quand on est infirmier que quand on est un danseur confiné.

Pour mon entraînement, je ne prends que mon cours de danse. En temps normal, l’Opéra propose des cours de pilates, de yoga, de gyrotonic, des séances avec des coachs sportifs. Personnellement, je ne ressens pas le besoin de les prendre, je reste centré sur mon cours de danse classique en temps normal, alors pendant le confinement également, même si des choses ont été mises en place. Pour mon cours de danse, je fais ma barre, des petits bouts du milieu avec l’espace que j’ai, en adaptant éventuellement les exercices. Je fais un ou deux exercices de sauts et je m’arrête là, je pense à mes voisins du dessous ! Je leur ai envoyé un message, ils savent que je suis danseur et ils m’ont dit que je pouvais y aller, mais j’évite tout de même.

Sa façon de travailler

Progresser pendant le confinement ? Non. Du fait de l’espace réduit, du sol, du faible nombre d’heures de danse par jour, je ne vois pas comment je pourrais progresser. Au contraire, les muscles de mes jambes ont diminué par deux. Mais on peut toutefois se concentrer sur certaines choses. Depuis que je suis Premier danseur, j’ai repris toute ma technique à zéro avec Gil Isoart, mon mentor et coach depuis que j’ai 12 ans, qui me connaît donc très bien. C’est une grande chance d’avoir ce genre de suivi. Quand j’étais dans le corps de ballet, il y avait le Concours de promotion, cette date fixe pour laquelle je travaillais des variations et du répertoire. Une fois Premier danseur, plutôt que de pousser encore plus ma technique et de chercher la pirouette de plus, j’ai préféré tout reprendre à zéro, aller chercher tous ces détails qui semblent infimes mais qui ajoutent à l’ensemble même si on ne le remarque pas. J’ai ressenti ce besoin d’approfondir chaque chose, j’étais arrivée à un niveau où j’avais besoin de ça pour continuer à avancer, pour continuer à faire cette grande technique sans trop de difficultés et sans me faire mal. Il s’agit d’aller chercher la position la plus esthétique, la plus en dehors, la plus placée, la plus correct possible, sans perdre pour autant la grande technique. Cela passe par les bases : refaire un dégagé, se demander comment on le fait, passer 15 minutes sur le premier exercice face à la barre. Ce travail est nécessaire pour tout bien replacer, recaler, remettre en place.

Pendant le confinement, je continue à faire ce travail, à aller chercher un peu plus loin. Mais c’est plus dans une optique de se maintenir et d’aller un peu plus loin que de réellement progresser. Cela permet aussi de se concentrer sur des petites choses qui permettent de se donner des challenges, et de ne pas prendre son cours pour prendre son cours, ce qui n’est pas forcément très motivant.

Progresser pendant le confinement ? Non. Mais on peut se concentrer sur des petites choses et se donner des challenges

Une saison (presque) blanche

Entre la grève et la crise sanitaire, cette saison est presque blanche. Mais pour la grève, nous étions à l’origine du mouvement, même s’il ne s’agissait pas que des danseurs et danseuses. Je suis monté Premier danseur avec la variation du troisième acte de Jean de Brienne, j’espérais énormément danser ce rôle, c’était un gros challenge et une grande envie. Les représentations ont été annulées à cause des grèves mais je ne le regrette pas pour autant, même si c’était frustrant. Si c’était à refaire, je le referais.

J’attendais cette saison avec une envie et une volonté encore grandissante. J’ai de très bons rapports avec la direction, qui me fait confiance et à qui je fais confiance. On me distribue beaucoup et bien. Une année blanche, quand on est en forme, que l’on a envie et que l’on est prêt, c’est très frustrant. Mais ce sont des choses qui arrivent, la saison prochaine sera forcément mieux (rire). Il faut rester optimiste.

Le quotidien de confinement

Je prends beaucoup de nouvelles de mes proches, de ma famille, de mes amis. En temps normal, je n’ai pas le temps de les voir, je vois très rarement mes parents. J’en ai profité pour les appeler, même si ce n’est pas pareil que de se voir en vrai, discuter, prendre des nouvelles. Je m’occupe comme je peux en regardant des films ou des séries, je me suis abonné à Disney +, j’aime beaucoup cet univers. Je regarde peu la danse sur écran par contre. Si je le fais, c’est pour me corriger dans une optique de travail. J’ai profité de la danse en VOD pendant le confinement avec tout ce que les théâtres ont proposé, ce qui est vraiment super. Mais pour moi, la danse est un art vivant qui doit être vue en vrai et qui perd beaucoup de sa saveur sur un écran… Même si cela reste un très beau moment.

Je lis aussi beaucoup. J’adore les livres de Joël Dicker, son prochain sort le 27 mai et il me tarde ! Les séries de Dan Brown aussi sont incroyables pour moi. Si je conseille un livre : Les gens heureux lisent et boivent du café d’Agnès Martin-Lugand, qui m’a énormément touché et qui se lit très facilement. Agnès Martin-Lugand est une autrice que j’aime beaucoup et qui écrit de très belles choses. Enfin je ne fais pas de folie mais je me suis mis un peu à la cuisine, ce que je n’ai pas le temps de faire en temps normal : je suis un très mauvais cuisinier ! J’ai un peu découvert pendant le confinement que j’avais une cuisine dans mon appartement ! (rire).

 

 
 
 
 
 
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La rentrée ?

La reprise, c’est assez difficile à voir pour l’instant. L’Opéra de Paris est une grosse institution, avec beaucoup de salariés. Cela fait beaucoup de monde et cela pose problème pour respecter les gestes barrières, surtout dans des lieux comme le Palais Garnier qui ne sont pas récents, avec des petits couloirs où nous sommes nombreux à nous croiser. Même en cours, nous sommes 154 danseurs et danseuses, pour 12 studios et 7 professeur-e-s… C’est difficile à organiser. Nous n’en savons pas beaucoup plus pour l’instant. Il y a des scénarios possibles de reprise mais qui ne sont pas confirmés. Les théâtres qui pourront rouvrir sont souvent plus petits avec beaucoup moins de personnels.

Pour la saison prochaine, je rêve de La Bayadère. J’aime les grands ballets de Rudolf Noureev, leurs grands rôles. Je pense à Solor bien sûr, mais pourquoi pas aussi l’Idole dorée aussi. Petit rat, je faisais partie des enfants sur scène qui entourent ce personnage. Je regardais les danseurs qui l’interprétaient – Emmanuel Thibault, Mathias Heymann, François Alu, Florimond Lorieux – les yeux remplis d’étoiles ! C’est un personnage particulier, avec une grosse variation, cela donne envie à danser. Je pense aussi à Roland Petit. J’aime énormément Le Jeune homme et la Mort et Le Rendez-vous, avec Nicolas Le Riche, Marie Agnès Gillot et Isabelle Ciaravola, que je peux regarder en boucle sur écran, pour le coup ça ne me pose aucun problème (rire). J’adorerais danser ces ballets. Je pense aussi à Frollo dans Notre-Dame de Paris, j’aime beaucoup sa variation. On espère que tout cela aura lieu, on verra comment ça se passe. Rien n’est sûr mais rien n’est annulé non plus. Rien n’est fixé dans le bon comme dans le mauvais sens.

 

Julie, Favreau – Danseur au Béjart Ballet Lausanne

Propos recueillis par Jean-Frédéric Saumont

L’annonce du confinement

J’étais à Lausanne. Nous étions sur le point de partir en tournée avec la compagnie à Biarritz et à Mérignac. D’autres tournées avaient déjà été annulées, comme celle de Hong Kong. Au début, nous pensions tous que cela ne remettrait en cause qu’une toute petite partie de la saison, mais finalement, toute la saison a dû être annulée et une partie de la saison prochaine sera probablement remise en cause. ll a été décidé que l’on reste à Lausanne et que l’on continue à s’entrainer mais quelques jours plus tard, le Conseil Fédéral Suisse a imposé un semi-confinement. Du coup, l’accès aux studios a été limité.

La routine de l’entrainement 

Chacun-e a été libre de gérer son maintien en condition physique mais notre studio est resté ouvert avec seulement cinq personnes présentes à la fois. Nous nous sommes organisés entre danseurs et danseuses pour établir un planning et que chacun puisse y accéder. J’ai décidé d’y aller trois fois par semaine : j’y suis à 10h pour un échauffement personnel, ensuite nous prenons un cours de danse avec quelques-uns de mes collègues. Parfois c’est l’un ou l’une d’entre nous qui anime le cours mais il nous arrive aussi de nous connecter sur une classe par internet. Il m’arrive aussi de m’entrainer seul avec ma musique et mes écouteurs, mais il y a là le risque de faire toujours la même chose. C’est donc essentiel de travailler avec d’autres danseurs et danseuses et de partager. Je n’y pensais pas au début, mais c’est vrai que travailler en petits groupes, cela exige une autre implication. Et j’ai trouvé cela assez intéressant. Un jour, nous nous sommes retrouvés plus nombreux en studio en raison d’un petit problème d’organisation et j’ai perdu cette ambiance et état d’esprit. Quand nous ne sommes que cinq, il y a une concentration très particulière sur soi-même. Quand il y a toute la compagnie, on est forcément plus sensible au regard des autres et on s’observe davantage.

Enfin les jours où je ne vais pas au studio, je fais chez moi des exercices différents, plutôt du renforcement musculaire, un peu de pilates et de yoga.

La suspension des tournées

Au début, je ne me suis pas rendu vraiment compte de la situation. On se dit que l’on va avoir un peu de temps pur soi et faire des choses que l’on n’a pas eu le temps de faire avant. Je pensais que l’on retrouverait vite la scène. Mais après huit semaines, la scène manque tout comme l’ambiance du studio avec toute la compagnie. J’ai choisi ce métier pour monter sur scène, rencontrer le public, voyager et tout d’un coup, il n’y a plus de public, il n’y a plus de spectacle. On s’entraine bien sûr mais nous ne savons même pas quand sera notre prochaine représentation. C’est l’incertitude la plus totale.

J’ai choisi ce métier pour monter sur scène, rencontrer le public, voyager et tout d’un coup, il n’y a plus de public, il n’y a plus de spectacle.

Les rôles qui ne seront pas interprétés

Ces mois de mai et de juin, nous devions reprendre à Lausanne La IXe symphonie de Beethoven de Maurice Béjart. On ne l’avait pas joué depuis trois ans. J’aurais tellement aimé pouvoir le danser de nouveau ici à Lausanne avec l’orchestre et le chœur. Cela n’a pas été annulé mais reporté d’une année. Mais j’avais déjà commencé à travailler ce ballet et c’est toujours très frustrant de ne pas le concrétiser sur scène. On essaye de se rattraper autrement. Je vois aussi que la situation a déclenché et provoqué plein d’élans et de créativité. Il y a plein de choses qui se font en vidéo et en streaming. On m’a même proposé une séance de photos sans photographe dirigé simplement à travers l’écran. Il y a plein de choses originales qui voient le jour mais ce n’est pas vraiment ce à quoi j’aspire pour le futur.

 

Céline Nunigé – Soliste au Ballet du Rhin

Propos recueillis par Amélie Bertrand

Son déconfinement

Nous reprenons avec le Ballet du Rhin le mercredi 13 mai puis le vendredi, pour tester les mesures sanitaires réfléchies en amont, avant une reprise des cours quotidiens la semaine du 18 mai si tout se passe bien. Nous sommes contents ! Beaucoup de protocoles ont été mis en place : pas plus de dix personnes dans les studios, des sens de circulation, des vestiaires interdits – on va devoir arriver et repartir en tenue de danse – se laver des mains, des masques donnés par l’Opéra du Rhin. Tout est très bien organisé. Il y aura plusieurs cours de danse dans la journée et du temps de battement entre pour que les groupes ne se croisent pas et que tout soit bien désinfecté, on va être responsable de nettoyer notre barre. Même les temps de retrouvailles, avant et après le cours pour discuter, ont été réfléchis. On a une équipe qui pense à tout !

Céline Nunigé – Soliste au Ballet du Rhin

La reprise des cours de danse

J’appréhende les sauts, les mollets, il y a forcément de la fonte musculaire quand on passe de 8 à 2h de danse par jour. Je pense que cela devrait aller à peu près pour le reste du corps. Nous allons prendre les cours de danse avec un masque et voir ce que cela va donner. Je pense que cela va être un peu compliqué. Pour les premiers cours, on va se remettre en forme après deux mois à s’entraîner chez soi, faire une barre et un peu de milieu, cela devrait aller. Mais dès la semaine du 18 mai, les cours seront un peu plus conséquents. Nous ferons alors des temps de pause plus longs, des choses comme ça. J’ai du mal à imaginer les grands sauts et la grande technique avec des masques. Mais peut-être que cela va aller… Cela ne va pas être agréable, mais ça va rester réalisable. Il ne faudrait pas que ça dure trop longtemps ! Après comment va-t-on réagir dans l’effort à plusieurs ? Est-ce que ces protocoles marchent ou pas ? Et comment se placer au milieu ?

Cela va faire plaisir en tout cas de tous se revoir. Deux mois sans se voir, c’est long. J’ai hâte de retrouver l’énergie collective ! De travailler ensemble, se voir, je ne vais pas dire se prendre dans les bras parce que ça ne va pas être possible, mais de rire ensemble et de ne pas se voir qu’à travers un écran. Et on aime notre métier ! S’entraîner à la maison n’est pas pareil que de prendre un cours tous ensemble.

Ses deux mois de confinement

On se découvre en famille déjà, j’ai un fils de six ans en CP et j’ai fait l’école à la maison. On se découvre artistiquement aussi. On peut consommer beaucoup de choses sur Internet et ça permet de voir ou de faire des choses dont on n’a pas l’habitude. Pour mon entraînement de danseuses, j’ai ainsi pris des cours de Gaga de la Batsheva, les cours classiques de Mavin Khoo (un danseur d’Akrma Khan) ou de Tamara Rojo : tout le monde fait une barre mais tout le monde ne la fait pas de la même manière ! Aussi les cours de barre au sol de Noëllie Coutisson ou de Nicky Henshall, du pilates… Toutes ces choses que l’on n’a pas forcément le temps de faire dans la journée en temps normal. Nous avions aussi un cours tous les matins avec le Ballet du Rhin et du yoga, Bruno Bouché le pratiquant beaucoup. C’était intéressant de faire cette nouvelle pratique sur le long terme, sur deux mois. Cela permet vraiment de travailler le corps de façon équilibrée, de percevoir les tensions et les déséquilibres.

Pour la VOD, j’ai beaucoup aimé le programme du Théâtre de Chaillot, ainsi que Body and Soul de Crystal Pite par le Ballet de l’Opéra de Paris. Nous avons aussi monté des projets chorégraphiques sur les réseaux sociaux avec le Ballet du Rhin, j’ai jardiné aussi… Mes journées ont été bien remplies !

Ce qu’elle en retient

Ce que je retiens du confinement : qu’il faut s’adapter, notamment à son humeur et son énergie différentes tous les jours. Cela se rapproche de la psychologie de William Forsythe, qui est de travailler avec le corps et la tête du moment. Il ne faut pas lutter contre mais plutôt travailler avec cette humeur du jour. Même par rapport à mon fils, suivant qu’il était disposé ou non à travailler, qu’il était de mauvaise humeur, ce qui est normal. Il fallait alors l’accepter, trouver d’autres techniques, se réinventer, trouver d’autres choses à faire et apprécier les moments qui sont là.

Une rentrée sans spectacle

On ne sait pas trop comment cela va se passer pour la rentrée de septembre et les spectacles. Il faut s’adapter. Nous reprenons pour se remettre en forme physiquement et éviter que les délais ne soient trop longs, que ce soit trop dur ou que l’on se fasse mal quand nous devrons préparer les spectacles. On redoute de ne pas pouvoir monter en scène en septembre, mais il y aura peut-être d’autres choses qui s’inventeront et se programmeront, d’autres manières de voir les gens, d’aller sur d’autres scènes avec de plus petits formats. Des choses vont se mettre en place. Mais retourner en studio, même si on ne sait pas trop sur quel pied danser (sourire), c’est bien, psychologiquement et physiquement, pour préparer notre corps et nous retrouver.

Ce que je retiens du confinement : qu’il faut s’adapter à son humeur et son énergie différentes tous les jours, et ne pas lutter contre.

Un travail de création

Si tout se passe bien, nous allons recommencer, petit à petit, les répétitions avec des temps de création. Nous nous adapterons chaque semaine. Ce ne seront pas des journées complètes, ça va être compliqué avec un masque sur le nez. Mais il faudra voir l’évolution de la situation, de la santé de tout le monde. Ce travail de création a en tout cas été évoqué. Bruno Bouché, notre directeur, programme pas mal de créations, il aime ça et il est chorégraphe. Il est là, on est là aussi, on est disponible… C’est parfait pour démarrer des projets. Cela ne va peut-être pas sortir immédiatement, ce travail de création ne se verra peut-être qu’en janvier prochain, mais tout ce travail de recherche ne sera pas perdu.

J’imagine qu’au moment où nous recommencerons ce travail, nous pourrons un peu plus nous toucher. Des créations sans se toucher, à moins de ne faire que des solos, d’être tout seul dans un studio, ou chacune dans un coin du studio, on va tourner en rond ! Même si on a appris à le faire pendant le confinement (rire). Je n’imagine pas une création sans se toucher. À un moment, la danse, la physicalité, il faut aller à la rencontre des corps et de la matière. C’est aussi ça la danse : construire et partager des choses ensemble.

 




 

 

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