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Les documentaires de la danse – Dans les écoles de danse

Après notre sélection de documentaires sur le Ballet de l’Opéra de Paris, la suite de notre série des documentaires sur la danse avec ici les films autour des écoles et concours de danse. Avec des Petits rats de Paris, Londres ou Saint-Pétersbourg, de tous jeunes enfants comme des adolescent-e-s se lançant dans la vie professionnelle, mais aussi d’anciens élèves de conservatoires qui se souviennent, voici une quinzaine de documentaires pour plonger dans les coulisses des écoles de danse et découvrir, au travail, le quotidien des futurs danseurs et danseuses.

Les Petits rats de l’Opéra

Les Enfants de la Danse de Dirk Sanders (1988)

Proposé sous forme de quatre émissions pour l’inauguration du bâtiment de Nanterre de l’École de Danse de l’Opéra de Paris, Les Enfants de la Danse est plutôt un documentaire sur l’école française que sur les Petits rats, que l’on entend d’ailleurs que très peu parler. Claude Bessy mène le documentaire, racontant l’histoire de l’École de Danse et les spécificités de la technique de l’École. Le tout illustré par de très nombreux moments en classe, avec de grands professeur-e-s (Christiane Vaussard, Jacqueline Moreau, Serge Golovine, etc) guidant et apprenant aux Petits rats – Nicolas Le Riche, Aurélie Dupont, Karl Paquette ou Clairemarie Osta, alors adolescents. Les Étoiles de l’époque, Élisabeth Platel, Patrick Dupont ou Noëlla Pontois, ainsi que les chorégraphes Maurice Béjart et Roland Petit (on le voit notamment faire répéter une création au tout jeune Emmanuel Thibault) ponctuent de leurs témoignages ces différents exercices. Un documentaire à la fois vintage, mais aussi toujours d’actualité sur les fondements de l’école française de danse.

 

Graines d’étoiles (2011), Graines d’étoiles, cinq ans après (2018) et Graines d’étoiles les années de maturité (2022) de Françoise Marie

La suite des Enfants de la Danse ? Pas tout à fait. Car la réalisatrice Françoise Marie laisse dans Graines d’étoiles avant tout la parole aux Petits rats. Elle les a suivis pendant un an, filmant les cours, les répétitions, mais aussi les moments de discussion, les instants de détente. Et a recueilli les témoignages d’enfants passionnés, vibrant pour la danse, mais parfois fatigués aussi, doutant. Les grands temps de l’année – le spectacle, l’audition d’entrée dans le corps de ballet – ponctuent les épisodes, tout comme le regard des professeur-e-s et personnels de l’École. Graines d’étoiles, cinq ans après retrouve les principaux protagonistes devenus jeunes adultes, rentrées dans le corps de ballet de l’Opéra de Paris, partis ailleurs ou ayant lâché la danse. Le dernier épisode Les années de maturité les revoient alors qu’ils ont 25 ans, soliste ou non dans la compagnie, danseur ailleurs ou sur d’autres voies. 

Graines d’étoiles de Françoise Marie

Le Grand saut de Virginie Kahn (2012)

Est-ce un film sur l‘enfance ou sur la danse ? Le Grand saut est un peu des deux, en suivant douze élèves entre 9 et 11 ans qui viennent de rentrer au CRR de Paris, en danse classique. La caméra se met à hauteur d’enfant et c’est l’une d’entre elles, Apolline, qui raconte. Les classes de danse du CRR, c’est un grand saut : on change d’école, on passe à une scolarité à mi-temps avec la danse tous les après-midi. Beaucoup d’élèves se projettent dans un futur professionnel, la rigueur est de mise dans les salles de danse, mais l’on n’est pas non plus dans un engagement aussi fort qu’à l’École de Nanterre. Certaines ne pensent qu’à l’Opéra (Apolline Anquetil et Inès McIntosh sont maintenant dans le corps de ballet), d’autres se questionnent. La grande Apolline qui raconte l’histoire semble celle qui est la moins sûre d’en faire son métier, mais veut aller au bout de sa passion de la danse. Le documentaire est entrecoupé de scènes en plein air, dont une très belle scène finale au bord de la mer.

 

Comme ils respirent de Claire Patronik (2015)

Comme ils respirent n’est pas à proprement parler un film sur une école de danse, mais un documentaire sur cinq anciens élèves d’une même école, le CRR de Paris évoqué plus haut. La réalisatrice Claire Patronik n’est pas devenue danseuse. Mais elle a retrouvé quatre de ses anciens camarades de promo, désormais adultes, qui le sont devenus. Où en sont-ils dans leur carrière ? Quel est maintenant leur regard sur la danse, leur métier, leurs années au CRR ? Anna Chirescu (alors au CNDC d’Angers), Louise Djabri (alors à l’Opéra de Bordeaux), Claire Tran (danseuse contemporaine et actrice) et Hugo Mbeng (qui revient de blessure) se livrent en toute simplicité devant la caméra, évoquant les souvenirs, leur évolution, leur rapport parfois compliqué et conflictuel à la danse, mais la passion qui reste malgré tout. Et l’on aime la dernière scène sous forme de chorégraphie en plein air. Un film qui respire la passion de la danse et donne une image assez juste du milieu.

Comme ils respirent de Claire Patronik

Au Bolchoï, un an à l’École de ballet de Moscou de Christian Schulz (2007)

Direction la Russie avec un long et intéressant reportage sur l’Académie de chorégraphie de Moscou, qui forme les futurs talents du Ballet du Bolchoï. Tout démarre forcément avec le concours d’entrée et sa drastique sélection physique. L’on suit ensuite, pendant un an, quelques classes, notamment la première année des garçons et la septième (avant-dernière) année des filles. La caméra s’attarde plus particulièrement sur le parcours de l’une des élèves de cette classe, Natalia Ossipova (eh oui !), qui fait déjà preuve d’une technique incroyable et d’un fort tempérament en coulisse – son envie de carrière à l’étranger s’est d’ailleurs réalisé. Le documentaire la suit pour son premier rôle de soliste, son travail avec un chorégraphe contemporain ou dans la préparation d’un prestigieux concours de danse, qu’elle remporte. Les ados sont bien de leur époque même si les locaux semblent parfois d’un autre temps, avec les studios aux parquets qu’il faut humidifier. De nombreux professeurs témoignent du fonctionnement de l’école, de ce qu’on y apprend. Et tout se termine bien sûr par l’examen de fin d’année. Un film aussi attachant qu’instructif.

 

Les Tous petits Rats de l’Opéra d’Olivier Pighetti (2006)

Les tous petits Rats sont les petits stagiaires de l’École de l’Opéra de Paris, des enfants entre 8 et 10 ans qui arrivent en janvier pour six mois de cours, avant l’examen de juin qui décidera de leur admission ou non à l’École de danse. Ce sont eux qu’Olivier Pighetti a suivi pendant toute la durée de leur stage. Parmi eux, Hippolyte, le plus jeune, qui vit difficilement l’éloignement de sa famille tout en ayant la danse chevillé au corps. C’est ce paradoxe que montre aussi ce documentaire, avec la passion parfois émoussée par la dureté de l’enseignement, ou tout simplement la compréhension que la danse est pour certains un loisir, et non pas un futur métier. On plonge au coeur de Nanterre et dans le quotidien de jeunes enfants, qui pour certains parlent déjà avec beaucoup de justesse de leur âme d’artiste. Un documentaire réalisé quelques années plus tard a suivi plusieurs tous Petits rats partis entre-temps de l’École de danse.

 

Dancers de Kenneth Elvebakk (2015)

Direction ici l’École du Ballet de Norvège, à Oslo, où le réalisateur a suivi pendant trois ans trois aspirants danseurs, Lukas Bjørneboe Brændsrød, Syvert Lorenz Garcia et Torgeir Lund. Trois ados bien dans leur époque, sac au dos et casque sur les oreilles, entre leur 14 et 17 ans. Même si la narration est parfois brouillonne, on s’attache à ces trois apprentis-danseurs, avec un récit qui n’évite pas la dureté du monde de la danse. Sur les trois, Lukas Bjørneboe Brændsrød est un peu plus doué que les autres. Et au fur et à mesure du film, le fossé se creuse entre lui et ses deux compères, jusqu’à son départ pour la Royal Ballet School (il est aujourd’hui Coryphée au Royal Ballet). Mais pas d’amertume ou de concurrence déloyale : il s’agit aussi ici d’une histoire d’amitié et de solidarité, qui fait toute la joliesse de ce film.

Dancers de Kenneth Elvebakk

Un jour je serai danseuse de Julie Lojkine (2005, en DVD)

Pendant un an, la réalisatrice Julie Lojkine a suivi quelques élèves des classes de danse du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Camille (Camille de Bellefon, rentrée depuis au Ballet de l’Opéra de Paris) en est le personnage central, jeune élève de première année des rêves plein la tête. L’on suit aussi le parcours de Colombe, sa camarade de chambre à l’internat qui est déjà là depuis un an, ainsi que Claire et Gersande qui sont dans le Jeune Ballet et se préparent à leur vie professionnelle. Il y a beaucoup de tendresse dans de documentaire, où l’on découvre le CNSMDP par les yeux d’une adolescente de 13 ans. Mais la réalité du monde de la danse, la difficulté de l’apprentissage, l’exigence, l’importance de rentrer dans un moule, ne sont pas non plus occultées. Un documentaire au ton très juste.

 

À l’école des Étoiles de Jérôme Laperrousaz (2002)

Cet autre documentaire sur l’École de Nanterre suit la première division de l’année 2002 : une belle promotion réunissant Mathilde Froustey, Laura Hecquet, Vincent Chaillet, Émilie Hasboun, Josua Hoffalt ou Laurène Lévy. On suit les élèves pendant cette année si cruciale, la compétition qui est là, les professeurs intransigeants et bien sûr le fameux concours d’entrée dans le corps de ballet qui termine cette année si intense. En parallèle, le film accompagne quatre Premières danseuses (Eleonora Abbagnato, Marie-Agnès Gillot, Laetitia Pujol et Clairemarie Osta, qui rêvent au titre d’Étoile. Un documentaire sur le chemin sinueux qui mène à la carrière de ballerine, avec beaucoup de jolis et réalistes témoignages.

 

Le Concours de danse (First Position) de Bess Kargman (2011)

Place ici aux coulisses du YAGP, prestigieux concours de danse américain, par le regard de sept jeunes danseurs et danseuses américaines qui y participent. Sans révolutionner les codes du genre, le documentaire est très bien fait, et l’on tombe immédiatement en empathie avec ces sept apprentis-artistes, frémissant avec eux derrière le rideau. Il y a entre autres la surdouée Miko Fogarty couvée par sa mère, le tout jeune Aran Bell, Michaela Deprince rescapée du conflit en Sierra Leone et confrontée aux problèmes pratiques d’une danseuse noire dans le monde du ballet (comme les tutus qui ne sont pas de sa couleur de peau), le colombien Joan Sebastian Zamora qui a absolument besoin d’une bourse pour rester à New York ou Rebecca Houseknecht qui se demande si elle veut vraiment devenir professionnelle. L’on regrette cependant le manque de recul et de questionnement sur ce concours qui vire souvent à la démonstration de singes savants, tout comme sur l’environnement de ces ados (parents ou professeurs) parfois bien irrationnel. Mais la lucidité et la passion de ces sept jeunes artistes emportent tout. Aujourd’hui, Aran Bell est l’un des grands talents prometteurs de l’ABT, Michaela Deprince est soliste au Het Nationale Ballet et Joan Sebastian Zamora poursuit sa carrière au Joffrey Ballet.

Le Concours de danse (First Position) de Bess Kargman

Dance of the Little Swans d’Alyona Simikina (2016)

L’on plonge cette fois-ci dans le quotidien de l’Académie Vaganova, la prestigieuse école du Ballet du Mariinsky. La caméra suit plus spécifiquement les toutes jeunes élèves qui découvrent l’école, ainsi que la préparation du traditionnel Casse-Noisette dansé par toute l’école. Le tout sous le regard rigoureux (et parfois un peu terrifiant) de Nikolaï Tsiskaridzé, son charismatique directeur qui dirige l’institution depuis 2013.

 

Et aussi

A Place to dance de Colin Nears (1991) – Les documentaires sur la Royal Ballet School sont plutôt rares. Ce film en est d’autant plus intéressant. Il suit quelques élèves aussi bien à White Loge (les petites classes) qu’à la Upper School (à côté de Coven Garden). On y voit notamment Christopher Wheeldon ou Edward Watson adolescents.

Les petits rats de madame Palucca (2013) – Nous n’avons pas retrouvé ni en DVD ni en VOD la trace de ce très joli documentaire, si vos recherches vous le font trouver, n’hésitez pas à nous faire signe. Nous vivons ici le quotidien de quatre élèves (deux petites et deux grandes) de l’école de danse Palucca, fondée par Gret Palucca à Dresde. Si la danse classique y est la base, l’improvisation a une part importante dans la formation, tout comme l’éclosion de chaque personnalité et un regard profondément bienveillant sur les élèves. Un très joli film, sans prétention, mais qui dit beaucoup de choses sur la passion de la danse.

– Deux autres documentaires sur l’École de Danse de l’Opéra de Paris à retrouver sur Youtube : un numéro des Racines et des ailes dans les années 1990, qui suit surtout la quatrième division filles et les stagiaires de Nicole Cavallin, et un numéro de La Vie à l’endroit de Mireille Dumas en 2000 autour de la première division, avec en lumière la toute jeune Dorothée Gilbert.

 



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