Le danseur Patrick Dupond est décédé
C’est une onde de tristesse dans le monde de la danse… L’immense Danseur Étoile Patrick Dupond est décédé le 5 mars. Ses proches l’ont annoncé à l’AFP, le danseur est mort d’une « maladie foudroyante« , selon sa collaboratrice Leïla Da Rocha. Il avait 61 ans.
Sa fougue, sa passion de la danse malgré les épreuves, son charisme à couper le souffle… Patrick Dupond ne semblait devoir jamais quitter la scène. Le danseur est décédé le 5 mars, des suite d’une « maladie foudroyante« , selon ses proches à l’AFP. Il allait fêter ses 62 ans le 14 mars prochain. « Patrick Dupond s’est envolé ce matin pour danser avec les étoiles« , a déclaré sa collaboratrice de longue date Leïla Da Rocha.
Les années Opéra de Paris
Né le 14 mars 1959, Patrick Dupond vient d’une famille modeste. Débordant d’énergie, il s’essaye à plusieurs sports avant de se découvrir une vocation pour la danse classique. Il démarre en prenant des cours de danse avec le grand pédagogue Max Bozzoni, qui le prépare à l’École de Danse de l’Opéra de Paris. Patrick Dupond y entre en 1969, à dix ans, en tant que petit stagiaire. Claude Bessy n’est pas encore la directrice de l’École de Danse – elle le devient en 1973 – mais elle fait partie du jury et remarque d’emblée cette graine de danseur. Patrick Dupond fait toutes ses classes au Palais Garnier, continuant à prendre des cours avec Max Bozzoni et Gilbert Mayer
Le danseur est admis en 1975 dans le Ballet de l’Opéra de Paris, à l’âge de 16 ans. Et c’est le début d’une carrière fulgurante. En 1976, il est médaille d’or et premier Grand prix au célèbre Concours de Varna. L’année suivante, il passe Coryphée tandis que Roland Petit lui confie son premier rôle de soliste dans Nana. Il devient Sujet en 1978, créant la même année deux ballets de Kenneth MacMillan. 1979 marque sa promotion de Premier danseur et sa prise de rôle du Boléro de Maurice Béjart, un chorégraphe dont il restera très proche. Le 30 octobre 1980, Patrick Dupond est nommé Danseur Étoile de l’Opéra de Paris, dans le ballet Vaslaw qu’a créé pour lui John Neumeier.
Les années 1980 sont les années de gloire de Patrick Dupond. Est-ce sa technique explosive et superlative, son charisme fou, son amour de la scène, ses interprétations toujours percutantes et engagées ? Patrick Dupond ne laisse personne indifférent et soulève les foules, même si son caractère est parfois loin du Ballet de l’Opéra de Paris où les fortes personnalités ont parfois du mal à se fondre dans un certain moule. Patrick Dupond danse tous les grands rôles du répertoire – Albrecht, Études, Basilio, Jean de Brienne….. Il se fait aussi remarquer par les grandes chorégraphes de son époque. Il crée ainsi Le Fantôme de l’Opéra de Roland Petit (1980), Le Songe d’une nuit d’été de John Neumeier (1983), Au bord du précipice d’Alvin Ailey, Roméo et Juliette de Rudolf Noureev, Salomé de Maurice Béjart (1986) qui reste l’un de ses grands rôles ou Le Martyre de Saint-Sébastien de Robert Wilson (1988). Il tourne aussi dans des publicités, des films.
Mais deux personnalités explosives peuvent-elles cohabiter à l’Opéra de Paris. Alors que Rudolf Noureev a pris la direction de la Danse en 1983, Patrick Dupond prend ses distances avec l’institution en 1987, préférant un contrat d’Étoile invité et multipliant les projets à l’extérieur. Il devient ainsi en 1988 directeur du Ballet de Nancy. Et revient à l’Opéra de Paris en tant que Directeur de la Danse en 1990, poste qu’il occupe pendant cinq ans. Il y nomme notamment un certain Nicolas Le Riche Danseur Étoile, en 1993. Parallèlement à sa carrière de directeur, Patrick Dupond continue à beaucoup danser. À l’Opéra de Paris, il danse ainsi Le Lac des cygnes de Bourmeister aux côtés de Marie-Claude Pietragalla, une version qui a été filmée et qui reste depuis une référence. Il participe aussi à l’entrée au répertoire de Dances at a Gathering de Jerome Robbins (1992), à la création Les Variations d’Ulysse de Jean-Claude Gallotta (1995), il danse la Giselle de Mats Ek.
Les années noires
Les années suivantes sont bien plus compliquées pour Patrick Dupond. Hugues Gall est nommé Directeur de l’Opéra de Paris, Patrick Dupond démissionne de son poste de directeur pour reprendre son statut de « simple » Danseur Étoile. Mais les relations avec la nouvelle Directrice de la Danse – Brigitte Lefèvre – sont houleuses. Le danseur se plaint entre autres de ne pas avoir ses plannings assez en avance pour ses propositions extérieures. En 1997, il accepte d’être juré au Festival du film de Cannes. Il doit pour cela s’absenter quelques jours de l’Opéra de Paris… Ce qui lui vaut d’être licencié. Ruiné, malade, le danseur alterne passage à l’hôpital, rééducation et projets personnels. En janvier 2000, il est victime d’un très grave accident de la route qui lui coûte 134 fractures et deux ans à vivre sous morphine. Alors qu’on lui prédit la fin de sa carrière d’artiste, il remonte en scène quelques mois plus tard dans la comédie musicale Un air de Paris.Les années 2000 furent difficiles pour Patrick Dupond. Il participe à la télé-réalité La Ferme célébrités en 2005, donne des cours de danse au Centre du Marais, devient juré de l’émission La France a un incroyable talent en 2007 et 2008.
La renaissance
Les années 2010, les dix dernières années de sa vie, sont plus douces. Avec la danseuse orientale Leïla Da Rocha, qu’il rencontre en 2004, il se construit un nouveau cadre professionnel comme personnel. Ils montent ensemble des spectacles, une compagnie, puis une école en 2017. Il devient juré bienveillant de l’émission Prodiges sur France 2 de 2014 à 2017, avant d’occuper le même poste à Danse avec les stars en 2018 et 2019. C’est pour ce rôle que DALP l’avait rencontré. « Que reste-t-il d’un spectacle que l’on soit au Bolchoï, à l’Opéra de Paris ou devant sa télévision à regarder Danse avec les stars ? Le nombre de pirouettes ou la perfection d’une arabesque ? Non, c’est la beauté de l’émotion. C’est ce qui rend le souvenir inaltérable« .
En regardant en arrière, sa carrière fut finalement en dents de scie, avec des années de gloire comme des années d’enfer. Mais par son talent inné de la Danse, sa personnalité, Patrick Dupond reste l’un des plus grands danseurs de son époque, qui a marqué tout un public comme a suscité de nombreuses vocations.