Conseil pratique – Reprendre la danse après le déconfinement
L’air de reprise des cours de danse est là. Mais son parfum vous semble nauséabond. Pendant de nombreux mois, votre cours de danse était synonyme de travail chez soi, sur un mauvais sol, sans miroir, avec votre professeur.e. de danse sur ordinateur. Trop de défauts, de passivité, d’inertie s’y sont glissés. Le conseil pratique se joint à votre analyse pour reprendre votre passion en main. Voici quelques pistes de travail sur l’être et le paraître de votre mouvement en temps de confinement, et effacer en studio les défauts qui se sont glissés dans votre pratique pendant ces longs mois de danse confinée.
La colonne
Il est le reflet de votre vécu. L’enfermement, le manque d’espace, la surcharge intellectuelle ont lessivé votre corps. S’ajoutent à tout ça la sédentarité, une position assise exagérée. La fonte musculaire a laissé à la place au bouddha rieur.
Lors de la reprise de vos cours de danse, orientez votre écoute corporelle sur la colonne vertébrale durant l’échauffement et le travail de cours. Retrouvez son positionnement, les courbures et son action avec le bassin et la ceinture scapulaire. Qu’importe si votre pointe est moins tendue, ce qu’il faudrait rétablir en premier est l’auto-grandissement, le soutien et le gainage. Ce travail est souvent corrigé par autrui et visualisé sur les miroirs de la salle. Le manque d’intériorisation, la réduction d’activités, l’impossibilité de cette correction en virtuel et la perte de repères visuels ont fait basculer la balance du côté obscur.
Retrouvez l’esthétique, la force et la tonicité de votre danse par l’effet entonnoir. Concentrez-vous sur la colonne, centre et base de votre corps puis irriguez le reste et au-delà.
La respiration
Qu’elle soit cause ou conséquence, la respiration nécessite un travail et une rééducation.
La position assise accentue la courbure du dos au niveau de la cage thoracique. L’anxiété, la peur, certaines maladies peuvent avoir modifié votre respiration. Dans la pratique, le manque de grand allegro, de petite batterie ou de répertoire réduit l’endurance et l’accès aux paliers dans le cycle respiratoire.
Un faux-ami complique aussi le travail de la respiration : le masque. Je vous invite à relire le conseil pratique « Danser et prendre un cours de danse avec un masque » pour trouver des moyens ou des solutions immédiates pour le cours. Je souhaite réitérer les propos écrits : le masque peut vous entraîner dans une respiration par la bouche. Mais aussi une crispation de la mâchoire et de la langue risque de compliquer l’exécution et la performance de vos gestes.
L’écoute
Ce point peut vous paraître incongru. Beaucoup ont pratiqué la danse par support numérique et cours en visio, ce qui a forcément engendré différents comportements.
Au sens propre, la musique et le son saturé abîment votre écoute. Alors profitez de la reprise en salle pour retrouver par l’oreille, la voix de votre professeur.e de danse, les notes du piano, et les contrastes musicaux de l’accompagnateur-rice. La pratique chez soi engendre des façons de faire différentes à la salle : vous pouvez vous arrêter, répondre à un interlocuteur, entendre vos voisins, replacer le PC. En cours de danse, les choses sont différentes.
Votre concentration se porte sur l’environnement et non sur votre corps. Dès le premier cours en réel, laissez vos valises aux vestiaires et imposez-vous de la rigueur.
L’espace et l’environnement
La hâte de la reprise se révèle dans le toucher. Traversez un espace libre de tout. Appuyez et touchez un sol, une barre. Sentir son partenaire, ses camarades. Les professeur.e.s de danse ont hâte de vous remodeler, vous pétrir et vous tartinez de belles chorégraphies.
Dans la pratique, oubliez votre pot de fleurs à droite, votre canapé à gauche et les voisins d’en-dessous. Remplacez le « danser en petit » par le plaisir. Et le corps fera le reste pour retrouver son confort.
Par contre, baissons les yeux et regardons nos pieds. La fonte musculaire et un sol inadapté ont modifié les appuis et les prises de force de et par vos pieds. De même, une pratique sans la chausse adaptée à votre discipline a détérioré la technique. Rechaussez vos chaussons et vivez votre art ! Mais câlinez vos pieds. Ils sont constitués d’une multitude de petits os, de muscles, de ligaments et d’une peau. Musclez, massez et protégez-les.
Pour finir, la reprise physique sera plus facile que la réparation mentale. Alors relativisez et égrenez les points positifs. La multiplication des danses et leur accessibilité vous ont certainement permis de découvrir des savoirs, de nouvelles pratiques. Alors on s’y inscrit et on pratique dès la rentrée ? Félicitations à celles et ceux dont l’arrêt est synonyme de renaissance. Gardez ces petites ailes pour exprimer votre joie dans la salle comme sur scène.
Lili
Quelques conseils pour celles qui n’ont rien fait depuis octobre? Tout le monde n’a pas eu la possibilité de rester régulière….