Agenda Danse – Septembre 2021
Après une saison 2020-2021 quasiment blanche et une reprise poussive, le temps de l’optimisme semble enfin être revenu dans le monde du spectacle et de la danse. Tant mieux ! Et après ces mois de disette, cette rentrée s’annonce alléchante, entre les premiers festivals, quelques créations très attendues après un (si ce n’est plusieurs) report et des noms que l’on prend tant de plaisir à enfin retrouver. Prêt.e pour reprendre le chemin des théâtres ? Notre sélection des 15 spectacles de danse à ne pas rater en septembre, dans toute la France.
Planet [wanderer] de Damien Jalet et Kohei Nawa
Du 15 au 30 septembre au Théâtre de Chaillot – Paris (75) – Création – Danse contemporaine
Entre Damien Jalet et le Théâtre de Chaillot, c’est une belle histoire qui se crée. Sa pièce Skid par le GöteborgsOperans Danskompani, présenté en 2019, avait été un coup de poing. Le chorégraphe est devenu ensuite artiste associé du Théâtre, et y a présenté le superbe Vessel, né de sa rencontre avec le plasticien Kohei Nawa. La série, présentée au printemps 2020, a été interrompue par la pandémie. Mais le duo revient pour un deuxième opus, Planet [wanderer], qui se déroule dans « la terre centrale des roseaux« . « À travers la confrontation du corps humain avec différents matériaux expérimentaux, éléments et gravité, Planet [wanderer] est une évocation physique et poétique de la nature migratoire de la vie« . Une expérience à ne pas manquer par l’un des chorégraphes les plus inventifs et percutants de ces dernières années.
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Soul Chain de Sharon Eyal par le Tanztmainz
Du 27 septembre au 1er octobre au 104 (dans le cadre de la saison Hors les murs du Théâtre de la Ville) – Paris (75) – Danse contemporaine
Venue de la Batsheva, la chorégraphe Sharon Eyal nous enthousiasme invariablement depuis plusieurs années, par la puissance de sa danse, sa vision furieusement contemporaine et inventive. Place ici à Soul Chain créé pour la troupe du Tanztmainz. Qu’est-ce que l’amour, au fond ? Un désir irrépressible, presque animal, mais terriblement solitaire de s’élancer hors de soi selon Sharon Eyal. Avec Soul Chain, la chorégraphe rassemble un chœur de danseurs comme autant de cellules d’une même chair, dont les mouvements singuliers, répétés jusqu’à épuisement, se rejoignent en un unisson virtuose.
La rentrée du Ballet de l’Opéra de Paris
Gala d’ouverture, le 24 septembre au Palais Garnier / Play d’Alexander Ekman, du 28 septembre au 6 novembre au Palais Garnier – Paris (75) – Danse classique – Danse contemporaine
Le Ballet de l’Opéra de Paris ouvre sa saison avec son désormais traditionnel Gala, et la reprise de Play d’Alexander Ekman, au Palais Garnier. Une rentrée qui ne sera pas forcément celle des aficionados. Le Gala AROP d’ouverture propose cette saison un jolie programme – cela n’a pas toujours été le cas. Précédées du Défilé, les pièces Clouds Inside de Tess Voelker et le superbe Brise-lames de Damien Jalet, créées la saison dernière mais montrées uniquement sur écran, auront enfin leur vie sur scène face au public. L’académique et irrésistible Études de Harald Lander apporte le contrepoint classique, superbe morceaux de bravoure et hommage à la grande technique. S’il n’y a rien à redire à un Gala AROP – le mécénat est primordial et c’est grâce à l’AROP que le gala de la saison dernière a pu être diffusé gratuitement – il reste fortement dommage qu’une deuxième soirée, aux tarifs normales et donc ouverts à tout public, ne soit pas aussi programmé. Le Défilé, une année de plus, ne sera pas visible pour le grand public. Place ensuite à la reprise de Play d’Alexander Ekman, pièce soulignant surtout l’égo du chorégraphe – en soit talentueux, mais qui s’est ici perdu – sans vraiment vraiment matière à danser aux artistes. Les amoureux et amoureuses de la danse attendront octobre et le très attendu Rouge et le Noir de Pierre Lacotte pour revenir au Palais Garnier.
Lire notre interview de Damien Jalet pour sa création Brise-Lames
Lire notre chronique de Play d’Alexander Ekman lors de sa création
Ineffable de Jann Gallois
Du 22 septembre au 1er octobre – Théâtre de Chaillot (75) – Danse contemporaine – Hip hop
Créé cet été à Montpellier Danse, la dernière création de la talentueuse Jann Galloi – le long solo Ineffable – prend sa place au Théâtre de Chaillot, dont elle est une habituée. « L’ineffable se dit de ce qui ne peut être exprimé par des paroles. Sur scène sont unies différentes formes d’art sacré à travers la musique et la danse dans le but de rendre manifeste ce qu’on oublie souvent de regarder, notre nature profonde et immortelle, qui ne peut se décrire par les mots. Le sacré est pour moi tout ce qui traverse le temps sans prendre aucune ride, ce qui dépasse l’entendement, ce qui libère de la souffrance et nous élève au-dessus notre condition humaine« .
Aliénor, Variation sur l’amour courtois de Alain Marty avec Agnès Letestu
Du 26 septembre au 25 octobre au Théâtre du Gymnase – Paris (75) – Danse ancienne -Danse classique
L’Étoile Agnès Letestu ne peut décidément se passer de la scène, et ce n’est pas le public de la danse qui va s’en plaindre. Elle revient cette fois-ci dans le rôle-titre de la pièce Aliénor, Variation sur l’amour courtois de Alain Marty, aux côtés de Vincent Chaillet, Premier danseur de l’Opéra de Paris qui vole maintenant en free-lance, du comédien Harold Crouzet et du violiste Albertin Ventadour. S’articulant autour de l’amour courtois et de sa phase ultime, le « jazer », le spectacle évoque l’union d’Aliénor d’Aquitaine avec le roi Henri II d’Angleterre, et son rôle auprès des troubadours.
Dragons de Eun Me Ahn
Les 21 et 22 septembre à la Maison de la Danse – Lyon 569) / Du 28 septembre au 2 octobre au Théâtre des Abbesses – Paris (75) – Danse contemporaine
On aime toujours l’univers onirique, déjantée et très pop de la chorégraphe sud-coréenne Eun Me Ahn. Sur scène, place à de jeunes artistes nourris aux nouvelles technologies, venant de différents pays d’Asie. Leur point commun : être tous et toutes nées en 2000, sous le signe du dragon. Utilisant leur énergie et leur vitalité, rassemblant l’héritage que portent leurs corps, Eun Me Ahn esquisse un portrait de l’Asie contemporaine et explore toutes les dynamiques qui traversent la danse pratiquée sur ce continent.
Le Festival d’automne
Durant tout le mois de septembre, jusqu’en février – Paris(75) et Ile-de-France – Festival – Création – Performance – Danse contemporaine
Le Festival d’automne, rendez-vous incontournable de la création sous toutes ses formes – et de la danse contemporaine en particulier – fête ses 50 ans. Un anniversaire porté par les portraits de Gisèle Vienne ou Lia Rodrigues, qui ont donc une place de choix dans la programmation – pas moins de six spectacles de la deuxième en ouverture. Et les habitué.e.s sont là aussi. En septembre, l’on retrouve une magnifique affiche : le duo Robert Wilson et Lucinda Childs, accompagné par la violoniste Jennifer Koh, pour la création Bach 6 Solo au cœur de la Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière.
Événements passés
François Alu(s) : complètement jetés de François Alu et Samuel Murez
Le 19 septembre au Palais d’Auron – Bourges (18) – Danse classique – Inclassable !
Si peu distribué, François Alu a pris six mois de congé de l’Opéra de Paris en cette rentrée. Mais rassurez-vous, cela ne voudra pas dire qu’on ne le verra plus, bien au contraire. En plus de son nouveau rôle de juré dans l’émission Danse avec les stars, François Alu propose en scène son nouveau spectacle, François Alu(s) : complètement jetés, dans la ville de son enfance. En 2017 déjà, le danseur avait proposé une sorte de one-man-show dansé, nourri de ses expériences et s’amusant des codes et des règles du milieux de la danse classique, sans en oublier sa virtuosité. En une heure, et 12 variations selon le danseur, il compte mêler « parodies, délires chorégraphiques, et textes ciselés ». Un spectacle pour retrouver ce singulier artiste comme on l’aime
Programme Forsythe/Ek/De Keersmaeker par le Ballet de l’Opéra de Lyon
Du 14 au 18 septembre à la Maison de la Danse – Lyon (69) – Danse contemporaine
Pour sa rentrée et avec sa nouvelle directrice (Julie Guibert, arrivée juste avant la pandémie), le Ballet de l’Opéra de Lyon propose ses fondamentaux, autour de trois chorégraphes phare de son répertoire. Le quatuor N.N.N.N. de William Forsythe (entrée au répertoire), est comme un orchestre de chambre où les danseurs et danseuses sont les instruments, aux sons de leurs impacts au sol. Solo for Two de Mats Ek est un puissant duo sur le couple et la solitude. Die Grosse Fuge d’Anne Teresa de Keersmaeker est enfin un puissant et jouissif quatuor, où la chorégraphe y livre une danse complexe et débridée. Trois belles partitions qui devraient être servies avec justesse par les grands interprètes de la compagnie lyonnaise.
Respire, une traversée funambule par Les Filles du Renard pâle
Le 16 septembre à Villeurbanne (69) – Cirque – Performance – Art de la rue
Repéré à Circa il y a deux saisons, Les Filles du Renard pâle fait partie des jeunes compagnies que l’on aime suivre. Aux commandes : la funambule Johanne Humblet, artiste bien ancrée dans son époque et proposant des performances surprenantes. À l’image de son spectacle Résiste, mêlant empowerment, paillettes, poésie, drôleries et bande-son bien envoyée. Respire en est le deuxième volet (le troisième sera Révolte en 2023). « La funambule libère son corps au fil de ses pas et laisse place à l’évolution de la figure féminine. Un chaperon rouge qui dompte son loup. Un lâcher prise pour un instant de liberté partagé avec des musiciens complices à paillettes« . Le tout sur le parvis de la Mairie de Villeurbanne
Le temps d’aimer la danse
Du 10 au 19 septembre – Biarritz (64) – Festival – Danse classique – Danse contemporaine – Création – Participatif
La saison dernière, le festival Le Temps d’aimer avait marqué à la fois le début… et la fin de la saison, festival seul rescapé au milieu des annulations. Cette saison sera celle du vrai départ ! La programmation s’est centré sur les compagnies françaises, évitant ainsi les déconvenues Covid de dernières minute, mais l’affiche n’en est pas moins éclectique. On guette ainsi Les Ailes du Désir de Bruno Bouché par le Ballet du Rhin, le Malandain Ballet Biarritz pour un programme Stravinski, la toujours sublime Lucia Lacarra, mais aussi les jeunes talents comme la compagnie Attention Paillettes, et l’incontournable Gigabarre qui retrouve la Grande plage. Un festival riche, populaire, où la danse y est brillante comme surprenante. Notre coup de coeur de la rentrée, toujours, saison après saison.
Nos dix coups de coeur du Temps d’aimer 2021
Transverse Orientation de Dimitris Papaioannou
Du 7 au 11 septembre au Théâtre du Châtelet (dans le cadre de la saison hors les murs du Théâtre de la Ville) – Paris (75) – Danse contemporaine
Créé à la Biennale de la Danse de Lyon, Transverse Orientation de Dimitris Papaioannou s’inspire du mythe du Minotaure. Huit interprètes en scène refont cette métaphore de la lutte entre un ordre ancien et un ordre nouveau, entre attirances inavouables, passion et répulsion. Le tout sur la musique de Vivaldi, et porté par la fascination des extrêmes du chorégraphe qui sait comme jamais déployer la complexité des corps.
Gloria, la vie est une fête de José Montalvo
Du 9 au 11 septembre à la MAC – Créteil (94) -/ Du 21 au 23 septembre aux Gémeaux – Sceaux (89) – Danse contemporaine – Hip hop – Création
Attendue au Théâtre de Chaillot en février dernier, la dernière création de José Montalvo arrive enfin, mais cette fois-ci à la MAC que le chorégraphe dirige. « Aujourd’hui, Gloria se crée dans une sorte de dialectique du prévu et de l’imprévu. Elle se métamorphose tout le temps. Je l’aimerais baroque, loufoque, luxuriante, boulimique, inventive, passionnée, mais tout le chemin reste à faire« , indique José Montalvo pour présenter sa pièce. Au coeur : 16 interprètes, faisant vibrer la scène par leur danse, leur chant ou leurs jeux, racontant leur vie d’artistes d’aujourd’hui. Une pièce sonnant comme une fête, rien de mieux pour redémarrer.
Chaillot expérience
Les 18 et 19 septembre au Théâtre de Chaillot – Paris (75) – Performance – Danse – Cirque – Participatif
Voilà un beau week-end de rencontres pour revenir au théâtre, ou pourquoi pas initier vos proches au spectacle vivant. Pendant deux jours, acrobates, chorégraphes, musicien.ne s, funambules, danseurs et danseuses investissent Chaillot, dans ses salles, ses espaces publics, son grand escalier, son Foyer de la danse ou son esplanade, pour des performances joyeuses. On y retrouve ainsi l’enthousiasmante Compagnie XY, où la voltige devient une écriture, la danseuse envoûtante Nacera Belaza, ou le vertigineux funambule Nathan Paulin, qui proposera une traversée de 670 mètres… entre la tour Eiffel et le palais de Chaillot. Pour les fêtard.e.s et les papilles, un concert électro ou un brunch avec vue imprenable complètent le programme.
A Quiet Evening of Dance de William Forsythe
Les 14 et 15 septembre au Théâtre de la Sinne (dans le cadre de la saison de La Filature) – Mulhouse (68) / Les 24 et 25 septembre à La Coursive – La Rochelle (17) – Danse contemporaine
Créé en 2018, A Quiet Evening of Dance de William Forsythe continue sa route dans le monde. Et on ne le manque pas lors de son retour en France ! Libéré des contraintes de la gestion d’une troupe, William Forsythe a retrouvé une verve créatrice qui le replonge dans l’art du ballet académique dont il fait son miel, enrichissant encore son vocabulaire pour le faire, non pas dialoguer, mais se fondre avec le hip-hop et la break dance. Incontestablement du grand art ! Et une belle façon de démarrer la saison.
Lire notre chronique de A Quiet Evening of Dance