[Photos] Retour en images sur Don Quichotte par le Ballet de l’Opéra de Paris
Ce fut parfois sans orchestre, souvent avec des distributions bouleversées. Mais la série de Don Quichotte de Rudolf Noureev d’après Marius Petipa a tout de même réussi à se tenir au Ballet de l’Opéra de Paris pour les Fêtes de fin d’année 2021. Retour en images sur les différentes distributions – les petits comme les grands rôles – et plus en détails sur deux soirées en particulier. DALP avait prévu d’en voir cinq ou six, les annulations du côté de l’Opéra de Paris et les confinements du côté de la rédaction en ont décidé autrement.
Retour en images sur les différentes distributions de Don Quichotte :
(note : nous avons essayé d’inclure le maximum d’artistes. Si certains et certaines n’y sont pas, c’est que nous n’avons pas eu les photos correspondantes).
Bel alignement de planètes pour la représentation de Don Quichotte du 20 décembre : un orchestre dans la fosse et un casting haut de gamme pour les rôles principaux avec Dorothée Gilbert et Hugo Marchand. La première connaît sur le bout de l’éventail le rôle (elle a d’ailleurs annoncé quelques jours plus tard que c’était la dernière fois qu’elle le dansait) et le second ne pouvait pas espérer meilleure partenaire pour cette prise de rôle. La question demeurait : si le couple excelle dans un registre dramatique (Roméo et Juliette, Le Lac des Cygnes…), que donnerait-il dans un registre plus burlesque ? La réponse est un grand oui ! qui éclipse, de fait, un premier acte un peu fébrile et laisse une impression d’une soirée vraiment magique. Il y a ainsi vraiment de très beaux moments, comme la scène de la Vision où Dorothée Gilbert est une Dulcinée magistrale aux côtés du reste de la compagnie.
Hugo Marchand se révèle un Basilio piquant avec un potentiel comique qu’on ne soupçonnait pas. Dès l’acte I, on sent chez lui une envie de s’amuser avec sa partenaire des nombreux rebondissements de l’intrigue. Une envie qui va croissant pour culminer dans la scène où le jeune homme feint de se tuer pour convaincre le père de Kitri de lui accorder la main de sa fille. L’Étoile se révèle un Basilio facétieux à souhait. Dorothée Gilbert est une Kitri minaudeuse qui sait très bien parvenir à ses fins. Le couple, très à l’écoute l’un de l’autre, allie l’art de pantomime et la virtuosité à laquelle il nous a habitué pour un résultat enthousiasmant. Le troisième acte est particulièrement brillant, notamment le Grand pas très attendu et maîtrisé de part et d’autre.
Casting haut de gamme également du côté des rôles secondaires qui font forte impression. Charmeuse, Héloïse Bourdon est une Danseuse de rue qui irradie dès son entrée dans le premier acte. Elle aurait d’ailleurs mérité un Espada plus fougueux que celui incarné par Arthus Raveau. Antonio Conforti, lui, campe un chef des gitans haut en couleurs. Camille Bon s’empare avec beaucoup d’élégance et de maîtrise du rôle de la Reine des Dryades et Hohyun Kang décoche les flèches de Cupidon avec beaucoup de hardiesse et de grâce. Enfin en demoiselle d’honneur, Inès Mcintosh prouve une nouvelle fois qu’elle fait partie de celles avec lesquelles il faudra compter dans les années à venir.
Don Quichotte de Rudolf Noureev d’après Marius Petipa à l’Opéra Bastille par le Ballet de l’Opéra de Paris. Avec Dorothée Gilbert (Kitri), Hugo Marchand (Basilio), Camille Bon (La Reine des Dryades), Hohyun Kang (Cupidon), Arthus Raveau (Espada), Héloïse Bourdon (La Danseuse de rue), Fanny Gorse et Célia Drouy (deux amies de Kitri), Marine Ganio, Éléonore Guérineau, Inès Mcintosh (trio), Antonio Conforti (le Gitan). Lundi 20 décembre 2021.
(Claudine Colozzi).
Remplaçante sur la série, Héloïse Bourdon s’est mise à deux reprises in extremis dans les chaussons de Léonore Baulac pour terminer le spectacle et sauver la soirée. La balletosphère attendait ainsi avec gourmandise l’unique date où elle était programmée avec Guillaume Diop. Las ! Le Covid a bouleversé une nouvelles fois les distributions et c’est avec l’Etoile Hugo Marchand qu’Héloïse Bourdon a dansé le 27 décembre, une des rares soirées sauvées où même l’orchestre était dans la fosse.
Héloïse Bourdon et Hugo Marchand sont deux artistes au talent immense. Mais on ne fait pas de miracle en si peu de temps. Ces deux artistes ont répété quelques heures, trop peu pour créer un authentique partenariat. C’était criant dans le premier acte où ils ont sagement évité toute prise de risque. C’était fort agréable à regarder mais ça ne racontait aucune histoire. On comprend que le Danseur Etoile et la Première Danseuse étaient davantage concentrés sur les difficultés techniques qui sont nombreuses. Héloïse Bourdon est une Kitri naturelle. Mais dans ce partenariat improbable, la nervosité se faisait parfois sentir et notamment dans la variation de la castagnette où elle s’est quelque peu perdue. La scène de la Vision du deuxième acte était fort réussie avec le très beau Cupidon de Marine Ganio. Mais c’est Hannah O’Neill qui brûle la scène avec une interprétation éblouissante techniquement de la Reine des Dryades. Le Grand Pas de dernier acte a davantage fonctionné dans le partenariat sans que l’on ne parvienne toutefois à la fluidité requise. On regrette évidemment qu’Héloïse Bourdon n’ait pas eu l’opportunité d’exprimer son art qui est magnifique avec son partenaire attitré. Espérons que la direction de la Danse lui offre d’être distribuée comme elle le mérite pour le reste de la saison, notamment dans La Bayadère.
Don Quichotte de Rudolf Noureev d’après Marius Petipa à l’Opéra Bastille par le Ballet de l’Opéra de Paris. Avec Héloïse Bourdon (Kitri), Hugo Marchand (Basilio), Hannah O’Neill (La Reine des Dryades), Marine Ganio (Cupidon), Florian Magnenet (Espada), Fanny Gorse (La Danseuse de rue), Célia Drouy et Camille Bon (deux amies de Kitri), Daniel Stokes (le Gitan). Lundi 27 décembre 2021.
(Jean-Frédéric Saumont)
Cha
C’est vrai que ces distributions changées ont rendu les choses difficiles pour les danseurs.
J’ai vu 2 distributions surprises. Et j’ai vu à ce moment que la magie peut s’opérer avec une technique très perfectible.
Les premiers étaient Léonore Baulac et Guillaume Diop. Et malgré un partenariat très vert de Guillaume Diop, la soirée a été superbe car ils ont montré une vraie complicité, on croyait à leur histoire et leurs jeux de regards ont été très réussis. Léonore Baulac a fait des progrès dingues et a été une très jolie Kitri .
Mais la soirée magique a été la plus mal partie ! Avec la soirée sans orchestre, tronquée de 3 Matadors et avec aucun rôle principal à sa place ( en dehors d’espada, heureusement que Florian Magnenet est là !) : La dernière avec Hannah O’Neill et Mathieu Contat. Et franchement, en dehors de la variation du pas de 3 et une entrée heurtée pour m.contat, la soirée a été incroyable, il y a eu une émulation sur scène, une ambiance que je n’ai jamais vu avant. Hannah O’Neill est incroyable en Kitri, elle est sublime, sensuelle et chaque geste a du sens, elle a aussi été là pour son partenaire et ça a rendu leur couple très attachant.
Avec Florian Espada très soutenant et en pleine forme pour sa dernière dans le rôle et un corps de ballet épuisé mais heureux, ça a été un de mes plus joli Don Quichotte malgré tous les problèmes que les pauvres danseurs ont eu!
Lili
Vous n’avez donc pas vu Guillaume Diop à l’oeuvre… Dommage, je n’ai pas pu avoir d’avis un peu pointu sur sa prise de rôle très attendue.
Bravo à l’ONP d’avoir maintenu la série, et finalement cela a permis à de nombreux danseurs de prendre des rôles qu’ils n’auraient pas pu tenir sur un ballet de haut vol. Une expérience qui leur servira, même si elle s’est déroulée dans un contexte instable qui n’est pas satisfaisant sur le moment.