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[Prix de Lausanne 2022] Les sélections

 

 

Les sélections du Prix de Lausanne 2022 ont eu lieu le vendredi 4 février, à Montreux. Après une semaine à Montreux, avec des cours de danse et des séances de coaching, les 70 candidats et candidates venues du monde entier ont présenté sur scène leur variation classique et contemporaine. À l’issue des épreuves, le jury a sélectionné 20 élèves pour la finale, en prenant en compte leur parcours et leur évolution durant toute cette semaine de concours. La finale a lieu le samedi 5 février. 

Maya Schonbrun, l’une des finalistes du Prix de Lausanne 2022

Les 20 danseurs et danseuses sélectionné.e.s pour la finale du samedi 5 février :

Yasemin Kayabay, 106 – Turquie – Zurich Dance Academy

Yeonseo Choi, 107 – Corée du Sud – H Dance Center

Luciana Sagioro, 112 – Brésil – Petite Danse School of Dance

Heewon Moon, 117 – Corée du Sud – Sunhwa Arts High school

Micah Levine, 201 – États-Unis – Ballet Central New Jersey

Mingyang Xie, 202 – Chine – Dance School attached to Shenyang Conservatory of Music

Geon Hee Park,  207 – Corée du Sud – Sunhwa Arts High school

Jeongwoo Mun, 208 – Corée du Sud – Sunhwa Arts High school

Ned Manning-Lourey, 209 – Australie – Tanya Pearson Academy

Miguel Oliveira, 210 – Brésil – Basileu França

Maya Schonbrun, 306 – États-Unis – Master Ballet Academy

Tsukino Tanaka, 307 – Japon – Zurich Dance Academy

Lexi Mccloud, 309 – États-Unis – Moga Conservatory of Dance

Sumin Lee, 310 – Corée du Sud – Sunhwa Arts High School

Amy Ronnfeldt, 316 – Australie – Australian Ballet School

Seung Min Lee, 401 – Corée du Sud – Sunhwa Arts High school

Darrion Sellman, 404 – États-Unis – Académie Princesse Grace

Dorian Plasse, 406 – France – Académie Princesse Grace

Sachiya Takata, 412 – Japon – Ballettschule Theater Basel

Hyo Shimizu, 418 – Australie – Mannheim University of Music and Performing Arts

Bravo à eux et elles, et bravo à tous les candidats et candidates non-sélectionnées pour leur travail durant toute cette semaine !  

Les finalistes du Prix de Lausanne 2022

Compte-rendu des épreuves 

Même si le Prix de Lausanne retransmet énormément de choses durant toute la semaine de compétition, voir sur son écran et être sur place, ce n’est pas pareil. Même si la tentation était grande, il était compliqué pour nous d’organiser quoi que ce soit avec la situation sanitaire encore très instable début janvier. Les divers live-stream des cours de danse et coaching, et surtout l’intégralité des épreuves de sélections diffusées, permettent tout de même de bien s’imprégner du Prix et de découvrir de nombreux jeunes talents, tout comme de pouvoir réaliser des interviews des participant.e.s grâce aux réseaux sociaux.

Quelques impressions d’abord sur le niveau général. Techniquement, il a été très haut. Même chez les plus jeunes qui ont tout juste 15 ans, il n’y a eu aucune grosse faiblesse et les variations classiques ont toutes été d’une grande maîtrise et assurance (parfois plus que dans certains Concours de promotion). Mais l’on cherchait parfois une musicalité du haut du corps, un sens de l’interprétation. Depuis deux ans (date du dernier Prix de Lausanne), ces apprentis-e-s danseurs et danseuses ont vu leur entraînement lourdement perturbé : des cours de danse via Zoom (seulement trois mois en France, mais parfois bien plus dans d’autres pays), un retour en studio avec le masque, une absence de spectacles et de concours, donc d’expérience de la scène… Le déroulement de leur travail a été impacté. Est-ce que cela se voit au Prix ? Difficile à dire, mais il est impossible de voir ces apprentis artistes sur scène sans penser à leur quotidien depuis deux ans, et à la façon dont cela a pu affecter leur danse.

Les quatre groupes sont représentés de façon équitable dans la finale, ce qui fait sens avec ce que l’on a vu en scène : des groupes homogènes, forcément plus accomplis chez les Seniors, mais des talents et des personnalités à tous les âges. On retrouve dans le choix du jury certains de nos favori-e-s, mais les juges voient tout : la scène, les cours, la progression. Le regard n’est forcément pas le même.

Prix de Lausanne 2022 – La finaliste Amy Ronnfeldt

Chez les filles A, ce fut une avalanche d’Éveil de Flore ! Presque la moitié des candidates ont pris cette variation classique. Pour se démarquer, il fallait d’autant plus de personnalité. Très subjectivement, Yasemin Kayabay (106) et Yeonseo Choi (107, qui dansait la Fée Lilas) étaient techniquement irréprochables, mais il leur manquait à mon sens la musicalité (d’autant plus chez la seconde qui dansait comme une gymnaste). Mais rien à dire sur leur technique et leur placement. J’ai pour ma part préféré dans la même variation la délicatesse de Maho Shiraga (121), aussi remarquée en cours de danse. Même remarque pour Luciana Sagioro (112) : il y a du travail dans le délié, mais rien ne l’arrête ! Elle se démarquait aussi en cours avec beaucoup d’envie. Heewon Moon (117) a enfin proposé une danse absolument superbe en Gamzatti, même si là encore l’expression me manquait. Il y avait en tout cas beaucoup d’envie dans cette classe, peu de trac. Beaucoup devraient avoir de belles propositions. Le gros oubli de ce groupe reste pour moi Erle Østraat (110), absolument charmante dans sa variation du Corsaire, montrant déjà un vrai sens du style et du détail. 

Chez les garçons A, vus seulement lors des sélections, Mingyang Xie (202) a été l’un de mes coups de cœur avec une Harlequinade montrant beaucoup de personnalité et une danse superbe. Tout comme Jeongwoo Mun (208) avec la même variation, un vrai charisme. L’on sentait plus de stress chez Micah Levine (201) en Frantz, mais quelle belle danse là encore ! Geon Hee Park (207) doit encore développer sa personnalité en Siegfried, mais rien à dire sur sa technique déjà très en place. À l’inverse, Ned Manning-Lourey (209) a encore beaucoup de travail de placement devant lui, mais l’on remarquait tout de suite quelque chose chez lui avec son Carnaval de Venise, une envie, une énergie particulière. Voilà un candidat qui se démarquait, tout comme Miguel Oliveira (210) qui a proposé une danse généreuse en Colas. D’autres auraient peut-être mérité de passer en finale, mais aucun oubli notable n’est vraiment à signaler.

Il y avait beaucoup de maturité chez les filles B. Peut-être certaines ont-elles préféré attendre un an de plus avec la situation sanitaire de l’année dernière. Amy Ronnfeldt (316) a été l’une des mes coups de cœur, avec beaucoup de poésie et d’autorité dans sa variation de Paquita, malgré quelques maladresses. L’on a senti qu’elle prenait son envol durant cette semaine, alors qu’elle était plus timide lors des premiers cours de danse. Yue Zhou (306) a montré beaucoup de solidité en Reine des Dryades, Tsukino Tanaka (307) ne s’est pas démontée malgré une grosse chute dans sa variation de Giselle et a montré beaucoup de cran. Dans ce même personnage, je lui ai toutefois préféré Jieun Shim (314), absente du classement malheureusement. D’autant que la Coppélia de Lexi Mccloud (309) ne m’a pas particulièrement marquée, très sèche. Parmi les très (trop) nombreuses Esmeralda, Sumin Lee (310) se détachait par une vraie présence et une assurance digne d’une soliste. L’on aimerait un peu plus de fantaisie pour la finale. Pendant les cours, j’avais beaucoup aimé Hyewon Kim (301), elle ne s’est pas forcément démarquée en scène.

Enfin chez les garçons B, je crois que nous pouvons dire que, une fois de plus, que l’Académie Princesse Grace a ramené le gagnant. En la présence de Darrion Sellman (404), aux lignes magnifiques, à la technique superlative et magnifiquement propre, et surtout à son sens artistique au romantisme assumé, totalement impliqué dans sa variation d’Albrecht, surprenant dans sa variation contemporaine. Et un charisme naturel qui prend la scène. Son collègue Dorian Plasse (406) n’a toutefois pas démérité, avec là-encore la danse tellement en place que l’on retrouve chez chaque élève de cette école (même s’il était plus faillible Darrion Sellman), doublée d’une sensibilité sincère et beaucoup d’engagement scénique. Un danseur que l’on prend beaucoup de plaisir à évoluer et voir en scène. Seung Min Lee (401) était aussi magnifique dans Le Corsaire. Sachiya Takata (412) a été impeccable aussi avec son Grand pas classique, avec un final qui fait son petit effet, tandis que Hyo Shimizu (418) a proposé un Basilio d’une grande classe. Aucun n’a volé sa place, mais j’ai un petit regret pour Ryo Nakayama (417) dont j’ai beaucoup aimé le Grand pas classique. Mention spéciale enfin pour Kaining Dong (416), élève du CNSMDP, dont la régie l’a gratifié de cinq mauvais départs musicaux, ce qui ne l’a en rien déstabilisé.

Prix de Lausanne 2022 – Le candidat Hyo Shimizu (418) pendant son coaching avec Nicolas Le Riche

Et du côté des Français.es à part Dorian Plasse ? Manon Baranger (105) n’aurait pas démérité en finale, mais le jury a préféré prendre des candidates un peu plus matures. Elle a toutefois montré une belle danse musicale et beaucoup de qualités, il serait étonnant qu’elle quitte Montreux sans de belles propositions d’écoles. Julien Fargeon (414) était un peu en dessous des autres garçons B, sans avoir à rougir de sa prestation. Les trois filles du CNSMDP – Alice Hidalgo (305), Félicie Cunat (313) mais aussi la slovène Naia Dobrota (312) – ont aussi montré beaucoup de qualités. On sent qu’elles ont été très bien préparées et coachées et que le CNSMDP a eu à cœur de les amener au mieux à ce Concours. Toutes ont montré une belle danse, en place et précise, avec un souci de l’interprétation comme de la nuance et la touche « école française » qui fait plaisir à voir. Mais toutes ont montré aussi un peu trop de fébrilité – peut-être moins habituées à la scène – par rapport à leurs concurrentes. Cette timidité s’est toutefois envolée lors des variations contemporaines. Quand toutes les candidates sont tombées dans le piège du cliché avec Solo from Rossini Cards de Mauro Bigonzetti, Alice Hidalgo a su y apporter beaucoup d’intensité et de personnalité, pour proposer l’une des plus belles variations contemporaines du concours. Félicie Cunat a aussi fait preuve de beaucoup de présence avec Echo de Kinsun Chan. Elles ont tous les atouts pour se démarquer au Networking Forum et décrocher une place dans un Junior Ballet.

 

Commentaires (3)

  • Nounou

    Coucou,
    Tout d’abord merci pour ces articles, ces entretiens et ces débriefs.
    Une question : pourquoi Maya Schonbrun est-elle présentée comme finaliste alors qu’elle n’apparaît pas dans la liste des vingt sélectionné.e.s ? Est-ce que ce sont les finalistes juniors uniquement ?

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  • Moreau

    Très belles prestations de ces jeunes danseurs et danseuses au cœur du prix de Lausanne
    Merci de nous permettre d’en voir le déroulement qui a été très intéressant.
    INTÉRESSANT et très passionnant.

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  • Lili

    J’ai trouvé que Dorian Plasse était un excellent candidat avec un sens de la musique assez exceptionnel. Quelques petites fautes hélas en classique mais sa variation contemporaine, magnifique !! précision, musicalité, et personnalité.
    Micah Levine est déjà un artiste, cela se ressentait même en cours.
    Et Maya Schonbrun !! Gros coup de coeur en classique, maturité en contemporain…. (sur une variation que je ne trouve pas très intéressante….)
    Choi Yonseo, étonnante : remarquée dès les cours pour sa grâce et son lyrisme uniques, elle s’est révélée un peu scolaire et raide dans les coachings et la variation classique, mais en contemporain, quelle claque !! Une interprétation « manga » complètement habitée, presque inattendue.
    Beaucoup ont choisi les mêmes variations, j’imagine que le jury est habitué mais derrière son écran c’est quand même lassant….
    Bravo à tous et toutes !!

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