La danse et la grossesse 4/5 – Le troisième trimestre
Vous êtes désormais au dernier acte de votre grossesse. Le dénouement de l’intrigue est proche et vous êtes impatiente. Chaque geste, sensation créent une nouvelle approche. Vous oscillez entre compréhension et appréhension. Que peut-on encore faire en cours de danse ? Comment cultiver son mental quand il n’est plus possible de danser pour certaines ? Notre dossier spécial « La grossesse et la pratique de la danse » s’articule cette fois autour du dernier trimestre.
Petit récap de la professeure de danse
La grossesse se rapproche de l’Art. C’est un état limité dans le temps où votre corps et votre esprit créent une oeuvre. Les changements physiques et émotionnels sont importants et nécessaires. Cependant, telle la création d’une oeuvre, ils ne sont ni immédiats ni identiques et peuvent prendre divers chemins. À ce titre, le suivi médical et spécialisé est indispensable. Il n’est pas remplaçable par des interprétations ou des conseils. Votre santé physique et mentale prime.
Vous êtes toujours active
Votre santé et l’état de votre grossesse pour permettent encore de suivre votre cours de danse. Les activités sont toujours possibles durant cette dernière ligne droite, avec le suivi médical nécessaire. Mais il faut bien le reconnaître : votre passion perd en ferveur car la réalisation et la réussite de prouesses techniques s’éloignent clairement. Pourtant, vous avez de quoi être fière. Dansez durant votre troisième trimestre est déjà une prouesse et le signe d’une bonne santé et d’une connaissance de son corps pertinente.
Les bons réflexes
Il est temps cependant d’adopter des bons comportements, différents des deux premiers trimestres.
– D’abord, réduisez drastiquement votre temps de travail en cours de danse. Le temps évalué est de 30 à 40 minutes, une barre sera donc suffisante.
– Si le centre est néanmoins possible, privilégiez les dégagés et l’adage. Pour la suite : repos ! Les grands sauts, les pirouettes ou les diagonales sont à oublier. Le poids du corps et son impact sur les articulations et les muscles doivent être contrôlés et allégés. Et même si vous êtes sûre de vous et de votre technique, vous n’êtes pas à l’abri de chutes ou de chocs à cause d’une aspérité au sol ou d’une mauvaise trajectoire de votre camarade.
– Pendant votre cours de danse allégé, pensez à maintenir une bonne hydratation, un temps d’échauffement et un temps de récupération. Préférez les endroits aérés. Continuez à manger équilibré.
– Travaillez votre souffle : le rythme, la façon de faire. Votre meilleur repère reste la parole. Échangez avec vos camarades durant le cours. Si vous êtes essoufflée, diminuez l’intensité de la pratique.
À oublier
– Oubliez les étirements ou les exercices couchés au sol sur le dos. Ce genre d’exercices réalisés en barre au sol ou même en échauffement avant le cours sont contre-indiqués afin d’éviter de comprimer la veine cave, une veine importante titillée par le développement du bébé.
– Il est temps aussi d’arrêter d’enchaîner les cours de danse : laissez-vous deux jours de repos au moins entre deux séances.
On positive !
Félicitez-vous enfin de continuer votre passion. Vous avez parfois dû vaincre la fatigue du premier trimestre ou le regard des autres parfois interrogateur face aux femmes enceintes continuant la danse. Vous êtes restée convaincue quant aux bienfaits du sport durant la grossesse. Votre futur bébé baigne dans le bonheur de la danse et de la musique. Pour la suite, le retour de votre silhouette à votre poids habituel sera aussi relativement facile. De même, la récupération de votre sangle abdominale sera significative. Votre corps a une belle mémoire de votre placement à la barre, de votre maintien, de la prise du geste, etc. La reprise n’en sera que plus simple.
Vous devez vous arrêter
Malgré tous les bonheurs que procure la danse, il y a toujours un élément qui doit prédominer : votre santé. Et parfois, l’arrêt de votre activité sportive est nécessaire. Moralement et/ou physiquement, l’arrêt de votre passion est le meilleur choix.
Vous avez une grossesse multiple, ou une apparition de symptômes comme l’essoufflement, les saignements, des vertiges, une perte de liquide amniotique, des contractions utérines. Cessez la pratique et faites une évaluation avec votre médecin ou spécialiste.
Ce que vous pouvez continuer à travailler
Les enchaînements cessent mais votre passion se nourrit des transversalités qu’elle offre.
– Pensez ainsi à l’endurance nécessaire, aux moments d’apnées lors d’une difficulté technique, aux points de côté lors des sauts… Le travail de respiration et du rythme cardiaque est indispensable en danse. Profitez de cet arrêt pour remettre de la conscience dans la respiration. Visualisez l’endroit où se fait la respiration, les muscles sollicités.
– Une autre transversalité est l’anatomie. Ce bassin, comme son nom l’indique, est la base de tout. Étudiez sa forme, ses muscles, ses particularités. Visualisez sa mobilité en bougeant, ondulant votre bassin sur deux pieds puis l’un sur une brique, à quatre pattes. Visualisez aussi la mobilité de la cuisse, du fémur : l’en- dedans, l’en-dehors.
– Investissez dans une grande balle de yoga. Testez l’assise, le maintien de la colonne.
Tous ces exercices vous seront aussi utiles lors de votre accouchement, n’hésitez pas à échanger avec la sage-femme ou la kiné avec qui vous faîtes votre préparation.
– D’autres parties du corps peuvent être exercées malgré l’arrêt de la pratique. Pensons aux bras, à leurs placements et passages qui nous déplaisent parfois dans le miroir, ou à ces mains trop crispées. Travaillez les ports de bras, ainsi que les ports de têtes face à un miroir ou en visionnant sur un écran votre ballet favori. De même les pieds, que vous ne voyez plus à cause votre état, continuent à être déliés, exercés, musclés. Massez- les ou utilisez des accessoires annexes comme les petites balles à rouler sous la voûte plantaire, les bandes élastiques pour créer une résistance lors de l’exercice musculaire.
En dehors de la maman que vous êtes ou deviendrez, vous êtes une « wonder woman » passionnée d’un des arts les plus beaux qui existent. Vous partagez avec les autres danseurs et danseuses du cours ce moment de symbiose, de joie, d’élan. Vous gardez ainsi un lien social nourri par des échanges, des spectacles, des lectures. Alors patience… ! Les cours de danse reviendront.