Marie-Agnès Gillot : « Ma mère rêvait que je rejoigne le jury de Danse avec les stars »
En cette rentrée, Marie-Agnès Gillot est partout ! Tant mieux. Depuis ses adieux à la scène de l’Opéra de Paris en 2018, même si elle a multiplié les projets, reconnaissons-le, la Danseuse Étoile nous avait manqué. Nouvelle recrue du jury de la saison 12 de Danse avec les Stars diffusée à partir du 9 septembre, elle publie aussi son premier livre, Sortir du cadre*, le 29 septembre. Un bel ouvrage qui lui ressemble, cash et touchant, dans lequel elle revient sur son parcours. Et comme MAG ne tient pas en place, elle a aussi fait la première rentrée de l’Académie des Sacres près de Reims, la nouvelle école de danse dont elle est directrice artistique. Autant de raisons pour la rencontrer en cette rentrée.
C’est la bonne nouvelle de la rentrée de vous retrouver dans Danse avec les stars. Qui vous a convaincue de faire partie du jury ?
Ma mère. C’était son rêve. Elle regardait toutes les semaines. Elle ne cessait de m’en parler quand j’étais encore à l’Opéra. Ma réponse était : « Ce n’est pas possible, je danse huit heures par jour, je suis Danseuse Étoile« . Comment aurais-pu signer pour être présente toutes les semaines sur un plateau de télévision ? C’était incompatible avec mon emploi du temps. Pourtant, TF1 m’a souvent sollicitée. Ma mère est décédée il y a deux ans. Je n’aurai donc pas son retour, et ça va me manquer. Elle me disait toujours la vérité. Elle me taclait quand il le fallait. Mais j’adorais car elle avait toujours le mot juste. Je compte sur mon fils Paul, 8 ans et demi, pour me dire ce qu’il en pense. Comme beaucoup d’enfants il est plutôt cash !
Cela fait dix ans que vous avez participé à l’émission La Meilleure danse diffusée sur W9. Comment abordez-vous votre rôle de juge cette fois-ci ?
Je suis passée dans la transmission. J’ai un regard plus attendri. Comme j’ai été traumatisée par les concours, je ne pourrai jamais donner de mauvaises notes. 3 ou 4 comme Chris Marques, ça ne va pas être possible ! Les candidat.e.s ne sont pas des professionnel.les.s, mais des amateurs. En revanche, celui ou celle qui ne travaille pas, je ne le louperai pas. Je vais être naturelle et je suis sûre que ça va très bien passer. J’ai fait quelques essais concluants pour la production.
Aviez-vous regardé les précédentes saisons de DALS ?
Parfois avec ma mère quand je passais le week-end chez elle. J’adorais regarder avec elle car elle avait la dent dure ! On riait bien. Et puis, j’ai regardé l’année dernière car mon fils est fan de Michou !
Avec François Alu, il y aura deux jurés venant de la danse classique, on a l’impression que les danses de salon vont perdre un peu de terrain. Pensez-vous que cela va influencer les tableaux, les chorégraphies proposées aux candidat.e.s ?
L’émission doit forcément s’adapter. On est envahi pour les danses issues de TikTok. Peut-être que certaines propositions vont plus aller vers le jazz urbain. C’est le principe même de la danse, d’être toujours en mouvement. Et puis, pour la deuxième fois, il y aura un couple avec une partenaire du même sexe.
Qu’avez-vous envie que les candidat.e.s découvrent durant cette aventure ?
Cette incroyable machine qu’est le corps : la plus belle pâte à modeler qui soit. La plupart n’en ont pas conscience.
J’ai envie que les candidat-e-s découvrent cette incroyable machine qu’est le corps. La plupart n’en ont pas conscience.
Avec François Alu, vous avez des choses en commun ?
C’est un jeunot (rires). Il commence à peine sa carrière, moi je l’ai terminée ! Il a tout à prouver. Rester au niveau d’Étoile demande du travail.
Cela fait quatre ans que vous avez pris votre retraite de l’Opéra de Paris, au début cela n’a pas été facile…
C’est un gros choc. Un vrai deuil à faire. Maintenant je suis en pleine forme.
Vous avez continué à regarder ce qui s’y passe ? Le poste de Directrice de la Danse vous tenterait-il ?
Pas du tout. Il n’y a vraiment rien qui me botte à l’Opéra. Aucune création qui me donne envie. Le poste de Directrice de la Danse ? Surtout pas, je suis trop jeune. J’ai besoin de liberté. J’ai quitté l’Opéra, je ne vais pas y retourner !
Comme pour beaucoup de personnes, l’année 2020 a été très difficile pour vous. L’année 2022 signe un peu une renaissance ?
Oui, j’ai perdu de façon très rapprochée mon oncle, mon père, ma mère et mon beau-père. Une grosse claque, mais je me suis relevée. Dans ma vie, il y a souvent des grandes variations. L’encéphalogramme plat, très peu pour moi. Je vis intensément. Il me faut sans cesse un nouveau projet artistique. Depuis que j’ai quitté l’Opéra, je n’ai jamais vraiment arrêté. À l’automne 2018, il y a eu cette expérience en tant que comédienne dans Peau d’âne à Marigny, puis MAGMA avec Andres Marin. Je n’aime pas me reposer. Plus j’en fais, moins je suis fatiguée.
Dans votre livre Sortir du cadre, il y a un très beau texte intitulé À mon cher corps. Comment vous sentez-vous avec ce corps ?
Ce texte, je l’ai écrit parce qu’Augustin Trapenard me l’a demandé pour ces Lettres d’intérieur durant le confinement de 2020. J’ai eu envie d’écrire à celui qui me manquait le plus à l’époque, quand nous étions enfermés et à l’arrêt. Aujourd’hui, mon corps est plus mature, plus cool. Il comprend mieux les choses, plus rapidement. En revanche, il se déforme plus vite. Il faut toujours réitérer mes demandes.
Qu’aviez-vous envie de montrer dans ce livre ? Vous y êtes très directe comme on vous connaît.
C’est aussi un livre très pudique. Je n’avais pas besoin d’un exutoire. Comme je suis une taiseuse, que le passé ne m’intéresse pas, ce livre correspond à ce que je voudrais que mon fils sache de moi. Il lui est destiné. Il le lira dans quelques années. C’est aussi un livre pour rendre hommage à celles et ceux qui m’ont portée. Je veux leur dire que c’est grâce à eux que je suis devenue celle que je suis.
Votre actualité, c’est aussi l’ouverture de cette nouvelle école de danse, l’Académie des Sacres à Tinqueux près de Reims. Pourquoi avoir rejoint ce projet ?
Mon rêve a toujours été de créer une école comme celle de Fame à New York dans laquelle je proposerais ce qui m’a manqué à l’École de Danse de l’Opéra. J’ai rencontré des mécènes qui ont financé ce projet. Les studios sont situés à quarante-cinq minutes de Paris. Les cours sont destinés à de futur.e.s professionnel.le.s, mais aussi à des amateur.trice.s. Je suis très heureuse de cette école. Je vais vivre à Reims du dimanche soir au jeudi soir. J’ai d’ailleurs décidé de m’investir en tant que vice-présidente de l’association qui soutient la candidature de Reims pour devenir capitale européenne de la culture en 2028.
Quels sont vos prochains projets artistiques ?
J’ai participé à la création de En attendant la jeune fille, un ballet de Mathieu Guilhaumon, directeur artistique du Ballet national du Chili sur La jeune fille à la mort de Schubert. Une tournée internationale est prévue en 2023.
Danse avec les stars est diffusée tous les vendredis soir sur TF1 dès le 9 septembre. Retrouvez chaque semaine notre indispensable débrief.
* Sortir du Cadre, sortie le 29 septembre 2022. Éditions Gründ
Casini B.
J’ai dévoré » Sortir du Cadre » de Marie-Agnès Gillot reçu à Noël. Je suis en revanche surprise que l’Etoile parle d’un livre » pudique « . Il m’a semblé au contraire tourner les pages d’un ouvrage sans filtre, ne taisant aucun drame intime, dévoilant au passage quelques uns des secrets les mieux gardés de l’Opéra de Paris, de son mariage éphémère avec un autre Etoile à sa relation complexe avec Aurélie Dupont. En prime, nous avons une photo d’enfance sur son pot (imagine-t-on Alain Delon dans la même posture dans un livre de souvenirs?). Un parcours bouleversant et des photos somptueuses au demeurant.