Concours interne de promotion 2022 – Résultats des danseurs
Le Concours de promotion du Ballet de l’Opéra de Paris a lieu en 2022 le 4 novembre pour les danseurs et le 5 novembre pour les danseuses. Voici ici le résultat du Concours des danseurs.
Le jury était présidé par Alexander Neef, Directeur de l’Opéra de Paris. Il était composé de Sabrina Mallem (Maîtresse de Ballet associée à la Direction de la Danse), Lionel Delanoë (Maître de Ballet), Marion Motin (chorégraphe) et Azari Plissetski (danseur et professeur), suppléante Béatrice Martel, ainsi que des danseurs et danseuses du Ballet tiré.e.s au sort : Hugo Marchand, Arthus Raveau, Alexandre Gasse, Grégory Dominiak et Caroline Osmont (suppléant-e-s : Roxane Stojanov, Mathieu Ganio, Paul Marque, Julia Cogan et Lucie Fenwick).
Résultats de la classe des Quadrilles
Deux postes de Coryphées à pourvoir. Variation imposée : La Fille mal gardée de Frederick Ashton, acte II, variation de Colas. Préparation au Concours : Gil Isoart.
1. Aurélien Gay, promu Coryphée
2. Alexandre Boccara, promu Coryphée
3. Nathan Bisson
4. Milo Avêque
5. Théo Ghilbert
6. Marius Rubio
Comme l’année dernière, le Concours a démarré avec une belle classe des Quadrilles. Bien sûr, tout sonne un peu frais, mais le niveau est bon et tout le monde a fait preuve de beaucoup d’engagements, avec des choix de variations libres parfois ambitieuses. Elles avaient parfois du mal à être menées jusqu’au bout, on sentait le manque d’expérience, mais que de potentiel ! À l’issue de la variation imposée, globalement réussie et sans anicroche, il était difficile de dire, de toute évidence, à qui pouvaient revenir les deux places. Colas est fait aussi pour mettre en valeur, et en tant que public, ce n’est pas non plus désagréable de voir une jolie variation, et qui visiblement a donné du plaisir aux danseurs en scène.
Après les variations libres, Aurélien Gay se détachait. Colas lui allait très bien, dans une veine de demi-caractère, et il a intelligemment choisie sa libre, Donizetti, qui demandait plus de finesse, où il a été brillant. Avec ses vraies réussites en scène ces derniers mois dans de petits rôles, la promotion lui tendait les bras. Pour le deuxième poste, plusieurs choix semblaient possibles. Alexandre Boccara a montré beaucoup d’engagement dans son imposée et de la personnalité dans sa libre, Arepo, qu’il n’est pas forcément facile de bien doser. Avec un Concours équilibré et du potentiel, il n’a pas volé sa place, même si d’autres pouvaient y prétendre. Nathan Bisson a montré beaucoup de précision en Marco Spada. Milo Avêque a bien mené le début de sa variation de Roméo et Juliette, même s’il a eu du mal à tenir sur la durée. À l’inverse, la variation lente de Siegfried a semblé bien longue avec Marius Rubio, même si son imposée était très réussi. Et si Théo Ghilbert n’a pas démérité dans Tchaïkovsky pas de deux, il lui a manqué un peu de style. Je leur ai préféré Manuel Garrido, un peu brouillon dans l’imposée mais superbe en Zaël, une variation qui savait bien le mettre en valeur. J’ai beaucoup aimé aussi le travail précis et toute en finesse d‘Enzo Saugar dans Blake Works I, et c’est peut-être lui que j’aurais promu, très subjectivement.
Le bilan est en tout cas sans appel : les jeunes talents sont bien là ! Alors donnez leur des choses à danser, la programmation est trop maigre pour eux.
Variation libres choisies par les Quadrilles :
Alexandre Maryianowski : Le Lac des cygnes, acte I, variation lente du Prince Siegfried (Rudolf Noureev d’après Marius Petipa)
Osiris Onambele Ngoro : La Bayadère, acte II, variation de Solor (Rudolf Noureev d’après Marius Petipa)
Marius Rubio :Le Lac des cygnes, acte I, variation lente du Prince Siegfried (Rudolf Noureev d’après Marius Petipa)
Enzo Saugar : Blake Works I, variation de M. Hugo Marchand (William Forsythe)
Rubens Simon : Marco Spada, acte II, variation de Marco Spada (Pierre Lacotte)
Milo Avêque : Roméo et Juliette, acte I, première variation de Roméo (Rudolf Noureev)
Keita Bellali : Paquita, acte I, variation de Lucien (Pierre Lacotte)
Nathan Bisson : Marco Spada, acte II, variation de Marco Spada (Pierre Lacotte)
Alexandre Boccara : Arepo, deuxième variation de M. Eric Vu An (Maurice Béjart)
Samuel Bray : La Sylphide, acte II, première variation de James (Pierre Lacotte)
Max Darlington : Dances at a gathering, première variation du Danseur en brun (Jerome Robbins)
Jérémie Devilder : Grand pas classique (Victor Gsovsky)
Manuel Garrido : La Source, acte I, deuxième variation de Zaël (Jean-Guillaume Bart)
Aurélien Gay : Donizetti (Manuel Legris)
Théo Ghilbert : Tchaïkovsky pas de deux (George Balanchine)
Résultats de la classe des Coryphées
Deux postes de Sujet à pourvoir. Variation imposée : Marco Spada de Pierre Lacotte, acte II, variation de Marco Spada. Préparation au Concours : Andrey Klemm.
1. Guillaume Diop, promu Sujet
2. Antonio Conforti, promu Sujet
3. Chun Wing Lam
4. Yvon Demol
5. Mathieu Contact
6. Nicola Di Vico
La différence se fait avec les Quadrilles. Si la variations imposée a été plus inégale, les variations libres ont montré des personnalités plus affirmée, matures, avec de l’expérience. Seuls dix danseurs ont concouru, mais chacun a su proposer quelque chose, petits jeunes ou anciens, sérieux espoirs ou artistes venant surtout pour se faire plaisir. La promotion de Guillaume Diop était une évidence avant même le Concours, ne pas le promouvoir aurait été surréaliste. Mais le jeune espoir n’a pas failli. Sa variation imposée était de loin la plus belle du Concours (tous grades confondus), ample, généreuse, soucieuse du style et de l’École. Le danseur a su en montrer toutes les subtilités et ce n’était pas évident. Sa variation libre était peut-être un peu en dessous. Oui, on sait que techniquement, il s’envole, j’aurais aimé être un peu plus surprise. Mais c’est un détail : la place lui revenait, il a dominé le Concours, place au grade de Sujet !
Antonio Conforti est un danseur très attachant, depuis longtemps. Le Concours ne lui réussi pas mais il montre de magnifiques choses en scène quand il est distribué. En soi, je suis contente pour lui et sa Mazurka avait de l’allure ! Mais sur ce Concours, la deuxième place ne lui revenait pas avec évidence. Pour moi, Chun Wing Lam a montré sur l’ensemble de son parcours plus de brio, de présence, de subtilité. Et son Danseur en brun avait beaucoup de subtilité et de musicalité ! Autre si beau moment : Hugo Vigliotti, sur ce même personnage mais l’autre variation. Nous étions hors du Concours et ce fut peut-être le seul moment comme cela de la journée. Mais il semblait, dans son imposée, un peu en-dessous techniquement. Pour le reste du classement, Yvon Demol a fait un Concours équilibré avec une très belle variation libre, Body and Soul, dansée avec personnalité. Mathieu Contat n’a pas démérité non plus dans Suite en blanc et Nicola Di Vico a montré un fort tempérament, pas encore franchement tempéré. Je retiens aussi le trop court moment de Mickaël Lafon dans Body and Soul ou Léo de Busserolles brillant, qui aura ses chances les années à venir.
Variation libres choisies par les Coryphées :
Mickaël Lafon : Body and Soul, Solo de M. Hugo Marchand (Crystal Pite)
Chun-Wing Lam : Dances at a gathering, deuxième variation du Danseur en brun (Jerome Robbins)
Isaac Lopes Gomes : Giselle, acte II, variation d’Albrecht (Jean Coralli et Jules Perrot)
Hugo Vigliotti :Dances at a gathering, première variation du Danseur en brun (Jerome Robbins)
Antonio Conforti : Études, Mazurka (Harald Lander)
Mathieu Contat : Suite en blanc, La Mazurka (Serge Lifar)
Léo de Busserolles : Suite en blanc, La Mazurka (Serge Lifar)
Yvon Demol : Body and Soul, Solo de M. Antonin Monié (Crystal Pite)
Nicola Di Vico : La Source, acte II, variation de Djémil (Jean-Guillaume Bart)
Guillaume Diop : Le Lac des cygnes, acte III, variation de Siegfried (Rudolf Noureev d’après Marius Petipa)
Résultats de la classe des Sujets
Un poste de Premier danseur à pourvoir. Variation imposée : Casse-Noisette de Rudolf Noureev d’après Marius Petipa, acte II, variation du Prince. Préparation au Concours : Laurent Novis.
1. Antoine Kirscher, promu Premier danseur
2. Axel Magliano
3. Andrea Sarri
4. Nikolaus Tudorin
5. Jack Gasztowtt
Alors cette classe, elle était un peu difficile. Les anciens ne passent plus le Concours, certaines jeunes comme Thomas Docquir étaient blessés. Ils ne furent que cinq à passer, et de ce que l’on a vu, aucun n’avait franchement sa place chez les Premiers danseurs. Une variation imposée plutôt laborieuse, des libres pas toujours judicieusement choisies… La personne à promouvoir, en fait, c’était Guillaume Diop !
Pourtant, l’on se souvient bien de ces talents il n’y a pas si longtemps. Antoine Kirscher si artiste, Andrea Sarri si brillant à l’École de Danse, Axel Magliano qui sait faire son effet… Que sont-ils devenus ces dernières années ? Le Covid, une programmation trop pauvre en classiques ces six dernières années, donc peu de chances de danser en scène… C’était un peu tristounet. Peu-être n’aurait-il fallu promouvoir personne, mais le Concours avait bien lieu. Pourquoi pas Antoine Kirscher ? Il y a certains Concours, il n’y a pas si longtemps, il était éblouissant. Il a montré ce jour, sur scène dans ses deux variations, beaucoup d’engagement et de précision. Axel Magliano a le mieux réussi son imposée, mais il ne semblait pas très à l’aise, curieusement, en Basilio. Jack Gasztowtt a semble trop aux prises de son stress, son choix de libre était aussi ambitieux. Andrea Sarri et Nikolaus Tudorin manquaient clairement d’expérience. Antoine Kirscher a déjà montré son beau potentiel, à lui de saisir sa chance, en espérant là encore que la programmation de José Martinez permettent, concrètement, de lui forger une expérience.
Variation libres choisies par les Sujets :
Axel Magliano : Don Quichotte, acte III, variation de Basilio (Rudolf Noureev d’après Marius Petipa)
Andrea Sarri : Dances at a gathering, première variation du Danseur en brun (Jerome Robbins)
Nikolaus Tudorin : Manfred (Rudolf Noureev)
Jack Gasztowtt : Arepo, première variation de M. Eric Vu An (Maurice Béjart)
Antoine Kirscher : Other Dances, deuxième variation (Jerome Robbins)
phil
trés heureux pour Antonio Conforti qui a enfin la place qu’il mérite (son interprétation du Gitan dans Don Quichotte etait parfaite de technicité et de tonicité:il emportait tout!),mais malheureux pour Chun Wing Lam et son style de danse d’une grande finesse.Quant à Hugo Vigliotti il n’est pas apprécié au concours mais est trés bien distribué et trés bon sur les ballets modernes.
La promotion de Guillaume Diop est une évidence sans oublier la remontée au classement de Mathieu Contat( le concours ce n’ est vraiment pas son « truc »)en
espérant qu’il ait quelques dates dans des roles d’Etoiles ou de Premier Danseur…
La promotion d’Aurélien Gay et d’Alexandre Boccara nous fera encore une classe de Coryphée de haut vol et la promotion de messieurs Diop et Conforti fera beaucoup de bien à la classe des Sujets.je reviendrai vers vous aprés le classement des femmes pour quelques réflexions au sujet du concours.
Verriest Isabelle
Pour avoir assistée aujourd’hui aux représentations des sujets, je partage votre avis sur la variation imposée, Axel Magliano ayant en effet dominé parmi les 5 danseurs à la fois techniquement et artistiquement.
En outre, pour la variation libre, c’est également Axel Magliano qui démontre toute sa légitimité à être promu premier danseur. Il est avant tout très audacieux par son choix de variation classique plus technique que les 4 autres danseurs. Il offre dans cette variation, sa présence, son charisme, son physique, sa sensibilité et une très belle interprétation avec une variation digne d’un concours de ce niveau au sein de cette prestigieuse institution. Il aurait plus que mérité dans ce concours une nomination de premier danseur et porte déjà en lui l’étoffe d’un grand danseur étoile.
Odilette
Que d’émotions ! Les balletomanes étaient presque (presque) aussi stressés que les danseurs aujourd’hui ! La journée a commencé par une magnifique classe de quadrilles. On ne peut qu’être désolés pour eux du manque de places à pourvoir. Plusieurs méritaient de monter. La promotion d’Aurelien Gay et d’Alexandre Boccara était méritée et attendue. Ils assurent depuis longtemps déjà et ont été bien distribués ces derniers temps. On a pu les apprécier dans des partitions très différentes. On ne peut pas dire la même chose des autres quadrilles, peu distribués et que, hors concours, nous n’avons pas l’occasion de voir danser. Ainsi Milo Aveque a, une nouvelle fois, très bien dansé. Sa variation de Roméo était parfaite, juvénile, enlevée. On espère que le prochain concours le verra promu. Ainsi également de Marius Rubio qui avait déjà fait un très beau concours l’année dernière et que beaucoup de twittos balletomanes () auraient bien vu promu aujourd’hui à l’issue d’une variation imposée impeccable et d’une très belle libre, très incarnée. Enzo Saughar a lui aussi fait un concours très équilibré (magnifique Forsythe). Pour les autres, l’imposée était plus inégale (quelques frayeurs…). En revanche, beaucoup de belles libres ! Ainsi de celles de Manuel Garrido ou Théo Guilbert.
Chez les choryphees, Guillaume Diop bien sûr a survolé le concours. On ne doute plus de son futur d’étoile. On se réjouit pour Antonio Conforti. Il a réussi un très beau concours et c’est un artiste qu’on adore voir sur scene.. J’aurais aimé également voir Chun Win Lam promu. son imposée était, (avec celle de Guillaume Diop) la plus réussie. Très beau concours également d’Isaac Lopes Gomez.
Chez les sujets, le Manfred de Nikolaus Tudorin était intense, l’imposée d’Axel Magliano très réussie. Mais c’est Antoine Kirscher qui a fait le concours le plus équilibré et a donc logiquement était promu. Bien sûr ces avis sont très subjectifs. Il faut rester admiratifs du travail et de l’investissement des danseurs. nos avis ne sont que ceux d’un public amateur. Je regrette que certains se laissent parfois aller sur les réseaux sociaux à des jugements à la limite de la méchanceté. Quand on voit le talent, le stress et le travail accompli, cela mérite un minimum de délicatesse. Bravo à tous ces merveilleux danseurs en tout cas et maintenant place aux danseuses !
Florence
J’ai toujours tellement de plaisir d’apercevoir Keita Bellali sur scène quand il danse (encore hier soir dans Mayerling). Il est expressif, gracieux, précis, et a beaucoup de présence, je m’étonne qu’il n’ait pas été classé parmi les Quadrilles qui se présentaient.
Annick Robert
Je suis ravie d’être tenue au courant de ces nouvelles nominations !
Merci pour la qualité de votre journal que je lis avec toujours autant de plaisir et d’intérêt
Peut-être écrirez-vous quelques lignes concernant le concours d’admission à l’école de danse de Nanterre reporté et qui a finalement lieu la semaine prochaine ?