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[Programme TV] « Seule la danse, une année au Conservatoire de Paris » et « Graines d’étoiles » saison 3

Pour ces Fêtes de fin d’année 2022, la chaîne Arte propose deux jolis documentaires autour de la danse. D’un côté Seule la danse, une année au Conservatoire de Paris de Stéphane Carrel, qui suit en trois épisodes de 22 minutes les élèves de troisième année du CNSMDP. De l’autres Graines d’étoiles, les années de maturité, troisième saison de la série documentaire de François Marie démarré il y a dix ans à l’École de Danse de l’Opéra de Paris. Deux films montrant des artistes à des stades différents de leur carrière, mais portés par la même force : l’amour de la danse. Avec en fond le portrait de deux institutions face aux questionnements d’une nouvelle génération.

Graines d’étoiles, les années de maturité de François Marie

Les documentaires sur les écoles de danse sont nombreux. Mais l’on se laisse la plupart du temps emporter à chaque fois par la passion fougueuse de ces jeunes talents en devenir, qui trace aussi en fond le portrait de leur génération. Tel est le cas ainsi de Seule la danse, une année au Conservatoire de Paris de Stéphane Carrel. Il suit en trois épisodes les 28 élèves de DNSP 2 (la troisième année d’étude) des classes de danse classique et contemporaine du CNSMDP. Une année charnière : ils ont 17 ou 18 ans, élèves avertis désormais, mais pas encore à la toute fin de leurs études. Chaque épisode se concentre sur un aspect de l’année – la performance Trisha Brown réunissant tous les élèves, les Cartes blanches, les spectacles et les examens – tout en distillant la vie quotidienne de ces apprentis danseurs et danseuses, entre cours de danse, répétitions tard le soir, questionnements, envie folle de danser surtout, partout, tout le temps. Parmi tous les élèves, l’on repère Elys, une jeune danseuse contemporaine, et surtout Oscar. Élève de danse classique, il semble être le résumé du parcours d’un élève : un amour de la danse (« Je me sens puissant quand je danse« , la découverte de la scène, la blessure qui arrive et qu’il faut apprendre à gérer, la récompense avec un premier rôle, l’angoisse de ne pas y arriver, la confrontation à la scène, le sourire des saluts.

Et l’on s’attache à ses élèves, à ses parcours. Comme souvent dans un documentaire sur une école, les professeurs et leurs réflexions font aussi beaucoup. L’on aime ainsi suivre les répétitions du Lac des cygnes par Laurent Novis, au regard aussi exigeant que bienveillant, la justesse d’une correction de Monique Loudières, les cours de contemporain de Nathalie Pubellier, Josua Hoffalt dans son nouveau rôle de professeur, les encouragements des répétiteurs de Trisha Brown, la leçon Joséphine Baker si drôle de Raphaëlle Delaunay… Contrairement à tant d’autres films, Stéphane Carrel ne met pas en opposition classique et contemporain, ce qui serait l’archi-rigueur de l’un et la liberté de l’autre. Il n’y a pas de jugement de valeur et les classes sont souvent présentées ensemble, notamment lors du spectacle Trisha Brown. Ce sont tout simplement deux techniques différentes, que chaque élève a choisi. Ce n’est pas si courant et c’est appréciable. Et c’est à travers ces élèves, tout le Conservatoire qui se dévoile, dans son quotidien du cours de danse qui construit petit à petit de futurs artistes.

Seule la danse, une année au Conservatoire de Paris de Stéphane Carrel

Graines d’étoiles, les années de maturité marque des retrouvailles attendues. François Marie avait démarré cette série documentaire en 2013, en suivant quelques élèves de l’École de Danse de l’Opéra de Paris. Elle en a retrouvé certains cinq ans plus tard, puis d’autres encore en 2021. Et c’est avec toujours le même plaisir que l’on retrouve ces danseurs et danseuses que l’on commence à bien connaître, alors qu’ils ont autour de 25 ans et sont maintenant des professionnel-le-s aguerri-e-s. Antonio Conforti et Roxane Stojanov, un peu les personnages fil rouge de ces trois saisons, continuent de se dévoiler, notamment au travers de saisissantes répétitions du Jeune Homme et la mort. L’on est frappé, quand leurs discours croisent leurs paroles d’il y a dix ans, combien tout était déjà là de leur personnalité.

L’on aime aussi suivre d’autres danseuses qui se dévoilent ici, comme Awa Joannais. Elle aborde avec beaucoup de justesse la question – tellement d’actualité – d’être une danseuse noire dans une compagnie de ballet. Combien cela n’a jamais été une question pour elle, et pourtant combien cela peut-il aussi être très présent. Et que la question d’avoir – enfin – des chaussons et des collants à la couleur de sa peau est si importante pour le respect de chacun-e – contrairement à certaines mauvaises langues qui voient encore cette demande comme un caprice. Graines d’étoiles, les années de maturité suit aussi ceux et celles qui sont parties de l’Opéra de Paris. Comme Aubin qui danse en Croatie, Ariane qui est partie vers la danse contemporaine et l’improvisation, ou Yoann qui étudie la danse à l’université. Sa parole est celle qui nous passionne le plus, tant le petit garçon de l’époque impressionnait par la maturité de son discours il y a dix ans. L’on suit enfin Simon le Borgne, toujours danseur de la compagnie, mais sur un projet personnel : celui de chorégraphe sur la série L’Opéra.

Graines d’étoiles, les années de maturité de François Marie

Le plaisir de se glisser en répétition et en tournage fait là encore partie du plaisir de Graines d’étoiles, comme de son émotion. C’est ainsi Le Jeune homme et la mort évoqué plus haut où Antonio Conforti laisse éclater sa personnalité d’artiste. Le travail du Concours de promotion, ses doutes et la recherche du moindre détail. La création contemporaine avec des corps qui se meuvent autrement. Il y a tout ce qui faisait le plaisir des deux premières saisons dans ce Graines d’étoiles, la danse et la sincérité des artistes. Si ce n’est un peu de frustration en plus. Les deux précédentes saisons comportaient plusieurs épisodes, cette troisième n’en comporte qu’un, long de 1h15. Difficile de se plonger ainsi en longueur dans l’âme de ces artistes, comme la réalisatrice sait si bien le faire. Et certains portraits ne peuvent être qu’esquissés.

Ces deux documentaires, aux points de vue différents, se rejoignent parfois. Dans les deux cas, le Covid est là en fil rouge, non dit mais présent. Ce n’est à chaque fois pas le sujet du film, mais la crise sanitaire arrive naturellement dans le discours et les images. Au-delà des masques encore présents parfois, élèves, danseur-se-s et professeur-e-s en viennent vite à parler de ce temps d’arrêt, combien cela a pu être difficile, les amener à réfléchir, les pousser dans le doute aussi, ou sur un autre chemin. Pour les élèves du CNSMDP, c’est le retour tant attendu à la scène et sans masque. Pour les artistes de Graines d’étoiles, ce fut un temps étrange, où tous se sont arrêtés de danser pendant deux mois, Si le confinement n’a duré que peu de temps pour ces danseurs et danseuses, puisqu’ils ont vite été autorisés à retrouver le studio, l’année des théâtres fermés et les questionnements qui en ont découlés les suivent encore.

Seule la danse, une année au Conservatoire de Paris de Stéphane Carrel

C’est ensuite le visage d’une nouvelle génération, pour qui l’épanouissement personnel a aussi de l’importance, en parallèle de sa vie d’artiste. Où la danse n’est pas toute leur vie, même si ces deux documentaires montrent à chaque fois des personnes travaillant énormément et dévouées à leur art. Dans les deux cas, élèves comme danseurs et danseuses sont face à une génération de professeurs qui n’a pas appris la danse comme eux. Ces deux filment montrent ainsi deux institutions aux prises avec ces nouvelles envies et leurs façons différentes d’y répondre. Vaste question, à laquelle le monde de la danse est confrontée aujourd’hui, dans toutes les compagnies. Au CNSMDP, cela vient plutôt des professeur-s-s, qui savent qu’ils n’enseignent pas comme leur propre maître, qui doivent avoir un recul sur la façon dont ils ont appris la danse. « Nous travaillons avec vous« , lance Cédric Andrieux, le directeur des études chorégraphiques du Conservatoire, à ses élèves le jour de la rentrée. Cela donne des élèves qui se questionnent peut-être plus, et cela se voit au deuxième épisode consacré à leurs projets personnels, où certains créent autour du féminisme, de la politique anti-LGBT en Russie ou de l’envie de questionner les clichés de genre qui peuvent exister dans la technique classique.

À l’inverse, dans Graines d’étoiles, ce questionnement vient des danseurs et danseuses, notamment lors du Concours de promotion. Comment être épanoui, artistiquement et personnellement, sans monter dans la hiérarchie et en ratant un Concours ? L’on sent que cette génération se pose beaucoup de questions, a des attentes qu’elle résout seule, face à une compagnie qui ne les écoute peut-être pas forcément assez. Ces deux films sont ainsi, en creux, le portrait de deux institutions séculaires en face d’un vrai changement générationnel. 

Graines d’étoiles, les années de maturité de François Marie

 

Seule la danse, une année au Conservatoire de Paris de Stéphane Carrel – Trois épisodes à suivre sur Arte.tv à partir du 7 décembre.

Graines d’étoiles, les années de maturité de François Marie – Un épisode à voir le dimanche 18 décembre à 23h40 sur Arte, et dès le 11 décembre sur Arte.tv.

 



Comments (1)

  • phil

    un peu court mais trés intéressant reportage de Françoise Marie ou l’on s’aperçoit que l’on a pas eu droit à la superbe interprétation du « Jeune Homme Et La Mort » d’ Antonio Conforti sur scène….On admire le courage d’Ariane Servagent et la recherche d’Yoann Jolly mais,à l’ONP, c’est surtout la comparaison entre les répetitions pour un spectacle et celles pour le concours qui frappent : ce n’est la meme ambiance ni la meme envie. La direction a senti le problème pour les « anciens.nes  » Quadrilles et semble les distribuer un peu mieux. Garder les Quadrilles au long cours un casse-tete pour l’ONP et poutant il faut des remplaçant(e)s chevronné(e)s et des danseurs excellents dans leur registre de danse( presqu’ exclusivement comtemporains) .Aurélie Dupont en avait bien conscience.Pour les charmantes jeunes femmes Sujets ( place enviable) ,je serai plus réservé car elles sont extrémement nombreuses à posséder un grand talent donc il y aura fatalement un grand nombre de « sacrifiées » (pas beaucoup de places au niveau superieur) et qu’elles n’oublient surtout pas que la maitresse de ballet prés la direction est une ancienne danseuse Sujet…..

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