[Prix de Lausanne 2023] Nos coups de cœur avant les sélections
Après quatre jours intensifs de cours de danse et coaching, il est enfin temps pour les candidates et candidats du Prix de Lausanne 2023 de passer sur scène, pour l’épreuve des sélections qui a lieu le vendredi 3 février. DALP a pu assister à de nombreuses séances de travail – impossible de tout voir ! Alors avant les épreuves, petit tour des jeunes danseurs et danseuses qui se sont fait remarquer, en toute subjectivité.
Le Prix de Lausanne est de retour à Lausanne ! Mais le Théâtre de Beaulieu, en travaux pendant plusieurs années, a bien changé. Exit l’espace de chauffe derrière la scène, désormais faisant partie intégrante du plateau, transformé ici en espace de repos des élèves. Fini aussi les studios emblématiques avec leur balustrade. Le Prix s’est installé dans le grand hall de l’autre côté du théâtre. Il faut forcément s’y retrouver au début. Mais les fondamentaux sont bien là : les miroirs et l’espace des candidat-e-s au cœur des coulisses, deux beaux studios de danse – l’un ouvert vers le public, l’autre où se tient la grande table du jury. Et toujours cette impression que le monde de la danse s’y retrouve, le temps de ces quelques jours de compétition.
Les filles A et B
Le groupe des filles de 15-16 ans est conséquent, avec pas moins de 23 candidates. Le niveau est plutôt homogène… et fort techniquement. Même si le sens artistique ou de fortes personnalités ne transparaissent pas encore. Pendant les cours de danse, il y a ainsi plus de corrections, plus d’explications, notamment pour le contemporain où certaines débutent, ou presque. Mais la facilité avec laquelle toutes imprègnent les corrections et progressent impressionne. Ce groupe, entre le premier cours de danse du lundi et la dernière séance de coaching du jeudi, s’est transformé.
Et certaines personnalités émergent. Alecsia Maria Lazarescu (101), la plus jeune du concours, impressionne déjà par ses facilités et son charisme naturel en scène, avec une belle qualité de mouvement. Emily Sprout (114) se remarque aussi et apparaît comme l’une des favorites du concours. L’on a aussi aimé le travail très musical à la barre de Yedam Kim (123) ou l’italienne Sara Giubergia (111). Naheun Rhie (107) affiche aussi une belle personnalité au fur et à mesure des journées. Sooha Park (103), plus discrète en cours, a montré beaucoup de tempérament et d’écoute pendant le coaching de sa variation classique.
Côté françaises, les deux candidates se défendent bien. Romane Cornu (105) s’est montré fébrile lors de son premier cours de danse. Mais là encore, elle s’est épanouie au fur et à mesure des jours, et a montré bien plus d’assurance lors de son dernier coaching. Cette danseuse a l’habitude des concours, du stress de la scène, elle est à suivre. Shani Obadia (118) a montré un travail très beau et bien en place, avec notamment un haut du corps particulièrement musical, ce qui n’était pas le cas de toutes. Elle montre beaucoup de finesse et de souci du détail dans sa variation du Talisman, à suivre également.
Pour les 17-18 ans, le niveau est un peu plus hétérogène, entre des danseuses déjà professionnelles, et d’autres dont le travail montre encore quelques faiblesses. Mais le niveau des cours, cependant, allait vite : l’on sentait que toutes avaient une vraie maturité à défendre, une rapidité à comprendre et assimiler les choses. L’on sent tout simplement plus d’expérience. Trois candidates coréennes dominent très nettement par la superbe finition de leur travail : Hamin Park (307), Seah koo (308) et Seehyun Kim (309). Toutes venant de la Seoul Arts High School, il n’y a pas de secret ! Notre préféré reste peut-être Seah koo, pour la poésie de son Aurore. L’on note aussi la belle présence de Julie Joyner (310), qui après beaucoup de stress a montré un travail très soigné dans Grand pas classique, et beaucoup de progrès au fil des trois jours. Haru Yokoo (303) épate aussi, aussi bien en cours qu’en coaching de sa variation d’Esmeralda, envoyée avec beaucoup de classes. Elle vient de l’école de Danse de Bâle, qui a envoyé un fort contingent cette année à Lausanne, et toutes et tous d’un grand niveau. L’école doit fermer sa filière professionnelle, en manque de fonds, après de graves affaires de harcèlement de la part de son corps professoral, les élèves cherchent aussi à aller ailleurs.
Les garçons A et B
C’est un petit groupe de 15-16 ans cette année, seulement 14. Ils ont tous une envie énorme d’en découdre et de montrer ce qu’ils savent faire. Ils ont aussi beaucoup de fébrilité. Le travail n’est pas fini, mais l’on sent beaucoup de personnalités. Et deux se dégagent particulièrement : Millán De Benito (207) à la danse superbe et Fabrizzio Ulloa Cornejo (210), aussi de l’école de Bâle, qui envoie Flammes de Paris avec beaucoup de classe. Henry Burgess (202) ou William Gyves (204) n’ont pas un travail aussi soigné, mais ils se démarquent tout de même en scène, par un tempérament fort, une envie de danser contagieuse.
Le groupe des plus âgés est lui bien plus nombreux – 21 candidats – avec là encore des profils déjà professionnels, très rapides en cours et en coaching. Le niveau y est plus homogène. Il est par contre peut-être un peu plus dur d’en dégager un en particulier, vraiment au-dessus des autres. Plusieurs se démarquent. L’on repère ainsi Jeremy Hargreaves (417) immense danseur faisant parfois une tête de plus que ses collègues. Mais il a appris à bouger, à faire quelque chose de ses bras de géant. Sa variation classique manque encore de netteté, mais il prend d’office toute la scène, mange l’espace. Et étonne dans sa variation contemporaine articulée avec beaucoup d’intelligence. L’on aime aussi Aoi Takahashi (422) très en place et au travail net, le plus jeune Emanuele Faifer (403) qui en veut et le montre, Ethan Maas (405) et son sens du détail, Aidan Tully (424) qui affiche beaucoup de maturité, l’autorité et la netteté de Amaury Zanete Pérez (421) ou Frederick Stuckwisch (414). Côté français, Pier Abadie (418) a une personnalité qui se démarque, un travail très musical et un haut du corps vivant, faisant spécialement de belles choses dans sa variation contemporaine.
Mais il s’agit ici de regards subjectifs, et toutes et tous ont su montrer leur valeur. Rendez-vous aux sélections pour savoir qui seront les 20 finalistes.
Annaëlle
Merci pour ce débriefing. Ravie que Arte diffuse une partie des cours, mais hélas parfois avec les interviews, on rate juste le candidat que l’on aurait aimé voir…
je regarde le jour 4 matin et Nicolas Leriche est d’une bienveillance fantastique dans ses coachings, il manque terriblement à la danse française…. J’ai eu l’occasion de le voir danser le Bolero de Béjard à Bastille, il a été extraordinaire…
A suivre, profitez bien de Lausanne et continuez à nous régaler de vos écrits! Merci merci merci