[Sortie ciné] Last dance ! de Delphine Lehericey
Jusqu’à quel âge peut-on danser ? En quoi la danse aide-t-elle à bien vieillir ? Comment se mettre en mouvement peut-il transformer profondément un amateur peu à l’aise avec son corps ? Autant de questions soulevées par le film Last dance de Delphine Lehericey qui évoque la rencontre d’un septuagénaire avec la danse contemporaine grâce à un touchant concours de circonstances. Fidèle à la promesse qu’ils s’étaient faites, Germain entreprend de dire adieu à sa femme brutalement disparue en prenant sa place dans la pièce dans laquelle elle s’était investie. Cette comédie douce-amère qui tient beaucoup à l’engagement du comédien François Berléand dans ce rôle de fan de Proust bougon qui s’éveille à la danse. Sa rencontre avec la Ribot (autre bon choix du casting) constitue une jolie surprise cinématographique. En « se mettant dans les pas » de son épouse aimée, le héros surmonte doucement son deuil. La danse a décidément toutes les vertus.
Pantalon de survêtement rouge, t-shirt blanc XL sur ventre rond, pieds nus. Germain, 75 ans, observe, dubitatif, les hommes et les femmes qui bougent autour de lui. S’il se retrouve propulsé au cœur de cette compagnie de danse contemporaine qui mêle professionnels et amateurs, c’est pour honorer la promesse faite à son épouse décédée. « Celui qui reste doit finir ce que l’autre a commencé », ont-ils convenu au travers d’un pacte amoureux par-delà la mort. Alors par amour pour Lise, Germain se plie au rythme des répétitions en cachette de ses enfants qui, depuis la disparition de leur mère, le couvent d’une attention un peu trop étouffante. « Ici il n’y a pas de limites, il n’y a que des possibilités », l’encourage La Ribot, la chorégraphe, quasi dans son propre rôle, alors que le septuagénaire est parfois en proie au doute.
Last dance ! de Delphine Lehericey s’attache à décrire la relation qui se noue entre ce vieux monsieur et cette communauté dansante. La maladresse de Germain, sa façon de se mouvoir à côté de la plaque, inspirent la chorégraphe. Face à ce senior un peu largué complètement infantilisé par ses enfants qui s’inquiètent pour lui, elle décèle un potentiel inexploité. François Berléand donne formidablement corps à cet homme seul qui se choisit comme famille cette compagnie de danse. Au contact des autres, sa nouvelle solitude lui pèse moins. Son engagement devient quasi thérapeutique. Le voir se mettre en mouvement avec une grâce toute singulière (des mains très expressives) nous le fait apparaître au fil du film sous un autre jour.
Présenté il y a quelques mois, Over Dance confié à Rachid Ouramdane et Angelin Preljocaj par la Fondazione Nazionale della Danza / Aterballetto, abordait déjà quelques-unes des questions qui traversent le film. Limite un peu sage par rapport à son propre travail, la Ribot dynamise pourtant cette comédie qui aurait pu davantage pousser le trait. La personnalité de la chorégraphe catalane passe très bien à l’écran. Fantasque mais aussi sûre de ses choix, elle laisse la fragilité de Germain irriguer son acte de création. Elle se laisse émouvoir par ce « drôle de type » qui se rend aux répétitions comme à des rendez-vous amoureux avec une absente.
L’amour comme la danse apparaissent comme deux catalyseurs de changement. Sans cette promesse faite à sa femme, Germain n’aurait pas eu l’opportunité de se lancer dans cette entreprise originale. Se laissant happé par un univers dont il ignore tous les codes, l’homme consent à fendre l’armature, et à exorciser sa peine. Cela aurait peut être mérité d’être davantage creusé, mais l’originalité du sujet rend le film déjà très touchant. En avril 2023, le compagnon d’Agnès Lasalle, cette professeure mortellement poignardée par un élève, a marqué les esprits en dansant devant le cercueil de sa compagne. « Une manière de lui dire au-revoir ». Cette Last Dance s’inscrit dans le même lignée. Et c’est ce qui le rend précieux.
Last Dance ! de Delphine Lehericey – 1h23 – En salles le 20 septembre 2023.
Celia72
Bonjour, je souhaitais vous dire mon bonheur d avoir vu les Etoiles de l Opera venir danser jusqu en Bourgogne, devant le magnifique château de Digoine.
De plus a un tarif très attractif.
Cordialement