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Les Démonstrations 2023 – École de Danse de l’Opéra de Paris

Comme il est de tradition, les élèves de l’École de Danse de l’Opéra de Paris ont proposé en décembre leurs Démonstrations, sur la scène du Palais Garnier. Une fois encore, le public était venu nombreux, composé des familles et amis des Petits rats, mais aussi de beaucoup de petites filles et petits garçons avec des étoiles plein les yeux et des rêves dans la tête. Ces Démonstrations sont pour le public l’unique chance dans l’année de pouvoir admirer le travail quotidien des Petits rats de l’Opéra dans l’intimité d’un cours de danse. Une édition marquée en 2023 par l’arrivée de nouveaux professeur-e-s, comme l’Étoile Stéphane Bullion chez les garçons.

 

Démonstrations 2023 de l’École de Danse de l’Opéra de Paris – La troisième division filles

 

 

Les grandes divisions

Élisabeth Platel, Danseuse Étoile et Directrice de l’École, ouvre chaque année les Démonstrations par quelques mots sur scène et pour nous présenter rapidement ce que nous allons voir : « Partager le progrès des enfants et vous faire découvrir des exercices historiques, certains redoutables mais ô combien efficaces, exercices de nos maîtres !« . La particularité de cette année – Casse-Noisette oblige – est que ce sont les grandes divisions (troisième, seconde et première) qui ouvrent le bal le matin et les plus petites divisions (sixième, cinquième et quatrième) qui entrent en scène l’après-midi avec les disciplines dites complémentaires.

Les neuf élèves de troisième division garçons ouvrent donc le bal et rentrent sur scène avec leur professeur Christophe Duquenne. Nous sommes directement dans le bain de l’école française avec un exercice de dégagés qui va préparer aux cabrioles, aux grands jetés en tournant et aux tours à la seconde. Après les dégagés, lors d’un exercice de tours, on remarque immédiatement un élève qui tient en équilibre la fin de ses pirouettes et fait dire des « whow » à ma petite voisine. Il y a aussi quelques sourires crispés qui se sentent dans les mains, mais il n’est pas facile de commencer la journée sur une pente à 5 %et devant quasiment 2.000 personnes ! S’ensuit une présentation de petits sauts en descendant et en remontant (à la française), des brisés volés… Quelques jolis pieds se font voir, avec cette façon d’ouvrir un peu les pieds après les avoir battus dans les échappés battus faisant petite batterie de Mathias Heymann ! Certains corps ont déjà grandi, on voit donc le potentiel qui arrive chez certains, ou qui est déjà là chez d’autres. Cette classe de transition est toujours intéressante, surtout avec le travail proposé par Christophe Duquenne. Les grands sauts manquent un peu d’âme mais les élèves finissent par des doubles tours en l’air qu’ils ont l’air de déjà maîtriser. Voilà une classe belle et prometteuse !

 

Démonstrations 2023 de l’École de Danse de l’Opéra de Paris – La troisième division garçons

 

Vient ensuite la troisième division filles présentée par Nolwenn Daniel (aussi professeure au CNSMDP). Douze filles rentrent dans une tunique violette et directement présentent un exercice de transfert du poids du corps, avec des ports de bras et des changements de direction différents pour chaque groupe. Les filles se sentent plus à l’aise et sourient sans se forcer. Nolwenn Daniel est bienveillante dans sa façon de s’adresser à elles. Les filles enchaînent une série de relevés sur pointes pendant qu’elle explique que la troisième division est l’année où « il faut prendre de la vitesse sans perdre la précision et la propreté« . Le cours est très bien construit : le premier groupe fait l’exercice puis les autres le font avec des variations (tours, sauts, diagonales). On comprend bien ainsi l’évolution qu’il y a à travers les trois groupes, cela ne rend que plus agréable la démonstration. La professeure explique aussi que les séries d’exercices sont faites pour « acquérir plus de force et de réflexe pour ancrer dans le corps avec justesse dans la façon d’exécuter un mouvement« . Les petits sauts sont encore un peu difficiles avec les pointes aux pieds, nous ne sommes qu’au début de l’année donc la force va venir rapidement. Les filles sont superbes et décidées. Une belle énergie se dégage de cette classe !

Yann Saïz enchaîne avec ses neuf élèves de deuxième division garçons. Le professeur est détendu et a beaucoup d’humour, ce qui apporte aux élèves une sorte de force tranquille. La pianiste Ellina Akimova joue tout du long la superbe musique de Massenet du ballet L’histoire de Manon de Kenneth MacMillan. Cela donne tout de suite une dimension théâtrale et artistique aux exercices. À la fin de l’adage, Yann Saïz lance « Je veux voir neuf princes du Lac !« . Les élèves sourient, pari gagné : ils prennent du plaisir et ça se voit ! La classe est technique avec des pirouettes finies sur une jambe et des grands battements sur relevés. On remarquera la présence rayonnante d’un élève, ou un autre qui s’impose par son physique allongé. Les pirouettes sont ambitieuses mais en seconde division il est temps de se frotter à ce genre d’exercice en scène pour se préparer pour le futur. Le professeur corrige en disant à chaque fois les prénoms, chacun a sa chance de travailler. Il n’y a pas beaucoup de sourire mais on comprend pourquoi à la fin : ils se concentraient pour les tours à la seconde finis arabesque… Le genre d’exercice redoutable dont parlait Madame la Directrice. Il y a d’excellents danseurs dans cette classe et ils vont pouvoir grandir encore plus artistiquement l’année prochaine, en première division.

 

Démonstrations 2023 de l’École de Danse de l’Opéra de Paris – La deuxième division filles

 

La classe de deuxième division filles est enseignée par Fabienne Cerutti et elle est composée de douze filles. Un adage élégant avec des épaulements et du caractère (avec les pointes) commence la présentation… et ce n’est pas facile du tout. La professeure ne parle pas et laisse faire les filles. La concentration est de mise. Le travail est solide et on voit l’évolution qui suit la troisième division. Les relevés attitude qui suivent ne sont pas extraordinaires mais préparent aux tours attitude qui arrivent. Les filles sont un peu trop légères et Madame Cerutti lance « Prenez le sol !« . Ses exercices sont toujours une épreuve chaque année et les filles se défendent bien. C’est aussi ça le but des démonstrations : dépasser son stress, avoir du courage… Il y a de beaux déplacements mais on ne les sent pas forcément à l’aise complètement. Enfin à la révérence, comme un soulagement, des sourires apparaissent sur certains visages. Et la musique parfois légèrement jazzy de Claire Djourado fait plaisir à entendre.

Wilfried Romoli rentre sur scène avec ses huit élèves garçons de première division garçons. Il annonce ce qu’on va voir et explique que l’on va retrouver certains éléments de l’adage dans le grand saut. Les élèves ont l’air confiant et se sentent sur scène comme chez eux. On sent le travail professionnel qui arrive à grands pas et on apprécie toujours le travail d’horloger que propose le professeur en disant « Le dos aussi important que la pirouette » ou bien encore « Le port de bras aussi important que le tour en l’air« . Il s’adresse directement aux élèves qui s’affirment de plus en plus au fur et à mesure. Les sauts se déplacent, le professeur veut voir le dessin au sol. On voit les artistes de demain et j’en remarque quelques-uns avec de belles qualités. Wilfried Romoli explique très bien la recherche de l’équilibre en l’air dans les grands sauts, exercice ô combien difficile mais très bien exécuté. Une petite chute sur les fesses est vite résolue par l’humour du professeur : « Bienvenue au club, ça m’est arrivé aussi je te raconterais« . Sa bienveillance et son oeil généreux donnent une confiance aux élèves qui se ressent et qui leur permet d’ouvrir leurs ailes d’artistes ! Le gaucher de la classe a aussi la possibilité de travailler son côté de prédilection. La précision des détails, tant sur le point technique, artistique qu’humain, rend cette classe magnifique ! Je dois aussi saluer la fabuleuse musique de Gaëlle Sadaune.

Les neuf filles de première division de Carole Arbo font ensuite leur entrée pour montrer qu’elles ne déméritent pas moins que les garçons. Comme Wilfried Romoli, Carole Arbo laisse faire les filles au début pour leur laisser apprivoiser la scène, puis enchaîne plusieurs exercices de rapidité, avec épaulements, elle encourage ! Les filles sont naturelles, souriantes. On sent la présence de Madame Christiane Vaussard dans les exercices, marqués par le ragtime de la musique de Laurent Choukroun. L’humour de Carole Arbo fait rire le public : « Les tours à la seconde, elles n’aiment pas trop ça mais ça peut servir, on sait jamais…« . Pour les grands sauts, elle indique qu’il faut prendre l’espace et se faire plaisir ! Les filles se lancent une par une ou deux par deux et finissent par des entrechats 6, difficiles à la fin des Démonstrations, mais qui font penser à la variation de la Cigarette du ballet Suite en Blanc de Serge Lifar, qui sera présenté lors du spectacle de l’École en avril prochain.

Il y a eu ensuite le cours de danse caractère qui réunissait les troisièmes divisions filles et garçons de Roxana Barbacaru, avec ses traditionnelles bottes rouges pour les garçons. Elle a proposé un hommage à la première professeur de danse de caractère de l’Opéra, Madame Irina Grjebina, en dansant un extrait de son ballet La fille des neiges. Elle amène les élèves déjà dans de l’interprétation, porte son attention sur des détails importants comme les doigts, comme sur des choses plus grandes comme les lignes qui vont amener les élèves au travail de corps de ballet. Roxana Barbacaru a un sacré tempérament et sait se faire respecter avec un humour éclatant aussi. Les élèves se sentent bien et ils dansent en prenant du plaisir. Pour finir la matinée, nous avons la chance d’admirer, il n’y a pas d’autres mots, le travail formidable de la classe de Pas de deux des premières divisions filles et garçons dirigé par Wilfried Romoli. Excellent partenaire lors de sa carrière de danseur dans le Ballet, il arrive à faire danser les élèves d’une façon admirable. Sa carrière, allant du classique au contemporain, lui permet de créer des exercices dansants et préparant les élèves à des positions difficiles à deux, comme les décalés ou les passages au sol. On entend « Arrondissez bien le dos ici…« . Les élèves dansent quatre sortes de pas de deux, du lyrique au petit saut en passant par les portés à bout de bras et les pirouettes. Les premières divisions sont excellentes, le choix pour l’entrée dans le Ballet sera très difficile !

Sur l’ensemble de cette session, les corrections très modernes des professeurs montrent à quel point la technique et l’enseignement de la danse classique est contemporaine. On a pu entendre : « Servez-vous du sol, plus de moelleux, attention à la qualité de cette jambe, impulsion, suspension, dynamique, plus de corps et de respiration…« . L’Opéra de Paris, moderne depuis 350 ans, pouvions-nous lire il y a quelque temps. Eh bien oui, et les professeur-e-s de ce matin l’ont bien montré.

 

Les petites divisions

L’après-midi a été consacrée aux petites divisions. Élisabeth Platel explique que « pour eux commence un long parcours d’apprentissage, de rencontres, de doutes, mais aussi de plaisir. Alors laissons leur montrer leur joie de danser« . Les barres sont sur scène devant ce fond bleu si particulier. Il faut savoir que la plupart des élèves des plus petites divisions font aussi partie en ce moment du ballet Casse-Noisette de Rudolf Noureev et présenté sur la scène de l’Opéra Bastille jusqu’au 1er janvier. La sixième division garçons se compose de cinq jeunes élèves du nouveau professeur Stéphane Bullion. Pour tous ceux qui ont connu ce magnifique danseur sur scène, imaginez-le en tant que professeur : c’est juste un délice. Il commence par un exercice face à la barre pour dérouler les pieds et la décomposition du dégagé. Son discours est clair, ses corrections précises. La musique de Craig Edwards est géniale, les élèves ne doivent pas s’ennuyer ! Les premières démonstrations pour un professeur doivent être aussi stressantes car du plateau en tant que danseur on y passe en tant que pédagogue. Test passé haut la main pour Stéphane Bullion. Chez les élèves, on sent qu’ils veulent bien faire, parfois un peu trop, ce qui empêche certains de poser les talons au sol par exemple, mais cela va vite être corrigé ! Il est toujours très touchant de voir les sixièmes divisions, c’est le tout début… Peut-être la classe la plus importante car il ne faut pas décourager ni dégoûter les élèves du travail et de la répétition. Quoi de mieux que l’oeil de Stépĥane Bullion pour ça ? Le choix du professeur pour cette classe est excellent. La sixième division filles est dirigée par Laurence Laffon. Les filles ont l’air à l’aise et souriante. Cette classe a beaucoup de jolis pieds et de belles lignes. C’est une classe prometteuse. La professeure corrige aussi les qualités et les appuis dans le sol. J’ai hâte de les voir dans quelques années pour voir ce que cela va donner.

 

Démonstrations 2023 de l’École de Danse de l’Opéra de Paris – La sixième division garçons

 

Emmanuel Hoff enchaîne avec la classe de la cinquième division garçons sur une musique endiablée de Philippe Cavagnat. Les garçons travaillent sur la dynamique du mouvement, la petite batterie et déjà deux pirouettes, pour la plupart bien exécutées. Ils sont sereins, on ne sent pas le stress qui doit malgré tout être présent. Le professeur propose un travail musical avec beaucoup de changements de rythme dans un même exercice. Un régal pour les yeux et pour les oreilles. Muriel Hallé rentre ensuite sur scène avec les quatorze filles de cinquième division. À la barre, les élèves montrent des exercices de bases qui serviront à l’apprentissage des pointes plus tard dans l’année, comme l’explique leur professeure. Les exercices se suivent en changeant à droite et à gauche pour gagner du temps. Les filles ont de très belles lignes et c’est une classe bien homogène. La musique du tout nouveau pianiste Clément Rataud, qui joue du répertoire à la perfection, apporte la détente des visages et le sourire au fur et à mesure.

La quatrième division garçon, menée par Karl Paquette autour de neuf élèves, m’a laissé plus perplexe. Le professeur lance des corrections générales sans trop regarder les élèves. Ces derniers doivent répéter les mêmes exercices depuis quelques semaines déjà, mais le professeur donne l’impression de vouloir lancer les élèves dans des exercices périlleux, sans vraiment accentuer la propreté de l’exécution. Ceci-dit, les élèves se sont accrochés et ont bien défendu leur travail. Véronique Doisneau présentait le travail de Géraldine Wiart. Onze filles en quatrième division avec d’excellentes lignes de jambes et de très beaux développés. La professeure lâche un « Amusez-vous avec la précision« , les deux pirouettes sur pointes sont tentées et bien réalisées. La classe est très belle, sans nous laisser sans voix, mais le travail est très propre et fait plaisir à voir. La nouvelle pianiste Valeria Vitaterna accompagne merveilleusement bien cette classe.

Après l’entracte nous avons pu assister aux cours complémentaires, avec tout d’abord Marie Blaise et son accordéon qui accompagne les élèves de sixièmes divisions dans un travail fabuleux d’écoute et de coordination, indispensable au travail qui se déroulera dans les années futures. Les élèves chantent en interprétant des danses folkloriques de toute la France. Cette année : la Bretagne, la Normandie et le Pays basque. Les élèves apprennent à se regarder et à danser à deux, ce qui les amènera au pas de deux plus tard. Un travail sur la danse baroque est aussi abordé avec les cinquièmes divisions sur différentes musiques comme la courante, le menuet, la bourrée, la chaconne ou la sarabande. S’ensuivent des extraits de plusieurs pièces du répertoire de Martha Graham pour le cours de danse contemporaine des deuxièmes divisions, mené par la professeure Iris Florentiny, où l’on peut retrouver la présence solaire de Naël Dimbas. Je salue ici la qualité du travail de Gaëlle Sadaune qui propose ses propres compositions musicales !

 

Démonstrations 2023 de l’École de Danse de l’Opéra de Paris – Les sixièmes divisions, cours de danse folklorique

 

Le cours de mime de Yasmine Piletta est toujours un moment poétique. Les élèves découvrent une autre façon de s’exprimer à travers leurs corps tout en interprétant des situations farfelues. Cette année, les cinquièmes divisions étaient sur des barques dans une tempête, des sirènes sortaient de l’eau, un marin tombait à l’eau puis était récupéré, des oiseaux annonçaient la terre non loin de là… À nous de finir ce rêve, nous invite Yasmine Piletta. Les quatrièmes divisions proposent la danse de caractère. Jessica Choppe, telle une Alice au pays des merveilles, nous fait voyager avec ses élèves dans des pays merveilleux comme la Pologne, la Géorgie ou encore la Hongrie. Des séries de ficelles, de frappes de mains, de contretemps talons-pointes nous donnent de l’énergie dans notre siège. Et évidemment, on ne peut pas finir sans le magnifique travail effectué par Scott Alan Prouty avec les sixièmes et cinquièmes divisions pour l’expression musicale. Chaque année, ce professeur nous fait découvrir des chansons avec des paroles revisitées pour les Petits rats, entrecoupées d’exercices traditionnels de canons et d’imitations. Les jeunes élèves ont été rejoints par les quatrièmes et deuxièmes divisions pour finir en chantant « La danse c’est notre vie« . Succès garanti !

Passé le plaisir de voir tous ces jeunes talents au travail, j’ai de façon générale eu l’impression d’assister plus à un spectacle qu’à des Démonstrations. L’on devrait rentrer plus dans l’intimité du cours, avec plus de corrections, parfois refaire un exercice plutôt que d’enchaîner d’autres bien exécutés, avec une sensation d’avoir un chronomètre qui surveille à la seconde près le temps sur scène. Évidemment que dans un grand théâtre comme le Palais Garnier, avec des spectacles qui enchaînent le soir, il est impossible de dépasser un certain temps. Mais alors pourquoi ne pas trouver un autre moment dans l’année ? Ou même peut-être penser à des cours en streaming sur la nouvelle plateforme de l’Opéra, pour découvrir encore plus en profondeur le travail passionnant des Petits rats ?

 




 

Comments (4)

  • phil

    Je pense que Karl Paquette a raison car les élèves doivent apprendre aussi à gérer les difficultés par eux-memes, cela fait aussi partie du difficile apprentissage , n’oublions pas qu’il s’agit d’une école d’ élite !

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  • Juliette

    Merci beaucoup pour cet article détaillé et très vivant, on s’y croirait !

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  • Dobigny

    Comment peux t’on assister à ces répétitions ?merci de votre réponse Ghislaine

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    • Amélie Bertrand

      @ Dobigny : ce sont des spectacles payants, à retrouver sur la billetterie de l’Opéra de Paris. Les prochaines auront lieu en décembre prochains et ne sont pas encore indiquées : guettez la présentation de la saison prochaine en mars prochain !

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