[Prix de Lausanne 2024] Rencontre avec le candidat français Sébastien Urban Vidal
Continuons notre tour des candidats et candidates françaises au Prix de Lausanne. Place cette fois-ci à Sébastien Urban Vidal (210), 16 ans, autre élève du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, actuellement en DNSP2. Il nous raconte son parcours dans la danse et ses motivations pour le Prix de Lausanne.
Tout d’abord, quel est votre chemin dans la danse ?
J’ai démarré la danse vers 7 ans, au conservatoire de Toulouse. J’y suis resté trois ans. J’ai aussi travaillé au Centre Chorégraphique de Toulouse Sandra Marrassé. Puis je suis parti à l’École Rosella Hightower de Cannes, vers 11 ans ½. Après trois ans là-bas, je suis monté à Paris, en 2022, pour le CNSMDP. J’ai fait un mois ½ en classe préparatoire, avec Sergei Soloviev. Puis je suis directement passé en DNSP1 avec Bertrand Belem. Et cette année je suis avec Laurent Novis en DNSP2. Bertrand Belem m’a vraiment fait découvrir une grande partie de l’univers technique des garçons. J’ai découvert plein de nouvelles choses. Laurent Novis est plus un travail dans la recherche d’un contrôle dans chacun de nos mouvements, afin que les bases soient totalement acquises et que la grande technique puisse être bien maîtrisée.
Et pourquoi avoir tenté le Prix de Lausanne dès maintenant en troisième année, alors que souvent les élèves du Conservatoire attendent d’être en dernière année ?
A la fin de l’année scolaire dernière, plusieurs événements m’ont fait réfléchir à ce choix. Je me suis reposé la question de quand le faire, ce que je trouverai le plus approprié. Je me suis finalement lancé dans l’aventure. C’était une bonne idée pour moi à ce moment-là.
Que vous ont dit les élèves du Conservatoire qui avaient déjà l’expérience du Prix de Lausanne ?
J’ai parlé avec Shani Obadia et Pier Abadie, ainsi qu’un ami à moi qui m’avait rapporté l’expérience de certaines de ses connaissances. Tous avaient des retours très positifs. Cela m’a poussé à y participer. Le Prix de Lausanne, c’est l’accès à un certain professionnalisme et à une ambiance très positive qui nous incitent à nous donner à fond.
Comment se sont passés ces premiers moments au Prix de Lausanne (ndlr : l’interview a été réalisée le lundi 29 janvier).
Cela a été une super journée pour moi. Cela m’a fait du bien de découvrir l’étendue des nationalités chez les candidats et candidates comme chez les professeur-e-s. C’est ce qui enrichit ma vision de la danse. Les organisateurs du Prix nous ont fait comprendre qu’il n’y avait pas de stress à avoir pendant le cours de danse, qu’il fallait s’appliquer et faire ressortir notre personnalité artistique. On a besoin d’une bonne technique, elle nous laisse la liberté de s’exprimer quand on danse. Le cours de danse classique de Julio Bocca a été très agréable, je l’ai beaucoup apprécié, notamment certains exercices à la barre. Ils étaient très simples, mais ils permettaient de nous installer sans stress, de pouvoir se sentir bien dès le début du cours. Quant aux exercices du milieu, leur technique ne nous privait pas de notre sens artistique.
Entre dire qu’il ne faut pas stresser et ne pas stresser, il y a parfois un monde. Comment y êtes-vous parvenu ?
Pour moi, je suis parti au Prix de Lausanne avec l’idée de vivre quelque chose de très joyeux. C’est une chance incroyable de pouvoir montrer l’étendue de notre danse. Il y a forcément une appréhension dans les exercices. Mais je me sens quand même moins stressé que ce que je l’imaginais, parce que tout était bien expliqué avant. Une fois que je danse, je suis dans mon monde. Je ne fais pas particulièrement attention aux autres, ni pour me démoraliser, ni pour me comparer. Bien sûr, cela fait du bien d’être à côté de Léo Weber (ndlr : aussi au CNSMDP), on se soutient, on ne se sent pas seul. Mais je reste concentré sur moi-même. On est tous différents, on a tous des qualités différentes à mettre en avant pendant les cours. Je n’ai pas d’appréhension par rapport à ça.
Et comment s’est passé le premier passage en scène pour rôder votre variation ?
J’ai passé des concours de danse en étant très jeune. Et cela m’a fait du bien de retrouver un peu cette ambiance de concours ! Notamment la chance que l’on a de pouvoir faire une variation seul en scène, sur un plateau incroyable avec un costume, devant autant de monde comme cela sera le cas pour les Sélections. Cela m’a fait vraiment plaisir d’aller à la rencontre de cette scène. Et je l’ai fait sans appréhension, parce que l’on est dans le moment présent. On n’a plus le temps de penser aux points négatifs. On se lance et on voit où ça nous mène.
Qu’avez-vous choisi comme variation ?
La variation de Siegfried du troisième acte du Lac des cygnes. J’ai demandé un peu l’avis de plusieurs professeurs avec qui je travaille très bien. Notamment Laurent Novis, mon professeur au CNSMDP, Gil Isoart ou Minh Pham à La Salle à Toulouse. Je leur avais proposé plusieurs variations. J’avais un peu plus envie de faire celle-là et ils ont été d’accord sur ce choix. Ce que j’aime dans cette variation, c’est l’attitude que l’on doit avoir. J’ai plutôt un tempérament lyrique, calme. Cette variation, elle est l’image d’un prince, sans montrer la difficulté. Il doit avoir beaucoup d’assurance. C’est un bon exercice pour moi de travailler sur la confiance et l’assurance. Et dans la technique, elle est très énergique, c’est aussi un objectif pour moi.
Comment avez-vous travaillé ?
Gil Isoart est le professeur du CNSMDP qui nous fait travailler le Prix. Il m’a énormément aidé. Il m’a apporté beaucoup, c’est ce qui m’a permis d’être plus en confiance à l’approche du concours. Minh Pham m’a fait travailler pendant les vacances, il a été très attentif. Le défi principal c’était l’attitude à avoir, l’amplitude des bras, la présence, l’interprétation d’un prince. Cela a été un travail de fond, assez long. Dans la technique, la double cabriole arrière notamment, le double tour en l’air retiré, on a beaucoup travaillé dessus. Et d’être toujours dans le contrôle ?
Et qu’en est-il pour la variation contemporaine ?
J’ai pris Urge for Going de Christopher Wheeldon. C’est vraiment un choix personnel. Elle m’a tout de suite insufflé des images qui me plaisent. Je me suis tout de suite imaginé une histoire avec cette variation, avec un panel d’émotions très variés quand je la danse. Cela a été très agréable. Du fait que je sois très grand, que ce soit une variation dans l’ensemble pas trop rapide, cela permet de prendre le temps dans chacun des mouvements.
Quels sont vos objectifs au Prix de Lausanne ?
Faire partir d’un concours comme ça, c’est en apprendre beaucoup plus sur son futur professionnel. C’est un très bel objectif d’intégrer de grandes écoles. Comme celle du Ballet de l’Opéra Paris – je l’ai tentée sans résultat quand j’étais petit – la Royal Ballet School ou l’English National Ballet School. Ce sont mes trois premiers choix.
Et vos rêves de carrière ?
Forcément, je pense au Ballet de l’Opéra de Paris, au Royal Ballet ou à l’English National Ballet. Ce que j’aime beaucoup dans ces trois compagnies, c’est qu’elles ont une belle diversité dans leur répertoire. Il y a une bonne base classique, mais il y a aussi une belle part de répertoire contemporain et néo-classique, qui pour moi enrichit vraiment ma culture dans la danse. C’est pour moi un bon équilibre dans les spectacles. J’aime beaucoup Crystal Pite, Mats Ek, Jiří Kylián ou Christopher Wheeldon. En terme de rôle, je suis un grand fan de Basilio dans Don Quichotte, par son tempérament, l’ambiance du spectacle, je trouve ça incroyable. Le lac des cygnes aussi, j’aime ce rôle de Siegfried, si intéressant à danser.
Quels sont les danseurs que vous admirez particulièrement ?
Il y en a un grand nombre ! Depuis petit, j’ai toujours été fan de Mikhaïl Barychnikov. Surtout pour sa présence sur scène, sa transformation sur le plateau. Il est tellement magnifique à voir, même sur Youtube ! Il a fait partie des raisons qui m’ont fait aimer la danse. Aujourd’hui, j’aime beaucoup Vadim Muntagirov, David Hallberg ou Hugo Marchand.
Et qu’aimez-vous dans la danse ?
Tout l’univers de la danse et du spectacle : les décors, les répétitions, monter sur scène. Je ne suis pas perfectionniste, j’aime quand les choses sont bien faites mais on ne sera jamais parfait dans la danse. C’est une voie qui me plait et qui me procure tellement démolition. La danse, c’est tellement magique !