[Prix de Lausanne 2024] Rencontre avec le candidat français Juliann Fedele-Malard
Finissons nos rencontres avec les cinq candidats et candidates françaises du Prix de Lausanne par Juliann Fedele-Malard (417), 18 ans, élève de l’Académie Princesse Grace à Monaco. Il a pris son tout premier cours de danse avec Nicolas Le Riche, est entré à l’Académie après seulement deux ans de danse. Et se projette aujourd’hui dans la vie professionnelle. Il nous raconte sa semaine de travail intensive au Prix de Lausanne.
Comment avez-vous préparé le Prix de Lausanne ?
C’est Luca Masala, mon directeur de l’Académie Princesse Grace, qui nous a préparés et ce fut intense : on a préparé le Prix en trois semaines. Ce qui était plutôt une bonne chose, avec trois semaines intenses, on ne pense qu’à ça. Moi, cela m’a aidé. En classique, je danse la variation du Grand pas de Paquita. Naturellement, je suis plutôt un prince noble. Mais Luca Masala voulait que j’ai un challenge, que je puisse me prendre en main, avoir de la hargne. Il veut quelque chose avec de la force, de l’intensité, que je prenne l’espace. Ce n’est pas ma zone de confort, j’aime naturellement ce qui est lyrique, doux de princier. Il voulait me donner un challenge pour me rendre plus fort, plus mature. Le but à Lausanne est de prendre confiance en moi, de comprendre que je vaux plus que ce que je peux penser. Je suis très reconnaissant à Luca Masala, il m’a énormément aidé à réaliser plein de choses par rapport à moi-même. Et d’apprendre comment affronter les problèmes.
En contemporain, il a choisi Urge for Going de Christopher Wheeldon. En l’occurrence, c’est quelque chose qui me représente vraiment : c’est plus lyrique, plus doux, dans la qualité du mouvement, quelque chose de grand et d’ample. C’est une variation très intéressante, très belle à voir.
Comment s’est passée cette semaine de travail intense au Prix de Lausanne ? (ndlr : l’interview a eu lieu le jeudi 1er février).
Cela s’est super bien passé. Je suis très reconnaissant d’être ici et je remercie mon directeur Luca Masala de m’avoir choisi parmi les élèves de l’Académie Princesse Grace pour participer au prix de Lausanne, c’est un honneur. Ce fut une semaine très intense. Dès que je suis arrivé, j’ai trouvé qu’il y avait une atmosphère bienveillante. C’est très intense, les journées sont chargées. mais on en apprend beaucoup.
Est-ce une pression de représenter l’Académie Princesse Grace ? Beaucoup ont remporté le premier prix lors des précédentes éditions.
Il y a forcément ce background de l’Académie à Lausanne, une école très renommée dont le potentiel est connu. On essaye, non pas de l’oublier, mais d’en faire abstraction. L’important est d’être heureux, d’y aller à fond, de ne pas avoir peur et d’en faire le plus possible.
Comment appréhender la scène pour les Sélections avec ces cinq jours de travail intense ?
Je vais juste y aller à fond et profiter du moment, parce que j’adore être en scène. C’est le but du travail.
Lors de votre dernier cours de danse avec Julio Bocca jeudi matin, toute la classe des garçons l’a chaleureusement applaudi. Comment est-il comme professeur ?
Ses classes sont très simples, basiques, cela ne change pas trop de notre travail à l’Académie en termes de port de bras ou d’épaulements. Il nous a aidés au moment de passer devant le jury, nous disant de respirer. Et puis c’est une star du ballet ! Avec mon collègue Martinho Lima Santo de l’Académie, c’était un rêve pour nous de prendre un cours avec lui, une grande chance. C’était incroyable de l’avoir en face de nous.
Quelles sont vos ambitions au Prix de Lausanne ?
Déjà d’avoir été sélectionné, c’est vraiment super. Etre en finale, c’est toujours bien, d’avoir un prix si c’est possible. Mais le but est surtout d’être vu par des directeurs et directrices de compagnies. De me montrer, d’être content de ce que je fais.
Et quelle compagnie visez-vous ?
J’aime énormément le danseur qu’était Nicolas Le Riche, alors je pense au Ballet Royal de Suède qu’il dirige. J’aime beaucoup leur répertoire, classique comme contemporain, c’est très varié. J’ai eu la chance d’y aller une semaine pour voir comment cela se passait, j’ai beaucoup aimé. J’en ai parlé un peu avec Darrion Sellman, un ancien de l’Académie qui est maintenant dans cette compagnie. Je pense aussi à l’Opéra de Paris, qui a toujours été un rêve, mais on verra. Surtout, ce que je recherche, c’est que la direction de la compagnie où je vais m’apprécie et me fasse danser. Je veux avant tout danser et être épanoui.
Qu’aimez-vous chez Nicolas Le Riche ?
C’est un Danseur Étoile incroyable ! Depuis tout petit, j’aime son élégance, sa dynamique. Surtout sa présence en scène et son courage : il prenait des risques, il y allait à fond ! Et il transmettait qu’il était si heureux en scène. Il a tout dansé, tous les grands rôles du répertoire… c’est une inspiration.
La séance de coaching avec lui avait alors un goût particulier ?
J’étais un peu stressé mais ça s’est très bien passé. Il m’a donné de bons conseils, m’a apporté des détails très spécifiques dans ma variation, d’être élégant, d’être bien coordonné avec la musique, ce qui est le plus important dans cette variation. Et d’être sûr de ce que je fais.
Comment avez-vous démarré la danse ?
Ma mère adore la danse, j’ai toujours été baigné dans cet univers. Et j’ai suivi les traces de ma demi-sœur Manon, qui a dansé au LAAC de Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta. C’est d’ailleurs avec Nicolas Le Riche, au LAAC, que j’ai pris mon tout premier cours de danse à 11 ans ! Un an plus tard, je m’y suis vraiment mis, chez moi à Aix-en-Provence, avec Frédéric Carré. J’ai pratiqué pendant deux ans, en amateur, quelques heures par semaine. Et au bout de deux ans, je suis rentré à l’Académie Princesse Grace. J’avais participé au stage d’hiver quelques mois plus tôt. À la suite de cette semaine de travail, j’ai reçu un mail de Luca Masala qui voulait me revoir pendant trois jours. On était fin février 2020, juste avant le confinement, ce qu’on ne savait pas encore… J’y suis allé, et après ces trois jours, j’ai été pris. J’ai intégré l’Académie Princesse Grace à la rentrée d’août 2020.
Passer d’un rythme amateur à un sport-étude intensif, cela n’a pas été trop dur ?
C’était dur d’être partie de ma famille à 14 ans, même si elle n’était pas loin. Je ne rentrais pas chez moi le week-end, on était encore en pleine période du Covid, mais ma mère est venue plusieurs fois. Mais je me suis très vite intégré, c’est un comme une famille là-bas. Physiquement, cela n’a pas été trop dur. J’en voulais, j’étais très motivé. Scolairement, ce fut compliqué au début, je suis rentré en classe de seconde. À l’Académie, c’est d’abord la danse et les études pendant les trous. Mais je me suis bien débrouillé au final, on se débrouille pour en faire le maximum. J’ai eu mon bac l’année dernière, je peux donc consacrer ma dernière année à l’Académie à la danse, c’est super.
À l’Académie Princesse Grace, votre professeur au quotidien est Carsten Jung, autre grand danseur. Que vous apporte-t-il ?
Je l’aime beaucoup. Il n’est pas qu’un professeur, il se soucie de nous, il est très à l’écoute en dehors des classes, on peut venir lui parler. En classe, il nous donne énormément de conseils, c’est un très bon professeur.
Pourquoi aimez-vous la danse ?
La danse, c’est magique ! La danse, cela me représente. Je ne me vois pas ailleurs. C’est là où je me sens bien. Cela me permet d’exprimer mes émotions, me fait voyager et rêver. Mon rôle de rêve ? Le prince dans La Belle au bois dormant, quitte à être banal. Cela me représente.
Isa
J’espère qu’il sera récupéré par l’école de danse de l’Opéra !
Qu’il y fasse ses preuves !
Peut-être qu’il n’atteindra pas le niveau requis pour entrer dans la troupe…
Mais son physique le rend digne du plus grand intérêt…!