Rencontre avec Bleuenn Battistoni, nouvelle Danseuse Étoile du Ballet de l’Opéra de Paris
Bleuenn Battistoni a été nommée Danseuse Étoile du Ballet de l’Opéra de Paris le 26 mars dernier, après une représentation de La Fille mal gardée où elle dansait le rôle principal de Lise. Une nomination attendue, pour une jeune danseuse de 25 ans, au parcours régulier, qui n’a eu de cesse depuis la fin du Covid d’étonner et d’enthousiasmer dans des rôles très différents. Bleuenn Battistoni raconte à DALP son regard sur cette nomination, ses envies de carrière ou son travail sur Giselle, dont elle danse le rôle-titre en mai au Palais Garnier.
Vous avez été nommée Danseuse Étoile le 26 mars dernier. Comment vous sentez-vous dans ce nouveau rôle, quelques semaines après cette soirée si particulière ?
Je commence à le réaliser, cela s’ancre de plus en plus. Et je le vis très bien (sourire), la joie de cette belle nouvelle domine la pression de ce nouveau poste. La pression de faire les premiers rôles, je l’avais déjà en étant distribuée sur Lise puis sur Giselle. Et je me sentais prête, je sentais que cela me convenait de travailler des premiers rôles, d’être dans cette position de soliste dans le Ballet. Je me sens heureuse d’être arrivée à cette place, de pouvoir m’y développer et de sentir que cela me convient.
Comment avez-vous travaillé le rôle de Lise ? Vous aviez su assez en avance que vous seriez sur ce ballet.
Lise n’est pas forcément un rôle dans lequel je m’imaginais, même si j’avais envie de l’aborder dans l’absolu et que je préférais le découvrir jeune. C’est un rôle assez difficile, assez essoufflant, on est toujours en scène. Dans le travail, c’est comme pour tout : on apprend et on construit petit à petit, en travaillant en même temps la technique et l’artistique pour que cela marche vraiment. Pour ce qui est du personnage, on me disait que j’étais trop chic, un peu trop demoiselle pour le rôle. j’ai dû travailler pour essayer de gommer un peu les réflexes de port de tête et de forcer le trait humoristique pour donner un contrepied. Je n’ai probablement pas fait une Fille mal gardée sans élégance, parce que ça n’aurait pas été dans mon ADN. Je me suis adaptée au rôle et j’ai un peu adapté le rôle à moi. Et je trouve ça intéressant de proposer une interprétation qui n’est pas celle de tout le monde, que chacune puisse amener sa propre personnalité à un rôle.
Vous avez finalement dansé avec Marcelino Sambé, Étoile du Royal Ballet. Et vous êtes allée travailler le ballet à Londres, avec les interprètes d’origine. Comment se sont passés ces quelques jours ?
Évidemment, quand on arrive au Royal Ballet, c’est forcément la lune de miel : on trouve tout incroyable ! Mais quand Marcelino Sambé est venu à Paris, il a tout trouvé incroyable lui aussi. Cela nous rappelle que dans chaque compagnie, il y a des choses bien qui peuvent nous inspirer, et des choses moins bien. Prendre le cours dans une autre compagnie est toujours intéressant, pour voir comment on travaille ailleurs. Pour les répétitions, Lesley Collier nous a coachés et cela reste un souvenir génial. Cela n’a duré que deux jours mais on a tout passé devant elle. Elle est très positive. Chez Frederick Ashton, il y a beaucoup d’épaulements, de “bend” comme ils disent (plié du buste). Il faut y aller dans la technique et le personnage, chercher à se fatiguer et ne pas être délicat dans tout ce que l’on fait, C’est comme cela que l’on arrive à être juste.Je l’ai un peu appris auprès de Marcelino Sambé aussi. Nous n’avons pas du tout la même énergie, il en a beaucoup alors que je suis beaucoup plus calme. Et cela fonctionnait très bien, même au niveau de la façon de gérer le stress, cela nous équilibrait tous les deux. Côtoyer quelqu’un qui a beaucoup d’énergie et de positivité m’a donné beaucoup d’entrain, c’était très agréable, cela pousse à donner encore plus.
Se projette-t-on dans une possible nomination quand on est bien distribué comme cela ?
Je n’avais pas imaginé que ma nomination d’Étoile se passerait sur La Fille mal gardée. Nous étions plusieurs jeunes danseuses, de mon grade ou en dessous, à être distribuées sur Lise. C’est aussi un rôle moins mythique que celui de Giselle qui arrivait juste après. Et puis au niveau de mon évolution personnelle, je me disais que cela arriverait la saison prochaine. Je ne me suis donc pas projetée avec cette nomination pouvant arriver sur ce rôle. Et puis être bien distribuée est une preuve de confiance, on peut l’interpréter comme un signe d’une prochaine nomination… ou pas. On n’en sait rien, ce n’est pas un sujet que l’on aborde de face avec son directeur. La préparation de La Fille mal gardée s’est déroulée de façon chamboulée pour moi, avec un changement de partenaire, deux semaines de répétitions seule ou avec un autre danseur pour travailler les pas de deux. L’arrivée de Marcelino Sambé s’est décidée un peu au dernier moment, je suis partie à Londres, je suis revenue, on a fait le spectacle… Je n’ai pas eu le temps de réfléchir. J’avais juste en tête de me concentrer pour faire un bon spectacle dans des conditions qui n’étaient pas forcément des plus confortables.
Qu’avez-vous pensé quand José Martinez est monté en scène, le soir du 26 mars ?
Une partie de moi s’est dit qu’il allait remercier l’Étoile invitée… Et l’autre que ça allait être pour moi (sourire). C’était un peu particulier. Sous couvert d’un personnage, j’adore prendre la scène et mener un ballet, je me sens bien dans ce rôle. Mais en tant que personne, je ne suis pas quelqu’un qui aime avoir beaucoup d’attention sur soi. Alors quand José Martinez est arrivé en scène, il y avait le choc et l’émotion de la nomination, mais aussi le fait que tout le monde me regardait… J’étais presque intimidée par la situation. Chaque fois que je voyais une nomination d’Étoile, je me mettais à pleurer, alors j’ai toujours pensé que, pour la mienne, ça serait encore pire ! (rires). Mais au final, j’étais plus sous le choc, de la nomination et des projecteurs sur moi. J’ai pensé à ma meilleure amie qui était dans la salle, à mes parents qui n’y étaient pas mais qui étaient présents à la représentation d’avant, et qui ont su très vite ma nomination par les réseaux sociaux. Je suis contente d’avoir eu ensuite un dernier spectacle de La Fille mal gardée en tant qu’Étoile, pour passer ce cap du premier spectacle. Mentalement, ce n’était pas évident d’y retourner avec ce nouveau titre, c’était très frais et je n’avais pas forcément beaucoup dormi entre les deux représentations.
Revenons un peu en arrière, au Concours de promotion de novembre 2022. José Martinez, votre nouveau directeur, est dans la salle. Et vous passez Première danseuse. Comment avez-vous vécu ce jour si particulier ?
Tout d’abord, j’ai adoré la période de préparation, je m’y suis vraiment épanouie et ce n’est pas toujours le cas pour le Concours de promotion. Dès le début, j’hésitais en variation libre à prendre La Belle au bois dormant (ndlr : dans la version de Rosella Hightower) et Études de Harald Lander. Cette dernière a finalement été choisie pour l’imposée. Je travaillais donc deux variations très difficiles, qui représentaient un gros challenge, mais que j’avais envie de danser et que je sentais être dans mes capacités. Clairemarie Osta était notre professeure de classe et tout s’est formidablement bien passé avec elle. Je la connais depuis mon année au CNSMDP où elle était directrice. Et nous n’étions que huit dans cette classe, cela a permis un véritable travail de coaching. Quant au résultat de passer Première danseuse, il m’a fallu finalement plus de temps pour le réaliser que ma nomination d’Étoile. Mon rythme de travail a vraiment changé, cela a demandé plus d’adaptation.
Sous couvert d’un personnage, j’adore prendre la scène et mener un ballet. Mais en tant que personne, je ne suis pas quelqu’un qui aime avoir beaucoup d’attention sur soi.
On parle souvent de la difficulté de la solitude des solistes par rapport au quotidien du corps de ballet. Vous l’avez ressentie ?
Un peu, parce que ce sont deux aspects différents du métier. Mais je suis assez solitaire dans ma personnalité, j’aime le côté solitaire du travail. Cela me convient bien de travailler seule la plupart du temps, de savoir gérer mes nerfs, contrôler les éléments, ma façon de réagir aux choses sur scène. Même s’il faut s’habituer à ne plus être avec ses ami-e-s en répétition. J’ai mis du temps à avoir ma loge, je suis donc restée pendant quelques mois dans une grande loge avec le corps de ballet. J’ai ainsi eu une phase de transition dans la routine. Depuis janvier, j’ai une loge de soliste que je partage avec Alice Catonnet.
Comment avez-vous géré cette envie de solitude dans le travail pendant vos années de corps de ballet ?
Le cours du matin reste un travail personnel. Et j’ai continué à travailler des variations, même hors des périodes du Concours de promotion. J’ai eu pas mal de phases où je ne dansais pas un gros classique mais plutôt des petites productions, ce qui peut laisser du temps pour ce travail. Quant à danser dans le corps de ballet, c’est une habitude à prendre de danser avec les autres. Mais il faut garder en tête que, quand on danse Le Lac des cygnes par exemple, chaque cygne pourrait être Odette. Il y a donc une recherche personnelle qui n’est pas inintéressante, même si c’est évident que c’est plus difficile parce que l’on doit s’adapter au groupe. Mais il faut essayer de faire ce travail, travailler ses bras de cygnes ou trouver la posture de Giselle.
Vous avez eu plusieurs opportunités depuis la fin de la crise du Covid. Avez-vous senti qu’à un moment, les choses s’accéléraient ? Dans vos distributions ou votre travail.
Depuis la fin du Covid, j’ai eu la chance d’avoir des opportunités régulières et qui étaient toujours adaptées à ce que j’étais capable de faire. Je n’ai pas eu trop tôt des rôles trop durs qui auraient pu me mettre en danger, qui m’auraient demandé des choses auxquelles je n’étais pas encore prête. J’ai ainsi pu m’y épanouir. La saison dernière, j’ai dansé la Maîtresse de Lescaut dans L’Histoire de Manon et Mitzi Caspar dans Mayerling de Kenneth MacMillan, deux rôles de caractère qui ne sont pas naturellement pour moi, mais qui m’ont fait énormément progresser. Puis il y a eu The Dante Project de Wayne McGregor où j’ai senti que je pouvais bouger d’une manière différente et que ça m’intéressait aussi. Cet été, j’ai dansé mon premier grand rôle au Chili, celui d’Odette/Odile, en répétant avec Julio Bocca. Je me sentais prête dans ma tête à danser un ballet en trois actes, mais c’est un gros cap à passer de le faire en vrai. Cela m’a conforté dans ma position de soliste. Cette saison, dans la soirée Jerome Robbins, j’ai dansé un ballet très comique (The Concert) et un pas de deux très dramatique (In the Night), deux choses très différentes. À chaque fois, je sentais que j’explorais un nouveau registre dans lequel j’avais des choses à dire et que j’aimais ça. Je n’ai donc pas un moment précis où j’ai pu sentir que les choses s’accéléraient, j’ai plutôt découvert de nouvelles choses étape par étape. J’ai ouvert un pétale après l’autre.
Un mois après votre nomination d’Étoile, vous avez fait vos débuts dans le rôle-titre de Giselle (ndlr : le 29 avril lors de l’avant-première jeune). Comment avez-vous préparé ce ballet ?
J’ai travaillé avec Marc Moreau et nous avons été coachés par Agnès Letestu. On a vraiment cherché à trouver le naturel, le maître mot de notre préparation : trouver une interprétation et un jeu qui soient si naturels que l’on oublie qu’il y a la danse, que ce soit l’histoire amène les pas et la technique.
Quelle est votre vision de ce ballet et de ce rôle ?
Je trouve que Giselle a deux dynamiques vraiment différentes entre les deux actes. L’acte I, c’est l’acte de Giselle, tout est vu à travers ses yeux. Si c’était perçu à travers Albrecht, ça n’aurait pas été la même chose, ni la même chorégraphie, ni les mêmes passages montrés. C’est à travers son point de vue que tout se déroule, la fin en est d’autant plus déchirante : on la voit se sentir de plus en plus en confiance avec Albrecht puis être complètement détruite. Alors que l’acte II est plus celui d’Abrecht. Cela ouvre la possibilité de se demander si tout cela est réel ou pas. Il s’agenouille à côté d’une tombe, se réveille à côté : on ne sait pas vraiment ce qui s’est passé. Pour moi, c’est dans la tête d’Albrecht que Giselle revient. Elle a un aspect très désincarné. Et pendant tout le début de l’acte II, ils ne se voient pas. La chorégraphie est très bien faite dans ce sens : Giselle est toujours à côté ou devant, mais à aucun moment elle ne voit vraiment les yeux d’Albrecht. Cela arrive au fur et à mesure de l’acte, comme si Albrecht, petit à petit, avait l’impression que Giselle le regardait et se laissait emporter par son rêve.
Quelles ont été les grandes professeures de danse qui vous ont suivi toute votre carrière ?
Ma toute première professeure était Guillemette Meyrieux, dans son école de danse près de Lyon, là où je vivais. Elle m’a suivie quand j’ai commencé la danse à 4 ans jusqu’à ce que je rentre au CNSMDP à 14 ans. Elle m’a appris les bases et la rigueur. Cela m’a servi. Dans le milieu, si on n’a pas la rigueur, on n’évolue pas, c’est l’une des premières leçons que l’on peut apprendre et l’une des plus importantes. Au CNSMDP, Christa Charmolu, ma professeure de classe, m’a beaucoup appris et m’a beaucoup fait progresser en un an, ma première année en sport-étude. J’étais rentrée au CNSMDP dans le but d’intégrer l’École de Danse, elle connaissait l’Opéra et m’a vraiment formée dans ce sens. À l’École de Nanterre, j’ai suivi les classes de Fabienne Cerutti, Fanny Gaïda et Carole Arbo, qui m’ont toutes apporté quelque chose même si je n’ai pas travaillé en particulier avec elles. En rentrant dans le Ballet, j’ai travaillé avec Éric Camillo qui m’a permis de trouver une forme de continuer entre l’École et la compagnie. En rentrant dans le Ballet, on cesse d’avoir une professeure qui nous corrige tout le temps en cours, c’est un peu un choc au début et c’était important d’avoir une personne qui fasse ce lien. Enfin, il y a Élisabeth Maurin, avec qui je travaille depuis ma première division.
Qu’appréciez-vous chez cette professeure ?
Élisabeth Maurin est cérébrale. Ce n’est pas évident quand on n’a pas l’habitude de travailler avec quelqu’un qui pousse autant dans la réflexion sur un pas. Elle va vraiment prendre une séquence et la décortiquer au point d’avoir l’impression qu’on ne sait plus mettre un pied devant l’autre. Mais c’est ce qui permet pour moi de revoir la coordination, d’en trouver une autre, parce que celle que l’on a n’est pas forcément la plus appropriée pour un pas, et de la rendre naturelle. Techniquement, j’aime sa manière d’aborder la difficulté. Elle l’aborde comme un homme pourrait le faire : en se donnant les moyens d’y arriver et non pas à chercher en premier lieu à être jolie. D’abord on cherche à faire le pas, puis on le rend élégant avec les épaulements. Cela aide à ne pas être inhibée par les difficultés. Artistiquement, elle est passionnante car elle cherche toujours à revenir à la base : pourquoi fait-on un pas, comment on le fait, que veut-on dire. Et à en enlever tous les maniérismes que l’on a à force de voir des vidéos de danse, de voir d’autres faire comme ceci, d’y intégrer des tics. On revient à quelque chose de pur, dans la manière d’aborder la technique comme un personnage.
Quelles sont vos envies de rôle dans les prochaines années ?
J’ai plus de 15 ans de carrière devant, j’ai ainsi la chance de pouvoir me dire que je pourrais interpréter tous les rôles, petit à petit, les grands classiques comme les plus interprétatifs ou le répertoire contemporain. Je danserai très probablement Aurore la saison prochaine. La Belle au bois dormant, c’est le premier ballet que j’ai vu petite à l’Opéra de Paris. Aurore est un rôle si particulier, qui me fait rêver par sa pureté et son classicisme. Même si l’argument est moins profond que sur d’autres ballets, il demande une énorme qualité de travail. Et puis la musique est fantastique ! J’ai aussi vraiment envie de danser des rôles plus dramatiques. Je ne sais pas quand Roméo et Juliette revient, mais c’est un personnage qui me fait vraiment envie. Onéguine également, La Dame aux camélias, j’ai tellement regardé la vidéo avec Agnès Letestu et Stéphane Bullion quand j’étais petite ! Si j’ai la chance de travailler avec Mats Ek, ce serait aussi incroyable. Aujourd’hui, je ne suis pas forcément sur les productions les plus contemporaines. Ce n’est pas que ça ne m’intéresse pas, mais on ne peut pas tout faire. Le processus de création reste quelque chose que j’aimerais bien vivre, même si je n’ai pas forcément de nom particulier qui me vient en tête.
Pourquoi aimez-vous la danse ?
Ce qui m’a poussé petite, et qui me pousse toujours tous les jours, c’est l’aspect méditatif du travail. Les cours de danse sont répétitifs mais je ne le ressens pas du tout. Cela me plaît d’avoir cette structure qui revient toujours d’une manière ou d’une autre, ce côté kinesthésique de me laisser un peu immerger, de pouvoir être à ce point dans l’intériorité, la réflexion sur ce que je fais, ressentir mon corps, trouver de nouvelles manières de le ressentir. C’est passionnant.
Ce qui me porte maintenant, et de plus en plus, reste le travail d’un rôle, les réflexions sur un personnage et une interprétation. Qu’est-ce que ce rôle peut nous dire ? Comment va-t-il m’apporter quelque chose ? Se laisse aller, arriver à être complètement submergée par un personnage, par les émotions que le personnage ressent, puis sortir en coulisse ou se retrouver sur le côté du studio et revenir à la réalité… C’est fou de pouvoir vivre ça tous les jours, et que ce soit notre métier ! Cette sensation est incroyable.
Bleuenn Battistoni danse le rôle-titre de Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot, aux côtés de Marc Moreau (Albrecht), les 4, 14, 16 mai au Palais Garnier. Puis dans Le Lac des cygnes de Rudolf Noureev d’après Marius Petipa, dans le rôle d’Odette/Odile aux côtés de Mathias Heymann (Siegfried) : les 24, 27 et 30 juin à l’Opéra Bastille.
Jadjem
Une belle personne. La grâce de la danseuse qui ne se met en avant de son rôle, une interprète qui honore la danse dans et par le rôle.