Le Ballet de Leipzig prend un nouveau départ
Située en Saxe, Leipzig, ville allemande, fait surtout parler d’elle en ce moment en raison de l’Euro 2024. Mais jusqu’au 29 juin, se tient également Leipzig Tantz !, un festival international de danse dont la programmation a été confiée à Rémy Fichet. Celui qui prendra officiellement ses fonctions de Directeur du Ballet de Leipzig en septembre 2024 a choisi de réunir des esthétiques très diverses pour montrer la place accordée à cet art dans cette ville allemande fortement imprégnée d’une culture musicale. Distante de 150 km de Berlin, Leipzig, classée au 4e rang des villes les plus agréables à vivre en Europe en 2023, mérite d’être découverte aussi pour son Ballet. Avec la nomination de Rémy Fichet, la compagnie ouvre un nouveau chapitre de son histoire entre respect de la tradition et évolution esthétique.
Sur la vaste Augustusplatz, place principale de Leipzig, aux portes de l’Altstadt (centre historique), se dresse l’Oper Leipzig en miroir du Gewandhaus, la salle de concerts qui abrite un Orchestre ainsi que deux chœurs. Reconstruit à la fin des années 1950 par l’architecte Kunz Nierade après la destruction du précédent par les bombardements (seul un buste de Richard Wagner exposé dans le foyer y a réchappé) et inauguré en 1960, l’Opéra se présente comme un édifice au classicisme soviétique et au charme un peu suranné : vastes espaces et foyer baignés de lumière, escaliers imposants, lustres en cristal en forme de pompons de pissenlit, belle salle de 1.240 places. Bienvenue dans la maison du Ballet dirigé depuis peu par le Français Rémy Fichet. Nommé en novembre 2023, il prendra officiellement ses fonctions en septembre 2024.
L’Opéra de Leipzig s’inscrit dans une longue tradition de plusieurs siècles de théâtre musical. Employant près de 680 employés, il s’agit de la plus grande entreprise culturelle de la ville. Leipzig est bien sûr connu pour son solide patrimoine musical (Bach, Mendelssohn, Mahler, Schumann…). Mais la ville entretient aussi un lien privilégié à la danse. Son Ballet, dont les origines remontent également au XVIIe siècle, est devenu l’une des principales compagnies allemandes sous l’impulsion du chorégraphe Uwe Scholz, qui le dirigea de 1991 jusqu’à sa mort en 2004. Si l’on a peu vu ses œuvres en France ces dernières années, si ce n’est au Ballet du Rhin, il n’en reste pas moins l’un des grands noms de la danse allemande du XXe siècle. Puis c’est Mario Schröder, chorégraphe, ancien soliste de la compagnie et interprète de Uwe Scholz, qui prend les rênes de la troupe en 2010. Sur le départ en septembre prochain, il est remplacé par le français Rémy Fichet. C’est au sein de cette compagnie que ce dernier a mené sa carrière de danseur, atteignant le grade de Soliste. À partir de 2008, il a rejoint l’équipe administrative en étant planificateur et coordinateur de projets, puis directeur de production depuis 2012. Il a apporté un soin tout particulier au suivi médical des danseurs et danseuses de la troupe, tout en restant soucieux de l’émergence d’une nouvelle génération de chorégraphes, celle-là même qu’il va continuer à promouvoir dans sa programmation maintenant qu’il occupe le poste de Directeur. Le projet d’une compagnie junior est également à l’étude.
Aujourd’hui, 40 danseuses et danseurs d’une vingtaine de nationalités évoluent au Ballet de Leipzig, dont le Français Carl van Godtsenhoven, soliste depuis 2016. Et la saison 2024-2025, élaborée par Rémy Fichet, s’annonce passionnante. N’étant pas chorégraphe, à la différence de son prédécesseur Mario Schröder, il a choisi d’inviter différents créateurs de la scène internationale. Comme Lauren Lovette, chorégraphe néoclassique américaine saluée par la critique new-yorkaise qui présentera sa vision de Roméo et Juliette (l’un des événements de la scène européenne la saison prochaine) ou Martin Chaix qui s’attaquera au conte japonais, La Princesse de la Lune. Autre point fort de cette saison, la valorisation du répertoire chorégraphique de la compagnie avec la reprise de deux pièces d‘Uwe Scholz réunies sous le titre Symphonies Scholz à l’occasion des vingt ans de sa disparition en novembre 2024. Préparer l’avenir sans insulter le passé. De ce maître, il garde une façon d’écouter la musique qu’il tient absolument à continuer de transmettre.
En attendant, place au festival Leipzig Tantz !, mené par Rémy Fichet, qui a démarré le 21 juin et court jusqu’à la fin du mois. On y a vu l’Akram Khan Company, le Ballet Maribor de Slovénie avec Peer Gynt créé par Edward Clug. Place aussi à un Gala qui réunit des interprètes du Ballet de Leipzig et des artistes internationaux que l’on connaît bien comme Ludmila Pagliero, Mathieu Ganio et Audric Bezard du Ballet de l’Opéra de Paris. Le tout se conclura avec Giselle, la dernière création de Mario Schröder. Le Leipzig Tantz ! fut aussi l’occasion de revoir Piotr Ilitch Tchaikovsky, surprenante pièce biopic du chorégraphe espagnol Cayetano Soto, connu en France par des créations au Capitole de Toulouse et une invitation au Temps d’Aimer à Biarritz. Découverte lors de notre séjour à Leipzig en mars, cette pièce au vocabulaire très débridé et imaginatif met remarquablement en valeur les qualités des interprètes de cette compagnie. Tous se coulent avec aisance dans cet univers très sombre et adoptent ce style très physique caractérisé, entre autres, par des pas de deux complexes. Une performance qui nous a donné envie de suivre un peu mieux cette compagnie. Peut-être un peu trop éloignée de la France pour un aller-retour express, Leipzig n’en reste pas moins une étape très agréable en Allemagne, après un ballet à Berlin ou Hambourg par exemple. Le Ballet de Leipzig, nouveau point de chute à ne pas manquer en Europe sur la carte des Balletomanes ? Peut-être bien.
Le festival Leipzig Tantz ! jusqu’au 29 juin.
La saison 2024-2025 du Ballet de Leipzig
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