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[Exposition] « Planète(s) Decouflé » au Centre National du Costume et de la Scène

Le Centre National du Costume et de la Scène s’est mis de la plus belle des façons à l’heure olympique. Sa directrice Delphine Pinasa a eu l’idée d’une exposition consacrée au chorégraphe français Philippe Decouflé, qui révolutionna l’esthétique des cérémonies olympiques lors des Jeux d’Albertville en 1992. Mais c’est aussi un prétexte pour s’arrêter sur l’œuvre monumentale d’un chorégraphe résolument ludique, alliant exigence artistique et projets populaires. Sous la direction bienveillante de Philippe Noisette, commissaire de l‘exposition, Planète(s) Decouflé nous plonge dans un parcours stellaire et coloré.

 

Planète(s) Decouflé au Centre National du Costume et de la Scène – Costumes de Sombrero (2006) de Philippe Guillotel et Jean Malo

 

Les plus anciens d’entre nous se souviennent évidemment du choc de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver d’Albertville. Ce 8 février 1992, 2 milliards de téléspectateurs et téléspectatrices découvrent en mondiovision un spectacle époustouflant. 600 danseuses et danseurs sont réunis sous la direction de Philippe Decouflé qui invente un spectacle majuscule : des chorégraphies stupéfiantes, des costumes à couper le souffle, une inventivité de tous les instants. Finies les parades tristounettes dans les stades, le chorégraphe vient d’inaugurer une nouvelle forme. Depuis, les villes qui accueillent les Jeux Olympiques tentent de rivaliser avec ce geste fondateur. Et la cérémonie fastueuse que l’on nous promet à Paris sur la Seine, sous la direction du metteur en scène Thomas Jolly avec le soutien de la chorégraphe Maud Le Pladec, est l’héritière de ce geste initial d’Albertville.

Ce fut pour Philippe Decouflé une célébrité mondiale instantanée, qui fut à la fois une chance formidable et une malédiction dont il a su très bien se défaire. Car si on le réclamait aux quatre coins du monde, c’était pour refaire en quelque sorte Albertville 1992. Or, le travail du chorégraphe va bien au-delà de ce show, aussi magique fut-il. « Philippe Decouflé est une étoile dans le monde des danseurs et chorégraphes contemporains des années 1990« , écrit ainsi Dominique Hervieu, la directrice culture Paris 2024 en préface du catalogue de l’exposition, « par sa sincérité et son génie créateur dans un registre majoritairement ludique… »

 

Planète(s) Decouflé au Centre National du Costume et de la Scène – Costumes d’Octopus (2010) de Jean Guillotel

 

Restait à mettre en forme, pour l’exposition Planète(s) Decouflé au Centre National du Costume et de la Scène, une œuvre riche de 35 pièces. « Je savais qu’il y avait une matière », explique Philippe Noisette, commissaire de l’exposition. « Philippe Decouflé depuis le début, depuis Codex (1986) et même avant fait appel à des couturiers, des costumiers. Et je savais aussi que la compagnie jouerait le jeu, avec des images, avec du son car Philippe Decouflé a très vite intégré des images ». Aucune exhaustivité dans l’exposition. « L’état de certains costumes ne le permettait pas. Ce fut un crève-cœur mais on a dû laisser certaines pièces de côté ». Pas davantage de chronologie : « La question ne s’est pas posée. On a davantage joué sur les surprises« .

Et l’exposition n’en manque pas ! Que l’on ait suivi la carrière du chorégraphe depuis ses débuts ou qu’on le découvre au CNCS de Moulins, l’exposition est un voyage qui se décline en planètes selon la belle idée de Philippe Noisette, regroupant des thématiques poétiques et nécessairement colorées. Marco Mencacci a imaginé une scénographie très épurée qui fait surgir les costumes. Et si l’on en doutait, ce superbe parcours montre à quel point le costume est dans la matrice du processus créatif de Philippe Decouflé. Depuis ses débuts, il est fidèle à ses collaborateurs : Philippe Guillotel et Jean Malo, Laurence Chalou et Charlie Le Mindu, dont le travail constitue l’essentiel de ce qui est présenté. Les deux artistes ont accompagné intimement Philippe Decouflé depuis 1983.

 

Planète(s) Decouflé au Centre National du Costume et de la Scène – Costumes de Tricodex (2003) de Philippe Guillotel

 

Ce sont ainsi plus d’une centaine de costumes que l’on peut admirer au CNCS de Moulins. Mais il faut aussi s’immerger dans les projections vidéo qui remettent une partie de ces costumes en mouvement. Philippe Decouflé est résolument un artiste des années 1980 si fertiles. « La danse est devenue mon vocabulaire mais je pense pouvoir dire que ce n’est pas le seuil. Tous les arts de la scène m’intéressent. Il y a un réel croisement d’influences et d’idées », estime le chorégraphe. Ce parcours dans la galaxie Decouflé témoigne de la vivacité de son esthétique qui ne cesse de se renouveler pour créer toujours de nouveaux spectacles.

Il fallait pour finir faire un sort le meilleur possible aux costumes d’Albertville 1992. C’est dans la toute dernière salle que l’on se replonge dans cet univers aux couleurs de la Savoie avec un dispositif sur deux niveaux qui en met plein les yeux et où s’entrecroisent les costumes dessinés par Philippe Guillotel. Séquence nostalgie pour certains mais émerveillement assuré pour tous 

 

Planète(s) Decouflé au Centre National du Costume et de la Scène – Costume de débouleuse de Philippe Guillotel pour les JO d’Albertville (1992)

 

Exposition Planète(s) Decouflé, de Marco Mencacci (scénographie) et Philippe Noisette (commissaire de l’exposition), avec les costumes de Jean Malo, Philippe Guillotel, Laurence Chalou et Charlie Le Mindu. À voir jusqu’au 5 janvier 2025 au Centre National du Costume et de la Scène de Moulins.

 

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