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Les Plumes d’or de la saison 2023-2024 sont attribuées à…

La saison Danse 2023-2024 s’est terminée ! Place alors à nos traditionnelles Plumes d’or. Les coups de cœur, les découvertes, les spectacles marquants, les interprètes formidables… Notre bilan de la saison écoulée à travers les Plumes d’or de la rédaction.

 

Les Plumes d’or de la saison 2023-2024 sont attribuées à…

 

Les Plumes d’or d’Amélie Bertrand

Plume d’or du spectacle de danse classique – La série de Giselle à l’Opéra de Paris. Entre l’époustouflante Sae Eun Park, les adieux si émouvants de Myriam Ould-Braham et la reine Marianela Núñez, je ne peux pas choisir.

Plume d’or du spectacle de danse contemporaine – Assembly Hall de Crystal Pite et Jonathon Young par la compagnie Kidd Pivot. Même si on ne comprenait pas tout, cette danse théâtre était saisissante et vraiment unique. Également nommé : le magistral Voice of Desert de Saburo Teshigawara.

Plume d’or du spectacle de cirque – La saison fut très riche ! Si je ne dois en choisir qu’un, ce sera le si personnel, poétique, absurde et fantasque À Ciel ouvert du Cirque Aïtal, vu au festival Circa. 

Plume d’or de la nouvelle production que l’on veut revoir souvent Coppélia d’Alexeï Ratmansky pour la Scala de Milan, sans aucune rivale. Intelligente, si belle et d’une vitalité nouvelle.

Plume d’or de l’ancienne production qu’on ne veut plus voir – Casse-Noisette de Rudolf Noureev. On est d’accord que le vieil oncle de 50 ans qui fantasme sur une petite fille de 12 ans, que tout le monde trouve ça normal, le monde peut s’en passer ? 

Plume d’or de la tendance que l’on ne veut plus voir – Faire participer le public. Ce n’est plus disruptif, c’est juste lassant, limite pénible.

Plume d’or de l’ego sur la table – Liberté cathédrale de Boris Charmatz (doublé d’un gros malaise), avec pas très loin Art.13 de Phia Ménard.

Plume d’or de la danseuse – Sae Eun Park, magistrale dans tous ses rôles. Une immense artiste.

Plume d’or du danseur – Riku Ota, une magnifique saison où l’Étoile du Ballet de Bordeaux, après le Covid et des blessures, a pu enfin donner la pleine mesure de son talent.

Plume d’or de la performeuse – Manon Santkin dans Rush de Mette Ingvartsen. Il faut le voir pour le comprendre.

Plume d’or du jeune fougueux bondissant – Emile Gooding, élève de la Royal Ballet School (entré dans le Ballet en fin de saison) lors du Gala des Écoles de Danse du XXIe siècle. Déjà l’âme d’un grand soliste dans le terrible Rhapsody de Frederick Ashton où il avait l’air de beaucoup s’amuser.

Plume d’or de la révélation chorégraphique – Brett Fukuda, danseuse au Ballet du Rhin, que l’on a découverte chorégraphe cette saison avec sa brillante création Muse Paradox.

Plume d’or de la découverte d’une compagnie – le Hessisches Staatsballett, compagnie allemande commune aux villes de Wiesbaden brillante et moderne, vue au Temps d’aimer la danse.

Plume d’or de la musicalité – Megan Fairchild dans Duo Concertant de George Balanchine lors de la tournée londonienne du NYCB.

Plume d’or de la musicalité problématique – Les différents chefs d’orchestre qui ont accompagné le Ballet de l’Opéra de Paris cette saison, qui ne semblaient décidément pas comprendre qu’il y avait des danseurs et danseuses en face d’eux.

Plumes d’or des costumes – Ceux de Jérôme Kaplan pour L’Enfant et les Sortilèges de Jean-Christophe Maillot pour les Ballet de Monte-Carlo. Un enchantement de bout en bout.

Plume d’or des adieux – Ceux de John Neumeier au Ballet de Hambourg. Un spectacle de 6h après 51 ans de direction, il a plié le game.

 

Les Plumes d’or de Claudine Colozzi

Plume d’or du spectacle – Cabaret de l’exil – Femmes persanes de Bartabas. C’est peut-être le plus réussi des trois volets, le plus émouvant aussi. Il déroule le fil de la thématique de l’exil avec tout l’art qui est le sien. Un « spectacle total qui conduit l’art équestre à des sommets artistiques sans pareil« , a écrit mon confrère Jean-Frédéric Saumont. Je valide à 200 %. Le spectacle est repris la saison prochaine. Courrez-y !

Plume d’or de l’interprète féminine – Léonore Baulac. Je ne sais pas ce qu’il en était des deux autres distributions à part ce que j’ai lu sur Koharu Yamamoto. Mais au côté de Takeru Coste (impressionnant), l’Étoile m’a époustouflée dans Barbe-Bleue de Pina Bausch. Ce qu’elle dégage sur scène est vraiment à la hauteur du rôle. Assise au parterre, je n’ai rien manqué de ses yeux écarquillés d’effroi. Plus tôt dans la saison, dans The Concert de Jerome Robbins, elle était irrésistible de drôlerie en diva capricieuse.

Plume d’or de l’interprète masculin – Steven Mac Rae. Je n’ai jamais eu la chance de le voir en scène. Le film de Stéphane Carrel, Resilient man m’a aidée à mieux connaître ce danseur exceptionnel qui a grandi en Australie. Une grave déchirure du tendon d’Achille en 2019 aurait pu mettre un terme à sa carrière. Mais Steven McRae, Principal au Royal Ballet de Londres, a tout fait pour conjurer le sort en se consacrant corps et âme à sa reconstruction. À rajouter dans ma To-do list de balletomane : un week-end à Londres.

Plume d’or de la chorégraphe – Sarah Baltzinger. Encore peu connue en France en tant que chorégraphe, avec Vénus anatomique, elle s’affirme comme une créatrice à l’écriture qui surprend et bouscule. Je suivrai avec intérêt ses prochaines recherches chorégraphiques.

Plume d’or du moment précieux – Les Répétitions publiques de Paysage après la bataille avec le ballet Preljocaj Junior. Dans la Coupole du Théâtre de la Ville- Sarah Bernhardt, le temps s’est arrêté. « Cela permet au public de comprendre les mécanismes de l’apprentissage ainsi que le phénomène de la transmission qui a généralement lieu dans l’intimité du studio« , évoque le chorégraphe. Tellement ! Comme l’impression de me retrouver propulsée au cœur du réacteur, d’essayer de mieux comprendre d’où part le mouvement.

Plume d’or du chef d’œuvre qu’on pourra voir et revoir – May B. Une amie m’avait dit : « Si tu y retournes, je viendrais bien avec toi. Je ne l’ai jamais vu« . Comment lui refuser cette découverte, ce choc ? En mars 2024, la pièce de Maguy Marin était programmée au Théâtre de Gennevilliers. Beaucoup de lycéens bruyants, ce soir-là. C’était sans compter le pouvoir mystérieux de ces naufragés en charentaises. Quelle qualité d’écoute dans la vaste salle du T2G ! Un grand moment de cette saison.

Plume d’or du documentaire – La force de l’âge de Valérie Müller. En février 2023, Angelin Preljocaj présentait Birthday Party lors d’une soirée au Théâtre de Chaillot. Une création associant huit interprètes seniors, anciens professionnels mais surtout amateurs. Peut-on danser à tout âge ? Que nous racontent les corps vieillissants qui se mettent en mouvement ? Un peu comme elle l’avait fait dans Danser sa peine, la réalisatrice a filmé le processus de création, depuis les auditions jusqu’au jour de la première. Passionnant. Le doc est encore visible sur france.tv.

Plume d’or du livre – Un geste vers le bas (Éd. Gallimard) Elle n’avait jamais approché un cheval. Trop peur d’une morsure ou d’un coup de sabot. En 1990, Bartabas rencontre Pina Bausch. Entre les deux artistes naît une complicité jalonnée de silences et de non dits, de verres de vin et de cigarettes partagés. Une reconnaissance mutuelle les liera jusqu’à la mort de la créatrice. Il lui présente son magnifique Micha Figa « aux yeux noisette et à la robe lunaire » avec lequel la dame de Wuppertal va entreprendre le plus beau des voyages. Ce coup de foudre aurait dû aboutir à un spectacle. Las, les hasards de la vie en décideront autrement. Bartabas livre les secrets de ces rencontres volées au temps et c’est d’une émouvante beauté

Plume d’or du festival où on se sent bien en toute simplicité – Le festival d’Alba-la-Romaine. Parmi les nombreuses manifestations artistiques qui rythment la saison estivale, il représente un moment précieux. Si j’aurais aimé m’y poser davantage, une incursion même rapide m’a permis d’en saisir le charme et l’attrait qui ont forgé sa réputation depuis quinze ans. Rendez-vous l’année prochaine !

 

Les Plumes d’or de Jean-Frédéric Saumont

Plume d’or de la création – Gaëlle Bourges a offert le spectacle le plus singulier de cette saison, une autobiographie de son histoire de danseuse et de chorégraphe où l’on croise les grandes figures post-modernes américaines, de Merce Cunningham à Steve Paxton (disparu en février dernier). Dans une scénographie épurée, constituée d’un parallélépipède nimbé d’une lumière tamisée, avec un écran qui dévide les étapes de sa vie d’artiste, Gaëlle Bourges s’inspire du livre de l’auteur allemand W.G. Sebald, Austerlitz qui donne son titre à sa pièce. On est accroché à ce récit si personnel qui séduit aussi les néophytes. Nul besoin de connaître toutes les références pour être happé par la voix de Gaëlle Bourges qui se raconte, et par là-même nous raconte en confiant ses victoires, mais aussi des défaites, qui sont notre lot commun. Espérons que l’on reverra Austerlitz.

Plume d’or de la reprise – Il serait plus juste de parler de re-création. Möbius, réalisé par Rachid Ouramdane pour la Compagnie XY, n’avait pas terminé sa route. À l’occasion de l’Olympiade culturelle, le directeur du Théâtre de Chaillot a repris ce travail pour l’élargir en y intégrant les danseuses et danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon et la Maîtrise de Radio France. Rebaptisé Möbius Morphosis, le spectacle a fait une mini-tournée triomphale qui s’est achevée au Panthéon de Paris, cette église transformée en temple laïc. Dans ce sanctuaire où reposent les grands hommes et les grandes femmes de la Nation, Rachid Ouramdane a proposé un spectacle magique, prolongeant son travail sur cette dimension circassienne où la danse et l’acrobatie se conjuguent intimement. S’inspirant des murmurations, ces figures dansées de manière spectaculaire par des nués d’oiseaux, Möbius Morphosis a heureusement été filmé. On garde ainsi un témoignage de ce moment de grâce.

Plume d’or du meilleur chorégraphe – Ils sont nombreux à nous avoir enchantés cette saison. Mais Angelin Preljocaj, artiste prolixe et versatile, démontre qu’il n’est jamais à court d’inspiration et de créativité. Son Requiem(s) fut un moment grave. Cette pièce sur le deuil et la résilience, limpide et complexe à la fois, jamais mortifère, a bluffé. Plus tôt dans la saison, le Ballet Junior a repris une version resserrée mais cohérente de Paysage après la bataille qui demeure une pièce essentielle de son répertoire 25 ans après sa création. Et le Ballet de Munich, désormais sous la direction de Laurent Hilaire, a fait venir Le Parc, grand ballet contemporain créé pour l’Opéra de Paris en 1994 et qui est déjà un classique. Angelin Preljocaj est l’un des rares chorégraphes à construire un répertoire à la fois exigeant et populaire. C’est un artiste précieux.

Plume d’or de l’interprète féminine – Trop peu distribuée à notre goût, Héloïse Bourdon nous a émerveillés tout au long de cette saison. Sa maîtrise technique des grands ballets de Rudolf Noureev est impressionnante. Mais cela ne suffirait pas à en faire la danseuse exceptionnelle qu’elle est. Héloïse Bourdon assume sur scène des intentions d’interprète qui nourrissent ses personnages. Elle a délivré une Clara irréprochable, espiègle et pleine de drôlerie, assumant un personnage de femme davantage que de petite fille. Toute aussi convaincante en Kitri, explosive et charmeuse. Enfin, son Lac des Cygnes était un sommet : la Première danseuse arrive sur scène avec une vision du personnage qu’elle a fait évoluer depuis sa prise de rôle. Son registre est celui d’une Etoile et on attend déjà avec impatience une nomination qui s’impose.

Plume d’or de l’interprète masculin –  Il fût nommé en cette fin de saison Premier danseur par José Martinez qui a l’œil acéré et ce n’est que justice. Thomas Docquir – qui fut le partenaire d’Héloïse Bourdon – a démontré une évolution spectaculaire : les rôles principaux dans Casse-Noisette et Don Quichotte ont mérité ici nos louanges mais c’est sans doute dans l’incarnation de Rothbart qu’il fut le plus saisissant. Quelle prestation exceptionnelle ! Thomas Docquir a parfaitement saisi que c’est un rôle de caractère qui nécessite un jeu d’acteur acéré. Méconnaissable sous un parfait maquillage, son personnage fascine, électrise dès son interprétation du précepteur du Prince. Et quelle évolution depuis son premier Rothbart ! C’est aussi un danseur que l’on souhaite revoir abondamment les saisons prochaines.

Plume d’or du…Mieux vaut tard que jamais – Qu’il nous avait manqué le Théâtre de la Ville ! Sept trop longues années de fermeture à tel point que l’on se demandait s’il rouvrirait un jour. Ce fut un plaisir de retrouver le théâtre où l’on a découvert Pina Bausch ou qui a proposé l’ultime mise en scène de Patrice Chéreau. Fini les hors les murs, les artistes du Théâtre de la ville rebaptisé Sarah Bernhardt sont rentrés à la maison. Youpi !

 

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Comments (4)

  • Nine Renoux

    On n’est pas d’accord du tout pour le Casse-Noisette qui est originellement un conte pour enfants, et qui comme, tous les contes de fées, outre sa part de magie magnifique, révèle une part fondatrice de nous-mêmes ! Relisez Bruno Bettelheim est ses incroyables analyses qui relèvent à la fois de la psychanalyse, de l’Histoire et de la Littérature Comparée ! Cela vous cultivera un peu ! Cela vous évitera aussi de ramener un tel chef d’oeuvre de la Danse à la dialectique de notre société appauvrie ! Tout ceci ressemble à un mauvais article de ELLE ! Et NON : c’est bien essayé, mais on ne peut pas et on ne veut pas se passer du Casse-Noisette, présenté d’ailleurs, chaque année, sur les scènes du Monde entier, de Moscou à NY ou San Francisco ( le tout dernier avec cette Compagnie proche des Ballets de Paris était d’ailleurs excellent, il approche celui de Bolshoi !) Vous devriez vous contenter de faire les critiques des ( mauvais ) spectacles de Thomas Jolly et de Philippe Katerine, c’est votre niveau ! Critique nulle et non avenue 🙁

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    • Loraline

      Quelle méchanceté! Vous n’êtes pas d’accord avec Amélie Bertrand, soit. Mais il n’était pas nécessaire de déverser votre fiel de la sorte.
      Ce site est très intéressant, avec des articles sensés et variés sur la danse.
      Faites aussi bien et nous en reparlerons.
      Tout le monde est critiquable, même vous chère Madame qui faites des fautes d’orthographes dans votre commentaire….
      À bon entendeur….

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  • Myrtha

    Euh… Amélie ne suggérait pas de mettre au placard le ballet Casse-Noisette mais sa production Noureev, avec la chorégraphie Noureev. Qui n’est pas celle que l’on danse, je cite, « sur les scènes du Monde entier, de Moscou à NY ou San Francisco ».
    Lire un article avant de trainer son auteur dans la boue, ça peut éviter d’en révéler trop sur son propre « niveau ».

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  • Lili

    Pour ma part je n’ai pas vu un homme de 50 ans fantasmer sur sa nièce. Guillaume Diop ne fait pas ça. Si c’est la seule chose qui vous gêne dans cette production, c’est une question de consigne donnée aux danseurs et aussi d’engagement de leur part. Je doute fort que les danseurs apprécient de jouer les satyres.
    Par ailleurs, les contes servent précisément à parler de manière imagée des choses dures de la vie. On peut interroger d’ailleurs la survivance du conte dans le ballet alors qu’il a disparu des autres arts, en dehors des livres pour enfants qui savent toujours en faire l’usage métaphorique qui est leur vocation.
    Je crois que pour ma part je trouve juste ce ballet lourd et tarabiscoté…

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