Ballet du Capitole de Toulouse – Dans les pas de Noureev
Chronique écrite par Impressions danse.
Le Ballet du Capitole de Toulouse était ce weekend en tournée à l’Opéra de Massy, une occasion rare de découvrir la compagnie en région parisienne. Dirigée depuis août 2012 par Kader Belarbi, ancien danseur étoile de l’Opéra de Paris, elle proposait le programme Dans les pas de Noureev récemment créé à Toulouse en souvenir du monstre sacré de la danse disparu il y a 20 ans. Conçue sous la forme de deux actes entiers et de trois pas-de-deux extraits de ballets classiques, la soirée se veut à la fois un hommage au danseur, célèbre interprète de ces rôles, et au chorégraphe, qui a su redonner de la substance aux œuvres de Petipa. Pari réussi pour une troupe d’une très haute tenue.
Le programme commence et se termine par les actes finaux de La Bayadère et de Don Quichotte. De la descente onirique des Ombres à l’explosivité du mariage de Kitri et Basilio, c’est tout un pan de l’histoire et de la personnalité artistique du Tatar qui nous est donné à voir. L’empreinte des répétiteurs et héritiers de son style se fait sentir dans le travail du placement, particulièrement soigné chez Kazbek Akhmedyarov qui danse Solor, ou celui de la passion, que Davit Galstyan déploie dans toutes ses nuances en Roméo. Partenaire attentif doté d’un grand lyrisme et de sauts moelleux, ce danseur capte l’attention ; à ses côtés, Maria Gutierrez a toute la fraîcheur d’une Juliette très enfantine.
Le pas-de-deux de La Belle au Bois Dormant, ballet que l’on peut admirer dans son intégralité à l’Opéra Bastille ce mois-ci, est exécuté par le charmant couple formé par Silvia Selvini et Evgueni Dokoukine avec une danse précautionneuse et toute en retenue. L’extrait du Lac des Cygnes redonne de l’élan : Shizen Kazama (Siegfried) est peu précis dans ses trajectoires mais danse ample, Julie Charlet incarne un cygne noir au sourire ravageur – il ne manquerait qu’un port de tête plus dégagé pour rendre ce sourire plus rayonnant encore. Les doubles tours en l’air fulgurants de Takafumi Watanabe (Rothbart) parviennent à nous faire oublier des bras un peu négligés.
Que serait un hommage à Noureev sans corps de ballet au diapason ? Les danseurs à l’unisson forment des ensembles parfaits, tant féminins que masculins. Si les Ombres gagneraient à se libérer de la technique pour faire passer davantage d’émotion, les danseurs de rue de Don Quichotte, un peu à l’étroit dans les décors d’Emilio Carcano, donnent vie et gaieté à l’Espagne de Cervantès. Les solistes y sont particulièrement brillants : Demian Vargas est plein de panache en Espada, on retrouve Julie Charlet en Kitri mutine et Takafumi Watanabe longiligne et puissant en Basilio. La pantomime astucieusement raccourcie laisse place à une coda brillante dans laquelle toute la troupe laisser éclater sa joie. Une compagnie à suivre.
Dans les pas de Noureev par le Ballet du Capitole, à l’Opéra de Massy. Dimanche 15 décembre 2013.