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Carousel au Théâtre du Châtelet

Carousel de Richard Rodgers et Oscar Hammrstein II, au Théâtre du Châtelet. Avec Duncan Rock (Bolly Bigelow), Kimmy McLaren (Julie Jordan), Rebecca Bottone (Carrie Pipperidge), Lisa Milne (Nettie Fowler), David Curry (Enoch Snow), Nicholas Garrett (Jigger Craigin), Alex Newton (Louise Bigelow), Candida Benson (Mrs Mullins) et Leslie Clack (le Gardien d’étoiles), l’Orchestre de chambre de Paris, le Choeur du Châtelet et le Choeur d’enfants Scotto Voce. Mercredi 27 mars 2013.

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La comédie musicale ne fait définitivement pas partie de la culture du spectacle français, du moins celui du XXIe siècle. C’est ainsi assez frappant lorsque l’on va au Châtelet pour découvrir un bon vieux musical américain en vost, Carousel en l’occurrence. On y découvre une part d’une autre culture, quelque chose qui n’est absolument pas de chez nous, et qu’on ne saurais sûrement pas faire (ou alors dans une version dégoulinante obispo-ienne dont personnellement je me passe).

Carousel est on ne peut plus américain. Il y a du bon sentiment, il y a Dieu, il y a le rachat de sa mauvaise conduite, il y a sa famille à protéger et cette idée qu’ensemble, tout est plus beau. Mais le discours bien pensant, et certes un peu désuet, est présenté dans une si belle partition, avec une troupe croyant au plus profond d’elle-même à ce qu’elle raconte, que ce qu’il y a de plus Français en nous, tout prêt à rejeter cette attitude, se met finalement à adhérer à ces paroles, et à sentir ses larmes monter lors du célèbre You’ll never walk alone.

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La mise en scène on ne peut plus classique montre clairement Carousel comme une oeuvre d’une autre époque. Pourtant, la musique, les chansons, rien n’a vieilli. La partition est ainsi, infiniment, la plus grande force de Carousel.

Le premier acte aime en effet bavarder. L’histoire principale – Julie amoureuse de Billy, Billy sans emploi battant sa femme, Billy prenant conscience des responsabilités face à sa future paternité et acceptant de participer à un braquage – est souvent laissé de côté pour laisser parler des personnages secondaires, de jolies histoires d’amour, ou tout simplement le bonheur de l’été revenu. Mais ces bavardages ne sont finalement que le prétexte à de nouvelles chansons, toute plus délicieuses les unes que les autres. La raison s’impatiente peut-être face à ces ralentis, mais l’oreille se régale, savourant la richesse de la musique et ses nombreuses surprises. Rodgers et Hammrstein II ne sont pas des légendes pour rien, leurs talents a passé le temps.

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Le deuxième acte se perd un peu moins. Encerclé par la police, Billy préfère se suicider. Le Gardien d’étoiles vient le chercher et lui propose un deal : revenir sur Terre une journée pour voir sa fille, âgée maintenant de 15 ans, lui redonner espoir, et pouvoir ainsi gagner le paradis. Gnangnan sur le papier, je l’accorde, mais la magie des musicals de Broadway fait avaler le tout.

L’histoire de Louise est racontée à travers un très joli ballet d’une dizaine de minutes, aidé par une judicieuse mise en scène. Ce personnage est terriblement attachant, et finalement assez loin des clichés. La solitude de l’adolescence, le sentiment de ne pas être comme tout le monde, de ne pas réussir à s’intégrer,  voilà quelque chose qui a traversé les années. Surtout, la partition est remplie d’une infinie tendresse, ce petit quelque chose qui serre le coeur, notamment dans la reprise de You’ll never walk alone, qui clôture le spectacle. Ce n’est pas une comédie musicale qui finit bien finalement, mais c’est l’espoir – teinté d’une certaine mélancolie – qui domine cette ultime reprise. Carousel est quelque chose qui tout simplement réchauffe le coeur, c’est certes désuet, mais ça fait parfois du bien.

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