[DVD] Graines d’étoiles, dans les coulisses de l’École de Danse de l’Opéra
Les trois derniers épisodes du documentaire Graines d’étoiles sont diffusés sur Arte le dimanche 28 avril dès 16h20.
Les longs documentaires sur l’École de Danse de l’Opéra de Paris – pas un petit reportage au JT, un vrai film – sont finalement plutôt rares. On ne pénètre pas si facilement dans le bâtiment de Nanterre. La réalisatrice François Marie a toutefois pu s’y glisser pendant un an. Elle en a ressorti un long documentaire, Graines d’étoiles, récemment sorti en DVd et diffusé sur Arte en avril, à l’occasion des festivités du Tricentenaire.
À LIRE : l’interview de la réalisatrice Françoise Marie.
Graines d’étoiles dure plus de trois heures, et l’on se dit que c’est presque trop peu. Il y aurait tellement de choses à dire sur cette école si particulière, son fonctionnement, son histoire, ses traditions, sa façon (ou non) de se poser dans la modernité. Le ton de la réalisatrice est volontairement neutre. La subjectivité, l’émotion, arrivent grâce aux enfants, à qui elle laisse souvent la parole. Alors qui sont ces Petits Rats. ? Des enfants passionnés. Ils aiment la danse, ils savent pourquoi ils sont là, et ils y sont heureux. Leur façon de parler de la danse étonne toujours par la maturité de leurs propos. À 10 ans déjà, ils sont conscients des efforts que cela demande, mais c’est un choix de leur part.
Au-delà des paroles et du regards des enfants, Graines d’étoiles est aussi – surtout – passionnant par sa véritable entrée en coulisses. Examens, travail à la barre, rentrée, répétitions, pleurs et sourires, confidences en internat, la caméra a vraiment suivi au plus près une année scolaire. Le premier épisode se glisse ainsi dans les préparatifs du Défilé, son minutieux calcul des tailles et ses codes. À tel point que l’on ressent aussi la drôle de pression qui pèse sur les épaules de la petite fille chargée de l’ouvrir. Le deuxième épisode se pose vraiment dans les classes, avec la paroles laissée un peu plus aux professeur-e-s. Qu’est-ce que le style français ? Comment le transmet-on ? « On leur apprend à faire des gestes d’un autre siècle« , explique Wilfried Romoli, passionnant à écouter. 26 minutes sont un peu courtes toutefois pour aborder un si vaste sujet, et le documentaire ne fait finalement qu’effleurer ce qu’est l’École Française.
Pour le troisième épisode, place aux Démonstrations et aux cours complémentaires. La classe d’adage vous semble facile ? Pas vraiment, au vu des nombreuses gamelles que se prennent les élèves. On rit (avec gentillesse) face à leurs maladresses. Mais quand le rideau se lève, personne ne tombe. En suite, le cinquième épisode se concentre sur le spectacle, et le sixième sur les examens. Les enfants parlent franchement de cette pression, qu’ils acceptent. La caméras les suit jusqu’à l’entrée sur scène, montre les émotions au plus près, en gardant un regard attendri et jamais voyeur. Mais sans non plus remettre en perspective ce rituel annuel qui n’existe pas forcément dans les autres écoles internationales.
Il est en fait complexe de faire un documentaire critique sur l’École de Danse. Les enfants qui y étudient laissent admiratif, par leur maturité, leur endurance, leur passion, il est ainsi plus difficile de montrer certaines contradictions de leur établissement. Le quatrième épisode de Graines d’étoiles s’y essaye toutefois, et soulève quelques questions. Les enfants de l’École de Nanterre sont-ils des enfants à part, coupés du monde ? La réponse semble être oui, des deux côtés du miroir. Les élèves le perçoivent avec une certaine lucidité, comme de la possible difficulté à se réintégrer s’ils devraient un jour quitter Nanterre. Il faut décidément accepter beaucoup de choses pour danser à l’École de danse de l’Opéra de Paris, surtout qu’il n’y au final que peu de chance d’entrer dans la compagnie. Alors cela en vaut-il la peine ? Les plus petits n’y pensent pas vraiment, les plus grands un peu plus. Ils ont au final tous répondu « oui » à cette question, puisqu’il sont restés. Des enfants qui forcent le respect définitivement, et une école à part.
Le DVD comprend un bonus sur l’examen d’entrée à l’École de Danse. Très intéressant là encore, car il montre ce qui est rarement filmé : comment sont sélectionnés les petits stagiaires, et le physique requis, et si important à Nanterre, pour passer les tests.
À LIRE : l’interview de la réalisatrice Françoise Marie.
Graines d’étoiles est disponible en DVD depuis le 2 avril. Diffusion sur Arte les dimanche 21 et 28 avrils dès 16h20, par tranches de trois épisodes.
Sissi
J’ai vraiment hâte de voir ces reportages.
Même si ce n’est pas l’objet de ces reportages, je me demande toujours ce deviennent les élèves qui ne rentrent pas dans le corps de ballet… tentent-ils le concours l’année suivante, essaient-ils d’entrer dans d’autres compagnies ou reprise des études, professeur de danse ?
Estelle
J’ai hâte, j’ai hâte de voir ce reportage sur Arte !
Même si le reportage n’y répondra sans doute pas, je me pose un peu les mêmes questions que Sissi sur le devenir des petits rats qui ne rentrent pas à l’Opéra. Et même pour élargir le propos je me suis souvent demandée ce que devenait les danseurs de la compagnie une fois leur retraite prise. Sont-ils forcément destinés à devenir prof et voir des plus jeunes danser sur scène à leur place ? La reconversion est-elle facile ? Bref, qu’il s’agisse des petit-rats ou des « retraités », l’après « monde de la danse » m’a toujours interrogé.
Fate-biscuit
Je suis complètement à sec niveau sous et je suis à l’étranger (ce qui signifie même pas de Arte en replay!) donc: un gros zut. J’adore ce genre de reportage…Je me souviens encore de toutes les répliques de « A l’école des étoiles », celui où l’on voit beaucoup Mathilde Froustey…
Rah!
a.
Savez-vous en quelle année ce reportage a été tourné? (juste pour savoir si deux ou trois que je connais s’y trouvent, ce qui risquerait fort de m’émouvoir!)
catherine
le reportage a été filmé entre septembre 2011 et juin 2012
a.
merci!
catherine
Pour répondre à Estelle , les danseurs de la compagnie à 42 ans connaissent une 2 eme vie . Beaucoup restent dans la danse et ont des postes de professeurs ….selon ce qu a été leur notoriété ….à l Opéra , à l Ecole de danse de l Opéra , au Conservatoire National Supèrieur ou bien moins prestigieux , dans des conservatoires régionaux et bien sur dans le privé ….si leur notoriété a été très grande il peuvent aussi etre Maitres de ballet à l Opéra ou répétiteurs , certains se voient aussi offrir des postes dans des compagnies étrangères et dans des compagnies ou conservatoires de Province .
D autres danseurs vont vers une activité liée à la danse , kinés , masseurs , régisseurs , photographes de danse …etc l Opéra de Paris offre de nombreuses possibilités de l autre coté de la scène .
Sinon d autres encore se tournent vers autre chose de complètement différents et apprennent un nouveau métier , quelques une reprennent des études ( Sciences Po par exemple ) .
L Opéra offre une formation de leur choix à tous les danseurs qui le désirent , qui peuvent faire sur environ 2 ans à leur retraite ou bien pour la plupart en meme temps que leur métier de danseurs lorsque l heure de la retraite commence à approcher . L Opéra tient alors compte de l emploi du temps de ces formations extèrieures et le danseur a le droit d etre exempté des cours , des répetitions et de la scène durant le temps de cette formation .
Parrallèlement à tout ça il ont bien sur leur retraite de danseurs dès l age de 42 ans .
Estelle
Merci pour cette réponse, c’est super intéressant !
Marguerite Renaud
Grâce à votre publication, j’ai appris l’existence de ce documentaire en DVD et je me suis précipitée pour me le procurer sur amazon.fr
Ayant la chance d’avoir un lecteur DVD qui lit toutes les zones (ce n’est pas disponible pour les lecteurs BlueRay) je peux visionner des documents qui ne seront jamais disponibles au Québec.
L’envoi a été super rapide et j’ai déjà visionné le tout à deux reprises. À chaque fois, je me surprends à avoir un petit sourire béat de plaisir.
Les enfants sont charmants et leurs commentaires spontanés m’ont complètement séduite.
Merci mille fois pour votre page web ainsi que vos publications sur facebook.
Estelle
J’ai regardé ce reportage sur arte et je trouve la maturité de ces enfants aussi extraordinaire qu’effrayante !
Amélie
@ Sissi : Un peu des trois en fait… Ceci-dit, je n’ai pas forcément l’impression qu’ils écument les auditions. Au final, avec les redoublements possible et les années en tant que surnuméraires, pas mal d’une même promotion arrivent parfois à entrer dans le ballet au final.
@ Estelle : Pour les danseurs et danseuses, il y a un système de formation quand ils ont 37-38 ans, pour passer à complètement à autre chose s’ils le souhaitent. Quand aux élèves, effrayants, vraiment ?
@ Fate-biscuit : Il faut guetter Youtube 😉
@ Catherine : Merci de toutes ces précisions !
@ Marguerite : Merci beaucoup 😀 Ce documentaire est vraiment très sympa à regarder.