TOP

Casse-Noisette – Léonore Baulac et Germain Louvet

C’était la surprise Millepied. Encore Coryphée, Léonore Baulac et Germain Louvet se sont vus titularisé-e-s pour danser le couple principal de Casse-Noisette. Et au gré des blessures, de deux soirées en milieu de série, les deux jeunes solistes sont montés sur scène dès les premières représentations. Un vrai challenge pour deux artistes qui n’avaient que très peu d’expérience, voir aucune pour Germain Louvet, en tant que soliste ou demi-soliste. Et le pari fut relevé avec brio. Tant pis pour les maladresses, le plus important était là : les deux avaient une attitude de soliste en scène avec une belle et grande danse, sans peur de prendre tout l’espace.

Casse-Noisette - Léonore Baulac et Germain Louvet

Casse-Noisette – Léonore Baulac et Germain Louvet

La représentation n’avait pourtant pas commencé en feu d’artifice. La scène de Noël, pourtant si agréable, semblait un peu poussive et en mode automatique. Le charme n’était pas totalement là (et c’est pourtant une addict du « Christmas Mood » qui écrit ces lignes). Léonore Baulac et Germain Louvet sont deux beaux et belles danseuses, mais pas encore de grands comédiens. Lui avait du mal à exister dans la peau Drosselmeyer. L’oncle est vieux et moche quand l’interprète est jeune et beau, mais tout le challenge est là. Le magicien ne prenait pas vraiment le dessus et se faisait surtout déborder par les enfants prêts à piller son sac à surprises (avec des Petits Rats toujours en pleine forme).

Pour sa part, Léonore Baulac surjouait un peu trop, ne sortant pas vraiment de l’image de la greluche. Certes, le personnage a 14 ans, ne rêve que de poupée et a une queue-de-cheval à noeuds-noeuds, ce qui ne facilite pas non plus les choses. Mais là encore, le personnage de Clara sait se révéler tout autre si l’on y met un peu d’esprit (souvenir chéri de Myriam Ould-Braham d’il y a quelques années).

Casse-Noisette - Léonore Baulac

Casse-Noisette – Léonore Baulac

Heureusement, le couple trouve vraiment ses marques une fois la transformation accomplie. Germain Louvet n’a pas à pousser bien loin pour trouver l’attitude du Prince, en y joignant une jolie technique, de la musicalité et une belle attention à sa partenaire. Plus libérée, Léonore Baulac est lumineuse dans le rôle de la jeune fille s’éveillant à la vie. Ou de la ballerine qui découvre la scène ? La danseuse rayonne en tout cas, pas intimidée par les pas de deux périlleux et captant chaque brin de lumière. Cette fin du premier acte est aussi l’une des forces de cette version de Casse-Noisette. Le cauchemar, malgré ses tonalités angoissantes, est la scène qui transporte le ballet dans le fantastique, avec les rats géants à la démarche saccadée et les soldats devenus vivants. L’arrivée de la valse des Flocons, dans une forêt qui semble remplie de mystère, n’en est que plus magique.

Les danses de caractères poussives du deuxième acte ont au moins comme avantage que les danseur-se-s qui arrivent à y briller se font particulièrement remarquer. Charlotte Ranson est vive et précise dans la danse espagnole, tandis que Letizia Galloni montre une forte personnalité dans la danse arabe. Tout en séduction, la danseuse déploie des lignes superbes et un magnétisme évident dans une danse pourtant tarabiscotée. Quant au final, c’est surtout l’occasion de se demander comment un chorégraphe peut, dans un même ballet, faire une valse des Flocons aussi belle et une valse des Fleurs aussi poussives.

Casse-Noisette - Germain Louvet

Casse-Noisette – Germain Louvet

Pour le grand pas de deux, Léonore Baulac et Germain Louvet montrèrent chacun beaucoup d’assurance dans leur variation. Sans encore l’éclat des Étoiles, ils ont dansé avec élégance et précision, sans que le public ait besoin de retenir son souffle à chaque difficulté. Mais c’est surtout dans l’adage que les solistes ont particulièrement brillé. Plus discret, Germain Louvet s’est révélé un très bon partenaire, mettant en valeur la danseuse qui ne demandait que ça. Léonore Baulac semblait capter chaque note de musique pour grandir encore plus, se servir du lyrisme de la partition pour danser encore plus grand. La ballerine profitait de chaque instant en lumière. Pour les prochaines représentations, elle sera de retour dans le corps de ballet. Sûrement pas pour très longtemps.

Casse-Noisette - Léonore Baulac et Germain Louvet

Casse-Noisette – Léonore Baulac et Germain Louvet

 

Casse-Noisette de Rudolph Noureev, par le Ballet de l’Opéra de Paris, à l’opéra Bastille. Avec Léonore Baulac (Clara), Germain Louvet (Drosselmeyer/Prince), Charlotte Ranson (Luisa), Adrien Couvez (Fritz), Alexis Saramite (le père), Karine Villagrassa (la mère), Samuel Murez (le grand-père), Christine Peltzer (la grand-mère), Jérémie Neveu (le petit Hussard casse-noisette), Caroline Robert et Charlotte Ranson (deux Flocons), Letizia Galloni et Cyril Chokroun (la Danse Arabe), Antonio Conforti, Antoine Kirscher et Pablo Legasa (la Danse Chinoise) et Marion Barbeau, Lydie Vareilhes et Daniel Stokes (la Pastorale). Mercredi 17 décembre 2014.

 

Poster un commentaire