Décès de Wilfride Piollet
La danseuse Étoile, chorégraphe et pédagogue Wilfride Piollet est décédée le 20 janvier 2015. Nommée Étoile de l’Opéra de Paris en 1969, elle a formé l’un des grands couples de la danse avec son mari Jean Guizerix. Au début des années 1970, elle rencontre Merce Cunningham, et change complètement sa conception de la danse. Devenue pédagogue, elle mettra en place une nouvelle méthode, sans barre, les Barres Flexibles. Wilfride Piollet est morte des suites d’une maladie, à l’âge de 71 ans.
Née le 28 avril 1943, Wilfride Piollet démarre la danse très jeune. Elle rentre en 1955 à l’École de Danse de l’Opéra de Paris, et suit notamment les cours de Serge Perrault ou Serge Peretti. Entrée dans le corps de ballet de l’Opéra de Paris en 1960, elle gravit les échelons jusqu’à être nommée Étoile en 1969, avec le ballet Études de Harald Lander.
Wilfride Piollet danse les grands rôles classiques (Le Lac des Cygnes, Giselle, Coppélia, La Belle au bois dormant) et les oeuvres néo-classiques (les ballets de George Balanchine, Roland Petit, Serge Lifar, etc). Elle se tourne aussi vers la danse contemporaine avec son mari Jean Guizerix, également Étoile à l’Opéra de Paris. Elle fait ainsi la connaissance de Merce Cunningham au début des années 1970, alors que le chorégraphe s’apprête à créer Un jour ou deux à l’Opéra de Paris. Wilfride Piollet participe à cette création, avec Jean Guizerix ou Michaël Denard.
Après cette rencontre, Wilfride Piollet change sa façon de danser. « Avec Merce, on avait une impression incroyable de responsabilité« , raconte ainsi la danseuse lors d’une rencontre publique en 2012. « Il nous responsabilisait complètement, dès l’échauffement. Pour nous, ça a été un grand choc. Par son échauffement, il nous mettait responsable de l’espace, de l’autre, ce qui est très différent de la barre où l’on est dans son coin, accroché à quelque chose. Merce vous responsabilisait comme dans une pièce, chaque personne était profondément responsable de son espace et de son temps. C’est complètement fondamental. À partir de là, avec Jean, on a quitté la barre. C’était tellement plus riche de vivre tout de suite l’espace« .
Wilfride Piollet quitte l’Opéra de Paris en 1990, mais continue sa carrière d’interprète jusqu’en 2003. Parallèlement, elle devient pédagogue et construit sa propre méthode inspirée de son travail avec Merce Cunningham. Son cours s’appelle les Barres Flexibles, et se construit sans travail à la barre traditionnelle. Wilfride Piollet enseigne ainsi au CNSMDP de 1989 à 2008, donne des master-classes et participe à des projets de recherche. Elle publie également plusieurs ouvrages pédagogiques. Les derniers, Aventure des Barres Flexibles et Synthèse des Barres Flexible, ont été édités à l’automne 2014.
Wilfride Piollet était également chorégraphe, seule ou en collaboration avec son mari Jean Guizerix. Son dernier projet a été de remonter son ballet Grange pour les élèves du CNSMDP, lors d’un spectacle en décembre 2014.