Rencontre avec Lou Spichtig, gagnante du Prix du public et de la Meilleure Suisse au Prix de Lausanne
Lou Spichtig fait partie des révélations du Prix de Lausanne. Finaliste, elle a remporté le Prix du public et celui de la meilleure Suisse. Interview juste en sortie de scène.
Vous venez de remporter deux Prix. Quels sont vos impressions ?
Pour moi, c’était incroyable de pouvoir être sur cette scène une nouvelle fois. Je suis vraiment heureuse, c’est incroyable !
Quels ont été vos débuts dans la danse, où et quand avez-vous commencé ?
J’ai commencé quand j’avais environ quatre ans, à Zurich. Ma mère voulait que je fasse quelque chose après l’école, alors elle a ouvert l’annuaire. Le ballet était au début, elle a appelé en leur demandant s’ils voulaient bien prendre une gamine de trois-quatre ans dans leur école privée. Ils ont accepté. J’ai donc fait mon premier cours de danse et n’ai pas voulu partir. Je suis restée dans cette école jusqu’à l’âge de six ans, puis j’ai changé pour une autre école aussi privée mais un peu plus professionnelle. Et j’ai commencé à faire des concours. C’est à dix ans que je suis arrivée à la Tanz Akademie de Zurich. Je suis maintenant en dernière année.
Comment marche le système des classes à la Tanz Akademie ?
Nous avons d’abord trois ou quatre années dépendant de l’âge moyen de la classe, de cours préparatoire. Ensuite, nous avons trois ou quatre années de cours professionnels. Cela dépend en général de l’école obligatoire. Si les élèves ne l’ont pas terminée, ils doivent faire une année supplémentaire.
Concernant les concours, vous en avez fait un certain nombre, comment cela se passe-t-il et pourquoi choisir d’en faire ?
C’est l’école qui nous propose de passer les concours. On n’a pas vraiment le choix d’y aller ou pas. C’est eux qui nous donnent l’opportunité. Bien sûr, si l’on ne veut pas, on peut le dire ! Mais généralement, quand on a la chance, on la saisit, Pour moi, ce qui est intéressant, ce sont les répétitions. Car c’est avec celles-ci que l’on grandit. L’on a ainsi tellement d’heures en plus avec nos professeurs en cours privé, pour pouvoir vraiment travailler. C’est aussi la chance de voir le monde. Je ne me serais jamais rendue en Afrique du Sud si je n’y avais pas passé un concours, par exemple.
Comment avez-vous choisi vos variations pour le Prix de Lausanne ?
La variation du Sacre du Printemps, tout d’abord. Il était pour moi clair, quand je l’ai vue l’année passée dansée par Tyler Donnatelli, que si j’avais la chance de me présenter au Prix de Lausanne et que la variation était encore dans la liste, je tenterais ma chance. J’ai eu envie d’essayer de faire aussi bien qu’elle. Nous sommes des danseuses totalement différentes, mais la façon dont elle l’a faite m’a tellement touchée que je me suis dit que je serais très contente si j’arrivais à danser comme ça !
Quant à la variation classique je souhaitais faire celle d’Aurore du deuxième acte. Mais quand nous avons reçu les musiques enregistrées, nous avons remarqué que, par rapport à la version que j’avais apprise, cela allait bien trop vite. Je risquais d’avoir du mal à suivre. Et avec la pente, je ne voulais pas avoir trop de stress. J’ai donc décidé de faire celle du troisième acte, parce qu’elle est semblable dans le style, mais faisable.
Vous vous réjouissiez du coaching avec Monique Loudières. Comment s’est-il passé ?
C’était extrêmement intéressant. Pour moi, c’était un rêve d’enfant qui se réalisait de pouvoir travailler avec elle. Nous n’avons bien sûr pas eu beaucoup de temps avec elle, je suis persuadée qu’en une heure, on aurait pu faire tellement plus. Mais c’était surtout intéressant dans la mesure où elle a tellement d’énergie, elle voit les choses d’une façon complètement différente que nos professeurs. Elle est d’une autre école, d’un autre entraiment et d’un style totalement différent. C’était une expérience vraiment incroyable de travailler avec elle !
Que vous a-t-elle conseillé ?
Elle ne m’a pas corrigé grand chose. Juste le placement du manège de développés pour que l’on voie mieux ma jambe. Elle m’a aussi aidé avec la musicalité, pour rendre les mouvements encore plus forts, les accentuer. Elle ne m’a pas corrigé énormément à part ça. J’étais contente qu’elle ne me change pas beaucoup la variation juste avant le concours.
Dans quelle compagnie rêveriez-vous d’aller ?
Il n’y a pas de compagnie en particulier dans laquelle je rêve d’aller. Je pense qu’il y a une grande partie due à la chance et à la situation que l’on a. C’est super de pouvoir danser dans une compagnie comme le Royal Ballet, mais si c’est pour passer cinq ans à attendre sa chance, tant il y a de bonnes danseuses là-bas… C’est, j’imagine, très difficile d’avoir sa chance dans une troupe comme celle-ci. Je préfèrerais donc travailler dans un endroit où il y a moins de monde, dont le nom est peut-être moins prestigieux, mais où je puisse monter vite et me développer. Surtout, j’aimerais danser avec des chorégraphes différents.
Et pour interpréter quels rôles idéalement ?
Tout ! Je dis souvent que le jour où je prendrai ma retraite, j’espère que je pourrai me retourner sur ma carrière et me dire que j’ai tout fait, que je n’ai pas de regrets, aucun rôle que je n’aie pas réussi à faire. Après, il y a quand même des rôles que j’aime beaucoup. Mes ballets préférés sont des ballets un peu dramatiques : L’Histoire de Manon, Onéguine, Roméo et Juliette…
Et quelles sont les danseuses qui vous inspirent ?
Je n’en n’ai pas non plus en particulier. Je pense qu’à chaque fois que j’ai vu n’importe qui danser, que ce soit ici à Lausanne, des filles de ma classe, de grandes ballerines, des gens du corps de ballet qui sortent du lot, je pense que l’on peut prendre un peu de tout, et de tout le monde. Il y a bien évidemment des danseuses que j’aime bien dans certains rôles en particulier, tout ne va pas à tout le monde. Mais j’aime les ballerines qui sont très versatiles, qui peuvent tout danser et qui ont l’air à l’aise dans tout ce qu’elles font.
Que va-t-il se passer pour vous après le Prix de Lausanne ?
Je ne sais pas encore. J’ai un mois pour me décider, on verra ce que je choisirai. Je vais découvrir maintenant, en ouvrant mon enveloppe, ce qui m’a été proposé, ainsi que selon les événements de dimanche !
novas
coucou,
pour la petite info: Lou a été engagé au Ballet de Zurich.
Amélie Bertrand
@ Novas : Merci ! J’espère qu’elle aura une belle carrière.