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James Thierrée conte La grenouille avait raison

Aux côtés de Montpellier danse se tenait Le Printemps des Comédiens, un festival de théâtre qui ne dédaigne pas le cirque. C’est dans ce cadre, et celui enchanteur du Domaine d’O, qu’était programmée La grenouille avait raison, dernière fantaisie de James Thierrée, avant qu’elle ne poursuive sa tournée sur les scènes européennes pour accoster en décembre au Théâtre du Rond-Point.

La grenouille avait raison de James Thierrée

La grenouille avait raison de James Thierrée

De cette pièce en forme de conte, James Thierrée, artiste protéiforme issu d’une prestigieuse lignée de saltimbanques (de Charlie Chaplin à Victoria et Jean-Baptiste Thierrée, pionniers du nouveau cirque), signe la scénographie, la musique et les lumières. Cinq complices, chanteuse, danseuse, circassienne et comédiens, partagent avec lui une scène qu’envahissent des décors mouvants actionnés par moult cordes et poulies, d’une magnificence défraîchie, évoquant des fastes déchus.

La feuille de salle campe l’intrigue. « On parlera par détour d’une créature souterraine qui, curieuse des hommes, leur fit confiance et fut trahie, son cœur brisé. On imaginera en représailles une fratrie kidnappée et emprisonnée, sous la surveillance d’un kaléidoscope caractériel. » Et dès les premières minutes Miriama, chanteuse envouteuse, plante le décor. Couverte d’une cape du même velours cramoisi que le rideau de scène, elle se volatilise en lui avant qu’il ne s’effondre par pans.

La grenouille avait raison de James Thierrée

La grenouille avait raison de James Thierrée

Car chez James Thierrée, et c’est ce qui fait son irrésistible charme, rien ne se passe jamais comme on l’avait prévu. Il excelle à bricoler des univers poétiques, absurdes, drôles ou menaçants, à nul autre pareils. À l’orée du spectacle, le rideau ne se lève pas mais tombe, littéralement. Le piano comme le violon savent très bien jouer seuls. Et la jeune sœur, fascinante Valérie Doucet, peut perdre bras ou cheveux puisque toujours ils repoussent. Dans ce huis clos dont la diva semble tirer les ficelles et qu’épie des lustres l’inquiétante et fragile Thi Mai Nguyen, étrange créature, la fratrie se chamaille au point de ne plus former qu’un seul corps. Une piscine étang avec algues et nénuphar, un escalier hélicoïdal suspendu par un câble dans les airs, un valet malicieux et un vagabond magnifique complètent cet étrange tableau.

Chacun des interprètes est convaincant. James Thierrée bouge, jongle ou s’envole avec élégance et agilité. Valérie Doucet use de son corps élastique avec fureur ou grâce. La voix de Mariama charme. L’immense batracien de papier imaginé par Victoria Thierrée est d’une poésie merveilleuse. Mais est-ce la trame d’une histoire parfois peu lisible, quelques personnages paraissant juste brossés, le foisonnement de décors parfois peu exploités ? Je reste ce soir-là sur la rive et peine à m’associer à l’enthousiasme débordant du public qui ovationne la troupe à l’issue du spectacle.

 

La grenouille avait raison de James Thierrée au Domaine d’O dans le cadre du festival Le Printemps des Comédiens. Avec Valérie Doucet, Samuel Dutertre, Mariama, Yann Nédélec, Thi Mai Nguyen et James Thierrée. Vendredi 24 juin 2016.  À voir en tournée en Europe et en France jusqu’en décembre 2016.

La Fondation BNP Paribas soutient la Compagnie du Hanneton depuis 2010.

 

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