Rencontre avec Josua Hoffalt et Samuel Murez pour leur spectacle « Tchaïkovski – Récits du Royaume des Songes »
Josua Hoffalt, Danseur Étoile du Ballet de l’Opéra de Paris, propose son propre spectacle : Tchaïkovski – Récits du Royaume des Songes, les 13 et 14 juin au Théâtre André Malraux de Rueil-Malmaison. Ce spectacle a été monté main dans la main avec Samuel Murez – également danseur à l’Opéra de Paris – et avec 3e Étage, la compagnie qu’a montée ce dernier avec des artistes de la troupe parisienne.
Tchaïkovski – Récits du Royaume des Songes est un ballet narratif inspiré des personnages des ballets de Tchaikovski. C’est aussi une façon pour le danseur de montrer sa vision du ballet classique d’aujourd’hui. Rencontre avec Josua Hoffalt et Samuel Murez, qui expliquent ce projet au long cours et leur façon de voir la danse.
Comment est né Tchaïkovski – Récits du Royaume des Songes ?
Samuel Murez – Avec Josua Hoffalt, nous travaillons depuis longtemps ensemble. Nous avons évolué en parallèle, alimentant nos parcours respectifs d’innombrables conversations. Dans mes chorégraphies, j’utilise le langage classique pour un moment virtuose ou pour avoir un recul humoristique. Je ne m’en sers pas quand j’ai quelque chose de sérieux à dire, parce que j’estime qu’il introduit une certaine distance. Josua Hoffalt n’est pas forcément d’accord avec ça. Il est confronté à la problématique de l’interprétation : comment jouer ces rôles classiques aujourd’hui ? Il cherche des solutions et il en trouve qui sont pour moi très inventives, et à mon sens pas suffisamment reconnues. Il est devenu un danseur classique avec un style particulier, que l’on ne voit pas dans d’autres pays. Cela vient de l’école française avec cette élégance et cette propreté académique. Il y a rajouté cette musicalité, cette mobilité du haut du corps, le sens du phrasé, une dynamique. C’est quelque chose pour moi de très novateur. Dans un ballet, il ne se met pas forcément en valeur, il sert le personnage avant tout. L’équilibre de l’oeuvre y est meilleur, il y a une très grande harmonie.
Josua Hoffalt est en train de développer sa propre façon de danser et sa propre approche du ballet classique. Je lui ai donc demandé s’il n’aurait pas une idée de spectacle, quelque chose qu’il pourrait faire avec les moyens de 3e Étage pour concrétiser sa vision et la défendre. C’est arrivé il y a 1 an et demi.
Josua Hoffalt – À ce moment-là, je revenais d’une longue blessure. Ma réflexion est un ensemble de choses, mais être arrêté, c’est aussi un moyen de prendre du recul. J’ai continué à aller voir des spectacles, cela m’aidait à me rendre compte de ce qui marchait ou non, de ce que j’aimais voir, de ce que je voulais changer chez moi.
Quelle est l’idée de base du spectacle ?
Josua Hoffalt – Je voulais faire un ballet classique d’aujourd’hui, en essayant de moderniser certaines choses que l’on trouve tous les deux un peu dépassées, comme certains aspects de mise en scène, d’éclairages ou de découpages.
Samuel Murez – Nous travaillons sur ce que l’on a envie de garder ou faire évoluer. Nous aimons aussi tous les deux introduire un peu de recul ou d’humour sur ces personnages des ballets classiques.
Quelles sont les choses que vous trouvez dépassées ?
Samuel Murez – Par exemple, le fait de casser l’action avec les saluts, sortir ainsi du personnage pour interagir avec le public.
Josua Hoffalt – Ou le placement particulier avant la variation, ça n’est plus possible (sourire). Pour moi, les saluts dans les ballets sont comiques : je suis mort, mais attendez, je me relève pour saluer (rires). Ceci-dit, les saluts ne servent parfois pas qu’à récolter les louanges, ils sont aussi faits aussi pour reprendre son souffle. C’est pour moi leur seule raison d’être, sinon je les couperais systématiquement. Ce qui n’empêche pas le public d’applaudir à un moment, mais sans que le rythme dramatique ne soit coupé ou que l’orchestre ne s’arrête.
Samuel Murez – La première fois que nous avons donné Désordres sans aucun salut, en enchaînant tout, c’était aux États-Unis il y a quelques années. Ce moment a été très important pour nous, car cette question de lier les choses et ce rythme fut ensuite d’une incroyable évidence. François Alu a aussi lancé son spectacle, en faisant le moins de saluts possible. Pour les prochaines éditions, il veut vraiment travailler sur cet enchaînement.
La pantomime fait partie de cette réflexion ?
Josua Hoffalt – La pantomime fait partie des gros débats ! Que nous n’avons pas fini de retoucher d’ailleurs.
Samuel Murez – Dans nos premières discussions sur le sujet, nous voulions faire quelque chose de très lisible, plutôt contemporain. Je pensais ainsi à certaines choses dont je peux me servir dans mes pièces contemporaines pour raconter des histoires. Mais en travaillant, nous nous sommes rendu compte que cela ne correspondait pas du tout avec l’idée de faire un ballet classique. Nous avons donc travaillé sur une sorte d’équilibre délicat. Tout ce qui est très codifié en pantomime, ce que les gens ne peuvent pas comprendre sans savoir, nous l’avons exclu. Mais, comme cela reste un ballet classique, il y a une sorte de stylisation.
La pantomime ne peut plus être comprise aujourd’hui ?
Josua Hoffalt – Je ne suis pas sûr qu’elle ait déjà été comprise par les gens qui ne sont pas du milieu de la danse. J’ai dansé Le Lac des cygnes il y a deux mois, je n’ai eu que des retours de personnes qui ne comprenaient pas la scène de pantomime du deuxième acte. Sauf peut-être ceux et celles qui avaient vu le ballet plusieurs fois. Je ne pense pas que la pantomime soit le meilleur moyen pour faire avancer la narration. Quand vous regardez les ballets de Roland Petit, il n’y a quasiment pas, voire pas du tout de pantomime. Mais l’histoire est claire du début à la fin et les personnages sont extrêmement caractérisés.
Samuel Murez – Pour moi, la pantomime n’est pas forcément dépassée. Mais l’on oublie parfois de se poser la question de ce que l’on cherche à accomplir avec une œuvre. En tant que chorégraphe, je me demande quel est l’effet que je cherche à produire, et si cet effet (dramaturgique ou visuel) fonctionne. Parfois, en remontant des ballets, certaines personnes oublient ce que le chorégraphe cherchait à accomplir. La pantomime, c’est un peu ça. Est-ce que c’est ce que le chorégraphe cherchait en termes de stylisation ? D’émotion ? La pantomime peut aussi créer une certaine distance. Je n’ai donc pas envie d’être catégorique sur le sujet. Mais je ne suis pas sûr que la façon dont on s’en sert aujourd’hui corresponde vraiment au but recherché…
On peut ainsi imaginer une Giselle dans sa version classique sans pantomime ?
Samuel Murez – C’est aussi une question d’essence. Cela fait partie de l’identité de Giselle d’être un peu incompréhensible. Il y a plusieurs niveaux de lecture dans ce ballet. Pour Tchaïkovski – Récits du Royaume des Songes , j’hésite à y écrire sur la feuille de présentation : « Ce ballet, comme tous les ballets classiques, est fait pour être vu plusieurs fois« . Cela fait partie de l’essence ou de la nature du ballet classique.
Tchaïkovski – Récits du Royaume des Songes devait être au départ une nouvelle histoire à partir des extraits du répertoire. Il y aura finalement de la création chorégraphique. Comment cela a-t-il évolué ?
Josua Hoffalt – L’idée de départ était de reprendre certains passages connus du répertoire, en partant tout d’abord de Tchaïkovski parce que j’aime particulièrement ce compositeur, notamment pour les ballets narratifs. Il emmène dans des mondes très évocateurs. Plus le projet avançait, plus il grossissait, plus mes ambitions évoluaient. Finalement, la part de chorégraphie déjà existante que je voulais préserver s’est au fur et à mesure rétrécie. On est aujourd’hui à 75 % de création originale et de 25 % de reprise.
Vous aviez déjà pensé à être chorégraphe avant ?
Josua Hoffalt – Non, pas avant que Samuel Murez ne me propose le projet.
Ce travail est venu facilement ?
Josua Hoffalt – Dans un premier temps, même si Samuel Muez me poussait à créer directement avec les danseur-se-s, j’avais une inhibition et un stress vis-à-vis d’eux et de la gestion du temps dans le studio. J’allais donc d’abord créer seul, jusqu’à ce que j’estime que les choses étaient assez correctes pour leur montrer. Je proposais ensuite, les passages évoluaient selon les interprètes. La confrontation avec les autres a été le plus difficile, le fait d’imposer quelqu’un chose à quelqu’un, surtout de proposer une vision des choses. C’est ce que je fais aussi quand je suis danseur, mais je suis danseur depuis longtemps (sourire). La chorégraphie était quelque chose de tout nouveau et j’avais besoin de prendre un peu d’assurance de mon côté. Maintenant, les choses se font directement.
Que sont les 25 % de reprise ?
Josua Hoffalt – Des chorégraphies de Marius Petipa, un peu de Rudolf Noureev. Il y a certaines choses que je n’ai pas pu retoucher, notamment les quatre petits Cygnes. J’ai essayé de modifier deux ou trois petites choses, j’ai fait une boucle, je suis parti loin et je suis revenu. Il faut ensuite avoir le recul et l’humilité pour se dire que les choses sont suffisamment bien telles quelles.
Comment s’est construite la trame dramatique du spectacle ?
Josua Hoffalt – La narration est un travail commun. Je suis partie d’une histoire. Samuel Murez m’a aidé sur certains aspects à développer, des zooms sur des personnages. C’est un mélange de plusieurs histoires.
Samuel Murez – Josua Hoffalt est très bon à l’intérieur des scènes, il a un vrai grand sens de la mise en scène. Je me spécialise pour ma part dans les arcs dramatiques de la soirée. On se complète là-dessus. Je me suis aussi beaucoup impliqué dans le dénouement car c’est très important pour moi que chaque personnage se conclue de façon satisfaisante.
Quelle est la trame du spectacle ?
Samuel Murez – Tout démarre au château de Carabosse. Elle règne sur sa cour composée de Seigneurs des ténèbres d’une main de fer, avec beaucoup de colère et de hargne, probablement parce qu’elle n’a pas de compagnon et que cela la met de mauvaise humeur. Elle a à sa cour le bouffon, le meilleur ami de son fils Rothbart. Ce dernier ne pense qu’à s’amuser et danser, il est complètement immature. Les seigneurs se demandent qui va succéder à Carabosse. Pour elle, c’est son fils, mais il n’est pas du tout intéressé par ça. Elle veut qu’il trouve une épouse, lui veut juste s’amuser. Au bout d’un moment, elle s’énerve et elle le bannit du château avec le bouffon, leur disant de revenir uniquement lorsque son fils aura trouvé une compagne.
Le bouffon et Rothbart se retrouvent dans la forêt enchantée, où ce dernier est en grand questionnement existentiel. Ils tombent sur l’Oiseau bleu en train de se faire poursuivre par le Chat botté qui veut le manger (s’ensuit une course-poursuite digne de Tex Avery que j’aime beaucoup !) Ils sauvent l’Oiseau bleu, et lui demandent comment trouver une épouse pour Rothbart. L’oiseau leur indique qu’il y a un lac pas loin avec de très beaux cygnes féminins. Au lac se trouve aussi le Prince Siegfried, totalement imbu de lui-même (que tous les danseur-s-s surnomment le mac des Cygnes). Il est entouré de son espèce de harem de cygnes, avec la cheffe des cygnes le Cygne blanc, deux petits cygnes et un Cygne noir qui est un peu le vilain petit canard, méprisé et mis à l’écart. Tout le monde est en admiration devant Siegfried, sauf le Cygne blanc qui ne peut plus supporter sa suffisance et la façon dont il les traite.
Quand les trois voyageurs arrivent au Lac, tout le monde voit que Rothbart est en noir, ça ne peut donc qu’aller avec le Cygne noir. Sigefried voudrait profiter de l’occasion pour s’en débarrasser. Mais personne ne se soucie du fait qu’ils ne se plaisent pas du tout. Rothbart est en fait plus intrigué par le Cygne blanc.
À l’acte 2, tout le monde est de retour au château de Carabosse pour célébrer le mariage. La veille, Rothbart et le Cygne blanc se croisent au détour d’un couloir et se plaisent beaucoup. Le mariage donne lieu à beaucoup de divertissements, où l’on voit que le Cygne noir n’a vraiment pas envie d’être là, qu’elle veut être admirée par Siegfried, et que quelque chose se passe entre le Cygne blanc et Rothbart, alors que tout le monde est contre leur couple. Quant au dénouement…
Josua Hoffalt – Il y a aussi Mistigri qui est un personnage un peu en dehors de la narration.
Samuel Murez – Le spectacle dure 1h40 mais le dénouement va très vite. Plusieurs choses se passent simultanément lors de la dernière scène.
Quels seront les interprètes ?
Samuel Murez – Rothbart est dansé par François Alu, Carabosse par Muriel Zusperreguy, le bouffon par Hugo Vigliotti, le chat par Takeru Coste, Mistigri par Lydie Vareilhes, le Cygne blanc par Sofia Rosolini, le Cygne noir par Lénore Baulac ou Clémence Gross, les deux petits cygnes par Clémence Gross, Marion Gautier de Charnacé ou Sophie Mayoux, le Monstre par Niccolò Balossini, l’Oiseau bleu par Paul Marque, Siegfried par Yann Chailloux et les Seigneurs des ténèbres par Simon Le Borgne, Antonin Monié ou Antonio Conforti.
Comment s’est fait le travail musical sur Tchaïkovski – Récits du Royaume des Songes ?
Josua Hoffalt – La chorégraphie est profondément liée à la musique, à l’orchestration, au type d’instruments que l’on entend. Au départ, je comptais prendre les partitions de La Belle au bois dormant, Le Lac des Cygnes et Casse-Noisette. Mais à l’écoute, je me suis rendu-compte que cette dernière était trop à part. En revanche, les deux premières se mélangent vraiment très bien. Je n’ai pas utilisé de leitmotiv, même si c’est quelque chose que j’aime énormément.
Samuel Murez – Aucune musique ne correspond au personnage initial, tout se mélange. Par exemple, le grand trio de Siegfried où il se recoiffe tout le temps – j’appelle ce passage le solo hommage de Siegfried à lui-même – se déroule sur la musique d’une des variations d’Aurore. Et ça marche très bien (rires) ! La façon dont Josua Hoffalt a choisi et lié les morceaux est très intéressante. Il y a des passages dans les ballets que je ne regardais plus de la même façon. Parfois, ce que Josua Hoffalt a fait correspond beaucoup mieux à la musique que la chorégraphie originale. Il n’est en tout cas pas du tout dans la veine de Rudolf Noureev et ses tempi lents.
Vous avez du mal avec la musicalité de Rudolf Noureev ?
Josua Hoffalt – Si j’ai apprécié danser Le Lac des Cygnes dernièrement, en général, je souffre de la musicalité de Noureev. Et ce n’est pas qu’une question de tempo. Quand je termine une phrase chorégraphique sur le début d’une phrase musicale, pour moi, c’est un outrage au compositeur. Et l’on se retrouve face à des casse-tête en studio.
Samuel Murez – Danser un ballet de Noureev dans le corps de ballet est aussi compliqué. Je n’arrive presque pas à danser les finals de Don Quichotte ou La Belle au bois dormant. Comme le nombre des temps de la phrase chorégraphique et de la phrase musicale ne vont pas ensemble, on peut répéter le passage 10 fois, on se décale toujours. Qu’est-ce que fait un-e chorégraphe ? Il entend la dynamique d’une phrase musicale et il interagit avec pour sa dynamique chorégraphique : un temps fort sur un temps fort, ou jouer sur ce décalage avec le temps fort qui vient juste après. Chez Rudolf Noureev, c’est juste n’importe quoi. Et c’est encore pire pour quelqu’un qui sait lire la partition.
Josua Hoffalt – Ce n’est pas qu’un truc de danseur-se-s. Les chef-fe-s de chant dans les studios vous tiennent exactement le même discours.
Samuel Murez – C’est aussi compliqué en répétition. Comme il n’y a aucune évidence musicale, chaque répétiteur et répétitrice a la sienne.
La musicalité est fondamentale pour vous. Pourtant, vous m’aviez surprise lors d’une interview à Tutti Magazine où vous déclariez ne pas aimer danser George Balanchine. C’est pourtant un chorégraphe extrêmement musical. Vous préfériez danser Études de Harald Lander, alors que sa partition est plus faible…
Josua Hoffalt – George Balanchine n’est pas forcément ce que je préfère danser. Mais ce n’est pas par rapport à la musicalité. Aujourd’hui, j’en suis à moment dans ma carrière où faire juste de la danse, des pas pour des pas, m’amuse peut-être un peu moins. J’aime avoir un personnage, raconter une histoire, au moins avoir une caractérisation, une ligne, quelque chose à défendre. Il y a d’ailleurs des veines que j’aime plus ou moins dans le répertoire de George Balanchine. Des ballets plus anciens, inspirés des Ballets russes comme Le Fils prodigue, me parlent plus que ses black & white.
Si l’on parle avec des mélomanes, ils préféreront bien sûr entendre les musiques choisies par George Balanchine que celle d’Études. Mais on en revient à cette notion du spectacle dans son ensemble. Pour moi, Études, même si la partition est plus faible, a vraiment une notion de divertissement.
Samuel Murez – Et puis l’orchestration d’Études est très rigolote. Pour le coup, la chorégraphie est vraiment musicale. C’est tout un monde.
Josua Hoffalt – Et Études raconte vraiment quelque chose ! Il y a toute une progression. La musique du final, c’est Star Wars (rires) ! Ce ballet est vraiment un emblème pour moi. Je le redanserai volontiers tant que je serai en forme.
Samuel Murez – À l’Opéra de Paris, un seul regard sur George Balanchine est aussi acceptable : c’est le maître à penser des chorégraphes.
Josua Hoffalt – J’irai beaucoup plus chez Jerome Robbins. Il y a quelque chose de beaucoup plus humain, plus de chaleur. Quelque chose que je ne retrouve pas chez George Balanchine, dont les ballets sont pour moi plus mathématique et rigide.
L’un des fondements de 3e Étage est de proposer des « spectacles complets », où l’on pense à la chorégraphie, mais aussi aux costumes, décors, à la narration, aux maquillages, aux effets, à la production… C’est le cas aussi de Tchaïkovski – Récits du Royaume des Songes ?
Samuel Murez – Oui, et c’est l’un des points les plus importants que nous voulons défendre avec ce projet, qui conditionnera ou non la réussite du spectacle. Il y a aujourd’hui un très fort courant minimaliste dans la danse : en gros, la musique plus des pas, cela suffit pour un ballet. Ça peut, ça a pu. Mais Josua Hoffalt et moi nous sommes plus dans la filiation des ballets russes de Diaghilev, de Roland Petit, avec une très forte influence des comédies musicales américaines. Nous voulons défendre un spectacle total, qui soit une expérience multi-sensorielle avec des tableaux visuels et sonores, une dramaturgie, des effets, du grand spectacle… Pour nous, le ballet, c’est tout ça. Nous aurons d’ailleurs des décors originaux pour Tchaïkovski – Récits du Royaume des Songes, ce qui a été compliqué à mettre en place. Ce sont deux toiles de 17 m par 7, rétro-éclairées, peintes à la main, à l’ancienne. Il y aura des explosions, de la fumée, des maquillages très travaillés.
Josua Hoffalt – Il n’y a pas que de la danse. Le ballet, ce n’est pas juste du tutu et des collants. Ce n’est pas que ça.
Les deux ensembles – C’est vraiment un spectacle total.
Au niveau de la production du spectacle, cela doit compliquer les choses ?
Samuel Murez – Les effets introduisent une quantité de complexités que l’on n’imagine pas. Les lumières changent selon les décors, la fumée altère la qualité du sol. Il faut un permis de feu pour les explosions et la personne qui s’en occupe doit être à une certaine distance. Mais la question que l’on se pose est : est-ce que cet effet produira un effet d’enchantement total ? Est-ce qu’il y aura des tableaux sublimes ? C’est ce que nous cherchons à avoir.
C’est un projet beaucoup plus ambitieux que Désordres ?
Samuel Murez – Oui. C’est aussi une autoproduction, mais l’équipe technique compte 12 personnes. En travaillant sur ce spectacle, je me rends compte en fait pourquoi il y autant de ballets minimalistes (sourires).
Josua Hoffalt – Je pense, que dans les ¾ du temps, ce n’est pas un choix mais une solution de facilité.
Samuel Murez – Je n’aurais jamais fait ce spectacle pour moi, car je me serais dit que ce serait beaucoup trop difficile. Comme c’est lui qui dirige le spectacle, je veux servir sa vision et me démener pour trouver des solutions.
Josua Hoffalt – Et une fois que l’on a trouvé la solution à un problème, cela ouvre en fait le champ à pleins d’autres problèmes qu’il faut en permanence résoudre. On est tout le temps face à ça. Tous les jours, Samuel Murez arrivait en me disant qu’il y avait un nouveau problème.
Vous avez un exemple particulier ?
Samuel Murez – Toute la scène du Lac se fait avec un tapis de fumée lourde, qui reste au sol. C’est un effet sublime. Mais comment ne pas asphyxier le public ? Cela varie selon les produits. Il faut un aspirateur à fumée, et penser à l »éventuel dépôt sur le lino. Lors d’une première répétition avec cet effet, tous les danseur-se-s sont tombé-e-s.
Il y a aussi un produit allemand qu’il faut faire brûler pour avoir un effet « rayon de soleil » sur la lumière. J’ai donc amené ma petite casserole avec ma plaque électrique. Sauf que j’avais une place à induction et que ça ne marchait pas pour ce produit. On a un chariot, une cuisinière, une casserole, c’est du bricolage mais l’effet est très beau.
Comment cela fonctionne financièrement ?
Samuel Murez – Nous n’avons pas de subvention mais certains de nos mécènes nous ont apporté un soutien exceptionnel et très généreux. Tout problème artistique est un problème financier et de production. Engager un danseur de plus, c’est un cachet. C’est très français de vouloir séparer les deux. Quand vous voyez le résultat, s’il y a des choses qui sont réussies, elles le sont aussi par mon travail de directeur. La partie chorégraphe est imbriquée dans les autres, dans la façon de faire travailler, de répéter.
Comment les tâches se sont-elles réparties pour monter ce spectacle ?
Samuel Murez – Ce n’est pas tellement qui fait quoi. C’est un projet commun, mais c’est Josua Hoffalt qui signe le spectacle. C’est donc lui qui, artistiquement, fait les choix. Certains passages ont été faits par moi, ou par François Alu, ou par Muriel Zusperreguy. Mais c’est Josua Hoffalt qui a eu le dernier mot. Ce qui sera en scène reflètera son goût et sa patte. Et il a une patte très distinctive. C’est ce que je fais aussi dans Désordres. Je m’appuie beaucoup sur les gens avec lesquelles je travaille. Mais l’important est que ce soit moi qui vais dire ce qui reste ou non.
Josua Hoffalt – Il y avait aussi d’autres contraintes, dont le fait que nous sommes danseurs à l’Opéra de Paris. J’ai un planning très chargé. Je suis sur Les Enfants du Paradis et Paquita, j’ai fini L’Histoire de Manon, je vais démarrer La Fille mal gardée... Mes temps de répétitions sont réduits. On a l’habitude avec Samuel Murez de travailler ensemble depuis 10 ans, on se connaît depuis plus longtemps encore. Je peux me permettre de m’appuyer sur lui pour les répétitions. Je sais que, quand bien même il va créer quelque chose de nouveau, il va le faire à ma façon. On se fait totalement confiance. Il me montre à chaque fois ce qu’il fait, je dis oui ou non.
Samuel Murez – Le tout se mélange, même sur mes responsabilités de production. Il y a peu de chose que je fais sans la validation de Josua Hoffalt. Depuis le temps que l’on travaille ensemble, on sait ce que l’autre veut, même si nous ne sommes pas toujours d’accord. C’est un gros projet, c’est bien que l’on se relaye. Très souvent, Josua Hoffalt passait sur une scène, je repassais dessus, il repassait encore.
Josua Hoffalt, vous êtes jeune chorégraphe alors que Samuel Murez a bien plus d’expérience. Il n’y a jamais eu la crainte de ne pas arriver à laisser sa touche face à lui ?
Josua Hoffalt – Il y a une telle entente et un tel respect de Samuel Murez pour ce que je fais qu’à aucun moment je ne me suis senti dépassé ou envahi. Tout ce qu’il a pu m’apporter, ça a d’abord toujours été fait sur proposition. Je lui ai dit à chaque fois franchement ce que je voulais.
Samuel Murez – Pour moi, le projet est très clair : servir la vision de Josua Hoffat. Tout ce que je fais est dans ce but-là, soutenir et clarifier la vision.
Josua Hoffalt – Si je n’avais pas été suffisamment clair dans ce que je voulais, il n’aurait pas pu faire ce travail.
3e Étage existe depuis bientôt 10 ans. Il y a une notion de troupe très forte dans ce groupe, l’idée que vous partagez une vision commune. Francois Alu se pose aussi des questions sur la tradition…
Samuel Murez – Rien que Josua Hoffalt et moi, on se connaît depuis l’École de Danse. C’est vrai qu’il y a une culture du groupe. Les gens qui sont dans 3e Étage ne le sont pas par hasard. Et puis nous avons fait pas mal de choses ensemble, des voyages, plusieurs spectacles. Il y a des valeurs artistiques et humaines qui reviennent. Dès qu’un nouveau ou une nouvelle arrive, nous lui parlons tout de suite de sujets artistiques très présents chez nous : un rapport à la lumière, au rythme, la façon de danser grand.
Josua Hoffalt – Aussi par rapport à l’autre en scène, les espaces que l’on peut avoir entre nous. Ce sont des notions dont on ne nous parle pas forcément directement à l’Opéra de Paris, parce qu’il n’y a pas assez de temps ou trop de monde.
Samuel Murez – J’ai des idées artistiques fortes que j’ai développées depuis plusieurs années. Après, chaque personne qui fait partie du groupe, que ce soit depuis plus ou moins longtemps, apporte aussi son influence. Cette culture qui nous est propre est créée par tout le monde.
Josua Hoffalt, qu’est-ce que travailler avec Samuez Murez vous a apporté dans votre carrière d’interprète ?
Josua Hoffalt – Samuel Murez est le premier à m’avoir proposé une chorégraphie contemporaine, une création, à bouger autrement. C ‘était la pièce Epiphénomènes. Et cela m’a pas mal libéré. On a fait ça sans pression, ce qui n’est pas forcément le cas à l’Opéra de Paris. Il a fait cette création en me regardant, en prenant en compte la personne qu’il avait en face de lui, qui j’étais. Il a cherché à développer des choses qu’il voyait chez moi et que je ne percevais pas forcément. Ce qui est encore le cas aujourd’hui, il peut me donner quelques conseils lorsque j’aborde un rôle.
Samuel Murez – Tout comme Josua Hoffalt me donne son regard sur mes pièces, un regard qui compte énormément pour moi. Je n’avais jamais été aussi anxieux que d’entendre sa réaction après la première du Rêveur.
À l’inverse, qu’est-ce que Josua Hoffalt vous apporte dans votre parcours de chorégraphe ?
Samuel Murez – Nous avons deux chemins parallèles. J’ai très vite monté mes spectacles et je considère Josua Hoffalt comme un interprète de tout premier plan. Il sert mon travail avec une rigueur, une précision, une écoute et un talent de premier ordre. Je ne serais jamais devenu le chorégraphe que je suis sans un interprète comme lui. Cette conversation artistique est primordiale pour 3e Étage. Ce n’est pas juste de venir sur le plateau et de danser, ce sont des choses qui se discutent, se réfléchissent. Au sein du groupe, nous nous envoyons ainsi des vidéos en permanence. On voit, on échange, on discute. François Alu danse, nous allons lui dire ce que nous en pensons. Je vais faire une création, ils vont me donner leur regard. Cet échange est très important pour la construction et la richesse artistique. Travailler tout seul dans son coin n’est pas suffisant pour construire quelque chose de suffisamment riche artistiquement en tant qu’interprète ou chorégraphe.
Comment conciliez-vous ce travail de chorégraphe, cette troupe 3 Étage et votre travail d’interprète à l’Opéra de Paris ?
Samuel Murez – Travailler dans cette maison qu’est l’Opéra de Paris est une grande richesse, un honneur, un privilège. C’est une maison qui a une histoire incroyablement riche, ancienne et incroyable. Nous sommes chacun responsable de poser notre petite pierre, de continuer certaines traditions, ou le contraire. Il ne faut pas oublier que ces traditions d’aujourd’hui ont été des nouveautés à un moment. Une tradition qui n’évolue pas meurt et termine au musée. Nous devons défendre nos traditions de la façon la plus forte et convaincante possible. Et pour ça, je pense qu’il faut pouvoir créer et être libre d’imprimer sa marque aux choses.
Ce groupe 3 Étage est peut-être une façon faire ça. Pour François Alu par exemple, ce groupe lui permet de concrétiser sa vision des choses. Il va développer son projet, en faire un autre. Josua Hoffalt a aussi sa vision de la danse classique, du spectacle, avec cette influence des comédies musicales. Ce serait dommage que le public ne puisse en profiter que lorsqu’il est interprète. 3e Étage, c’est le moyen de lui donner la marge d’action pour défendre sa vision. Ce groupe est le moyen d’expression de gens que j’apprécie et que j’admire beaucoup.
C’est ça que je vois aussi de notre collaboration : pouvoir s’exprimer. J’espère que notre travail ensemble lui permet de s’exprimer plus largement. Quand je vois toute la richesse de ce qu’il dit et pense sur le classique, sa façon unique de danser le classique, cela mérite que l’on s’attarde dessus.
Il n’y a jamais l’envie de partir pour vous consacrer à vos spectacles ?
Samuel Murez – Pour moi, c’est une évidence de rester à l’Opéra, c’est ma maison. C’est aussi ce qui permet de faire 3e Étage. La façon dont j’ai organisé les choses a beaucoup d’avantages que peu de directeurs de compagnies ou de chorégraphes ont. J’y suis très attaché.
Quel est le regard de l’Opéra de Paris sur ce spectacle ?
Samuel Murez – Stéphane Lissner nous a reçus de façon très cordiale et sympathique. On a eu un très bon contact, et il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour nous encourager, il nous a accordé ce qu’on était venu lui demander, notamment pouvoir donner ce spectacle à Paris. Ce qui n ‘est pas encore fait, mais nous y réfléchissons, il faut trouver le bon contexte. Nous remercions aussi Benjamin Millepied qui nous a permis d’utiliser les costumes de l’Opéra de Paris.
Quel est le futur de Tchaïkovski – Récits du Royaume des Songes ?
Josua Hoffalt – Le spectacle va tourner la saison prochaine, peut-être la saison d’après. Il sera en tout cas forcément en mutation.
Samuel Murez – J’espère qu’il va s’améliorer de dates en dates, peut-être trouver dans quelques saisons une forme cristallisée.
Ce travail vous a-t-il donné envie de monter d’autres spectacles ?
Josua Hoffalt – Il faut déjà voir comment cela se déroule. Ce n’est pas que ce qui se passe en studio c’est aussi un choix de vie. Je suis encore Danseur Étoile pour 10-11 ans à l’Opéra de Paris, j’ai des responsabilités, une certaine pression. J’ai trouvé le temps pour Tchaïkovski – Récits du Royaume des Songes mais c’était extrêmement difficile et pesant. J’ai un fils depuis un an et demi, c’est parfois compliqué. J’aurais peut-être aimé le voir un peu plus. Je ne souhaite pas avoir toute l’année le rythme de vie que j’ai eu pendant ces derniers mois. Mais c’est une porte que je ne me ferme pas.
Samuel Murez – C’est une porte qui va forcément être ouverte après le spectacle, par la qualité que propose Josua Hoffalt en tant que chorégraphe classique, l’inventivité de ses mises en scène. Lorsqu’il danse, il lie les mouvements ensemble par des chemins qui lui sont propres. Il met ça aussi dans ses chorégraphies, avec la musicalité, qui est un point essentiel chez lui. Il y a beaucoup de chorégraphes qui parlent de musicalité, Josua Hoffalt l’est réellement, dans sa danse et sa chorégraphie.
Si vous deviez monter un autre spectacle, ce serait dans quelle direction ?
Josua Hoffalt – Nous parlons souvent de comédie musicale avec Samuel Murez. Je ne chante pas de façon professionnelle, mais ça me plairait de chanter, danser et jouer la comédie sur scène, ce truc de la comédie musicale. J’ai comme référence Fred Astaire. Chantons sous la pluie est peut-être le film que je prendrais avec moi sur une ile déserte. Il n’y a rien de concret mais nous en parlons souvent.
Samuel Murez – Pour moi, il y a de la comédie musicale dans Tchaïkovski – Récits du Royaume des Songes. On y sent l’amour de ces choses-là, cette influence.
Vous savez déjà ce que vous allez danser la saison prochaine ?
Josua Hoffalt – Benjamin Millepied m’a déjà parlé des trois ballets classiques (Giselle, La Bayadère et Roméo et Juliette), ainsi que Thème et variations de George Balanchine à la rentrée. Pour le reste, j’aimerais vraiment participer à la création de William Forsythe. C’est toujours un événement quand ce chorégraphe monte une pièce et je n’ai jamais travaillé avec lui.
Quel est le programme de 3e Étage pour la saison prochaine ?
Samuel Murez – Tchaïkovski – Récits du Royaume des Songes va partir en tournée. François Alu prépare une deuxième mouture de son spectacle, qui sera donné à Bourges et dans d’autres théâtres.
Et où en est Le Rêveur, ballet dont vous avez montré uniquement le prologue dans Désordres et une soirée Danseurs/Chorégraphes ?
Samuel Murez – La partition avance bien, ce que fait le compositeur est extraordinaire. Narrativement, Le Rêveur est un ballet en quatre actes, avec des décors en durs, une grosse production. Je l’ai intégralement dans la tête, il y a longtemps que je travaille dessus. Pour moi, c’est la prochaine étape, c’est vraiment le truc que j’ai envie de faire. Mais je me rends compte avec Tchaïkovski – Récits du Royaume des Songes que je n’ai pas encore les moyens de monter ce spectacle. Je n’ai pas, aujourd’hui, la solution pour faire Le Rêveur.
alena
C’est passionnant ! Vraiment ! Merci Amélie !
Joelle
Ils vont encore nous faire du ciselé/ du sur mesure/ de l’inhabituel /rien que du génial quoi !!! Je m’en réjouis d’avance !
Marjo
Interview passionnante et pertinente ! Merci beaucoup !
Iris
C’est très intéressant et j’aimerais énormément voir ce spectacle!
Il y a juste qqchose qui me dérange dans cette itw, lorsque Samuel Murez dit: « Noureev c’est n’importe quoi », « je n’arrive même pas à terminer ses variations » etc… Hum… je ne veux pas être méchante mais ce danseur qui va sur ses 33 ans est tjs quadrille non?
Il a le droit de ne pas aimer et les danseurs contestent souvent les chorégraphies de Noureev pour sa musicalité et sa technique – entre autre- on le sait. Je ne suis pas pro Noureev fan groupie etc.
Mais un tel dénigrement, envers un danseur d’exception et qui a porté l’ONP au firmament?
Et après avoir lu Benjamin Millepied déclarer: »Je ne reprendrai pas toutes les chorégraphies de Noureev car elles sont trop techniques, c’était son style, son choix »… il y a sans doute un lien de cause à effet avec la baisse du niveau général constatée du corps de ballet depuis sa disparition? (Voir d’autres sujets, d’autres blogs, forums, ne serait-ce chaque année sur les promotions et nominations… qui ont tjs fait débat mais qui prennent de l’ampleur).
Les Guillem, Legris, Letestu…. danseurs de l’ère Noureev sont tjs pas ou presque égalés, et comme Benjamin Millepied l’a précisé cette ère est terminée. On a remarqué!
Sabine
Confidences émouvantes dans cet entretien.
Respect et intelligence de ces deux danseurs et chorégraphes hors du commun. Il faut juste savoir lire les émotions et les intentions de ces deux interprètes.
Amélie Bertrand
@ tous et toutes : Merci de vos retours revis !
@ Iris : Samuel Murez parle des parties de corps de ballet qu’il est amené à danser, soulignant qu’il y a le même problème dans ces parties d’ensemble que dans les variations. Il ne dénigre pas Noureev mais porte un regard sur son travail de chorégraphe (qui, il est vrai, est souvent tarabiscoté).
laure
enfin des danseurs de l’opéra en province, à un tarif raisonnable !!!!!!!! ho làlà !! chouette ! ma place est prise!!
après je pense hélas que question technicité ODP est en dessous du marinski actuellement et je n’aime guère la direction donnée par millepied trop « américaine » dans la forme comme dans le fond. sans doute que je m’y connais peu
Amélie Bertrand
@ Laure : Le Mariinsky a une technique très différente aussi. Après, honnêtement, cela fait déjà quelques années que l’ONP est plutôt « en-dessous »,
laure
et voilà ! tchaikovski récits du royaume des songes ANNULE à brive la gaillarde !!!!!!!!!!!snif!!!!!!!!!!!!!
qui sait où et quand ce spectacle se produit??