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Le Palais Garnier, cet antre mystérieux

Le Palais Garnier, ces dorures, sa salle rouge, son grand escalier, son foyer, son célèbre Ballet de l’Opéra de Paris… De quoi intimider n’importe quel public pas forcément au courant des codes et modes du monde du ballet. Car il suffit de ne pas les respecter pour recevoir un coup d’oeil furieux et réprobateur de vos voisins et voisines. Pour vous aider à y voir plus clair, Danses avec la plume vous livre le parfait manuel du « Comment se comporter au Palais Garnier », ce qu’il faut dire, ce qu’il faut faire et comment applaudir, sans oublier l’humour bien entendu (et pas de jaloux-se, dans la semaine sera publié un « Le Théâtre de la Ville, ce lieu énigmatique », parce que la danse contemporaine aussi réserve quelques surprises).

 

Comment s’habiller

La grande question : est-ce que l’on doit « s’habiller » (sous-entendu, se mettre sur son 31) pour aller au Palais Garnier ? En observant les spectateurs et spectatrices à l’entracte, on s’aperçoit vite que pratiquement tous les codes vestimentaires sont là : le costume-cravate, la robe de bal (souvent des Américaines), le jean, la petite robe noire, les escarpins, le t-shirt ou des Japonaises en kimono d’apparat. Vous poussez un soupir de soulagement, le dress-code semble plus libre que prévu. Fatale erreur.

En fait, tout dépend de l’endroit où vous êtes installé-e. Les cravates et Louboutin pullulent à l’orchestre et se raréfient à mesure que l’on monte les étages. Et se pointer en jean au parterre peut vous valoir des coup d’oeil furieux et réprobateurs particulièrement appuyés (pour certains galas AROP, les places de dernière minute n’étaient pas vendues aux personnes ayant un jean, véridique). La solution ? Assumer ! Vous n’avez pas eu le temps de vous changer en sortant du boulot alors que vous êtes au premier rang du balcon ? Assumez d’un regard fier vos baskets trempés par la pluie. Vous avez une petite place en haut de l’amphithéâtre et avez envie de sortir la robe de bal ? Assumez, vous pouvez de toute façon vous rattraper en montant les escaliers comme une princesse.

Le Palais Garnier

Le Palais Garnier

Le point chaussures

Un point stratégique pour ces dames et souvent oublié. Celles qui ont des petites places à 12 euros éviteront bien sûr les talons, car elles devront rester debout. À l’amphithéâtre, les grandes préfèreront les ballerines, évitant ainsi de rentrer leurs genoux dans le dos du voisin du devant. Les petites miseront sur les escarpins pour espérer toucher le sol. Cela se joue à quelques centimètres.

 

Question de clim

La température est ambiante dans toute la salle si ce n’est quelques points stratégiques. Prévoir une petite laine si vous êtes en fond de baignoire (= juste sous la clim). Prévoir un éventail, un brumisateur et un bon stock de bouteilles d’eau si vous êtes à l’amphithéâtre (= devant les portes de l’Enfer question température).

 

Accessoire

La ballerine Repetto. Il faudra un jour faire des statistiques sur le nombres de paires de ballerines Repetto présentes chaque soir au Palais Garnier.

 

Les applaudissements

Vous avez bien appris la leçon des concerts classiques : il ne faut pas applaudir entre les mouvements. Vous vous apprêtez donc à ne pas faire le moindre bruit jusqu’aux derniers saluts. Quand, surprise, en pleine action, toute la salle se lance dans de grands applaudissements et cris de joie. Croyant à une certaine liberté, vous vous mettez donc à applaudir au moindre joli mouvement, vite coupé par le regard furieux et réprobateur de votre voisine. Mais comment savoir quand faire du bruit ?

– Il est possible d’applaudir à la fin des variations. J’ai dit : « À la fin« . Pas avant la dernière note.

– Ne pas applaudir au milieu d’un équilibre, mais uniquement quand ce dernier est terminé (gare aux coups d’oeil furieux et réprobateurs particulièrement virulents)

– Par contre, il est possible d’applaudir pendant les 32 fouettés. Mais de grâce, pas avant le 16e.

– Au deuxième acte de Giselle, il ne faut applaudir que lorsque les Willis se croisent pour la deuxième fois. Ou la troisième. Je ne sais plus. Je n’ai jamais compris en fait.

Le Palais Garnier

Le Palais Garnier

Que faire si l’on passe une mauvaise soirée

Se taire, ne plus bouger, arrêter de respirer et attendre que ça passe (petit truc pour passer le temps : faire sa fashion police silencieuse de vos voisins et voisines de loge). Ne surtout pas s’endormir, même sans ronfler, au risque d’un regard furieux et réprobateur.

 

Le mythe

Les mythes au Palais Garnier, ce n’est pas ce qui manque : Rudolf Noureev (qu’il ne faut appeler que Rudolf), Yvette Chauviré (le public plus ancien peut vous livrer un souvenir ému de son gala hommage)… Il suffit de guetter les statuts dans les foyers.

 

Le moment Bac+15

Quand il faut se servir de la billetterie. Plus tard, le moment où il faut expliquer à un-e néophyte comment se servir de la billetterie.

 

Lecture avant que le spectacle ne commence

Le Journal de Nijinsky ou Les Mémoires de Marius Petipa, selon le spectacle vu (ne vous trompez pas, n’amenez pas Les Mémoires de Marius Petipa si c’est une soirée spéciale Ballets russes de Diaghilev !).

 

Ce qu’il faut dire pour briller

« Tu vois cette loge ? C’est celle du Fantôme de l’Opéra ! »

 

Discussion à l’entracte

« C’est Aurélie qui a fait travailler Dorothée sur ce rôle« . Le vrai public danse évoque toujours les danseurs et danseuses par leur prénom. Même s’il ne leur a jamais parlé, qu’il ne les connaît pas et qu’il n’a jamais vu danser ladite danseuse en question sur ce rôle.

 

À lancer pour démarrer un bon troll

« Et sinon, le Concours de promotion, vous en pensez quoi ? »

Laura Hecquet lors du Concours de promotion 2014, où elle a été promue Première danseuse

Laura Hecquet lors du Concours de promotion 2014, où elle a été promue Première danseuse

Breuvage

Il y a des sandwichs et des coupes de champagne, mais il vous faudra vendre un rein pour en avoir (et faire la queue pendant tout l’entracte, pour vous entendre dire à la fin qu’on ne prend pas la carte, désolé). Les bling-bling iront au bar à Cointreau (ce qui vous permettra de participer au nouveau débat du moment : trop ou pas assez dosés, ces cocktails à Cointreau ?).

 

Ce qu’il faut acheter à la boutique

Le porte-clé chausson de danse, absolument trop mignon.

 

Le petit truc en plus

À la fin du spectacle, laissez la foule partir vite et ne vous pressez pas. Descendre l’escalier dans le silence, admirer les dorures, tableaux er décors sans la foule, respirer cette ambiance si particulière qui souffle dans ces couloirs devenus déserts, c’est toujours un moment magique.

 

À compléter !




 

Commentaires (9)

  • alena

    Je n’applaudis pas les Willis, j’ai peur qu’elles s’envolent à jamais.
    Merci Amélie! Charmant!

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  • FogFog

    Le palais Garnier, ses dorures, ses grèves

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  • Pardon… je vais être carrément hors registre… mais chaque fois que je vais à Garnier, et c’est souvent, je pense certes à « Rudolf », à « Sylvie » (Laura Hecquet lui ressemble sur cette photo), à toute cette fabuleuse « génération Noureev », à Béjart, à Claude Bessy, à Delphine de l’Age Heureux…. mais, surtout, je revois chaque fois Louis de Funès à l’orchestre: mon « fantôme de l’opéra ». Voilà, vous nous demandiez de compléter… Merci pour cette jolie chronique, Amélie

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  • Joelle

    Pour les sandwiches et coupes de champagne qui coûtent fort cher, pas besoin de faire la queue… Vous pouvez les commander pour l’entracte de votre choix (quand il y en a deux) dès en arrivant à Garnier ! 🙂 Et je n’ai pas encore croisé le fantôme !!!

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  • Sophie

    Quand je vais à l’Opéra je m’habille comme je veux : mon jean n’est pas moins déplacé que le prix des places !!!

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  • Fabien

    Vous connaissez l’Elixir d’amour de Donizetti, la Flûte Enchantée de Mozart et le Lac des Cygnes de Tchaïkovski ? Non désolé, je ne connais que l’Elixir de Pelly, la Flûte de Carsen et le Lac de Rudolf…

    Bien que j’aime m’habiller pour une soirée à l’opéra, j’y vais souvent en jean/t-shirt/baskets. Et si ça ne convient pas à Mme la Duchesse, je suis prêt à disserter opéra ou ballet toute la soirée avec elle…

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  • Guiom2paris

    Contrairement à ce qui est écrit, toutes les places sont assises, mêmes celles à 12 euros. Les talons ne sont pas forcément à bannir.

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