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Paris Quartier d’été – Let me change your name d’Eun-Me Ahn

La chorégraphe sud-coréenne Eun-Me Ahn a décidément marqué la danse de danse contemporaine en France. Année France-Corée oblige, sa compagnie a été invité à l’automne pour son triptyque Dancing Teen Teen/Dancing Grandmothers/Dancing Middle-Aged Men. Elle revient en juillet pour une autre pièce, Let me change your name, dans le cadre de Paris Quartier d’été. Au Carreau du Temple, Eun-Me Ahn a une nouvelle fois séduit avec sa danse unique en son genre, fascinante, s’interrogeant sur la société sud-coréenne d’aujourd’hui avec ces codes qui se mélangent.

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Let me change your name d’Eun-Me Ahn

Le plaisir de Paris Quartier d’été commence d’abord par l’idée de voir de la danse dans des lieux plus insolites. Pour Let me change your name de Eun-Me Ahn, direction la grande salle du Carreau du Temple, assis.e sur des coussins au plus près de la scène, combattant à coup d’éventails distribués pour l’occasion la chaleur estivale parisienne. Loin de l’ambiance colorée de Dancing Teen TeenLet me change your name joue sur une certaine sobriété pour questionner le genre et l’androgynie. Au fond de scène, un simple fond blanc. Sur scène, huit interprètes vêtu.e.s de robes noires ou blanches. La danse démarre, répétitive, bondissante. Les robes s’enlèvent, les corps se dénudent. Mais rien de sexuel dans cet acte, aucune impudeur non plus. Si les corps sont marqués hommes ou femmes, les esprits des interprètes sont comme asexués. Les robes noires et blanches sont remplacées par des robes roses ou jaunes fluos. Comme de nouvelles peaux, sans pour autant transformer les interprètes dans ce qu’ils.elles sont profondément.

Au milieu de danseurs et danseuses plutôt jeunes, Eun-Me Ahn apparaît comme une sorte de guide. Son long solo est saisissant. Le geste se fait rare au début, mais la chorégraphe vibre de tout son être sur scène. Son regard est perçant, semblant sonder chaque personne du public. Il y a un peu de Carolyn Carlson dans ce long solo, un peu de Martha Graham, un peu de Tao Ye dans ce travail graphique. Et beaucoup d’indéfinissable qui fait la danse d’Eun-Me Ahn quelque chose d’unique en son genre.

La danse de groupe reprend, tout en fluo, avec un humour qui rend cette pièce finalement répétitive accessible. Eun-Me Ahn dépeint une nouvelle génération qui a arrêté d’essayer de se définir. Le corps, le sexe, le vêtement n’est pas ce qui fait la personne. Cette génération ne sait pas forcément ce qu’elle est, mais elle est là, occupant l’espace, regardant son époque avec une bonne dose d’humour et de curiosité qui n’oublie pas un certain détachement. L’envie d’exister et de créer son propre monde n’en est pas moins percutante.

 

Let me change your name d’Eun-Me Ahn dans le cadre de Paris Quartier d’été, avec Eun-Me Ahn, Wanyoung Jung, Kibum Kim, Sihan Park, Youngmin Jung, Jihye Ha, Hyekyoung Kim et Eisul Lee. Vendredi 22 juillet 2016. 

 

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