Tour de promenade sur les compagnies de danse allemandes
L’Allemagne est un État fédéral, composé de 16 Länder ou « états fédérés », sorte de régions souveraines qui cultivent des identités fortes. Nos cousins germains ont toujours redouté la centralisation à la française. Rien d’étonnant donc que le panel de leurs compagnies, mouvementées par les méandres de l’histoire, soit éperdument foisonnant, et ce au nord comme au sud, à l’est comme à l’ouest… Petit tour des principales compagnies de danse en Allemagne, leur répertoire, leur histoire et leurs particularités.
Le Staatsballett de Berlin
Sa (longue) histoire
Le Staatsballett de Berlin est né de la fusion de trois compagnies de ballet en 2004 : les Deutsche Staatsoper et Komische Oper (Berlin-Est) et la Deutsche Oper (Berlin-Ouest).
La Deutsche Staatsoper, située sur la célèbre avenue Unter den Linden (« sous les tilleuls »), est fondée en 1945 et Tatjana Gsovsky en est la directrice jusqu’en 1951. Egon Bischoff (directeur de 1974 à 1993), surtout, cultivera l’académisme russe, situation géographique de la Deutsche Staatsoper oblige. En 1993, Michaël Denard prend la tête de la compagnie : Maurice Béjart, Roland Petit ou Rudolf Noureev font leur entrée au répertoire, Patrice Bart remonte des grands classiques. En 2002, Vladimir Malakhov reprend les rênes.
Non loin de la Deutsche Staatsoper et également située à Berlin-Est, se trouve la Komische Oper, fondée en 1947 par le metteur en scène de théâtre et d’opéra Walter Felsenstein. Ce dernier nomme Tom Schilling chorégraphe en chef en 1966, qui a pour devise de « légitimer la danse tel un unique mode de composition d’un événement humain« . De nombreux.ses danseur.ses sont identifié.e.s comme des Étoiles phares de toute une génération : Hannelore Bey, Jutta Deutschland, Roland Gawlik, Dieter Hülse, Angela Reinhardt, Gregor Seyffert (actuel directeur de la Staatliche Ballettschule Berlin)… En 2001, Blanca Li fait une courte apparition pour laisser les commandes à Adolphe Binder de 2002 à 2004.
La Städtische Oper / Deutsche Oper Berlin se situe à Berlin-Ouest, à Charlottenburg. Tatjana Gsovsky, après avoir quitté la Deutsche Staatsoper, continue son parcours en tant que chorégraphe indépendante. De 1958 à 1966, elle est la Maîtresse de ballet et chorégraphe en chef de l’institution ouest berlinoise. Kenneth MacMillan (1966–1969) lui succède brièvement. En 1972, Gert Reinholm fait osciller la programmation entre des ballets d’Auguste Bournonville, Marius Petipa et George Balanchine, et des chorégraphies de Hans van Manen, Kurt Jooss, Maurice Béjart et Valery Panov. Le couple star de la maison est incarné par Eva Evdokimova et Peter Schaufuss. Ce dernier est nommé directeur en 1990, puis il y aura Ray Barra (1994), Richard Cragun (1996) et, de 1999 à 2004, la Française Sylviane Bayard.
Son actualité
Le Staatsballett de Berlin réside désormais à la Deutsche Oper, tout en continuant à se produire dans les deux autres institutions. Il n’y a qu’une troupe de ballet pour ces trois maisons d’opéra. La soliste la plus médiatique de la troupe est indéniablement Polina Semionova, repérée dès ses 17 ans à l’École du Bolchoï à Moscou par Vladimir Malakhov. En 2003, à 19 ans, elle devient célèbre grâce au clip Demo (Letzter Tag) de Herbert Grönemeyer, chorégraphié par Rudi Reschke. En 2012, Polina Semionova claque officieusement la porte de la compagnie berlinoise suite à une mésentente avec une Maître de ballet… Entre temps, la direction est passée entre les mains du chorégraphe espagnol Nacho Duato, qui ne manque pas de l’inviter régulièrement : douze dates sont programmées avec Polina Semionova en soliste, tout au long de cette saison 2015-2016 qui s’annonce foisonnante !
Le Ballet de Hambourg
Son histoire
En 1973, un jeune Américain venant du Ballet de Francfort révolutionne la ville hanséatique, il s’appelle John Neumeier. Son credo : la danse pour tou.te.s. Après avoir pris la direction du Ballet de Hambourg, il crée la Ballettschule de Hambourg (1978) et le Bundesjugendballett (2011). Ce dernier place la danse classique au cœur de lieux improbables comme dans des prisons, des boîtes de nuit, des ateliers, des centres de réfugiés, des maisons de retraite, etc.
Pour le Ballet de l’Opéra de Hambourg, John Neumeier a créé entre autres de fascinantes relectures de Casse-Noisette, du Lac des cygnes ou de La Belle au bois dormant, un léger Songe d’une nuit d’été d’après Shakespeare, plusieurs chorégraphies abstraites sur les Symphonies de Mahler, un tonitruant Sacre du printemps ou encore une spirituelle Passion selon Saint Mathieu. Le chorégraphe « classique-moderne » à l’inspiration foisonnante a également revisité de nombreux ballets « littéraires » (La Dame aux camélias, Un Tramway nommé désir, Peer Gynt, Hamlet, Othello…). Tout au long des saisons, la maison organise aussi des portes ouvertes. Depuis 1975, les Hamburger Ballett-Tage, clôturés par le Nijinsky-Gala, enchantent les Hambourgeois.
Son actualité
En 2015, le répertoire de la compagnie (qui en 40 ans a vu passer 421 danseur-se.s et usé environ 50.000 paires de pointes !) enregistre au compteur 120 ballets de John Neumeier et 60 autres pièces de chorégraphes invité-es. Le 28 juin dernier, John Neumeier a présenté une version revisitée de son Peer Gynt (ballet datant de 1989), et le 6 décembre prochain, il propose sa toute dernière création, Duse, qui évoque le destin de l’actrice italienne Eleonora Duse. Un rôle qui sera interprété par… Alessandra Ferri !
Le Ballet de Leipzig
Son histoire
Le Ballet de Leipzig prend son élan dans les années 1940, sous l’influence de la danseuse Mary Wigman (qui formera Gret Palucca, fondatrice de la célèbre école de formation de Dresde). Disciple de Rudolf Laban, elle voit son œuvre comme « le résultat d’un processus organique ». Mary Wigman est considérée comme l’une des pionnières de la danse libre. Reconstruit en 1960, l’Opéra de Leipzig gagne en reconnaissance internationale lorsque Uwe Scholz, formé par John Cranko et Marcia Haydée, devient directeur de la compagnie en 1991. Le chorégraphe a un sens aigu de la musicalité et aime chorégraphier des ballets symphoniques, comme par exemple Die Schöpfung, sur une partition de Joseph Haydn, aux lignes néo-classiques élégantes. En 2005, Le Canadien Paul Chalmer prend la relève de Uwe Scholz, qui décède le 21 novembre 2004 des suites d’une pneumonie.
À savoir
Depuis 2010, Mario Schröder, formé à la Palucca Schule de Dresde, dirige le Ballet de Leipzig. Chorégraphe prolifique, il crée de nombreuses pièces pour la compagnie : Herzbrennen, Jim Morrison, Das Nibelungenlied, Pax 2013 (reconstruction du ballet de Uwe Scholz, Pax questuosa, datant de 1992), Rachmaninow, Mozart Requiem… En chorégraphes invités, on trouve entre autres des danseurs français tels que Jean-Philippe Dury, Martin Chaix ou Bruno Bouché. Le 22 avril 2016, le danseur espagnol Iván Pérez (Nederlands Dans Theater, Dansa Barcelona) viendra présenter Flesh : trois pièces modernes qui devraient faire la part belle au mouvement et aux sentiments.
La Dresden Frankfurt Dance Company
Son histoire
La feu Forsythe Company a débuté la saison 2015-2016 sous un autre nom, la Dresden Frankfurt Dance Company, et sous la direction de Jacopo Godani : William Forsythe s’en est allé pour des raisons de santé. Jusqu’en 2018, la compagnie sera encore et toujours itinérante et voyagera entre le Festspielhaus Hellerau de Dresde (qui abritait déjà avant la Première Guerre mondiale la scène contemporaine montante) et le Bockenheimer Depot de Francfort. Originellement fondée en 2005 par William Forsythe (qui avait dirigé le Ballet de Francfort pendant plus de 20 ans), la création de la Forsythe Company fut le résultat du conflit opposant la capitale de la Hesse et le chorégraphe américain.
Son actualité
La troupe est en tournée fin novembre dans le cadre du Festival international Madrid en Danza avec la pièce The Primate Trilogy et présente en février Symptoms of Development de Jacopo Godani et Luisa Sancho Escanero. Espérons qu’il-elle cultiveront le langage forsythien, porté sur l’articulation et la désarticulation du mouvement comme jamais, entre accents et inflexions.
Le Ballet de la Semperoper de Dresde
Son histoire
Construit par Gottfried Semper en 1841, l’Opéra de Dresde fut victime d’un incendie en 1869. Reconstruit en 1878, il ne résistera pas à l’apocalyptique bombardement de février 1945, qui détruisit presque entièrement « la perle de la Saxe » (et fit près de 25.000 morts !). Il ne reste alors que les façades extérieures… Il faudra attendre 1985 pour que la Semperoper puisse à nouveau fièrement trôner sur Theaterplatz.
À savoir
Le Canadien Aaron Sean Watkin (en entrevue à propos de son jubilé) dirige la compagnie depuis 2006. Ex-soliste de William Forsythe et de Nacho Duato (Compañia Nacional de Danza), il fut aussi assistant de David Dawson et Johan Inger, et directeur des Loft Dance Studios à Bruxelles. Les choix de Aaron Sean Watkin oscillent entre classiques traditionnels et créations contemporaines. Les premières de la saison 2015-2016 en témoignent : Manon de Kenneth MacMillan se danse en ce moment sur les planches et une création à venir du jeune chorégraphe suédois Alexander Ekman, intitulée COW, éveille déjà grandement l’intérêt…
Le Staatsballett de Munich
Son histoire
Le répertoire du Ballet de Munich est vaste, allant des romantiques (Giselle, La Sylphide) aux classiques (Le Lac des cygnes, La Belle au bois dormant, Don Quichotte, La Bayadère, Le Corsaire), jusqu’aux pièces bijoux des Ballets Russes. On trouve également des ballets de John Cranko (Roméo et Juliette, Onéguine, La Mégère apprivoisée), de Frederick Ashton (La Fille mal gardée) et de John Neumeier (Casse-Noisette, Songe d’une nuit d’été, La Dame aux camélias, A Cinderella Story). Une liste interminable d’autres chorégraphes compose le répertoire munichois : George Balanchine, William Forsythe, Jiří Kylián, Hans van Manen, Twyla Tharp, Lucinda Childs, Angelin Preljocaj, Mats Eks, etc.
Trois intendants phare ont dirigé l’institution bavaroise : Heinz Rosen (1959-1967), John Cranko (1967-1970) et Konstanze Vernon (1989-1998). Le Tchèque Ivan Liška, aux commandes de la compagnie depuis 1998, programma pour sa première saison une soirée George Balanchine / José Limon / Jean Grand-Maître : audacieux, même si ce dernier chorégraphe sera plutôt mal accueilli à l’époque.
À savoir
Composé d’un ensemble très cosmopolite (les danseur.se.s proviennent de 32 nations !), le Ballet de Munich compte également des solistes renommé-es comme Lucia Lacarra, Marlon Dino ou Cyril Pierre. En 2010, le Bayerisches Staatsballett II a été créé pour permettre à la jeune génération de danseur.se.s de parfaire leur formation avant d’intégrer des compagnies professionnelles.
Son actualité
La célèbre BallettFestwoche aura lieu cette année du 3 au 19 avril 2016. Il y aura, entre autres, une entrée au répertoire d’une pièce de Pina Bausch, du Richard Siegal, Le Ballet triadique de Oskar Schlemmer, Gerhard Bohner et Mary Wigman, une création de Simone Sandroni et un Terpsichore-Gala en hommage au directeur sortant. Après dix-huit ans de bons et loyaux services, Ivan Liška quittera en effet ses fonctions cette saison, laissant sa place au danseur russe Igor Zelensky.
Le Ballet de Stuttgart
Son histoire
Le Ballet de Stuttgart a une longue histoire derrière lui. Tout commence à la cour de Wurtemberg avec Jean-Georges Noverre (1727-1810) qui fait de Stuttgart une capitale de la danse prestigieuse, au cœur de la scène européenne. Trois siècles plus tard, en 1957, Nicholas Beriozoff, ancien danseur des Ballets Russes de Monte Carlo, agrandit la compagnie et revisite le répertoire classique. C’est surtout en 1961 que le talentueux danseur et chorégraphe sud-africain John Cranko, en provenance du Sadlers Wells Theatre de Londres, fait son apparition et prend les rênes de la maison. Sa devise : « Que la danse soit le portrait même de la vie ». Cela se reflètera magistralement dans ses pas de deux. Il crée de nombreux ballets intemporels comme Roméo et Juliette, Onéguine, La Mégère apprivoisée, trois œuvres caractéristiques de son style narratif subtil, de sa musicalité stupéfiante et de sa créativité chorégraphique brillante.
En 1973 à sa mort, L’Américain Glen Tetley prend sa succession et crée des ballets qui continuent à explorer le mouvement : Voluntaries (1973), Le Sacre du Printemps (1974), Daphnis et Chloé (1975). En 1976, la direction du Ballet de Stuttgart devient féminine sous la houlette de la grande danseuse brésilienne Marcia Haydée (née en 1937). Elle fait entrer au répertoire des pièces de Hans van Manen, Maurice Béjart, et de plus jeunes chorégraphes (William Forsythe et Jiří Kylián). Elle met fin à ses fonctions de directrice à la fin de la saison 1995-1996, après 35 ans de présence scénique, en interprétant le rôle de Madame Rosanne de Maurice Béjart dans Gaîté parisienne. Depuis cette date, le Canadien Reid Anderson est à la tête du Ballet de Stuttgart.
À savoir
John Cranko est l’un des premiers à instaurer des soirées rythmées par les créations des danseur.se.s de sa compagnie (cette année ce sera le 11 mai), leur permettant ainsi de stimuler leurs goûts pour la chorégraphie. Ces soirées révèleront notamment quelques talents, et pas des moindres : John Neumeier, William Forsythe et Jiří Kylián ! En 1971, la John Cranko Schule ouvre ses portes, devenant très vite l’une des écoles de formation les plus réputées au monde. John Cranko décède en plein vol, subitement, à l’âge de 45 ans le 26 juin 1973 au cours du voyage de retour d’une tournée aux États-Unis.
Son actualité
L’un de ses solistes les plus connus est Friedemann Vogel, qui accompagne souvent Polina Semionova lors de galas. Au tableau des premières en 2016 : The Second Detail de William Forsythe, une création de Marco Goecke et la Septième Symphonie de Uwe Scholz (29 janvier), Kammerballett de Hans van Manen, Arena de Glen Tetley et une création de Katarzyna Kozielska (4 mars), et Salome de Demis Volpi d’après Oscar Wilde (10 juin).
Le Ballett am Rhein
Son histoire
Jonglant entre Dusseldorf (Opernhaus Düsseldorf) et Duisbourg (Theater Duisburg), le Ballett am Rhein est dirigé depuis 2009 par le Suisse Martin Schläpfer. Le magazine tanz l’a classé comme « Meilleure compagnie allemande » trois années consécutives, de 2013 à 2015. En digne successeur d’Erich Walter, Paolo Bortoluzzi, Heinz Spoerli et Youri Vàmos, l’intendant actuel persévère à offrir un répertoire diversifié : George Balanchine, Kurt Jooss, Antony Tudor, Frederick Ashton, Jerome Robbins, Merce Cunningham, Hans van Manen, Twyla Tharp, Mats Ek, Jiří Kylián, Nils Christe, Amanda Miller, Marco Goecke, Young Soon Hue ou Paul Lightfoot & Sol León.
Son actualité
Au total, 45 danseur-se.s de 16 nationalités composent la troupe qui sera en tournée cette année au Festival d’Édimbourg, à l’Opéra de Tel Aviv et aux Maifestspielen de Wiesbaden. Martin Schläpfer, en intendant visionnaire, ne délaisse pas le contemporain en mettant en action sa propre créativité et en invitant régulièrement des artistes comme Regina van Berkel, Martin Chaix, Uri Ivgi, Johan Greben et Antoine Jully. En créations cette saison, il y aura des pièces signées Martin Schläpfer, Hubert Essakow, Nils Christe, Terence Kohler ainsi que du 18 juin au 1er juillet 2016, un spectacle présentant de jeunes chorégraphes prometteurs, intitulé Young Moves.
Le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch
Son histoire
Issue de la Folkwang Schule d’Essen (école fondée en 1927 par Kurt Jooss et qui pose les bases de la danse moderne allemande), Pina Bausch est nommée en 1973 par Arno Wüstenhöfer chorégraphe permanente à l’Opéra de Wuppertal, dans la Ruhr, après y avoir conçu la Bacchanale de Tannhäuser. Pour explorer et allier le théâtre et la danse, elle fonde le Tanztheater de Wuppertal et y crée quatre pièces : deux sur des partitions de Gustav Mahler, et deux sur les opéras de Christoph Willibald Gluck (Iphigénie en Tauride et Orphée et Eurydice).
En 1975, Pina Bausch révolutionne le monde du spectacle avec son Sacre du printemps, suivi des Sept Péchés capitaux, de Barbe-bleue et de Café Müller. Ses pièces transpirent une théâtralité à fleur de peau, ses danseur.se.s expérimentent la vie, entre douceur sombre et humour noir. Pina Bausch confronte joie et peine, sans jamais perdre l’espoir que l’amour résoud tous les maux. Vers la fin de sa vie, elle se tourne particulièrement vers la nouvelle génération, souhaitant avant tout voir ces jeunes se réaliser, « être eux-mêmes ». La grande dame de la danse expressive allemande décède en 2009, en laissant derrière elle 36 ans de créations foisonnantes et un répertoire unique.
Son actualité
La compagnie sera en tournée avec Masurca Fogo à partir du 2 décembre aux Théâtres de la Ville de Luxembourg et à Anvers, puis du 18 au 20 décembre avec Pleine Lune au Grimaldi Forum à Monaco. En mai 2016, le Tanztheater de Wuppertal sera avec Água aux Théâtre de la Ville et du Châtelet et à Nîmes (début juin) avec Café Müller et Le Sacre du printemps. Pour la première fois, la troupe va aussi se tourner vers d’autres chorégraphes que Pina Bausch. Son défi : continuer à exister malgré la mort de sa créatrice.
Le Aalto Ballet de Essen
Son histoire
Le Aalto-Theater de Essen dans la Ruhr doit sa construction au Finlandais Alvar Aalto, catalogué comme l’un des plus grands architectes du XX. siècle aux côtés de Walter Gropius, Ludwig Mies van der Rohe ou Le Corbusier. Débutée en 1959, la construction s’étalera sur 30 ans. Alvar Aalto (1898-1976), adepte du fonctionnalisme et de l’architecture organique, ne pourra donc pas voir son œuvre achevée.
Depuis 2008, le Belge flamand Ben Van Cauwenbergh est aux commandes du Aalto Ballet de Essen. Fils de la danseuse Anna Brabants (dont la sœur, Jeanne Brabants, fondera le Ballet royal de Flandre à Anvers, qu’elle dirigera jusqu’en 1984), il débute jeune sa formation et entre rapidement au Ballet de l’Opéra de Flandre. En 1976, Ben Van Cauwenbergh remporte la Médaille d’argent au Concours de Varna et la Médaille d’or au Prix de Lausanne. À Essen, il a créé divers ballets en tant que chorégraphe : La Vie en rose, Carmen/Boléro, Irish Soul, Tanzhommage an Queen et Romeo und Julia. Ben Van Cauwenbergh a étoffé le répertoire de la maison en ajoutant des classiques comme Coppélia de Roland Petit, La Sylphide de Peter Schaufuss, Undine et Cinderella de Stijn Celis, Ein Sommernachtstraum de Heinz Spoerli, Deca Dance de Ohad Naharin, Othello de Denis Untila et Michelle Yamamoto, et Die Odyssee de Patrick Delcroix.
Son actualité
La première de la saison (le 23 avril 2016), baptisée Archipel, sera une soirée consacrée à Jiří Kylián et composée de Wings of Wax (1997), Petite Mort (1991), 27’52 (2002) et Sechs Tänze (1986).
Le Staatsballett de Hesse et le Staatsballett de Karlsruhe
Leurs histoires
Voici deux petites compagnies qui vont vite devenir grandes ! Le directeur du Ballet de la Hesse à Wiesbaden, Tim Plegge, a fait ses classes à l’École de Cirque de Bordeaux, aux Pays-Bas et à l’École du ballet de Hambourg de John Neumeier. Accepté à suivre un cursus d’études chorégraphiques à Berlin (Hochschule für Schauspielkunst Ernst Busch), il est l’assistant de Helena Waldmann et Christian Spuck. Aimant le dialogue entre les arts, il travaille avec le peintre Norbert Bisky pour créer en 2013 sa pièce They, programmée dans le cadre d’un spectacle intitulé MASSE et dédié aux chorégraphes berlinois émergents. Présenté dans les murs bruts du légendaire club Berghain, They est une chorégraphie physique et loquace dans son mouvement.
Quant à Birgit Keil, directrice du Staatsballett de Karlsruhe depuis 2003, elle nourrit un amour pour les lignes classiques, la précision et la justesse. Alors étoile au Ballet de Stuttgart, le New York Times l’aurait décrite comme « une ballerine de pointure internationale, digne héritière de Fanny Elßler ». Depuis 1997, elle est également la directrice de l’Académie de la danse de Mannheim. Birgit Keil recherche des danseur-ses (la compagnie compte notamment beaucoup de Brésilien-nnes) rigoureux-ses, soucieux-ses du tempo, et qui maîtrisent un subtil équilibre entre technique et interprétation.
Leurs actualités
La dernière création du Ballet de la Hesse, Kaspar Hauser, sera présentée à Wiesbaden en mars prochain. Clou de la saison 2015/16 : la neuvième Karlsruher Ballettwoche au mois de juin, qui vous proposera de consommer sans modération pendant une semaine des ballets de John Cranko, Reginaldo Oliveira, Youri Vámos et Terence Kohler !
Charlotte
Super article, très interessant ! Je ne connaissais pas toutes ces compagnies et je suis ravie d’avoir appris leur histoire, merci!
Laetitia
Merci pour ce très bel article, qui rend bien compte de la vitalité de la danse en Allemagne, et donne envie de découvrir toutes ces compagnies !
Gaël
Ça donne vraiment envie de découvrir les compagnies Allemande