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Une année au LAAC – Histoires de Faunes

Pour ce deuxième épisode de notre série Une année au LAAC, place à L’Après-midi d’un Faune, au coeur du travail des étudiant.e.s. Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta ont en effet donné une conférence dansée sur ce ballet à la Fondation Louis Vuitton (et de nouveau donnée les 8 et 14 janvier). Nicolas Le Riche a transmis le célèbre rôle du Faune à l’un des élèves. Clairemarie Osta a appris aux apprenties danseuses Une Après-midi, ballet de Nicolas Le Riche créé sur elle où l’héroïne est la Nymphe. Retour sur ces journées de travail portées par la musique de Debussy. 

Le LAAC, l’Atelier d’Art Chorégraphique, a été créé par Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta. Installé au Théâtre des Champs-Élysées, cet atelier propose une formation à des adolescent.e.s, de jeunes danseur.se.s entrant dans le monde professionnel, des amateurs et des enfants. Pendant toute cette saison, Danses avec la plume se glisse dans le quotidien du LAAC. 

 

Une Après-midi

9h, au Studio Coupole du Théâtre des Champs-Élysées, Nicolas Le Riche donne le cours. Une quinzaine de danseurs et danseuses, de 12 à 26 ans, sont à la barre. Il y a ainsi les pros, que nous avons déjà rencontré le mois dernier, et les apprenties (12-16 ans) en justaucorps bleu marine. Pour ces dernières, il s’agit d’un cours de reprise après les vacances de la Toussaint, quand les pros ont eu un stage autour du répertoire du NDT. Le rythme n’en est pas moins soutenu, avec deux heures de technique.

Place ensuite au travail de répertoire sur Une Après-midi, solo créé par Nicolas Le Riche pour Clairemarie Osta. Pro et pré-pros sont toujours réunies dans le studio. Parmi les pro, il y a Camille, 25 ans. Formée à l’École de Danse de l’Opéra de Paris, elle est partie à l’English National Ballet School à Londres ou chez Steps à New York. Revenue en France, elle a passé son diplôme de professeure de danse. « Ce fut une superbe expérience« , raconte-elle. « Je pensais que ça allait m’éloigner un peu de la danseuse que je suis, mais pas du tout. Au contraire, j’ai compris beaucoup de choses et ça m’a donné beaucoup de force« . La danseuse s’est ensuite tournée vers le LAAC, elle y est rentrée en septembre avec l’envie, de nouveau, de passer des auditions pour des compagnies. « J‘ai beaucoup bougé, j’ai pris beaucoup de recul. J’ai envie d’être heureuse et de faire ce que j’aime. Pour l’instant, ce que j’aime, c’est danser« . Au LAAC depuis deux mois, la danseuse s’y sent bien. « Ce lieu nous apporte l’expérience de la scène, la transmission, aussi beaucoup de remise en question ce qui est très bien. On ne se lasse pas, tous les jours sont différents. J’ai l’impression que ça me fait grandir de cette semaine« .

Clairemarie Osta fait travailler le début du ballet, que toutes connaissent déjà bien. Il s’agit donc de peaufiner les détails. Et aussi, dès le début, s’imprégner de la musique. « Je ne vous sens pas chanter la musique. Elle doit résonner en vous-même si on ne l’entend pas« , souligne l’Étoile, alors que les jeunes danseuses répètent un passage sans musique. Clairemarie Osta utilise un langage imagé pour faire comprendre le sens de chaque mouvement, notamment quand elle s’adresse aux plus jeunes. « Ce sont comme des gouttes d’eau, ou une libellule« . Les pros et les apprenties n’en sont pas au même point dans ce travail de répertoire et plus contemporain. Les pros sont à l’aise, imprègnent déjà la pièce de leur personnalité. Les plus petites cherchent encore ce langage, notamment sur les mouvements du dos ou des hanches. Mais voir les grandes les inspire. « En les regardant, digérez les réflexions. Qu’est-ce que je dois changer ? Interrogez-vous si vous êtes en place. Entrainez-vous. Ne vous contentez pas d’avoir compris, appropriez-vous le mouvement« , encourage l’Étoile. De façon globale, faire du mouvement quelque chose d’à soi, de propre, est au coeur de cette séance. « Ça doit être vrai ! Sinon c’est du mimétisme« . Camille reste très concentrée. « On est à l’écoute de la musique, de ce que nous dit Clairemerie Osta sur les gestes, les intentions. Mais il faut rester soi, garder notre touche personnelle avec ce que cette pièce nous inspire« . 

Autre séance de travail, quelques jours plus tard. Seules les sept pros sont dans le studio. Elles travaillent la fin du ballet, qu’elles n’ont encore jamais vu. Volontairement, Clairemarie Osta leur montre une ou deux dois le passage, puis tout le monde se lancent, même si tout n’est pas mémorisé. « Tant pis si tout n’est pas parfait, s’il n’y a pas tout. Même avec des manques, allez au bout du mouvement pour en faire quelque chose« . La danseuse fait parfois travailler les enfants du LAAC sur ce même principe. « Et il y a des surprises« , sourit-elle. Une Après-midi est un solo féminin, en échos au Faune. Normal donc d’y voir dans les gestes des évocations des Nymphes de Nijinski. « Pour moi, ce personnage est une Nymphe« , explique Camille. « Je n’arrête pas de penser au mouvement de la nymphe, à sa délicatesse. Je m’imagine dans un univers de rêve, avec beaucoup de douceur. J’aime beaucoup danser cette pièce, je trouve qu’elle me ressemble un peu »

 

Un Faune

Nicolas Le Riche enchaîne avec la transmission de L’Après-midi d’un Faune. La séance se déroule dans les conditions de la conférence dansée : l’Étoile et l’étudiant, Jesse (que nous avions rencontré le mois dernier), dansent côte à côte le ballet. Nicolas Le Riche chuchote quelques corrections. Une main à placer au bon endroit, un geste plus précis, et l’intention qui va avec. Le fascinant travail de la transmission.  




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