[Sortie ciné] Ballerina d’Eric Summer et Eric Warin
Après un documentaire, un biopic ou l’adaptation d’une bande dessinée, la dernière sortie ciné de l’année est un dessin animé : Ballerina d’Eric Summer et Eric Warin, en salle dès le 14 décembre. Production franco-canadienne, ce film d’animation veut rivaliser pour ces Fêtes avec le blockbuster Disney. Ses armes ? Un Paris de carte postale du XIXe siècle, l’utilisation de l’image de la ballerine plutôt tendance aujourd’hui et des valeurs universelles (le courage, croire en ses rêves). Malgré l’accumulation de clichés, d’invraisemblances et d’anachronismes concernant la danse, et une bande-son parfois insupportable, Ballerina reste mignon comme tout. À prendre comme un conte de fées et à voir avec de jeunes enfants.
Félicie est une jeune orpheline bretonne qui adore danser sur les toits de son orphelinat. La seule chose qui lui reste de sa mère est une boîte à une musique de danseuse. Alors forcément, Félicie ne pense qu’à devenir ballerine à l’Opéra de Paris. Avec son ami Victor qui se rêve en inventeur aux côtés de Gustave Eiffel, les voilà qui filent entre les jambes des surveillants et filent à Paris pour réaliser leurs espoirs. Sur la route de Félicie, il y aura un professeur dur à cuir, des amies, une affreuse sorcière et une bonne fée (l’ancienne danseuse Odette). Et bien sûr, au bout du chemin et des épreuves, la possibilité de danser sur la grande scène de l’Opéra et de voir son rêve se réaliser.
Si le synopsis va dans les valeurs sûres, il ne s’embarrasse pas de délicatesse pour dépeindre le monde de la danse. On passe sur l’invraisemblance totale de l’apprentissage de Félicie, sur les nombreux anachronismes (non, Le Lac des cygnes 1880 au Palais Garnier, ce n’est pas possible) (non, la pointe Repetto n’existait pas non plus). Un.e total.e néophyte de la danse n’y connaissant que les clichés que véhicule le milieu n’aurait pas fait mieux. On passe un peu moins sur la bande-originale qui propose une soupe r’n’b pour la dernière chorégraphie (est-ce vraiment nécessaire pour plaire aux enfants d’aujourd’hui?).
Néanmoins, Ballerina a ses côtés charmants. D’une part, la danse y est magnifiquement dessinée. Aurélie Dupont a servi de modèle et cela se sent dans le coup de crayon. On y ressent l’envol, l’élan, l’envie d’échapper à l’impesanteur, la grâce des pointes. Et puis comment ne pas craquer sur l’émerveillement de Félicie face aux dorures du Palais Garnier, face à ses Étoiles, à ses couloirs sans fin, à son toit, à sa scène, à son premier tutu et ses premiers chaussons ? Tous les Petits rats du monde se retrouveront dans ses grands yeux étonnés et brillants d’excitation. Ballerina est après tout à prendre comme un conte. Tous les codes du genre y sont présents, y compris un certain jeu avec la réalité. Félicie reste un personnage attachant, une petite fille forte qui n’a peur de rien, qui décide de ce que sera sa vie et qui met tout en œuvre pour être libre. Le dessin animé est d’abord là pour faire rêver.