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Dakhla d’Abou Lagraa – Suresnes Cités Danse

Créée à Suresnes cités danse, Dakhla, la dernière pièce d’ Abou Lagraa, invite à un voyage à travers trois villes qui ont compté dans son parcours. D’Alger, à New York en passant par Hambourg, ce périple chorégraphique est une ode au métissage portée par quatre interprètes survolté.e.s.

Dakhla d’Abou Lagraa

D’emblée, il y a l’impression de ne voir que lui. Un physique de pilier de rugby qui détonne à côté des trois autres danseur.se.s. Déjà repéré chez Abou Lagraa, Nassim Feddal dansait dans les rues avant de rejoindre le Ballet contemporain d’Alger, créé par le chorégraphe en 2010. Puissant, précis, il irradie la scène avec la grâce des grands timides. Un pied de nez aux stéréotypes esthétiques. Comme une manière de clamer, avec son corps comme seul porte-voix, que la danse est ouverte à tous, pour autant qu’on s’y adonne avec virtuosité. Dans ce registre, Ludovic Collura, Diane Fardoun et Amel Sinapayen qui composent le reste du quatuor résonnent à l’unisson.

Pour cette déambulation entre les trois villes d’Alger, New York et Hambourg, le directeur de la Compagnie La Baraka a misé sur des interprètes qui portent en eux le métissage de leurs origines et de leurs apprentissages chorégraphiques. Hip hop, danse contemporaine, néo-classique, les références se télescopent à travers leurs apparitions successives. Si, comme d’aucuns le pensent, savoir miser sur les bons interprètes est la première qualité d’un chorégraphe, Dakhla confirme assurément le talent d’Abou Lagraa. Guidé.e.s par trois ambiances sonores, signant l’identité des trois villes, entre le funk électrisant du Prince des années 1980, le lancinant chaâbi arabo-andalou, ou la rythmique carrée du DJ allemand Mike Dehnert, les danseur.ses.s dessinent une carte imaginaire alternant les mouvements en groupe ou en solo. Mais c’est surtout dans les duos qu’éclate tout l’intérêt de cette pièce. En dépit de quelques longueurs, il y a quelque chose d’assez magique à découvrir au fur et à mesure combien les gestuelles se nourrissent les unes des autres, combien la confrontation des différences se révèle fructueuse.

Dakhla d’Abou Lagraa

Abou Lagraa joue avec les contrastes des corps et des énergies en présence. Sa danse qui mixe hip hop et danse contemporaine, sans que l’on ne sache plus vraiment cantonner l’un ou l’autre danseur.se dans un registre, explose d’une richesse inouïe. Et s’il fallait ne garder qu’une image, je repars avec celle de cet intense duo où l’énergie rétive d’Amel Sinapayen rend – pour un temps – les armes face à la force tranquille de Nassim Feddal.

 

Dakhla d’Abou Lagraa au Théâtre de Suresnes Jean Vilar, dans le cadre de Suresnes Cités Danse. Avec Ludovic Collura, Diane Fardoun, Nassim Feddal, Amel Sinapayen. Vendredi 13 janvier 2017. Suresnes Cités Danse continue jusqu’au 4 février.

 

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