Prix de Lausanne 2017 – Les sélections
Les sélections du Prix de Lausanne 2017 ont lieu toute la journée du vendredi 3 février. Après cinq jours de concours, les 68 candidats et candidates présentent devant le jury et le public, sur la scène du Théâtre de Beaulieu, une variation classique et une variation contemporaine.
Voici les 20 danseurs et danseuses sélectionné.e.s pour la finale du samedi 4 février :
102 -Lauren Hunter
104 – Yuika Fujimoto
107 – Jessi Seymour
111 – Sunmin Lee
114 – Rafaela Henrique
120 – Diana Giorgia Ionescu
201 – Koyo Yamamoto
203 – Edoardo Sartori
205 – Denilson Almeida
210 – Joshua Jack Price
212 – Jingkun Xu
213 – Alessandro Frola
303 – Ji Min Kwon
306 – Marina Fernandes da Costa Duarte
312 – Fang qi Li
406 – Sunu Lim
410 – Michele Esposito
415 – Taisuke Nakao
420 – Riku Ota
423 – Stanislaw Wegrzyn
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En général
Le choix du jury est assez équilibré entre les groupes, qui pourtant ne l’étaient pas forcément. Les filles A se ressemblaient beaucoup (beaucoup ont d’ailleurs pris les mêmes variations de l’Odalisque ou des Ombres), toutes plutôt assurées techniquement mais manquant de finesse et de cette pointe de style qui fait la différence. Les quelques personnalités artistiques qui ressortaient l’étaient ainsi assez nettement. Le groupe des garçons A était assez plaisant, parfois brouillon mais avec beaucoup d’engagement et de présence en scène, beaucoup de potentiel. Les filles B montraient une grande différence avec les plus jeunes au regard de leur maturité artistique, même si elles pouvaient être plus perfectibles. Les garçons B étaient nombreux, très assurés techniquement, mais montrant souvent plus de personnalités dans les variations contemporaines.
Les variations contemporaines justement, toutes très belles, n’étaient pas forcément évidentes à appréhender pour d’apprenti.e.s danseurs et danseuses. Difficile d’habiter Nocturnes ou Spring and Fall, ceux qui l’ont fait ont en général été sélectionné.e.s. À l’inverse, Yondering collant tellement bien à ce que vivait les candidats que les maladresses passaient plus facilement.
Peu d’oublié.e.s en général dans cette sélection, même si le regard du jury est forcément différent que celui du public : ce qui compte est avant tout le potentiel de ces jeunes artistes.
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Dans le détail
Lauren Hunter n’est pas la fille qui m’a le plus marquée chez les filles A. Sa danse était pleine de tics, mais aussi assurée et précise, ce qui a dû plaire au jury. Idem pour Yuika Fujimoto qui n’a pas semblé sur scène être la personnalité à s’être le plus démarquée, mais tout le travail de la semaine compte. Rien à redire par contre pour Jessi Seymour, adorable danseuse qui a dansé Cupidon avec beaucoup de piquant et de style, et sa variation contemporaine (Requiem) avec une grande musicalité. Idem pour Diana Georgia Ionescu, superbe et intelligente danseuse, l’une de mes coups de coeur toutes classes confondues. « J’ai essayé d’appliquer tout ce que j’ai pu apprendre en coaching, et je crois avoir pu évoluer : je suis plutôt contente de ce que j’ai fait« , racontait-elle à Danses avec la plume en sortant de scène. Rafaela Henrique, malgré des difficultés sur la durée, a une jolie présence en scène. Sunmin Lee a montré une certaine maturité. Dommage par contre pour la jeune Julie Pinheiro et sa danse précise ou Saki Takeda et sa jolie variation de Paquita (l’un de mes coups de coeur pour cette classe).
Pour les garçons A, aucune surprise pour la sélection de Koyo Yamamoto, à la belle danse et à la jolie présence dans sa variation classique, tout comme dans Yondering malgré quelques maladresses de jeunesse. Edoardo Sartori était fébrile, mais son potentiel était clairement visible. Denilson Almeida a montré une belle personnalité scénique dans Coppélia. Joshua Jack Price fut l’un qui a dominé sa classe : une Fille mal gardée envoyée avec un certain panache et beaucoup de personnalité dans Vaslaw. Idem pour Jingkun Xu, qui a montré beaucoup d’autorité en scène, son James avait du panache. Alessandro Frola cabotinait bien trop dans Harlequinade, il fut plus simple dans Spring and Fall : une belle danse sous des effets forcés. Le seul oubli dans cette classe reste pour moi Frederico Loureiro, qui a proposé une danse très propre dans La Fille mal gardée, et beaucoup d’engagement dans Le Sacre.
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Malgré des derniers déboulés un peu escamotés, la présence de Marina Fernandes da Costa Duarte est une évidence, sa Kitri était un pur régal. Dans cette même variation, Ji Min Kwon a proposé une danse très agréable. Fang qi Li faisait aussi partie des incontournables, remarquée dès le début de la semaine avec son très beau travail de bras et sa danse déjà mûre, digne d’une professionnelle. Je regrette pour ma part l’absence de Caroline Perry en finale et sa Giselle si charmante, ou la très soignée variation d’Aurore de Miyu Takamori. Du côté des Françaises, Louise Coquillard a proposé une Raymonda avec un joli travail de bras et Nocturnes avec de la personnalité, mais tout était peut-être encore trop timide. Hannaë Miquel affiche spontanément une belle présence en scène, et un instinct de musicienne dans Bach Suite II, mais trop de lacunes techniques. Elles devraient avoir toutes leurs chances pour le networking forum.
Enfin chez les garçons B, Michele Esposito est l’un de mes coups de coeur de ce Prix de Lausanne 2017, avec beaucoup d’engagement et d’intelligence dans sa danse, notamment un très beau Nijinski. « Avant même d’entrer en scène, je sentais déjà toute la folie qu’avait Nijinsky en lui« , nous explique-t-il. « À la fin, quand j’était par terre, tremblant, je n’ai pensé qu’à une chose: juste à quel point c’était bien de vivre ce moment« . Riku Ota s’impose également, avec beaucoup de prestance dans sa variation de Solor. Idem pour Stanislaw Wegrzyn, avec une belle proposition artistique aussi bien dans Giselle que Vaslaw. Sunu Lim avait une danse magnifique dans Albrecht, mais un peu en mode mono-expression, bien rattrapé par sa variation contemporaine Wrong Note Rag bien gérée. Taisuke Nakao enfin, a montré un certain potentiel en Siegfried, même si cela manquait à mon goût de personnalité. Je regrette l’absence de Bret Coppa, danseur intelligent, ou Yuki Nonaka et son Basilio explosif. Le français Younès Attoun a montré beaucoup d’engagement sur scène, mais sa danse semblait encore fébrile. Là-aussi, le networking forum devrait lui permettre décrocher quelque chose.