Soirée Cunningham/Forsythe au Ballet de l’Opéra de Paris – Qui voir danser sur scène
Le Ballet de l’Opéra de Paris donne jusqu’au 13 mai au Palais Garnier une soirée Cunningham/Forsythe, composée de trois entrées au répertoire : Walkaround Time de Merce Cunningham, Trio de William Forsythe et Herman Schmerman de William Forsythe. Soit trois pièces exigeantes demandant une belle aisance dans le répertoire contemporain. À noter que cette soirée est enrichi d’un solo de Jérémie Bélingard pour les représentations des 7, 9, 12 et des deux du 13 mai, et que l’Étoile fera ses adieux à la scène sur la dernière date. Ce spectacle est aussi présenté en tournée au TAP de Poitiers du 18 au 20 mai.
Walkaround Time de Merce Cunningham
Caroline Bance (Carolyn), Victoire Anquetil (Walda), Chelsea Adomaitis (Sandra), Amélie Joannidès (Meg), Eugénie Drion (Suzanna), Simon Le Borgne (Merce), Joseph Aumeer (Dove), Antonin Monié (Douglas) et Jean-Baptiste Chavignier (Chris) : les 14, 19, 21, 26 et 30 avril, les 7, 8 et 13 mai (matinée).
Laurence Laffon (Carolyn), Ninon Raux (Walda), Lucie Fenwick (Sandra), Sophie Mayoux (Meg), Sophia Parcen (Suzanna), Simon Le Borgne (Merce), Julien Meyzindi (Dove), Grégory Gaillard (Douglas) et Julien Cozette (Chris) : les 15, 18, 20 et 22 avril, les 4, 5, 9, 12 et 13 mai.
Voilà une pièce typique du répertoire de Merce Cunningham, mettant en scène des mouvements ordinaires sur une musique composée à partir de « sons trouvés ». Une danse plus complexe qu’elle peut y paraître, qui nécessite une grande maîtrise de la danse Cunningham pour apporter à la pièce toute sa profondeur.
La deuxième distribution (qui en fait assure la première, la date du 14 étant celle de l’avant-première jeune) semble clairement à privilégier, de part les danseurs et danseuses expérimenté.e.s qui la composent. En tête Laurence Laffon, formidable interprète contemporaine de la troupe, Lucie Fenwick ou Julien Meyzindi. Voilà un groupe expérimenté, qui a déjà pu travailler du Merce Cunningham, avec au milieu le plus jeune Simon Le Borgne, personnalité très intéressante à suivre de près. La deuxième distribution comporte de belles et beaux artistes, mais qui risquent de manquer d’expérience dans ce genre de répertoire, avec notamment deux surnuméraires. Il sera cependant intéressant de les suivre, avec peut-être quelques révélations à la clé, comme la jeune Eugénie Drion, danseuse qui montre souvent une forte personnalité.
Trio de William Forsythe
Ludmila Pagliero, Fabien Révillion et Simon Valastro : les 15, 19, 21 et 26 avril, les 4, 8, 9, 12 et 13 mai.
Éléonore Guérineau, Maxime Thomas et Hugo Vigliotti : les 14, 18, 20, 22 et 30 avril, les 5, 7 et 13 mai (matinée).
Difficile de choisir entre deux distributions plutôt alléchantes ! Ludmila Pagliero est plus qu’à l’aise dans le répertoire de William Forsythe, s’amusant de cette technique classique désaxée en y mettant un certain détachant non dénué d’humour appréciable. L’Étoile est plutôt bien entourée entre le virtuose Fabien Révillion et l’expérimenté Simon Valastro. La deuxième distribution, très différente, devrait être pleine d’énergie entre Éléonore Guérineau et Hugo Vigliotti qui sont très explosif.ve.s, et qui auront aussi à coeur de défendre un rôle de soliste.
Herman Schmerman de William Forsythe
Eleonora Abbagnato et François Alu (duo) : les 14, 19 et 20 avril, les 7, 9 et 12 mai.
Amandine Albisson et Audric Bezard (duo) : les 15, 18 et 26 avril, le 8 mai.
Hannah O’Neill et Hugo Marchand (duo) : les 21 et 30 avril, les 4 et 13 mai.
Aurélia Bellet et Aurélien Houette (duo) : le 22 avril, les 5 et 13 mai (matinée).
La pièce phare de la soirée est là encore un bel exemple de la virtuosité de William Forsythe, qui demande des interprètes percutants. Le duo Eleonora Abbagnato et François Alu semble prometteur, avec deux grandes personnalités scéniques et à l’aise dans ce répertoire. Hannah O’Neill et Hugo Marchand, partenariat plus glamour et élégant, devrait être passionnant aussi, ces deux artistes ont une grande complicité en scène, et les difficultés de William Forsythe leur vont aussi très bien. À suivre dans les seconds rôles : Lydie Vareilhes ou Roxane Stojanov en Vicky, le jeune et fougueux Pablo Legasa en Maurice ou le toujours formidable Sébastien Bertaud en Tony.
Et vous, quelle distribution allez-vous voir ? Laquelle vous tente le plus ?
lionel
Je suis désolé mais je ne vois personne capable de rivaliser avec Sylvie Guillem dans Herman Schmerman ! Je verrai Hannah O’neil et Hugo le 4 mais je ne les crois pas capables d’assurer ce pas de deux … espérons une incroyable surprise
Marie
Personne ne peut rivaliser avec l’une voir la plus grande danseuse de l’histoire! Mais cela n’empêche pas que les danseurs actuels peuvent s’en sortir plus qu’honorablement ! Un peu comme pour In The Middle, si vous comparez une vidéo de Guillem à l’époque dansant avec Hilaire et que vous comparez avec d’autres danseuses, on a tout simplement l’impression qu’à coté d’elle, les autres sont « médiocres » ce qui n’est pourtant bien évidemment pas le cas (cf: D. Bussell , pour ne citer qu’elle)
lionel
Darcey était impec dans in the middle … la preuve :
https://www.youtube.com/watch?v=7ezGFf69uvQ
Dominique
Je trouve ça assez déplacé comment vous présentez ces distributions, en citant des noms et en en défavorisant d’autres, comme ce que vous dites sur la deuxième distribution du Cunningham sans même l’avoir vu…en fait je pense souvent ça en lisant les « points sur les ditributions »en général qui sont clairement subjectifs sans donner l’impression de l’être….je ne trouve pas ça fair play par rapport aux artistes qui n’ont même pas encore présenté leur travail; De plus il y a toujours cette façon de faire du name dropping autour des danseurs « à la mode »…bref…pas pour moi, je préfère désormais aller au spectacle sans pré-avis et me laisser être touché( ou pas) par n’importe qui, jeune ou vieux, expériementé ou pas, quadrille ou étoile.
Eliot
Tout à fait d’accord, d’autant qu’on peut légitimement se demander d’où sortent certaines prescriptions prétendument éclairées.
Un exemple : asséner qu’Hugo Marchand et Hannah O’Neill « ont une grande complicité en scène » alors que ces deux danseurs n’ont dansé que deux fois ensemble sur la scène de l’Opéra et fait quelques galas ensemble 🙂
Lili
Le principe d’un blog étant d’exprimer les points de vue des auteurs, on peut ne pas être d’accord sur ledit point de vue, mais critiquer l’exercice n’a pas beaucoup de sens….
Ce blog donne aussi son avis après avoir vu les distributions, quitte à avoir évolué par rapport à la position de départ, là encore c’est le principe d’un… blog.
L’idée est plutôt de dire ce en quoi on peut voir les choses autrement, mais exprimer des préférences en matière artistique ou se baser sur son expérience pour donner un avis qui n’a rien d’impératif me semble parfaitement justifié.
Helena
Je rejoins Dominique sur le fait qu’il n’est pas forcement très sympa et pertinent de « dévaloriser » certaines distributions par rapport à d’autres. Mais après tout, c’est le blog d’Amélie, elle fait ce qu’elle veut. Personnellement, j’ai souvent été plus enchanté par des distributions que certains balletomanes ne mettent pas forcement au premier plan avant les débuts des séries parce qu’il n’y a pas ou peu de danseurs étoiles (ou médiatiques comme on dit). Mais il arrive souvent, pour ne pas dire presque tout le temps, que des danseurs non étoiles fassent plus d’étincelles que les étoiles alors que sur le papier, personne n’aurait parié cela. (j’ai encore en tête la fameuse série de la dernière Bayadère où tous les blogs balletomanes mettaient de coté la distribution Bourdon/Bittencourt/Viikinkoski, certes ce dernier s’étant blessé avait été remplacé par le superbe Isaac Hernandez, mais à la fin, ce fut de très loin la plus belle représentation qui marqua la série, avec une Héloïse Bourdon absolument divine au dessus des étoiles, un Isaac Hernandez exceptionnel et une Ida Viikiinkoski solide). Plus récemment, la prestation de Marion Barbeau dans le Songe, qui fut pour moi la plus belle et intéressante Titania de la série.
Joanna
J’ai vu la représentation le 30 et j’ai adoré Herman Schmerman que je ne connaissais pas. En effet Sylvie Guillem dans ce ballet, ça devait être quelque chose ! En tous les cas ce soir là ma préférence a été à la partie quintette. Pablo Legasa facile et aérien et le trio féminin élégant et très équilibré. J’ai découvert Clémence Gross que je ne connaissais pas. Elle a des bras magnifique et une gestuelle féline.
Trio est une oeuvre qui me parait un peu difficile à comprendre mais quelle intéressante manière de réinventer le mouvement. Un mélange de mollesse et de vivacité qui doit être un vrai défi technique. On sentait que les trois interprètes s’amusaient beaucoup.