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Aurélie Dupont remplace Benjamin Millepied à la direction du Ballet de l’Opéra de Paris

Benjamin Millepied quitte la direction du Ballet de l’Opéra de Paris. Il est remplacé par Aurélie Dupont. L’Étoile de la maison, qui avait fait ses adieux à la scène en mai 2015, prendra ses fonctions en septembre 2016.

Le danseur et chorégraphe venu du New York City Ballet avait pris ses fonctions le 1er novembre 2014. La nouvelle a été annoncée par Paris Match le 3 février au conditionnel, avant d’être confirmée quelques minutes plus tard par France Info. La radio évoque qu’il aurait « sous-estimé le poids de la part administrative de sa fonction« . L’information devrait être confirmée par l’Opéra de Paris lors d’une conférence de presse ce jeudi 4 février à 15, à suivre sur le compte Twitter de Danses avec la plume.

Benjamin Millepied a confirmé qu’il quittait la direction de l’Opéra de Paris via les réseaux sociaux. « Si je démissionne […], c’est uniquement pour des raisons personnelles ». Mes fonctions de Directeur de la Danse occupent aujourd’hui une telle place qu’elle réduit considérablement celle, essentielle à mes yeux, de la création et de l’expression artistique ».

Benjamin Millepied explique également qu’il restera « présent aux côtés de l’Opéra de Paris, d’abord pour mener au terme de la saison le travail considérable que nous avons entrepris ainsi que pour accompagner les deux créations programmées de la saison prochaine« .

 

Benjamin Millepied avait provoqué un vent d’air frais à son arrivée à la tête du Ballet de l’Opéra de Paris. Approche médicale du travail, prévention des blessures, une nouvelle génération mise en avant, une nouvelle façon de travailler plus détendue… Le danseur avait envie de changer la façon de faire du Ballet de l’Opéra de Paris, qui sur certains aspects en avait bien besoin.

Benjamin Millepied

Benjamin Millepied

Une compagnie coupée en deux

Mais très vite, la compagnie s’était scindée en deux. D’un côté, la nouvelle génération mise en avant qui avait droit (enfin) à des rôles principaux. De l’autre la génération en place, parfois injustement oubliée, qui reprochait à Benjamin Millepied d’être très souvent absent. « A Garnier, on a coutume de dire depuis longtemps déjà : ‘Si tu veux parler à Benjamin, laisse lui un message sur Facebook !‘ », raconte ainsi un employé aux Échos. « Millepied, ce n’est que du vent« , me soufflait aussi une personne de la compagnie en juin dernier. 

La situation a commencé à être plus compliquée en septembre, au lancement de la première saison programmée par Benjamin Millepied. Médiatiquement, il aimait se mettre en avant. Avec raison, les médias généralistes commençaient ainsi enfin à s’intéresser à la danse. Mais aussi au détriment des danseurs et danseuses. Benjamin Millepied racontait sur Danses avec la plume en février 2015 qu’il voulait mettre les artistes en avant. « C’est une force de communication extraordinaire de mettre les artistes en avant, ces Étoiles qui font rêver« . Force est de constater que, à défaut de danseurs et danseuses stars, le Ballet de l’Opéra de Paris avait surtout un directeur star.

Au mois de décembre, la situation s’était tendue. Benjamin Millepied avait en effet vivement critiqué le niveau de la compagnie dans la presse, dans Le Figaro ou dans le documentaire Relève. Son regard était plutôt juste, mais la compagnie était à ce moment-là en plein rush, enchaînant une longue série du ballet La Bayadère. Une sortie qui n’avait pas vraiment plu aux artistes. « J’ai été choqué par cet article dévastateur« , témoigne ainsi l’Étoile Karl Paquette dans Le Monde. D’autant plus que Benjamin Millepied a été souvent absent au mois de décembre, se désintéressant des prises de rôle des jeunes talents de la compagnie.

La rumeur d’un départ a donc commencé à courir à la rentrée de janvier. Après ses sorties médiatiques, Benjamin Millepied a été plusieurs fois recadré par la direction, son poste lui imposant un devoir de réserve. Son départ aurait pu se faire en juin, il se fait finalement dans la précipitation. Car son départ serait imminent, à la veille d’une soirée de première (dont la création d’un nouveau ballet de Benjamin Millepied), une semaine avant l’annonce de la saison 2016-2017.

Benjamin Millepied faisant répéter Le Lac des Cygnes et Sae Eun.

Benjamin Millepied faisant répéter Le Lac des Cygnes et Sae Eun.

Une erreur de casting ?

Benjamin Millepied avait réussi à avoir un regard très juste sur la compagnie, de ses forces et ses faiblesses. Il avait énormément de projets. Mais s’est-il donné les moyens de ses ambitions ? Et savait-il quel moyen utiliser ? Dès le début, il avait en effet annoncé qu’il ne lâcherait pas sa troupe du L.A. Dance Projet. Imaginer diriger le Ballet de l’Opéra de Paris en ne s’y consacrant pas à 100 %, n’était-ce pas de fait voué à l’échec ? Il semble aussi naïf qu’il n’ait pas mieux soupesé le poids de l’administration. Benjamin Millepied est avant tout un homme de studio, qui aime créer. Pas forcément quelqu’un qui apprécie gérer le quotidien d’un corps de ballet.

Le chorégraphie a aussi été confronté à un répertoire qu’il ne connaissait pas, qu’il n’avait jamais travaillé. Il a lui-même nommé deux nouvelles personnes dans l’équipe des maîtres de ballet (Benjamin Pech et Sébastien Marcovici). A-t-il ainsi choisit les bonnes personnes pour résoudre les problèmes qu’il avait identifié ?

Et après ?

Ce départ est en tout cas un coup dur pour la compagnie. La troupe parisienne est en ce moment dans le creux de la vague, elle a besoin d’un nouvel élan. Ce départ a priori brutal va empêcher une sereine passation de pouvoir. Benjamin Pech devrait prendre les rênes jusqu’à ce qu’un nouveau ou une nouvelle directrice soit recruté.e.

Quant à Benjamin Millepied, il devrait pleinement reprendre la direction du L.A. Dance Project, à moins qu’une compagnie américaine l’appelle.

 

Commentaires (14)

  • Mameuh

    C’est sur que certains danseurs, notamment étoiles, n’ont pas du apprécier qu’on les mette ENFIN devant la dure réalité. Ils ne sont PLUS au niveau des meilleures compagnies mondiales, et ce depuis une bonne 15aine d’années. Dommage pour les jeunes, qui commençaient ENFIN à montrer le bout du nez et à prendre (voir reprendre ?) plaisir à danser.

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  • Justine

    Eh bien…..allez oser bouger un peu les choses dans les institutions françaises…autant je pensais qu’il ne fallait pas qu’il s’éternise à l’ONP, autant là….
    J’étais pour ma part contente de la nomination de Laura Hecquet, des nouveaux danseurs mis avant avant d’avoir 30 ans, de la présence internet de l’ONP à travers instagram et autres…j’aimais moins ses programmations de ballets et n’ai rien compris à la troisièmre scène qui pour moi était un échec, mais personne n’est parfait. J’étais aussi d’accord avec ses critiques sur l’institution qui bride le potentiel des danseurs et fait baisser le niveau général.

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  • Estelle

    Quoi ? Franchement, je l’ai pas vu venir celle là !

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  • Shaleen

    Benjamin Millepied connaissait les enjeux et l’état de l’ONP mais il ne savait pas comment y remédier et c’était très évident. Pas surprise.

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  • Chloé D.

    Bonsoir, bcp de mouvement visiblement ces prochains jours ! On parle de Benjamin Pech en intérim (donc provisoire avant qu’un(e) autre directeur/directrice soit nommé(e) ? ).
    Loick Pireau vient également de tweeter : « On est passé à ÇA du changement à l’ODP mais ouf, tout reste bien comme avant  » quelqu’un pourrait interpréter ses propos ?
    Pour ma part, je ne sais pas trop quoi penser de BM. Je trouve qu’il a apporté une belle dynamique à la compagnie, visiblement c’est sa manière de procéder qui n’a pas plus à l’institution. Trop tôt pour juger les raisons de sa (probable ) démission, mais je pense que l’on peut dire que c’est l’échec de Lissner que je n’apprécie guère…
    Par curiosité, quelles sont vos candidats favoris pour prendre la relève ?

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  • K9

    Il y a des candidats ou candidates possibles qui seraient très bien pour le poste.
    Des personnes talentueuses et un peu plus humbles. Des personnes qui n’auraient pas besoin de mépriser… Pardon, de « dépoussiérer » quoi que ce soit.
    Vouloir apporter quelque chose de nouveau est très bien, mais…

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  • Després Alain

    Quand on veut créer des passerelles entre le monde de la danse contemporaine et celui de la danse classique il convient de mettre de l’eau dans son vin envers les deux styles et il convient également que les deux styles soient traités avec un regard objectif. En outre l’alignement du poids du corps des classiques et des contemporains n’est pas le même il faudrait établir une synthèse technique qui concilierait les deux, sans compter les écarts de style… On ne peut imposer une danse et un enseignement du classique plus « kinésiologique » qu’à condition de respecter l’héritage de la danse classique. A mon avis tant que les deux catégories se mépriseront et ou s’ignoreront aucun mariage ne sera possible pourtant les danseurs ont tout à apprendre des deux techniques comme des deux discours.
    Alain Després

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  • catherine

    dommage pour Millepied et son vent de changement
    mais pourquoi pas Nicolas Le Riche ? il me semble qu’il a toutes les qualités pour à la fois maintenir la tradition de l’OP et lui donner aussi un nouveau souffle

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  • Un peu honteux de me cacher derrière Anselm KIEFFER et sa leçon inaugurale au collège de France, mais cette citation, et en particulier le second paragraphe me parait à sa place ici. Il évoque les deux types « d’agressions » dans et contre l’art.

    « L’agression que l’on pourrait dire « maison » est l’agression immanente à l’art, qui, de par sa réaction auto-immune, l’englobe lui-même dans une forme d’anti-attitude, le repoussant aux lisières de l’existence. Elle s’avéra très virulente chez les futuristes, notamment chez Balla ou Severini qui voulaient tout éradiquer, allant jusqu’à préconiser la destruction des musées. Ce qui constitua une menace réelle pour l’avenir. Car l’acte iconoclaste, initialement avant-gardiste, voire révolutionnaire, s’était mu en une finalité en soi, en une stratégie de marketing, ni plus ni moins.

    Une autre agression est perceptible depuis peu. Elle provient de l’univers de la mode et de celui du design, qui parasitent l’art en employant leurs propres stratégies et de ce fait l’appauvrissent, le vulgarisent

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  • Lili

    Dommage…. Cet homme a un réel génie créatif et il portait un beau projet. Maintenant croire qu’on va changer les gens en commençant par les démolir en public à la télé ou dans les journaux, c’est soit de l’incompétence, soit de la naïveté, soit des deux. Croire qu’un peut tout changer en 2 ans (n’importe où…) dans une grande maison, quelle qu’elle soit, c’est également naïf (ou vraiment présomptueux).

    Les danseurs de l’Opéra sont passés par une école où ils n’ont pas manqué d’entendre des choses dures et violentes. Je ne pense pas qu’ils y soient réfractaires. Mais c’est fait dans le cadre d’un cours, pas devant le monde entier.
    Ce management se répand dans les entreprises, où on passe de la lâcheté en face des gens à l’humiliation publique. Outre que c’est inefficace, c’est inacceptable.

    La hiérarchie et le concours, partout dans la fonction publique, à l’école… (ou ailleurs) ont l’inconvénient d’être stressants et un peu bêtes. Mais ils ont l’avantage d’éviter l’arbitraire, le copinage, voire la corruption. Mr Millepied ne pouvait pas choisir ses têtes. Pour un américain c’est dur mais je ne suis pas sûre que le stress du concours soit pire que le stress du fayotage permanent du chef.

    Dommage vraiment. J’ai été convaincue par le bonhomme, son talent, sa vision, ses projets, à défaut de la manière. J’espère qu’on aura l’intelligence de nommer un successeur qui saura en garder le meilleur.

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  • Georges

    Je fais de l’analyse fiction, mais je pense que sa décision n’est pas si soudaine et que Lissner et peut être d’autres étai(en)t au courant. Je ne serai pas étonné qu’on lui a demandé de passer les fêtes et de finir de préparer la prochaine saison et pour lui trouver un remplaçant. Ce qui pourrait expliquer ses « communications » du mois de décembre et peut être aussi une partie des résultats du concourt de promotion.
    Après il vaut mieux reconnaître son incompétence ou son erreur d’évaluation du poste et démissionner, mais aussi vite … , mais connaîtrons nous un jour tous les faits.
    Et effectivement ça ressemble a un camouflé pour Lissner, certains doivent avoir le sourire.

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  • Georges

    Bon, c’est Aurélie Dupont qui prend sa place, pas sur que ce soit pour un intérim.

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  • Cyril

    c’est une excellente nouvelle Aurélie DUPONT!
    ça peut vraiment donner de belles choses, dont une meilleure place au classique.
    a t’elle été associée à la programmation qui sera dévoilé le 10?

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  • Chloé D.

    Assez suprise mais heureuse de cette nouvelle ! Lissner aurait dû aussi démissionner dans la foulé !

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